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Les yeux de "Colombia"

Colombia, c’est là d’où il vient (la Colombie). Mais c’est aussi son surnom. Je ne sais pas comment il s’appelle et tout le monde dans le quartier l’appelle simplement "Colombia". C’est d’ailleurs comme ça qu’il se présente lui-même.

Colombia est un immigré colombien qui réside dans un quartier populaire de Caracas. Il est ce qu’on pourrait appeler un exclu de la société "formelle". Il vit de petits boulots, il lave les voitures des gens du quartier, aide à porter des paquets, surveille les bus la nuit en dormant dedans.

L’autre jour je suis repassé dans ce quartier qui m’est cher pour y avoir vécu. Colombia m’a tout de suite reconnu : "Epa, mi hermano !". Je me souviens à l’époque où j’y habitais, je lui avais donné quelques t-shirts en lui demandant si ça l’intéressait. Et sa réponse m’avait marqué, il avait dit : "Bien sûr, amène-les ! Et s’ils sont biens, je les mettrai même pour sortir du quartier !".

Pour lui, sortir du quartier et aller dans le centre de Caracas, c’était déjà quelque chose. Il n’était pas d’ici mais ces quelques rues étaient devenues les siennes. Et il en était fier : "Si t’as un problème dans le coin, n’hésite pas à crier ’Colombia !’. Moi je connais tout le monde et les gens me respectent ici".

L’autre jour donc, il me racontait comment il allait : "Je me suis fait opérer", me dit-il. "Opérer de l’oeil, je ne voyais presque plus". Moi je lui demandais naïvement ou il s’était fait opérer : "Sur l’avenue Andrés Bello, chez les Cubains !".

"Chez les Cubains" voulait dire chez les médecins cubains qui opèrent gratuitement dans les missions de santé du gouvernement bolivarien. Tout un symbole ! Lui, Colombia, cet exclu de presque tout, qui ose à peine sortir de son quartier, s’était fait opérer de la cataracte. Et il n’était pas peu fier en sortant de sa poche une petite boite en plastique transparent dans laquelle il garde précieusement les morceaux de cristallin que les médecins lui ont extraits de l’oeil : "Regardes ce que j’avais dans l’oeil ! Et je crois bien que je vais me faire opérer le second".

Comme avec sa réponse du t-shirt, Colombia m’a une fois de plus fait réfléchir. Et il n’est pas inutile de se rappeler de temps à autre le côté humain des choses. Les médecins cubains ne font pas que soigner les cancers des présidents, au Venezuela ils sauvent des vies tous les jours. Et ça, comme les yeux de Colombia, ça vaut tout le pétrole du monde.

http://voixdusud.blogspot.be/2012/07/les-yeux-de-colombia.html

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Je définirais la mondialisation comme la liberté pour mon groupe d’investir où il veut, le temps qu’il veut, pour produire ce qu’il veut, en s’approvisionnant et en vendant où il veut, et en ayant à supporter le moins de contraintes possibles en matière de droit du travail et de conventions sociales.

P.Barnevick, ancien président de la multinationale ABB.

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