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Le Monde Diplomatique, juin 2009

Dans la livraison de juin 2009, Serge Halimi évoque le « simulacre européen » : « L’Europe occupe la scène, elle ne passe pas la rampe. Pourquoi ? Sans doute parce qu’aucune communauté continentale n’existe en réalité. » Comme l’avait, par ailleurs expliqué Bernard Cassen et Louis Weber dans leur livre Élections européennes, mode d’emploi (http://www.legrandsoir.info/article8454.html), « en France, sept des huit circonscriptions électorales ont été découpées aux seules fin de favoriser les grands partis. »

Renaud Lambert s’interroge sur les revirements de Lula dans " Le Brésil, ce géant entravé " : « Les prévisions de croissance du PIB pour 2009 plongent ». On prévoit une baisse de la production industrielle de 19%, après le licenciement de 800000 salariés entre octobre et janvier. Dans le budget, moins de 5% vont à la santé et 2,5% à l’éducation. Des expressions telles que luttes de classes, planification économique et stratégies de substitution des importations ont été remplacées par consensus démocratique, consolidation institutionnelle, dérégulation économique et ouverture au libre-échange.

Une analyse originale et profonde d’André Bellon sur la démocratie qui ne peut exister sans conflit : « Si les contradictions qui traversent le corps social ne peuvent s’exprimer ni dans le cadre institutionnel ni dans la rue, où est l’espace à l’expression nécessaire à la vie démocratique ? La démocratie n’est pas une méthode pour exprimer un consensus, mais pour trancher les dissensus. […] loin de penser que démocratie et luttes sociales peuvent être antinomiques, il faut dire clairement que la lutte pour la démocratie est la base du combat social. »

Gilles Sainati prévient : " L’indépendance de la justice n’est plus un dogme " . Cet article fait froid dans le dos. « Comme à l’hôpital ou à l’université, la culture du résultat s’est imposée à la justice. Le renforcement de l’autorité hiérarchique et le fétichisme des chiffres qu’elle induit bouleversent le visage de l’institution. Ses priorités, ses équilibres et même sa philosophie ont été radicalement transformés en une dizaine d’années. A tel point que des gardes des sceaux comme Mme Rachida Dati peuvent affirmer que son indépendance n’a pas besoin d’être garantie.

[…] Le rôle du juge de l’investigation a sans cesse été réduit au cours de ces dix dernières années. Il ne s’occupe plus guère que des crimes passionnels, sexuels et des trafics régionaux de stupéfiants, soit 4% du contentieux pénal.
[…] Le parquet exerce désormais de manière de plus en plus unilatérale les poursuites et les jugements.
[…] La culture du résultat renforce la position des magistrats les plus répressifs, tant au siège qu’au parquet. Ils tendent à se regrouper dans les filières pénales, les récalcitrants aux nouvelles politiques se déplaçant vers d’autres fonctions, comme la justice civile.
[…] l’inamovibilité des juges du siège n’est plus que géographique. Ils sont devenus des juges ad nutum (révocables à tout moment) au sein de chaque tribunal, selon l’arbitraire d’un chef de juridiction dont l’intérêt personnel reste le plus souvent de plaire au pouvoir s’il souhaite faire carrière.
[.] l’abandon presque complet des poursuites pour les affaires économiques ou environnementales, le règlement de contentieux financier par des clauses d’arbitrage dérogatoires au droit commun (affaire Tapie) achèvent de donner à cette nouvelle justice un rang mineur. »

La fin de la mondialisation marque-t-elle le commencement de l’Europe, demande Frédéric Lordon ? « L’élection du Parlement Européen se déroule alors que les piliers juridiques de l’union chancellent sous l’impact de la crise économique. En avril, la Banque centrale européenne a même concédé l’hérésie suprême : adopter une politique revenant à faire tourner la planche à billets. Ces dérèglements seraient-ils l’occasion de repenser radicalement le projet européen ? » D’autant que, comme l’expliquent François Denord et Antoine Schwartz, flotte en Europe, depuis les années cinquante, « un parfum d’oligarchie » : « Sans doute le Marché commun ne produit-il pleinement ses effets qu’avec l’adoption de l’Acte unique de 1986. Néanmoins, lors de la signature de Traité de Rome, les observateurs les plus avertis comprennent qu’il dépossèdera à terme les États d’une partie appréciable de leur pouvoir de contrôle sur l’économie. Mendès France y voit même l’abdication de la démocratie. Un système reposant principalement sur l’action supposée bienfaisante de la libre concurrence paraît difficilement compatible avec une politique de transformation sociale audacieuse. Mais n’interdit pas de compromettre, scrutin après scrutin, la réalisation prochaine d’une Europe sociale ».

