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Le Pape François, comme chef d’état, au service d’un empire.

Incroyable, mais vrai, le pape François, comme chef d’État du Vatican, vient de recevoir le candidat défait à la dernière élection présidentielle au Venezuela, Henrique Capriles, l’homme de Washington pour déstabiliser le Venezuela.

Qui est Henrique Capriles ? Il fut d’abord et avant tout un acteur important du coup d’État militaire qui renversa, en 2002, pour quelques jours seulement, le gouvernement démocratique et légitime d’Hugo Chavez. Lors de ce coup d’État, à l’encontre du droit international qui protège toute représentation diplomatique à travers le monde, il avait assailli avec l’extrême droite, l’ambassade de Cuba, y causant de nombreux dommages : de véritables actes terroristes

C’est, ce même Henrique Capriles qui a incité ses partisans, suite à sa défaite électorale d’avril dernier, à aller se défouler en saccageant des centres de santé, des centres communautaires, tuant plus de 17 personnes et en faisant plus de 65 blessés. Il est l’homme de main de Washington pour créer le chaos et créer les conditions pour un coup d’État militaire en vue de permettre à Washington et aux oligarchies nationales de reprendre le contrôle du pays, de ses richesses et de ses institutions politiques. En recevant Henrique Capriles, le pape François reçoit exactement les porteurs de ce projet diabolique.

De cela, le pape François ne peut pas feindre l’ignorance, son nouveau Secrétaire d’État étant l’ex-nonce apostolique au Venezuela, Pietro Parolin. De plus, comme cardinal argentin, il a pu suivre à travers ses contacts et les divers médias de communication, tous ces évènements qui ont marqué le règne du président Chavez.

Le seul fait de recevoir ce candidat qui s’est refusé, à ce jour, de reconnaître les résultats des dernières élections présidentielles, lesquels furent confirmés par la communauté internationale, le Conseil électoral national, le Tribunal supérieur de justice, est un affront à l’État vénézuélien sous la gouvernance légitime et constitutionnelle du président Maduro. Le seul autre chef d’État à avoir reçu officiellement Capriles est le président de Colombie, Juan Manuel Santos et ça donné lieu à la suspension des relations diplomatiques, le temps que le président Santos explique son geste au président Maduro. Le président Pinera du Chili n’a pas reçus Capriles suite aux pressions de la population et de la communauté internationale.

Quelle autorité morale a Henrique Capriles pour discuter avec le pape François de l’avenir du Venezuela ? Quel message envoie le pape François au peuple vénézuélien et aux peuples émergents de l’Amérique latine, en recevant ce candidat défait, auteur de nombreux crimes et sans respect pour la Constitution de son pays ?

A-t-il pris le temps de lui parler de son condo, acheté 5 millions de dollars à New York, peu de temps avant la dernière campagne électorale ? Lui a-t-il parlé de l’importance de changer les cœurs avant de vouloir changer les structures, comme ils ont l’habitude de le dire aux mouvements de gauche ? Lui a-t-il rappelé qu’il était contre toutes les tentatives de coup d’État et contre tout usage de la violence ? Lui a-t-il rappelé l’importance d’agir dans le cadre des institutions existantes et de l’actuelle constitution, voulue et votée par le peuple ?

Imaginons un seul instant que Lopez Obrador, candidat défait aux élections présidentielles mexicaines (2006 et 2012) ait demandé une audience au Pape pour y dénoncer la corruption, les irrégularités, etc. Nous pouvons être certains que cette demande n’aurait pas franchi les murs de la nonciature apostolique de ce pays.

Mieux encore, supposons que Xiomara Castro, soit la candidate défaite au Honduras, suite au scrutin du 25 novembre prochain, et qu’elle demande à être reçue par le Pape pour faire état des assassinats politiques, de la corruption et des nombreuses fraudes électorales ayant marqué cette élection. Sera-t-elle reçue les bras ouverts par le Pape, alors que son parcours politique est sans tache ? Je peux en douter.

Ce ne sera certainement pas le cardinal Oscar Andres Rodrigues Maradiaga, collaborateur des putschistes qui ont renversé, en 2009, le président légitime d’alors, Manuel Zelaya, époux de Xiamora Castro, qui va lui ouvrir les portes pour qu’elle aille tout dire au Pape.

