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Pourparlers à Washington : Les délégués allemands réclament un accord sur l’espionnage. (Der Spiegel )

Des diplomates allemands se sont rendus à Washington pour exprimer leur colère à propos de la surveillance du téléphone de la Chancelière Angela Merkel – mais ils n’ont encore rien obtenu. L’Administration Obama semble "presque impuissante" devant la persistance des fuites, selon un diplomate.

Les deux groupes se sont entretenus à la Maison Blanche pendant environ une heure et demi. D’un côté se trouvaient une demi douzaine de membres du Parlement Européen. En face d’eux, une délégation étasunienne de même ampleur dont faisait partie Karen Donfried, la directrice des Affaires Européennes au Conseil National de Sécurité, qui parle couramment l’Allemand.

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À l’ordre du jour, il y a de nombreux problèmes qui sont devenus des affaires courantes dans les relations transatlantiques : le scandale autour des écoutes du portable de la Chancelière Angela Merkel, l’espionnage de la NSA et les accusations d’espionnage. Autant de sujets embarrassants que les diplomates de nations alliées préfèrent généralement éviter. Mais peu de temps avant la fin de la réunion, les Etasuniens semblent rentrer en eux-mêmes. Comment faudrait-il procéder, demandent-ils pensivement.

"Ils semblaient presque impuissants comme s’ils étaient victimes d’une obsession" commente Jan Philipp Albrecht, un député des Verts qui participait au meeting. "Les représentants du gouvernement étasunien avaient vraiment l’air de ne pas savoir quoi faire. Pour eux cela ne faisait aucun doute qu’il y aurait d’autres révélations". Cet entretien étonnant reflète bien l’ambiance qui règne à Washington.

La Maison blanche semble ne pas trop savoir comment répondre au tir de barrage hebdomadaire d’embarrassants scandales d’espionnage dont la plupart proviennent du fonds de documents secrets de la NSA que Edward Snowden, leur ancien sous-traitant, rend public. Selon Heather Conley, la directrice du programme européen de l’influent Centre pour lesÉtudes Stratégiques et Internationales de Washington, les relations trans-atlantiques sont confrontées à une nouvelle épreuve quelques années après le désaccord sur la guerre en Irak : "C’est mauvais signe quand les deux camps brisent la tradition du silence et demandent à l’autre des comptes sur les violations des services de renseignement".

"Tout le monde le fait"

Les représentants étasuniens ont accusé à plusieurs reprises l’Allemagne d’avoir aussi espionné les Étasuniens. Le Washington Post a fait état d’un cas qui remonte à 2008 où le BND, le service allemand de renseignement à l’étranger, a envoyé par erreur à des officiels étasuniens une liste de 300 numéros de téléphone de citoyens et résidents étasuniens – ce qui laissait à penser que ces numéros avaient fait l’objet d’écoutes. Un ancien sous-secrétaire à la sécurité intérieure sous le président George W. Bush a dit aussi que les agences de renseignement françaises et allemandes étaient "bonnes" pour espionner les officiels étasuniens. Et James Clapper, le directeur du Renseignement National étasunien a affirmé devant le Congrès que les alliés européens espionnaient les États-Unis de la même manière.

La Chancelière Merkel a envoyé une délégation à la Maison Blanche mercredi pour traiter le problème de l’écoute de son téléphone portable, afin de manifester clairement sa désapprobation et d’exiger la promesse concrète d’un changement, comme un accord mutuel de non-espionnage semblable au pacte des "cinq paires d’yeux" qui lie les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande.

Mais la réunion n’a pas été couronnée par l’annonce d’un accord concret. L’ambassade allemande a dit que cette réunion a simplement été une "réunion de travail" et qu’aucun des deux camps ne commenterait publiquement les résultats. Caitlin Hayden, porte-parole du Conseil National de Sécurité, a dit que le meeting faisait partie d’un accord entre Obama et Merkel pour "intensifier la coopération entre les services de renseignement étasuniens et allemands". Elle n’avait rien à annoncer après le meeting de mercredi soir mais elle a dit que le dialogue allait se poursuivre pendant les jours et les semaines à venir.

