Tous deux se sont engagés auprès des banques sur 30 ans (800 euros par tête et par mois). Les charognards, à l’affût jour et nuit, se sont emparés de l’ « affaire » pour discréditer « Podemos » (qui n’est plus le « Podemos » des débuts), faire oublier les sentences enfin prononcées par la « Audiencia nacional » dans l’immense scandale d’Etat et de financement illégal de parti (tout l’appareil du « parti populaire ») : l’affaire Gürtel, la vraie affaire.
Du jamais vu en Espagne : un réseau gigantesque de corruption, de détournements de fonds publics, blanchiment d’argent sale (pléonasme), surfacturations, fausses factures, construction d’un aéroport sans avions, sursalaires, malversations « de todo tipo », du concentré de pourri de chez pourri.... « Ce n’est pas un parti, c’est une mafia », crient les manifestants contre le sinistre chef du gouvernement, le néofranquiste trumpiste Mariano Rajoy et ses « mercenaires ». Le tribunal a confirmé l’existence au sein du parti populaire d’une « caisse B » depuis 1989, une comptabilité parallèle... Les premiers 29 « ripoux » jugés (des 37 accusés) ont ramassé au total 351 années de prison, par une justice dont on connaît la bienveillance à l’égard du franquisme, et de ses restes bien vivants.
Les sentences contre le PP et plusieurs de ses « figures » parlent d’elles mêmes :
Francisco Correa (le chef de la trame, Monsieur Pépettes), Pablo Crespo, Eduardo Zaplana, ami de Albert Rivera, pour blanchiment et malversation, etc., écopent de plusieurs dizaines d’années de prison. Le PP, en tant que parti, se voit condamné « à titre lucratif » ; près de 1000 de ses dirigeants attendent aux portes des prisons.
Dans la « communauté valencienne », le PP a touché le fond. Zaplana, celui qui fut président de la Generalitat valencienne, ex ministre du travail du PP, l’homme fort, vient d’être arrêté et emprisonné comme un vulgaire voyou. Le serait-il ?
Poussé par « Podemos », IU... le PSOE après moult hésitations, a accepté de présenter une motion de censure contre le chef du gouvernement Mariano Rajoy (il reste deux ans de législature). Une fraction des psoeistes demandent la démission de Rajoy, d’autres considèrent que l’union avec les « indépendantistes », fût-ce sur une motion, aura un « coût »...
Quoi qu’il en soit, un discrédit total frappe le parti héritier du franquisme. Des ponts se tendent entre les « descendants » du caudillo et « la nouvelle droite » (formule à pouffer de rire) des contingents entiers de « peperos » passeraient à l’ultra libéral « Ciudadans », d’Albert Rivera... Moins discrédité (dit-on), il aurait le vent en poupe. La droite commence à mettre les voiles.
Aux « Cortes », Rajoy s’est défendu piteusement, mélangeant les mots, plaidant le « coup monté », le « complot » contre le PP. Il s’est dit « sûr de lui-même », ce n’est pas « 10 ou 15 cas isolés » qui vont l’éjecter du pouvoir... Au cours de cette séance, il aurait vraiment mouillé les fonds de pantalons !
Mais pour les médias espagnols, « l’affaire » est ailleurs. Pablo Iglesias aura même une piscine, luxe des luxes, que des milliers de couples français, salariés, couches moyennes, possèdent dans nos campagnes. Faut-il habiter dans un bidonville pour être révolutionnaire, et se fringuer comme un charbonnier ? Evidement, non. Cela dit, l’acquisition d’Iglesias est pour le moins maladroite, lui qui a tant critiqué les « élites huppées », et défendu les pauvres parmi les pauvres. Tout cela pour dire que l’initiative nous paraît malheureuse. Che Guevara était obsédé par « l’exemplarité », la vie modeste, des dirigeants. Iglesias a certes le droit de se reposer, de « récupérer sa force de travail », mais prêter à ce point le flanc aux critiques relève d’une certaine naïveté politique. « Podemos », divisé entre plusieurs courants, a lancé une consultation interne, pour savoir si Iglesias peut continuer à être le leader. Aux « Cortes », les discours d’Iglesias vibrent d’enthousiasme militant, de vérité ; ils dénoncent, démasquent, mobilisent, et c’est là l’essentiel. « Chalet » ou pas. Mais la droite, hyper-friquée, reste la droite, pourrie de chez pourrie, et les médias, avec « rienda y jierro encima », enchaînées et aux ordres. Pour le quotidien socialisant « El País », une seule obsession : en finir avec « la dictature vénézuélienne », loin du « caso » (de l’affaire) Gürtel.
Jean ORTIZ