1 - Le national-populisme n’est pas le social-populisme.
La différence apparait plus importante que ce qui semble faire point commun, l’adresse au peuple. Le national-populisme est surtout de droite et secondairement à gauche de facture crypto-stalinienne ou d’actualisation du chevènementisme car son nationalisme protège les élites prédatrices, surtout dans sa version droitière mais aussi pour le courant issu du marxisme stalinisé. C’est un communautarisme national qui cache la classe dominante tout comme le communautarisme religieux cache ses intégristes.
Le néolibéralisme avec ses élites privées et publiques a largement brisé via un ensemble de mécanismes de distinctions, de séparations, de mise en corporations variables, la conscience de classe des travailleurs et travailleuses du privé et du public et plus largement, concernant la montée effarante des inégalités sociales, la conscience collective du peuple-classe . Cette dernière est réelle, quoique faible, avec la montée en force du néolibéralisme et de ses grandes inégalités.
2 - La France n’est pas les EU.
Sans être tous et toutes des adeptes de la décroissance on peut dire qu’en France une majorité de citoyens d’en-bas aspirent globalement à un minimum de confort matériel et surtout de sortir d’un état d’insolvabilité face aux marchés mais ne visent nullement devenir millionnaires voire milliardaires. C’est là une mentalité française populaire relativement massive bien différente de celle des EU. Il y a une aspiration à la justice sociale et à ce que les riches soient moins riches et les pauvres nettement moins pauvres.
3 - Peuple-classe, sujet ou pas, une adresse est nécessaire
Le peuple-classe multicolore constitue un bloc de citoyens et citoyennes d’en-bas qu’il importe de mobiliser pour changer la donne au plan démocratique et sur tous les autres aspects. Le peuple-classe constitue la force du changement, soit par vocation – théorie du sujet historique – soit par simple souci de construire pragmatiquement des alliances de couches ou classes sociales contre les politiques publiques ou privées (requins de la finance).
4 - Présenter globalement une alternative à gauche et de gauche !
Pour ce faire, contre l’austérité et la casse sociale, il convient de mettre l’accent sur la construction du social – un vrai code du travail protecteur, un maintien du statut des fonctionnaires, une défense et développement des services publics, de la sécurité sociale, socialisation des banques, etc (cf Convergence des Services publics) – sans négliger les autres aspects : refus du sexisme, du racisme, des intégrismes religieux. Refus aussi de l’impérialisme et du néo-colonialisme notamment en Afrique (Franc CFA contesté). Lier aussi combat social et combat laïque.
Il convient aussi d’intégrer la dimension environnementale et écologique pour favoriser la transition écologique. Avec une nouvelle RTT à 32 heures voire 30 heures, on peut alors recruter de nouvelles forces pour construire cette transition et aller vers un écosocialisme du XXI siècle ! Il faut changer le travail – plus de respect moins d’exploitation – mais aussi faire enfin en sorte que le peuple-classe puisse travailler et travailler sans excès, à sa mesure. Chacun doit pouvoir prendre sa part à la production sociale de l’existence. L’allocation universelle est un piège pour la gauche, une défaite.
La question de la solidarité avec les réfugiés et autres migrants dans la détresse est aujourd’hui un net critère de distinction de qualité d’humanisme entre ceux et celles qui cèdent à la xénophobie d’Etat et se placent lâchement et honteusement du côté de la répression d’Etat et ceux et celles qui sont du côté de la raison solidaire telle que Jean Ziegler la théorisait au milieu des années 80 (in Vive le pouvoir ou les délices de la Raison d’Etat - Seuil 1985).
5 - Reste un aspect : la corruption .
Marxiste pour une alternative de grande ampleur tant en France qu’en Europe, nous ne croyons pas que le peuple-classe serait à priori plus intègre et que les élites oligarchiques seraient fatalement corrompues. Mais la corruption est déterminée. Elle vient d’un monde tragiquement orienté vers l’accumulation du capital. Elle n’est pas un fatum ! Il existe des forces contraires qui s’y opposent. Un certaine éthique peut devenir une force matérielle partagée.
La lutte contre la corruption est un élément à favoriser pour la lutte pour la paix et pour un autre socialisme authentiquement plus respectueux de ses principes – Liberté, Egalité, Laïcité, Fraternité – que celui ayant réellement existé à l’Est sous la férule d’une bureaucratie et d’un dictateur que ce ce soit Staline ou Mao sans parler des autres.
Les dictateurs se réclamant d’un « socialisme de caserne » sont aussi détestables que feu les dictateurs ayant sévis jadis dans le sud de l’Europe (Portugal de Salazar, Espagne de Franco, Grèce des Colonels) et en Amérique du sud.
Christian DELARUE
amitié-entre-les-peuples.org