"Lutte de pouvoir" intra-étasunien

Elmar Brok, le président du comité des affaires étrangères du Parlement Européen faisait partie de la délégation qui s’est rendu à Washington peu après le groupe allemand. Brok a parlé plus tard d’une "lutte de pouvoir" aux États-Unis entre les défenseurs des droits civils et les défenseurs des services de renseignement.

Que la situation actuelle soit le fruit d’une lutte de pouvoir reste à confirmer. Ce qui est clair, c’est que les partis concernés –- la NSA, la Maison Blanche et des membres individuels du Congrès – suivent tous leur propre stratégie, ce qui entraîne inévitablement des tensions à Washington.

Les partenariats sont "plus importants" que l’espionnage

L’assurance qu’a montrée le directeur de la NSA, Keith Alexander, devant le Congrès avait pour but principal de rassurer ses collaborateurs au moment où la NSA est sous le feu de pressions croissantes. Alexander n’a nulle intention de laisser les Allemands, les Européens, ni même le président faire de lui un bouc émissaire.

Toutefois mercredi Alexander avait adopté une approche plus conciliante. Faisant allusion au scandale du portable de Merkel, il a dit qu’il pourrait devenir nécessaire de limiter certains programmes de la NSA parce que "dans certains cas, les partenariats sont plus importants". La tactique d’Alexander semble être de faire une démonstration de force tout en laissant la porte ouverte à de futurs changements de direction.

Le président Obama semble maintenant souhaiter interrompre la surveillance des leaders alliés, prenant ainsi de prudentes distances avec les services de renseignement. Le cercle des proches d’Obama a laissé entendre de manière informelle que le président n’avait pris connaissance de la surveillance que l’été dernier et qu’il y avait immédiatement mis fin. Mais la presse a cité des membres des administrations précédentes, principalement de celle de George W. Bush, qui contredisaient cette version et affirmaient qu’Obama devait avoir été mis au courant de la surveillance plus tôt.

Pendant ce temps, de nouveaux détails des activités de la NSA sont constamment révélés. Le Washington Post rapporte que la NSA a accès aux réseaux de Google et de Yahoo, une allégation qu’Alexander, le directeur de la NSA, a nié en bloc. "Je peux vous dire que nous n’avons pas accès aux serveurs de Google et de Yahoo", a-t-il affirmé, ajoutant que pour y avoir accès, il faudrait une ordonnance du tribunal.

Le Congrès prend la relève

La NSA se retrouve tout à coup dans la ligne de mire du Congrès dont les membres avaient pourtant, jusqu’à tout récemment, largement ignoré les révélations de Snowden. La Démocrate, Dianne Feinstein, présidente du Comité spécial du Sénat sur la sécurité et les services de renseignement, a critiqué la communauté du renseignement avec une vigueur exceptionnelle et appelé à une "remise à plat totale de tous les programmes de renseignement". Le jour suivant, le Sénateur Démocrate Patrick Leahy, et Jim Sensenbrenner, membre Républicain de la Chambre des Représentants, ont fait une proposition de loi dont le but est de limiter la capacité de la NSA à rassembler des données téléphoniques.

Il semble de plus en plus apparent que l’administration Obama ne joue plus le rôle principal dans l’enquête sur le scandale des écoutes, selon le membre du Parlement Européen, Jan Philipp Albrecht. Selon lui, au contraire "le débat sur l’espionnage de la NSA est pris en main par le Congrès et les médias".

La preuve en est que pendant leur récente visite à Washington, la délégation du Parlement Européen a été prise d’assaut par les médias, ce qui est tout à fait exceptionnel. Et après avoir rencontré le membre du Congrès Sensenbrenner, Albrecht a confié : "Il était furieux, il a dit que l’espionnage s’était développé d’une façon qu’il n’aurait jamais crue possible".

Pour compléter cette lecture, l’excellente analyse de Philippe Grasset : http://www.dedefensa.org/article-washington_lost_in_transmission_04_11_2013.html

Sebastian Fischer et Gregor Peter Schmitz, Der Spiegel

Traduction : Dominique Muselet

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Je ne pense plus que les journalistes devraient bénéficier d’une immunité particulière lorsqu’ils se trompent à ce point, à chaque fois, et que des gens meurent dans le processus. Je préfère les appeler "combattants des médias" et je pense que c’est une description juste et précise du rôle qu’ils jouent dans les guerres aujourd’hui.

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