Cette audience, accordée par le pape François, est un jour sombre qui marquera encore pour longtemps la dépendance de l’État du Vatican de l’Empire étasunien et des oligarchies nationales. Ce fait démontre, mieux que tous les discours, que le Vatican est toujours une marionnette au service de l’Empire.

Le pasteur François, lorsqu’il devient chef d’État, perd beaucoup de son indépendance et de sa liberté. Il y perd également beaucoup de son charme et de sa crédibilité. Avec l’entourage qu’il s’est donné, pas surprenant que de tels évènements puissent se produire.

L’Église ne pourra servir indéfiniment deux maitres : Dieu et Mammon

Oscar Fortin, Québec, le 6 novembre 2013

 http://humanisme.blogspot.ca/2013/11/le-pape-francois-au-service-de-lempire.html
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COMMENTAIRES  

09/11/2013 11:19 par Christophe

Le reproche qui est fait, à savoir accepter recevoir en entretien une personne à l’éthique lus que douteuse, n’est pas pertinent, et cela sans même aborder la conclusion péremptoire qui s’en suit "donc c’est un serviteur de l’empire".

Le Christ lui-même n’a jamais refusé de s’adresser à un interlocuteur. Beaucoup le lui reprochait en son temps pour les uns il était inadmissible de s’adresser aux Pharisiens, pour les autres aux Publicains. Il n’appelait pas à se soulever contre Rome, il s’invitait même chez les collabos, relisez la lecture de dimanche dernier, quand Jésus mange chez Zaché personna non grata par ses pairs puisqu’il percevait les impôts pour les Romains.

Cela ne démontre qu’une seule chose : l’universalité du message évangélique. Qu’il s’adresse aux petits comme aux grands. Aux "bons" comme aux "méchants", il n’est jamais trop tard pour changer, il faut essayer de faire naître cette étincelle de conscience chez ceux qui sont sur un très mauvais chemin. Le Christ ne s’adressait pas aux gens dans l’erreur en les jugeant personnellement, mais en les approchant respectueusement et en leur montrant son exemple éblouissant. Les entretiens du pape suivent le modèle parfait du Christ. Quiconque fait l’effort de lire les publications du Vatican, les homélies du pape, et relis ses évangiles comprendra vite l’inanité des reproches qui lui sont fait. Cependant, et cela est vrai, le Vatican est effectivement une institution qui n’est pas irréprochable, puisque de nombreux agents qui y sont, ne sont pas à la suite du Christ, mais bien à la solde d’intérêts personnels.

09/11/2013 13:48 par Aodren

@Christophe

J’ai beaucoup ri en lisant votre commentaire. Merci de nous égayer avec votre humour en ces temps troublés et trop sérieux.

Aodren.

09/11/2013 14:35 par oscar fortin

Le Pape François, comme chef d’état, au service d’un empire. par oscar fortin
@Christophe : Votre intervention est plus que pertinente. De fait, le pape, comme pasteur universel de l’Église, peut recevoir, de toute évidence, qui il veut et sans que nous ayons à lui en faire le reproche. Ce n’est certes pas le sens du présent article de s’opposer à cette liberté du pape et je m’explique.


Dans le cas présent, c’est le pape, comme chef d’État, qui reçoit un candidat défait à une élection présidentielle, lequel s’obstine à ne pas en reconnaitre les résultats à l’encontre de la reconnaissance de ces résultats par la communauté internationale et par toutes les instances constitutionnelles du pays. Ceci est un premier point : la rencontre d’un homme politique déçu et obstiné à ne pas accepter le verdict de la démocratie. 


Le second point a à voir avec ce qui se passe au Venezuela depuis qu’Hugo Chavez et son gouvernement ont pris le pouvoir et qu’ils dirigent le pays. Washington et les oligarchies nationales n’ont pas accepté cette prise de contrôle des pouvoirs de l’État par les voies démocratiques. Depuis cette première victoire, les moyens déployés par les adversaires ont été de toute nature. Des actions de sabotage, des tentatives d’assassinat, des tentatives de coups d’État, dont celui de 2002 etc. Ce monsieur Capriles, est depuis le tout début, un acteur important dans toutes ces actions de déstabilisation. 
C’est ce personnage politique que le pape François, chef d’État du Vatican, reçoit en audience officielle. Je vous renvoie au compte rendu donné par Religion digital :
http://www.periodistadigital.com/re...


Je m’excuse pour l’espagnol, mais les photos parlent déjà par elles-mêmes.
Dans ce cas précis, il ne s’agit pas, de toute évidence, d’une audience pastorale, mais d’une audience politique et là, le chef d’État qu’est le pape, s’immisce dans les affaires internes du Venezuela.

