Que veulent les classes populaires ? (en réponse à la demande de Xiao. Je m’excuse de multiplier mes interventions)
Qui sont-elles ? :
Des ouvriers, employés, petits fonctionnaires, artisans, paysans, petites mains du tertiaire, précaires, chomeurs. ’Blancs’ ou anciens immigrés, 60 % de la population autrefois incluse dans les "classes moyennes" mais aujourd’hui déclassée par la mondialisation et rejetée en dehors du champ politique. La bourgeoisie traditionnelle ainsi que la nouvelle bourgeoisie de gauche (les bobos), les cadres, intellectuels, universitaires, artistes, culturels, gens de média, BAC + x, occupent la presque totalité de l’arc politique et ont désormais le monopole des combinaisons électorales. (les vrais possédants sont dans les coulisses et tirent les ficelles)
Où vivent-elles ?
Autrefois elles habitaient dans les quartiers ouvriers des villes et dans les zones de logement sociaux. Elles ont été chassées du centre ville par les prix de l’immobilier et elles se retirent des Zone Urbaines Sensibles de logement sociaux de plus en plus dévolues aux nouveaux immigrés. Elles se retrouvent donc dans les périphéries éloignées des grandes villes, dans les villes petites et moyennes et à la campagne.
Que veulent les classes populaires ? :
Politiquement, RIEN ! Elles se méfient des politiciens, de gauche en particulier car ces derniers les ont constamment trahies depuis près de 40 ans. Elles ont perdu toute culture politique : l’école aujourd’hui abêtit et il n’y a plus de PCF (parti révolutionnaire de masse) ni de CGT (syndicat de lutte de classe) pour éduquer les prolos quant à l’exploitation et quant aux voies de la libération.
Par contre, elles en ont MARRE. Et ça elle savent le dire (révolte des GJ) :
– Marre des salaires de misère, de la précarité, du chômage, des fins de mois difficiles, de la perte des services publics et de la sécurité sociale, des rendez-vous médicaux impossibles, des urgences saturées ...
– Marre des délocalisations qui ferment les usines, des transports accaparés par les Polonais, les Lettons, les Bulgares, du travail "détaché" dans les travaux publics,
– Marre des petits bourgeois qui s’en prennent à leur outil irremplaçable, la voiture en la criminalisant, en la taxant, en réglementant, interdisant, limitant, rétrécissant et en glorifiant les transports en commun que eux empruntent en ville mais qui, imposés au populo de la campagne, signifient le retour aux année 1930.
– Marre des leçons de morale de ces mêmes petits bourgeois qui prônent l’immigration, le multiculturalisme, la société ouverte et la libre circulation de la main d’oeuvre ... quand eux baignent dans l’entre-soi de leurs quartiers réservés, de leurs jobs protégés et de leurs écoles bien fréquentées. Ce sont bel et bien les classes populaires des zones qui assument le difficile contact multiculturel, l’insécurité, la peur de descendre au cellier ou de voir sa voiture cassée sur le parking, la nécessité d’escorter les enfants quant ils sortent, l’école du quartier réduite à la garderie, les mauvaises fréquentations des gosses dont la glissade vers la délinquance est un risque bien plus grand qu’ailleurs...
– Marre des grandes "causes" libertaires ostentatoires : LGBTQ+, genre, GPA ...qui donnent le label progressiste aux intellos et celui de ploucs aux populo.
– Et si partout les GJ chantent la Marseillaise (et si le drapeau tricolore flotte si souvent dans les jardins de nos petites villes et campagnes), c’est qu’ils en ont marre du cosmopolitisme des BAC + erasmus, du faux internationalisme des bourgeois gauchistes, du mépris officiel qu’affichent nos élites pour la France et qu’il aspirent à une identité et une souveraineté nationales.
Pour qui votent-elles ?
Massivement elles ne votent pas ou plus. Lorsqu’elles votent, c’est de plus en plus rarement à gauche et de plus en plus souvent RN. Pourquoi ? Parce que le RN est le seul parti qui (certes de façon opportuniste) ose aborder clairement et de façon suivie certains des point énoncés ci-dessus. Depuis Georges Marchais qui, lui les abordait, ces questions sont taboues. Les alliances entre parti de gauche Macron-compatibles ne font que les conforter dans le vote RN. Ces alliances ne font que changer la répartition des voix bourgeoises entre droite classique libérale, Macronisme libéral et gauche libérale.
Que peut-on attendre de LFI ?
En sortant du marigot politicien de la gauche en 2017, en développant un discours populiste (pour LFI ça se bornait à un discours anti-UE et souverainiste mais c’était déjà beaucoup) LFI ouvrait une fenêtre qui pouvait reprendre les voix populaires au RN et réellement changer la donne politique en France. Reprendre des voix au RN, c’était aussi retisser le lien entre peuple et gauche (au sens noble) et permettre la reprise une éducation politique des masses sur les causes des problèmes et les solutions.
Depuis, hélas, on semble en revenir aux vieilles lunes perdantes des alliances "à gauche" sans principes et LFI semble se recentrer sur les thèmes sociétaux favoris de la bourgeoisie de gauche et la bonne vieille lutte des places. La récente proposition d’alliance avec EELV (Théophraste fait une excellente description d’EELV dans son dernier billet) faite par Ruffin est donc à l’opposé d’une reconquête des classes populaires.