Des révélations récentes sur les conditions de travail chez les sous-traitants d’Apple en Chine ont ouvert les yeux de pas mal de gens sur ce que sont devenus leurs emplois, leurs usines, leurs industries et leur économie, et pourquoi. Les articles ont révélé que les travailleurs vivent dans des dortoirs de 6 à 12 lits, se font réveiller par surprise à minuit pour entamer 12 heures de travail, sont très mal payés, manipulent des produits toxiques, souffrent de la pollution, etc. C’est donc ça le « commerce » ? Ou s’agit-il d’autre chose ?
Du commerce, ça ?
« Commercer » signifie échanger, acheter et vendre, vous m’achetez quelque chose et je vous achète quelque chose. J’ai quelque chose que vous désirez et vous avez quelque chose que je désire, et nous échangeons. Un échange qui bénéficie à tous les deux.
Est-ce du « commerce » lorsqu’une usine ferme ici pour être délocalisée dans un pays où les gens n’ont pas leur mot à dire ? Est-ce du « commerce » que de simplement déplacer les machines d’une usine à l’autre, d’expédier les mêmes pièces et matières premières là -bas, pour ensuite ramener un produit que l’usine fabriquait et vendait avant ici ? Est-ce vraiment du commerce ? Ou faut-il trouver un autre mot ?
Pourquoi les gens ont leur mot à dire
Lorsque les gens ont leur mot à dire ils parlent de salaires décents, d’avantages, de conditions de travail et d’environnement. Il leur arrive même de parler d’une éducation nationale de qualité, d’espaces verts et de meilleurs conditions pour les petites entreprises. Lorsque le Peuple a son mot à dire, il devient vraiment exigeant et demande des choses tellement extravagantes !
Compétitivité contre Humanité
Oui, les pays où les gens n’ont pas leur mot à dire sont plus « efficaces » et offrent des « environnements favorables aux affaires ». Les pays où les gens n’ont pas leur mot à dire peuvent fabriquer des choses à plus bas coût que des travailleurs protégés. Mais lorsque l’exploitation de l’homme devient un avantage, nous sapons notre propre démocratie. Car cela signifie que la démocratie constitue un désavantage compétitif sur le marché mondial.
On ne peut pas « entrer en compétition » avec ça, il faut le combattre
Venons-en au coeur du problème. Imaginez que les Etats du Sud aient gagné la guerre de Sécession, et imposé l’esclavagisme. Serait-ce du « commerce » que de délocaliser les usines du nord vers le sud, afin d’abaisser les coûts de fabrication ?
Lorsque nous autorisons les entreprises à importer des produits fabriqués par des travailleurs exploités dans des pays où les gens n’ont pas leur mot à dire, nous accordons un avantage compétitif à ceux qui n’ont pas leur mot à dire sur ceux qui ont leur mot à dire. Nous transformons la Démocratie en un désavantage.
Il s’agit de Démocratie, pas de « Commerce ».
On entend souvent des arguments selon lesquels la « globalisation » et « le libre commerce » signifient que les travailleurs chez nous doivent accepter la fin des emplois bien payés et que l’époque de la fabrication locale est révolue. On nous dit que des pays comme la Chine sont plus « compétitifs ». On nous dit que « commerce » signifie fabriquer à moindre coût là -bas afin d’importer ici à moindre coût et en faire profiter à tous.
Combien de fois entendons-nous qu’il faut réduire les charges, travailler plus, se débarrasser du paiement des heures supplémentaires ou des congés maladie ? Ils nous disent qu’il faut se débarrasser des syndicats, se débarrasser des réglementations sur les conditions de travail et l’environnement, réduire les services publics et surtout, surtout, surtout, réduire les impôts.
En fait, ce qu’ils disent, c’est qu’il faut se débarrasser de la démocratie au nom de la compétitivité.
Dave Johnson
http://www.truth-out.org/free-trade-or-democracy-cant-have-both/1330792757
Traduction "je délocaliserai bien les traductions mais j’ai pas encore décidé vers où" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles