CONDAMNATION DE Monique Canto-Sperber ET DE LA CENSURE A L ENS
Suite à l’interdiction tardive d’une réunion en présence de Stéphane Hessel ; puis à une nouvelle tentative d’entrave à la liberté d’expression et de réunion au sein de l’Ecole Normale Supérieure, le Tribunal Administratif de Paris donne raison aux plaignants et condamne la directrice Monique Canto-Sperber qui en outre révèle un lien avec le CRIF qu’elle prétendait n’avoir jamais eu en étant "˜défendue’ par un avocat éminent membre du comité directeur de cette institution, qui s’était "˜réjouie’ de sa décision et avait révélé y avoir contribué, remerciant même ses "˜intermédiaires’ nommément cités !
Jacques Richaud
Le déroulement de cette nouvelle péripétie est résumé dans un tract diffusé par un large collectif au sein de l’ENS. Extraits ci-dessous :
Tract : Scandales à Normale Sup’ - Censure à l’ENS
A la suite de l’interdiction de plusieurs conférences par la direction…
Le Tribunal Administratif de Paris donne tort à la directrice de l’ENS
Celui-ci déclare le 26 février : « La directrice de l’ENS, dans l’exercice de ses fonctions a porté une atteinte grave et manifestement illégale a la liberté de réunion qui constitue une liberté fondamentale. »
La directrice de l’ENS était défendue par un avocat membre du comité directeur du CRIF alors qu’elle niait que le CRIF avait influé sur sa décision d’annuler la conférence de Stéphane Hessel et qu’elle affirmait dans Le Monde du 27 janvier : « Je n’ai eu aucun contact avec le CRIF » !
(….) Défendons la liberté d’expression !
Après l’annulation de la conférence de Stéphane Hessel, plus de 600 professeur-e-s, élèves, employé-e-s et chercheur/euse-s de l’ENS avaient signé une pétition appelant la direction à ne plus faire obstacle aux activités du collectif Palestine ENS. Le collectif a présenté une demande pour réserver une salle, afin d’organiser des conférences lors de l’Israeli Apartheid Week. Le collectif voulait réfléchir à la pertinence de la qualification juridique d’apartheid pour décrire la situation israélo-palestinienne. La Direction a rejeté cette demande sans motiver sa décision. Le collectif a présenté le 24 février une requête au Tribunal Administratif pour faire annuler cette décision. Monique Canto-Sperber était défendue notamment par Monsieur Klugman, membre du comité Directeur du CRIF - elle avait déclaré dans Le Monde du 27 janvier : « Je n’ai eu aucun contact avec le CRIF ». Le TA a jugé en faveur du collectif,
reconnaissant que « La directrice de l’ENS, dans l’exercice de ses fonctions a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de réunion qui constitue une liberté fondamentale. », et ordonné à la Direction « de réexaminer la demande de salle ».
Ce jugement intervient alors que, désireuse de justifier ses actes de censures répétés, la Direction a convoqué lundi 28 février un Conseil d’Administration extraordinaire, où elle souhaite faire adopter un texte restreignant la liberté d’organiser des conférences publiques à caractère politique à l’ENS. C’est un déni de la liberté d’expression. C’est aussi une violation de l’article L811-1 du Code de l’éducation : « Les usagers du service public de l’enseignement supérieur […] disposent de la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes
politiques, économiques, sociaux et culturels. Ils exercent cette liberté à titre individuel et collectif, dans des conditions qui ne portent pas atteinte aux activités d’enseignement et de recherche et qui ne troublent pas l’ordre public. Des locaux sont mis à leur disposition. […]. »
Dans son projet, la Direction prévoit la censure systématique des réunions publiques organisées par les « groupes militants » de l’ENS et dont le contenu serait « univoque » :
« L’Ecole normale supérieure doit pouvoir exercer son pouvoir d’appréciation des événements publics qu’elle accueille, elle ne doit pas servir de caution pour les causes qu’ils défendent. Elle n’a pas pour vocation d’abriter des meetings de partis politiques ou des réunions organisées par des groupes militants, nationaux ou internationaux, dans lesquels s’exprimerait un point de vue univoque. »
Cette mesure toucherait donc toutes les personnes de l’École qui souhaitent s’exprimer et débattre autour d’une idée politique, syndicale ou autre. Imaginons que nous devions imposer à tout-e économiste ou à tout-e philosophe son contradicteur/trice. La Direction estime-t-elle que les élèves et étudiant-e-s n’ont pas assez d’esprit critique pour entendre sans recul un discours politique, au même titre qu’un discours scientifique ?
Pour la Direction, il s’agit en réalité de légitimer de précédentes interdictions purement arbitraires :
– La conférence de Stéphane Hessel, à l’initiative d’élèves de l’école, a été annulée sans aucune raison valable.
– Le cycle de conférences organisé par Palestine ENS a été interdit, alors même que les élèves organisateurs/trices avaient proposé à la Direction de choisir elle-même des contradicteurs/trices.
– Une réunion publique sur l’agriculture organisée par des élèves du Front de Gauche a été interdite.
Mais cette mesure fait aussi suite au mouvement social contre la précarité qui a lieu depuis octobre dernier à l’École. La grève des précaires de la cantine dure depuis sept semaines maintenant et entraîne la fermeture totale de la cantine depuis janvier. La conférence de presse de l’intersyndicale nationale du 9 mars consacrée à la précarité dans la fonction publique, demandée par les grévistes de la cantine, est donc aussi menacée par ce texte.
Dans chacun de ces cas, il s’agit bien plus de faire taire certain-e-s que d’élaborer les règles d’une véritable démocratie des idées au sein de l’ENS. En plus de contrôler l’accès aux listes mail, la Direction voudrait désormais pouvoir décider qui s’exprime et qui se tait dans ce qu’elle considère comme « son » établissement. Ce n’est donc pas la diversité des opinions que la direction veut défendre dans ce texte mais bien une forme de loi du silence qui a déjà fait ses preuves, notamment sur les employé-e-s de l’école sujet-te-s aux harcèlements en tous genres voire à des violences physiques. Celles et ceux qui n’ont pas besoin de la parole pour exercer leur domination ont une fois de plus tout intérêt à disqualifier les voix discordantes en les taxant de polémiques, alors même qu’elles ne sont que le reflet de la dureté de situations hélas bien réelles.
Les élu-e-s CA du Front Unitaire de Lutte, Sud-Etudiant ENS, CGT Ferc-Sup ENS, Palestine ENS, NPA ENS, PG ENS, PC ENS