Chaque fois qu’il est question de vouloir modifier l’Article premier [i. e. « La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain ; sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la république »] de la Constitution Tunisienne (suspendue par la Révolution de Jasmin), ou de vouloir proposer la séparation du politique et du religieux, se pose le problème de l’Education Religieuse et de la Gérance des Lieux de Culte.
Une des solutions, pour répondre à ces interrogations fondamentales, consiste à faire partager l’Education Religieuse, comme l’Education tout court, entre l’école et la famille. Quant à la gérance des lieux de Culte, ce sera l’affaire d’un Ministère des Affaires Religieuses, toutes Religions confondues. Cela ne contredit pas l’« Article premier » de la Constitution que je propose [i. e. « La Tunisie est une République de culture arabo-musulmane »] , ni ma foi de Musulman, car, en Islam, la religion et sa pratique relèvent du privé, puisqu’il n’y a ni Concile, ni Autorité pontificale, ni Clergé, ni… : l’effort individuel (al-Ijtihad) prime sur tout et peut être considéré comme étant « le sixième pilier de l’Islam », étant donné que c’est la prescription la plus omniprésente, à travers diverses formes, dans le Coran. Cela ne contredit pas, non plus, la séparation du politique et du religieux, puisqu’en Islam le croyant (pour ce qui concerne sa foi et sa pratique religieuse) n’a de compte à rendre qu’à son Créateur et n’a d’ordre à recevoir que de Lui.
Comparons avec ce qui se passe dans le premier pays qui a inscrit la Laïcité dans sa Constitution, à savoir, la France. Pour commencer, l’Article premier de la dernière Constitution Française (qui date de 1958) stipule :
« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales ».
En outre, Depuis l’adoption de la Loi de 1905 sur la Laïcité, qui a entrainé la nationalisation des biens de l’Eglise :
1. Les lieux de Culte en France sont gérés, localement, par les Communes, avec des aides de l’Etat, si nécessaire : par exemple, pour les grands travaux ou bien quand il s’agit de monuments historiques.
2. Quant à l’Education Religieuse elle se fait dans les écoles, dans des lieux à part et appropriés, par des mandataires de chaque religion, et c’est un enseignement facultatif.
Auparavant, les lieux de Culte étaient propriété propre de l’Eglise et gérés par elle.
Il convient de souligner que dans le point 2 ci-dessus, il est question de l’Education Religieuse dans les Ecoles Publiques. Les Ecoles Privés sont libres de la faire où elles le souhaitent, dans leurs écoles, même dans les salles de classe normales (avant un cours de math, par exemple).
En conclusion, l’unique contribution de l’Etat Français, dans l’Education Religieuse de ceux qui le souhaitent, est de mettre, à la disposition de toutes les religions, un local commun spécifique, dans chaque Ecole Publique, pour que chacune y assure, à tour de rôle, son propre Enseignement Religieux ; et cet Enseignement Religieux est fait par un mandataire de chaque religion.
Pour terminer, et afin d’enrichir le Débat sur ce que devrait être la prochaine Constitution Tunisienne, je souhaite vivement :
1° que des intervenants Tunisiens, surtout parmi ceux qui tiennent à conserver l’Article premier de la Constitution Tunisienne [à savoir : « La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain ; sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la république »], m’expliquent ce que signifie, pour eux, la phrase : « la Religion de la Tunisie est l’Islam » ;
2° que des intervenants Français confirment, infirment ou complètent ma présentation de la pratique de la Laïcité en France en ce qui concerne l’Education Religieuse et la gestion des lieux de Culte.
HORCHANI Salah