Seumas Milne ne pense pas qu’il y ait eu récemment des « grèves racistes » au Royaume-Uni.« A la fin du mois de mai, des grèves sauvages éclatent au Royaume-Uni dans le secteur de l’énergie. Les protestataires dénoncent le dumping favorisé par l’embauche de travailleurs importés d’autres pays européens en infraction des accords signés avec les syndicats. En février déjà médias et responsables politiques avaient crié au nationalisme et à la xénophobie. Une interprétation infirmée par les faits.
[…] Dirigeants et experts occidentaux n’en démordent pas : seule la poursuite d’une compétition basée sur le libre-échange, c’est-à -dire sur l’exploitation des inégalités entre les systèmes productifs, pourrait ramener la croissance et contenir les " passions nationalistes " .
[…] La vraie nature du mouvement n’a d’ailleurs pas échappé aux centaines d’ouvriers polonais qui ont rejoint la grève à la centrale de Langage, à Plymouth. Ils ont compris qu’il ne s’agissait pas de défendre les prétendus privilèges des autochtones, mais de dénoncer l’utilisation d’une catégorie d’ouvriers pour en exclure une autre. »

Selon Najam Sethi, « le Pakistan se retourne contre les Talibans ». Une offensive majeure a été déclarée « qui semble présager un tournant stratégique important aux multiples conséquences. »

Nicolas Dot-Pouillard a observé une « révolution chez les Chrétiens du Liban » : deux blocs s’affrontent, l’essentiel des sunnites, une majorité des Druzes et une fraction importante des chrétiens, d’une part, d’autre part une alliance structurée autour du Hezbollah chiite et du courant patriotique libre du général maronite Michel Aoun. Une révolution sur la scène politique. »

Selon Ramine Motamed-Nejad, l’Iran est « sous l’emprise de l’argent » : « En 2005, les candidats réformistes avaient été battus parce qu’ils s’étaient montrés incapables de proposer une solution aux problèmes sociaux. M. Ahmadinejad avait promis d’apporter " l’argent du pétrole sur la table du peuple " . Aujourd’hui, le président iranien est à son tour interpellé sur son bilan économique. Alors que l’Iran se trouve au centre de l’attention internationale, l’élection de ce moi-ci se joue à nouveau autour de problèmes intérieurs. »

Achille Mbembe décrie le « lumpen-radicalisme » du président sud-africain : « Personnage aussi charismatique qu’énigmatique, Jacob Zuma dirige désormais la première puissance économique du continent noir. Il aura à affronter une société rongée par les inégalités et la criminalité. Il aura aussi à affronter la crise de son parti, l’ANC. »

Long reportage de Tristan de Bourbon sur « la crise vue de Chine » : « Industries manufacturières en difficulté, usines fermées par milliers, ouvriers migrants au chômage par dizaine de millions. Les informations alarmistes sur la Chine arrivent jour après jour. »

Rémi Carayol décrit la « départementalisation sous tension à Mayotte » : « Paris joue une délicate partition entre condamnations internationales et pression migratoire dans les Comores. »

A lire de toute urgence, parce qu’ils le valent bien, trois articles de Mona Chollet sur L’Oréal, entreprise au carrefour de la politique (l’extrême droite), des affaires et des médias. A titre personnel, j’avais oublié que les Bettencourt, un des rares couples qui tutoyait Mitterrand, avait lancé en 1978 J’informe, médiocre feuille de chou de droite, pour contre balancer Le Monde, jugé trop hostile aux milieux d’affaires. Se reporter également, en complément, à http://www.monde-diplomatique.fr/2009/06/CHOLLET/17140.

Émilie Guyonnet nous emmène « A la recherche de l’enfant parfait » : la prochaine loi de bioéthique « devra trancher plusieurs questions délicates : faut-il autoriser le diagnostique in utero de prédispositions génétiques à certaines maladies ou handicaps ? Faut-il libéraliser la recherche sur l’embryon ? Les conservatismes des uns et l’eugénisme des autres, les fantasmes d’enfants à la carte, sans compter les appétits suscités en matière de nouveaux marchés et de brevets, laissent peu de place pour réfléchir à l’intérêt réel de la société - et en particulier des femmes. »

Très salutaire article de Philippe Person sur Clint Eastwood (qui, comme Julio Iglesias, n’a pas changé), mais surtout sur ceux qui parlent de ses films sans voir à quel point ils sont et restent réactionnaires.

Philippe Rimbert écorche Philippe Val et son « despotisme des éclairés ». La force de Val ? « Éblouir puis domestiquer certains de ses opposants en leur tendant le plus irrésistible des miroirs : celui qui farde leur image d’un vernis culturel. »

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