Déjà en juin dernier, le pape a eu l’occasion de parler de toutes ces choses avec le chef d’état du Venezuela, le président Maduro. Des représentants de l’opposition ont même été reçus, au même moment, par le représentant des relations extérieures du Vatican. Pour le reste, les représentants du Pape au Venezuela peuvent lui fournir toute l’information nécessaire sur les divers sujets traités.


Merci de me permettre, par votre intervention, de clarifier et de préciser l’encadrement et la signification politique de cette audience officielle du Pape à Henrique Capriles, homme politique, étroitement lié à toutes les actions de déstabilisation du pays pilotées de Washington.


Avec tout mon respect





http://www.legrandsoir.info/venezuela-le-8-decembre-2013.html

09/11/2013 16:18 par Moine CAPUCIN

j’avais émis de sérieux doute sur l’indépendance du pape dans cet article :

http://2ccr.unblog.fr/2013/03/16/les-papes-passent/

09/11/2013 21:50 par le fou d'ubu

" Ce fait démontre, mieux que tous les discours, que le Vatican est toujours une marionnette au service de l’empire"...
Le Vatican "est" la tête de l’empire...Tout le reste n’est que sa création depuis deux mille ans...jusqu’au sionisme (infiltration jésuite du judaisme)...Rien d’étonnant dans cette réception d’un candidat fasciste. C’est la culture catholique depuis toujours, maintenant certains s’en rendent compte !...Mais d’ici à ce que tous les "craignants dieu" se rassemble place St Pierre pour demander des "explications" à cette institution sur ses "prises de positions politiques" et sur ses "crimes", il pourrait se faire tard...Cette instittion exécute un plan bi-millénaire...

Le fou d’ubu

10/11/2013 12:23 par kuira

merci à l’auteur de préciser pour ne pas valider naïvement le discours de l’adversaire :

1) AMLO (manuel lopez obrador) n’est pas le "candidat défait des présidentielles mex 2006 et 2012",
il est le candidat élu (E-L-U, gagnant) arrivé premier en 2006 et que la fraude géante a privé (et avec lui tout le peuple mexicain) de sa victoire

2) on n’a pas à "supposer que Xiomara Castro, soit la candidate défaite au Honduras, suite au scrutin du 25 novembre" mais à défendre et soutenir sa candidature, se féliciter qu’elle soit en tête et espérer que le Honduras gagne avec elle.

la région ne manque pas d’exemples d’élections récentes où il y a eu élus et candidats non élus...

10/11/2013 12:52 par oscar fortin

@le fou d’ubu : Merci pour votre commentaire. Il m’inspire la réflexion suivante qui se rattache au rôle des prophètes dans l’histoire de l’Ancien Testament et celui qui leur est réservé dans l’histoire du Nouveau Testament. Dans ce dernier cas, celui de l’Église, c’est comme si les prophètes avaient été évacués de sa propre organisation. Or, si on lit la lettre de Paul aux Éphésiens, on constate que les prophètes constituent une des deux fondations sur lesquelles repose l’Église, la seconde étant les apôtres.

« Vous êtes intégrés dans la construction dont les fondations sont les apôtres et les prophètes, et la pierre d’angle Jésus-Christ lui-même. 21 C’est lui qui assure la solidité de toute la construction et la fait s’élever pour former un temple saint consacré au Seigneur. » (Ép. 2,20-21)

Vue sous cet angle, l’Église, amputée d’une de ces deux fondations, a basculé dans le monde des pouvoirs temporels des puissants et des empires. Seul un retour des prophètes comme acteurs fondamentaux dans la construction de cette Église dont parle l’apôtre Paul pourra la sortir de cette dépendance et lui redonner l’âme des Évangiles.
Sur ce sujet, je vous réfère à cet article tout récent mis sur mon site : http://humanisme.blogspot.ca/2013/11/toute-reforme-de-leglise-sans-les.html

10/11/2013 13:03 par oscar fortin

@Kuira : Vous avez tout à fait raison pour AMLO en 2006. J’avais commenté, à l’époque,ces élections et la demande du recompte des votes.
http://humanisme.blogspot.ca/2006/07/peuple-mexicain-la-conqute-de-sa.htmlhttp://humanisme.blogspot.ca/2006/07/lection-prsidentielle-au-mexique-une.html

Pour le reste, tout comme vous je souhaite ardemment que la candidate du parti LIBRE soit élue comme l’indique les sondages. Mais... http://humanisme.blogspot.ca/2013/10/elections-au-honduras.html

Bonne journée à vous et encore une fois merci.

10/11/2013 16:00 par le fou d'ubu

@ Mr Fortin

Ô combien d’accord avec votre commentaire, à tel point d’ailleurs que cette institution prépare les masses à un "retour" du prophète pour bientôt...Sans doute leur dernière supercherie et le réveil des masses...Alors, un jour prochain, l’Histoire ne retiendra de la chapelle Sixtine, que les chefs d’œuvres de Michel Ange et ses disciples...Merci pour tous vos articles...et commentaires...

Le fou d’ubu

11/11/2013 21:11 par Feufollet

Difficile de croire encore à la sincérité d’un Pape
Après autant de faillibilités de tous ses prédécesseurs
Mais faut dire que SS François à adopter une stratégie de communication nouvelle
Se placer du côté des pauvres pour mieux dépolitiser le débat sur la pauvreté
Pas compliqué, mais fallait y penser. En ce sens, c’est un pape très moderne
Il ne me surprendrait pas, après plus de recul
Que la supercherie apparaisse dans toute l’ampleur de ses dégâts

13/11/2013 16:29 par Eyrin

Il n’y a rien à attendre du Vatican qui a toujours été du côté du manche quand il ne l’était pas lui même.
Les fortunes amassées au détriment des plus faibles depuis plus d’un millénaire sont tellement considérables qu’elles feraient même pâlir Bill Gates.
Tout les PDG du Vatican ont toujours été des escrocs notoires, nageant dans l’or et agissant uniquement pour leurs petits intérêts sur terre.
Ils sont l’exact opposé de ce que Jésus était, humble, pacifique et allant toujours vers les plus pauvres, les malades, les exclus.

A propos le millionnaire libéral financé par la NED, responsable de tentative de coup d’état et d’appel aux meurtres "Henrique Capriles Radonski" est-il seulement chrétien ?
Ou son christianisme est seulement de circonstance opportuniste dans une région ou la presque totalité de la population est chrétienne.
Ou est-il comme "son" programme politique soit disant de centre gauche (proche de Lula alors que Lula soutenait Chavez >"Ta victoire sera notre victoire"...) dont on sait qu’il n’était que mensonges.
D’ailleurs dans les années 80 il semblerait qu’il ai milité au sein du parti d’extrême droite "Tradición Familia y Propiedad".

Enfin qu’il le soit ou pas, le problème n’est pas là, il défend les intérêts d’une minorité contre la très grande majorité du peuple qui lui payera les frais, c’est juste un ploutocrate.

19/03/2014 10:01 par Dominique

@le fou d’ubu Je vois dans ton message la confusion qu’entretien l’Eglise au sujet de Jésus et du Christ. La seule partie de la bible qui contient un message d’amour est celui consacré à la vie de Jésus. L’ancien testament, comme dieu le dit dans la Genèse, est consacré à une conquête, celle de la terre et de tout ce qui s’y trouve : Dieu dit : « Faisons l’homme a notre image, selon notre ressemblance, et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent la terre ! » Genèse 1.1.26

Le mot terre est d’ailleurs après celui de dieu, un des mots qui revient le plus souvent dans l’ancien testament et sa cohorte de guerres, d’esclaves (la Genèse ne nous dit d’ailleurs pas comment ils furent créés) et de conquêtes. Puis arrive Jésus qui chasse les marchands du temple et réconforte les pauvres, mais il ne met fin ni à la pauvreté ni à l’accumulation de richesses par les riches, ce qui aurait été plus intelligent. Quand au reste du bouquin, l’Apocalypse, nous nous retrouvons à la case départ et cette obsession pour la conquête avec un Christ triomphant qui extermine tous celles et ceux qui ne sont pas d’accord avec lui pour conquérir Jérusalem et son or.

Entre Jésus qui n’avait fait que la moitié du travail de libération de l’humanité et le Christ conquérant et exterminateur de la majorité d’entre nous, l’Eglise a fait son choix depuis longtemps : sa religion s’appelle la chrétienté. Chavez ne s’y est pas trompé, lui qui disait en riant (c’est écrit quelque part sur LGS : "Ma grand-mère me disait « Il faut écouter Dieu pas l’Eglise. »"

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