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La terre arable, une marchandise en vente sur le marché international !

Ce bulletin a pris progressivement la forme d’un dossier sur cette question.

CHAPITRE I

Au départ nous cherchions à faire la part des choses sur les achats de terres africaines par la Chine, ce sujet ayant valu à ce pays, comme c’est maintenant coutume, d’être montré du doigt en Occident comme l’accapareur par excellence.

Sans oublier que la Chine compte 20 % de la population mondiale et dispose de seulement 9% des terres arables, nous avons commencé par analyser un récent article de la revue DIPLOMATIE qui donnait une plus juste image de la situation. Cette analyse, publiée sur un blog ami, est reproduite ci-après

« La Chine achète la terre africaine »

Face à cette affirmation sommaire, répétée à l’envi sans vérification, la revue DIPLOMATIE (1) vient d’apporter dans son numéro 42 (Janvier- Février) un correctif involontaire sous la forme d’un double tableau intitulé « LES PRISES DE CONTROLE DES TERRES CULTIVABLES » recensées dans le monde qu’elle a établi avec l’aide d’une banque d’affaires.

Observons que cette expression de PRISE DE CONTRôLE peut cacher des types de contrats très divers : ventes ou baux de moyenne ou longue durée, modes de gestion des terres (exploitation directe, métayage ou toute autre forme de partage de la récolte, mode de taxation des revenus, choix des produits, transferts de technologie ou de savoir faire, etc.…).

Ce tableau comporte deux volets : les contrôles privés par les fonds et compagnies privés actifs sur le secteur (nourriture et biocarburants confondus) et les contrôles par les Etats (direct ou indirect)

Le premier s’il donne une liste de noms d’investisseurs ne précise malheureusement ni les superficies acquises, ni les lieux, ce qui laisse présager que l’Afrique est concernée. On y remarque simplement que le Royaume Uni héberge le plus grand nombre de ces investisseurs, probablement tous installés dans la City londonienne et que du côté des Etats-Unis les acteurs sont ni plus ni moins que Goldman Sachs et Morgan Stanley. Cette liste mélange des groupes financiers polyvalents comme les banques précitées et des fonds spécialement fondés pour acheter des terres en Afrique comme JARCH CAPITAL. Elle mériterait donc un examen beaucoup plus détaillé, si tant est que les informations soient publiques, sur l’ampleur exacte des achats de terre en Afrique.

La transparence est beaucoup plus grande du côté des Etats et le tableau permet de voir que la terre africaine n’intéresse pas que la Chine. Par contre la Chine intervient seule dans un certain nombre de pays ce qui traduit le fait que son investissement dans l’agriculture s’insère dans une relation globale d’Etat à Etat.

Voici la liste des pays africains où des Etats étrangers ont pris le contrôle des terres arables

Lieu de l’investissement Pays investisseur (3)
Soudan (2) Arabie Saoudite, Qatar, Egypte, Jordanie, Koweït, EAU, Abou Dhabi, Corée du Sud, Bahreïn,
Kenya Qatar,
Mali Arabie Saoudite, Lybie
Sénégal Arabie Saoudite, EAU
RD Congo Chine
Mozambique Chine
Tanzanie Chine
Ouganda Chine, Egypte
Zimbabwe Chine
Zambie Chine
Afrique du Sud Lybie
Libéria Lybie
Egypte Bahreïn, Japon, Koweït, EAU
Madagascar Corée du Sud, Inde
Cameroun Chine

Notes

(1) La revue « Diplomatie » est publiée par le groupe AERION qui publié également « Enjeux Méditerranée », « Moyen Orient », « Défense et Sécurité internationale »et« DSI-Technologies » .Le groupe a été fondé par le géopoliticien français Alexis Bautzmann, directeur du Centre d’analyse et de prévision des risques internationaux (CAPRI), qui travaille beaucoup pour la Délégation générale à l’armement et le Ministère de la Défense. Alexis Bautzmann est membre de SIDE-EUROPE mouvement paneuropéen fondé parle Comte Coudenhove-Kalergi après la première guerre mondiale et de l’Institut ASPEN France, un think tank développé en France par RAYMOND BARRE. ASPEN France fait partie du réseau ASPEN international et se présente lui-même ainsi :

« Encourager l’ouverture sur le monde, la prise d’initiative et l’exercice des responsabilités au service du bien commun : tel est l’objectif de l’Institut Aspen France, centre de réflexion et d’échanges fondé en 1983 à Paris. Développé sous l’égide de Raymond Barre, établi à Lyon en 1994, l’Institut Aspen France est membre d’un réseau international créé aux Etats-Unis et présent en Allemagne, en Italie, en Roumanie, en Inde et au Japon. »

La personne la plus connue dans l’équipe d’ASPEN ETATS-UNIS est MADELEINE ALBRIGHT.
Les derniers présidents d’Aspen France ont été Yvon Bourges, Hervé Gaymard et Alain Terrenoire

(2) Le Soudan apparait comme le pays le plus convoité. Il est vrai qu’il s’agit du plus grand pays d’Afrique avec d’énormes réserves en eau (Haut bassin du Nil) et un énorme potentiel de développement. Ceci explique probablement toute une activité politique souterraine pour faire éclater ce pays à l’Ouest (Darfour) et au Sud. La Chine intervient au Soudan dans l’économie pétrolière (recherche, exploitation, transport et raffinage).

(3) Les monarchies pétrolières arabes occupent une place très importante mais ne sont jamais montrées du doigt, pas plus que la Corée du Sud qui a pourtant acquis la moitié des terres arables de la République malgache.

SOURCE
http://decatayenchine.wordpress.com/2010/02/09/la-chine-achete-la-terre-africaine-2/

CHAPITRE II

Un nouvel article sur cette question a été publié ensuite par le quotidien britannique THE GUARDIAN Nous en avons effectué la traduction qui suit. Sous la forme d’une enquête en Ethiopie, il rend compte des aspects principaux de cette question. (Voir nos observations in fine)

Milliardaires et méga-sociétés derrière un immense accaparement de terre en Afrique

20 pays africains vendent ou de louent des terres pour l’agriculture intensive sur une échelle choquante dans ce qui pourrait bien être le plus grand changement de propriété depuis l’époque coloniale.

Par John Vidal

11 mars 2010 "Mail & Guardian" - Awassa, Ethiopie - Nous avons quitté la route principale à Awassa, avons négocié notre chemin avec gardes de sécurité et parcouru un mile à travers un terrain vide avant de trouver ce qui sera bientôt la plus grande serre de l’Éthiopie. Au pied d’un escarpement de la vallée du Rift, le développement est loin d’être terminé, mais la structure de le plastique et d’acier s’étend déjà plus de 20 hectares (CORRECTION DU GRAND SOIR du 22 juin 2010 : il faut lire "20" hectares et non 20.000 comme indiqué précédemment) - la taille de 20 terrains de football.

Le gestionnaire de la ferme nous montre des millions de tomates, poivrons et autres légumes cultivés en lignes 1500 pieds dans des conditions contrôlées par ordinateur. Des Ingénieurs espagnols sont en train de construire la structure d’acier, des technologies néerlandaises minimisent l’utilisation des eaux de deux forages et 1.000 femmes récoltent et emballent 50 tonnes de nourriture par jour. Dans les 24 heures, la production sera conduite 200 miles plus loin à Addis-Abeba et expédiée par avion à plus 1,000 miles de distance pour des commerces et des restaurants de Dubaï, Djeddah et ailleurs au Moyen-Orient.

L’Éthiopie est un des pays les plus affamés dans le monde avec plus de 13 millions de personnes nécessitant une aide alimentaire mais, paradoxalement, le gouvernement offre au moins 3 millions d’hectares de ses terres les plus fertiles aux pays riches et à certains des individus les plus riches du monde pour l’exportation de la nourriture pour leurs propres populations.

Les mille hectares de terres qui contiennent les serres Awassa sont loués pour 99 ans à un homme d’affaires milliardaire saoudien, d’origine éthiopienne, Cheikh Mohammed al-Amoudi, l’un des 50 hommes les plus riches au monde. Sa société Star d’Arabie prévoit de dépenser jusqu’à 2 milliards de dollars, en acquisition et développement des 500 000 hectares de terres en Éthiopie dans les années à venir. Jusqu’à présent, elle a acheté quatre fermes où elle cultive déjà du blé, du riz, des légumes et des fleurs pour le marché saoudien. Elle prévoit à terme d’employer plus de 10.000 personnes.

Mais l’Ethiopie n’est qu’ un parmi une vingtaine de pays africains où les terres sont achetées ou louées pour l’agriculture intensive sur une échelle immense dans ce qui peut devenir le plus grand changement de propriété depuis l’époque coloniale.

Rush sur la terre

Selon une enquête de l’Observer jusqu’à 50 millions d’hectares de terres - une surface plus du double de celle du Royaume-Uni - ont été acquis ces dernières années ou sont en train d’être négociés par des gouvernements et des investisseurs fortunés recevant des subventions d’Etat. Les données utilisées ont été recueillies par GRAIN, l’Institut international pour l’environnement et le développement, l’International Land Coalition, ActionAid et d’autres groupes non gouvernementaux.

La ruée vers les terres, qui s’accélère encore, a été déclenchée par la pénurie alimentaire dans le monde entier qui a suivi les fortes hausses des prix du pétrole en 2008, une pénurie croissante d’eau et l’insistance de l’Union européenne selon laquelle 10% des carburants pour les transports doivent provenir de biocarburants d’ici 2015.
Dans de nombreuses régions les contrats ont conduit à des expulsions, à des troubles civils et à des plaintes contre « l’accaparement des terres".

L’expérience de Nyikaw Ochalla, un indigène Anuak de la région de Gambela en Ethiopie qui vit aujourd’hui en Grande-Bretagne mais qui est en contact régulier avec les agriculteurs dans sa région, est typique. Il dit : « Toutes les terres dans la région de Gambella sont utilisées. Chaque collectivité possède et s’occupe de son propre territoire et les rivières et les terres agricoles sur son territoire. C’est un mythe propagé par le gouvernement et les investisseurs de dire qu’il y a de terres incultes ou des terres qui ne sont pas exploitées dans la région de Gambella.

« Les entreprises étrangères arrivent en grand nombre, ce qui prive les gens de la terre qu’ils ont utilisés pendant des siècles. Il n’ya pas de consultation avec la population autochtone. Les accords sont passés clandestinement. La seule chose que voit la population locale ce sont les gens qui viennent avec beaucoup de tracteurs pour envahir leurs terres.

« Toutes les terres autour de mon village d’Illia, ont été reprises et dégagées. Les gens doivent maintenant travailler pour une société indienne. Leurs terres ont été obligatoirement prises de force et ils n’ont reçu aucune compensation. Les ont peine à croire ce qui se passe. Des milliers de personnes seront touchées et les gens vont souffrir de la faim. "

On ne sait pas si les acquisitions permettront d’améliorer ou aggraver la sécurité alimentaire en Afrique, ou si elles vont favoriser les conflits séparatistes, mais un important rapport de la Banque mondiale qui doit être publié ce mois-ci devrait avertir à la fois sur les bénéfices potentiels et sur les dangers immenses qu’ils représentent pour l’homme et la nature.

En tête de la ruée se trouvent les agro-industries internationales, des banques d’investissement, des hedge funds, des négociants en matières premières, des fonds souverains ainsi que des fonds de pension britanniques, des fondations et des individus attirés par certains des terrains les moins chers du monde.

Ensemble, ils parcourent le Soudan, le Kenya, le Nigeria, la Tanzanie, le Malawi, l’Ethiopie, le Congo, la Zambie, l’Ouganda, Madagascar, le Zimbabwe, le Mali, la Sierra Leone, le Ghana et ailleurs. La seule Ethiopie a accepté 815 projets agricoles financés par l’étranger. Toute terre là -bas, où les investisseurs n’ont pas été en mesure d’acheter, est louée pour environ 1 $ par année et par hectare.

L’Arabie saoudite, avec d’autres États du Moyen Orient comme le Qatar, le Koweït et Abou Dhabi, est soupçonnée d’être le plus gros acheteur. En 2008, le gouvernement saoudien, qui était l’une des plus gros producteurs de blé du Moyen-Orient, a annoncé qu’il devait réduire sa production intérieure de céréales de 12% par an pour conserver son eau. Il a affecté 5 milliards de dollars pour accorder des prêts à taux préférentiel aux entreprises saoudiennes qui voulaient investir dans des pays à fort potentiel agricole.

En attendant, le Foras, compagnie saoudienne d’investissement, soutenue par la Banque islamique de développement et de riches investisseurs saoudiens, prévoit de consacrer 1 milliard de dollars à l’achat de terres et de produire sept millions de tonnes de riz pour le marché saoudien en sept ans. L’entreprise affirme qu’elle cherche aussi à acheter des terres au Mali, au Sénégal, au Soudan et en Ouganda. En se tournant vers l’Afrique pour développer ses cultures de base, l’Arabie saoudite n’est pas seulement en train d’acquérir des terres d’Afrique, mais elle s’assure l’usage de l’équivalent de centaines de millions de gallons d’une eau rare par an. Cette eau, qui d’après l’ONU, sera la ressource essentielle pour les 100 prochaines années.

Gros contrats

Depuis 2008, les investisseurs saoudiens ont acheté massivement au Soudan, en Égypte, en Éthiopie et au Kenya. L’an dernier, les premiers sacs de blé cultivé en Éthiopie pour le marché saoudien ont été présentés par Al-Amoudi au roi Abdallah.
Certains des contrats africains visés concernent très largement l’eau : la Chine a signé un contrat avec la République démocratique du Congo pour cultiver 2,8 millions d’hectares d’huile de palme pour les biocarburants. Avant d’être abandonné après les émeutes, un projet de 1,2 millions d’hectares entre Madagascar et la société sud-coréenne Daewoo aurait inclus près de la moitié des terres arables du pays.

La Terre pour cultiver des cultures de biocarburants est également recherchée. "Les entreprises européennes de biocarburants ont acquis ou demandé environ 10 millions d’acres en Afrique. Cela a entraîné des déplacements de population, en l’absence de consultation et de compensation, et des promesses non tenues au sujet des salaires et des emplois », a déclaré Tim Rice, auteur d’un rapport d’ActionAid, qui estime que l’UE a besoin de récolter sur 43 millions d’acres, bien plus de la moitié de la taille de l’Italie, si elle veut atteindre son objectif de 10% de biocarburants en 2015.

« Le vol de la terre à biocarburants en Afrique conduit déjà au déplacement des agriculteurs et de la production alimentaire. Le nombre de personnes souffrant de la faim va augmenter, dit-il. Les Entreprises britanniques se sont assuré de grandes étendues de terre en Angola, en Ethiopie, au Mozambique, au Nigéria et en Tanzanie pour faire pousser des fleurs et des légumes.

Les entreprises indiennes, soutenues par des prêts publics, ont acheté ou loué à des centaines de milliers d’acres en Éthiopie, au Kenya, à Madagascar, au Sénégal et au Mozambique, où elles cultivent riz, canne à sucre, maïs et lentilles pour alimenter leur marché intérieur.

Aucun endroit n’échappe. Le Soudan, sortant d’une guerre civile et privé de développement pour toute une génération, est l’un des nouveaux points chauds. Des Entreprises sud-coréennes ont acheté l’an dernier 700 000 hectares au nord du Soudan pour la culture du blé, les Emirats arabes unis ont acquis 750 000 hectares et l’Arabie saoudite le mois dernier a conclu un contrat de 40 000 hectares dans la province du Nil.
Le gouvernement du Sud Soudan dit que de nombreuses entreprises s’efforcent aujourd’hui d’acquérir des terres. "Nous avons eu de nombreuses demandes de nombreux développeurs. Des Négociations sont en cours", a déclaré Peter Chooli, directeur des ressources en eau et de l’irrigation, à Juba, la semaine dernière. « Un groupe danois est en pourparlers avec l’Etat et un autre veut utiliser des terres situées près du Nil."

Dans l’une des offres les plus extraordinaires, le fond d’investissement flibustier New York : Jarch Capital, dirigé par un ancien négociateur de marchandises, Philip Heilberg, a loué 800 000 hectares dans le sud du Soudan près du Darfour. Heilberg a promis non seulement de créer des emplois, mais aussi de mettre 10% ou plus de ses bénéfices dans la communauté locale. Mais il a été accusé par le Soudan d’ "accaparement" de terres communales et de mener une opération américaine pour morceler le Soudan et exploiter ses ressources.

Néo-colonialisme

Devlin Kuyek, chercheur de GRAIN basé à Montréal, a déclaré qu’investir en Afrique était désormais considéré comme une nouvelle stratégie d’approvisionnement alimentaire par de nombreux gouvernements. « Les pays riches lorgnent sur l’Afrique non seulement pour un confortable retour sur capital, mais aussi comme une police d’assurance. Pénuries alimentaires et émeutes dans 28 pays en 2008, baisse des approvisionnements en eau, changement climatique et croissance démographique galopante ont fait ensemble, de la terre un placement attractif. L’Afrique a le plus de terres et, en comparaison avec d’autres continents, elles sont bon marché, dit-il.
"Les Terres agricoles en Afrique sub-saharienne procurent un rendement de 25% par an et les nouvelles technologies peuvent tripler les rendements des cultures dans des délais courts", a déclaré Susan Payne, directeur général d’Emergent Asset Management, un fonds d’investissement britannique qui cherche à dépenser 50 millions de dollars en terres africaines qui, dit-elle, d’attirent les gouvernements, les sociétés, les multinationales et d’autres investisseurs. « Le développement agricole est non seulement durable, il est notre avenir. Si nous n’accordons pas le plus grand soin à augmenter la production alimentaire de plus de 50% avant 2050, nous serons confrontés à de graves pénuries alimentaires dans le monde, dit-elle.

Mais beaucoup de transactions sont largement condamnées par les ONG occidentales et des groupes nationaux comme "néo- colonialisme", évinçant les habitants de leur terre et s’emparant de ressources limitées.

Nous avons rencontré Tegenu Morku, un agent foncier, dans un café en bordure de route sur le chemin de la région d’Oromo en Ethiopie en recherche de 500 hectares de terres pour un groupe d’investisseurs égyptiens. Ceux-ci prévoyaient d’élever du bétail, de cultiver des céréales et des épices et d’exporter, le maximum en Egypte. Il devait y avoir de d’eau et il espérait que le prix à environ 15 birr (environ 1 $) par hectare et par an - moins d’un quart du coût du terrain en Egypte et un dixième du prix des terres en Asie.

« La terre et la main-d’oeuvre sont bon marché et le climat est bon ici. Tout le monde- les Saoudiens, les Turcs, Chinois, Egyptiens - est en recherche. Les agriculteurs n’aiment pas ça parce qu’ils sont déplacés, mais ils peuvent trouver des terres ailleurs, et d’ailleurs ils obtiennent une indemnisation, équivalant à environ 10 ans de récolte », dit-il.

Famine fabriquée par l’homme

Oromia est l’un des centres de la ruée vers les terres africaines. Haile Hirpa, président de l’Association des études d’Oromia », dit la semaine dernière dans une lettre de protestation au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon que l’Inde a acquis 1 millions d’hectares, Djibouti 1000 hectares, l’Arabie saoudite 40 000 et que, égyptiens, sud-coréens, chinois, Nigérians et d’autres investisseurs arabes sont tous actifs dans l’état.

"C’est la nouvelle colonisation du 21ème siècle. Les Saoudiens se réjouissent de récolter du riz, tandis que les Oromos meurent de famine artificielle au moment même où nous parlons, dit-il.

Le gouvernement éthiopien a nié que ces accords aient été responsables de la faim et dit que les transactions foncières ont attiré des centaines de millions de dollars d’investissements étrangers et des dizaines de milliers d’emplois. Un porte-parole a déclaré : « L’Éthiopie a 75 millions d’hectares de terres fertiles, dont seulement 15% sont actuellement en usage - principalement pour une agriculture de subsistance. Sur les terrains restants, seul un faible pourcentage - 3 à 4% - est offert aux investisseurs étrangers Les terres qui appartiennent aux agriculteurs éthiopiens ne sont jamais données aux investisseurs. Le gouvernement encourage également les Éthiopiens de la diaspora à investir dans leur patrie. Ils apportent grand besoin une technologie dont nous avons grand besoin, ils offrent des emplois et de formation aux Ethiopiens, ils opèrent dans des zones où il y a une terre appropriée et l’accès à l’eau. "

La réalité sur le terrain est différente, selon Michael Taylor, un spécialiste de la Coalition internationale. « Si la terre en Afrique n’a pas été plantée, c’est probablement pour une raison. Elle est peut-être utilisée pour faire paître le bétail ou délibérément laissée en jachère pour prévenir l’épuisement des nutriments et l’érosion. Quiconque a vu ces domaines identifiés comme non utilisés comprend qu’il n’y a pas en Ethiopie de terres qui n’aient pas des propriétaires et des utilisateurs. "

Les experts en développement sont divisés sur les avantages, l’agriculture intensive à grande échelle. Écologiste indienne Vandana Shiva a déclaré à Londres la semaine dernière que l’agriculture industrielle à grande échelle, non seulement chasse les gens de la terre, mais aussi qu’elle nécessite produits chimiques, pesticides, herbicides, engrais, utilisation intensive de l’eau, transport à grande échelle, stockage et distribution qui, ensemble, transforment les paysages en ’énormes plantations de mono culture.

Personnes « Nous assistons à la dépossession sur une échelle massive. Cela signifie que moins de nourriture est disponible et que la population locale en aura moins. Il y aura plus de conflits et d’instabilité politique et les cultures seront déracinées. Les petits fermiers d’Afrique sont les bases de la sécurité alimentaire. La disponibilité de nourriture de la planète va décliner », dit-elle.

Mais Rodney Cooke, directeur au Fonds international des Nations unies pour le développement agricole, voit des avantages potentiels. « Je voudrais éviter le terme générique accaparement des terres ». Bien gérés ces accords peuvent apporter des avantages pour toutes les parties et être un outil de développement. "

Lorenzo Cotula, chercheur senior à l’Institut international pour l’environnement et le développement, qui a coécrit un rapport sur les ventes de terres africaines avec le Fonds des Nations Unies l’année dernière, a révélé que des accords bien gérés pourraient garantir l’emploi, de meilleures infrastructures et un meilleur rendement des cultures. Mais, mal gérés, ils pourraient causer beaucoup de tort, surtout si les populations locales ont été exclues des décisions sur l’affectation des terres et si leurs droits fonciers ne sont pas protégés.

L’eau est également un sujet de controverse. Les fonctionnaires territoriaux en Éthiopie ont dit à l’Observer que les entreprises étrangères qui créent des fermes de fleurs et d’autres grandes exploitations intensives ne payaient pas pour l’eau. "Nous le voudrions, mais l’accord est passé avec le gouvernement central », dit l’un D’eux

A Awassa, la ferme Al- Amouni utilise autant d’eau chaque année que 100.000 Ethiopiens.

11 mars 2010

Brèves observations de COMAGUER

- Sur le marché mondial de la terre arable la terre africaine est donc très recherchée pour son bas prix et pour ses ressources en eau (là où il y en a !)

- Si tous les pays concernés par cette fièvre foncière ont la même attitude que celle du gouvernement éthiopien telle qu’elle est décrite ici il n’apparait pas que, en tant que vendeurs de terre, ils posent aux acheteurs des conditions politiques très fermes à cette irruption de la grande agriculture capitaliste intensive. Cela nécessiterait, pour éviter la concurrence à la baisse, une politique continentale coordonnée qui n’existe pas.

- Le développement durable dont il n’est pas expressément question dans l’article mais dont les contraintes sont présentes dans la politique de l’Union Européenne en faveur des agrocarburants apparait nettement comme une nouvelle politique impérialiste. En effet l’Europe veut économiser le pétrole mais dans le même temps elle va probablement, si les gouvernements africains n’y mettent bon ordre, contribuer à la dégradation des sols africains et à la surconsommation des réserves en eau, donc le « durable » n’est pas pour tout le monde et profite à ceux qui en font la promotion à longueur de temps. Le développement durable ainsi mis en oeuvre est une nouvelle politique impérialiste.

- Cette question qui met face à face la paysannerie africaine et le capitalisme transnational va servir de puissant révélateur des régimes politiques des divers pays africains en effectuant un tri rapide et sans appel entre ceux qui seront simplement des régimes compradores vendant la terre africaine comme ils ont vendu les minerais et ceux qui défendront leur paysannerie et une certaine autosuffisance alimentaire, dussent-ils s’opposer au sacro saint libre échange.

CHAPITRE III

Mais il n’y a pas que l’Afrique ! La chasse aux terres arables est mondiale et diverses sources spécialisées existent qui permettent de mieux faire connaissance avec les principaux acteurs de ce marché et les principales zones où s’exerce leur convoitise. Nous les avons examinées et donnons dans ce dernier chapitre quelques échantillons de leurs travaux. Certains documents publiés en anglais ou en espagnol sous forme de tableaux ont été laissés dans leur langue d’origine, leur traduction serait facile mais leur mise en forme nécessiterait un très gros travail de saisie et de mise en page auquel nous avons renoncé.

Le premier est produit par une petite ONG spécialisée : GRAIN

Il s’agit d’un tableau qui donne par ordre alphabétique le nom des investisseurs (Investment vehicle) le siège social (legal base) le type d’organisme (il peut s’agir comme dans le tableau de la revue DIPLOMATIE d’investisseurs tous produits ou de fonds spécialisés) les noms des principaux actionnaires (participating investors) et des détails sur leurs activités et leur localisation

Il peut être téléchargé ici :

http://www.grain.org/front_files/New-farm-owners-2009-table.pdf

La même organisation vient de publier ce mois-ci un article qui fait le point de la question en Amérique Latine, le second continent le plus visé par la mondialisation du marché de la terre arable. Il est complété par plusieurs liens dignes d’intérêt et nous le reproduisons intégralement ici .

L’accaparement des terres en Amérique latine

GRAIN, mars 2010 http://www.grain.org

En Amérique latine, comme partout ailleurs dans le monde, les communautés subissent actuellement une nouvelle forme d’invasion de leur territoire. Les envahisseurs ne sont pas les descendants des conquistadors européens qui s’approprièrent les terres, accumulèrent les esclaves et pillèrent les domaines coloniaux. Ce ne sont pas non plus les grands finqueros (propriétaires de grands domaines) des 19 et 20èmes siècles qui agrandirent leurs propriétés en taillant dans les territoires des peuples indigènes et en créant de vastes plantations destinées à produire et exporter des marchandises telles que la canne à sucre, le café, le cacao, la banane, le sisal, la résine, le caoutchouc et les bois tropicaux. Le système s’appuyait sur ce qu’on a appelé le « travail gagé », autrement dit un travail forcé, exercé dans des conditions dignes de l’esclavage. Les nouveaux propriétaires fonciers ne sont pas non plus ceux qui ont introduit l’agriculture industrielle en Amérique latine et exploité les savoir-faire ancestraux des populations locales afin d’adapter leurs méthodes au nouvel environnement et au climat.
Ces personnages s’étaient enracinés sur "leurs" terres et leurs domaines ; ils étaient physiquement présents et politiquement puissants dans la région. Ils se battaient sans cesse entre eux pour consolider leurs fiefs, provoquant de nombreuses victimes chez les soldats. Ils se faisaient des ennemis ou forgeaient des alliances pour étendre leur mainmise sur l’eau, la main d’oeuvre, le commerce, les élections, les politiques publiques et l’accès aux terres, sans se préoccuper le moins du monde des droits et de la vie d’autrui. Toutefois, ces grands seigneurs vivaient sur leurs domaines ou du moins s’y rendaient fréquemment et ils étaient de ce fait obligés de faire face personnellement à la résistance et aux rébellions des populations qui avaient été envahies et dépossédées de leurs biens. Il ne viendrait à l’idée de personne de les regretter, mais les communautés qui leur résistaient pouvaient au moins le faire de façon directe ; elles savaient contre qui se battre, savaient aussi où et à quel moment il fallait se battre.

L’Amérique latine a une longue histoire de conflits fonciers et de luttes des peuples indigènes pour défendre leurs terres ancestrales. C’est aujourd’hui un nouveau chapitre de cette histoire qui s’ouvre : Une nouvelle razzia sur les terres est en train de se produire en Amérique, mais cette fois, tout se passe à distance et sous un voile de "neutralité" . Aujourd’hui, comme l’indiquent clairement les brochures gouvernementales, les accapareurs de terres avancent l’argument de l’insécurité alimentaire et prennent pour prétexte une crise alimentaire « qui nous oblige à faire pousser la nourriture là où nous le pouvons ; mais même si cela nécessite de délocaliser la production, c’est pour le bien de nos concitoyens que nous rapatrions cette nourriture. » Mais en creusant un peu, on se rend très bien compte que derrière tout cela se cache un monstre financier. Les accapareurs de terres sont en fait de grandes entreprises et des partenariats qui investissent de gigantesques sommes d’argent dans la terre, la production alimentaire, les exportations de marchandises et la spéculation sur les marchés de l’alimentation.
Au cours des dernières années, ces investisseurs étrangers se sont emparés de millions d’hectares cultivables en Amérique latine pour y produire des cultures vivrières et des agrocarburants destinés à l’exportation. Une grande partie de l’argent provient de fonds de pension américains et européens, de banques, de fonds de capital-risque et de riches individus comme George Soros. L’argent passe par des véhicules d’investissement agricole mis en place à la fois par des entreprises étrangères et par des entreprises locales. La plus grosse compagnie sucrière du Brésil, COSAN, possède un fond spécialisé dans les investissements agricoles : Le Radar Propiedades achète des terres brésiliennes de la part de clients comme le Teachers’ Insurance and Annuity Association - College Retirement Equities Fund of the US.[TIAA-CREF, l’un des plus grands fonds de pension privés des États-Unis].Louis Dreyfus, l’une des plus grosses multinationales céréalières du monde, propose un fonds similaire dans lequel American International Group [AIG, chef de file mondial de l’assurance et des services financiers] a investi au moins 65 millions de dollars US. Tandis que l’attention des médias se concentre sur les cessions de terres en Afrique, l’Amérique latine est l’enjeu d’au moins autant d’argent et la cible de projets encore plus nombreux : Les investisseurs prétendent que leurs investissements fonciers y sont plus sûrs et moins controversés, parce qu’ils choisissent de fermer les yeux sur les luttes incessantes qui se jouent dans presque tous les pays du continent pour assurer l’accès à la terre. Un nombre croissant d’investisseurs et de gouvernements d’Asie et des pays du Golfe concentrent leurs efforts sur l’Amérique latine qu’ils considèrent comme un endroit suffisamment sûr pour y délocaliser leur production alimentaire.

La plupart des gouvernements d’Amérique latine accueillent ces changements à bras ouverts et envoient même régulièrement des missions diplomatiques à l’étranger, pour y vanter les avantages des investissements fonciers dans leur pays. Le ministre brésilien du Développement, Miguel Jorge, a récemment déclaré à des journalistes : « Des princes saoudiens que nous avons rencontrés l’an dernier […] ont expliqué au président Lula qu’ils n’ont pas l’intention d’investir dans l’agriculture au Brésil pour vendre ici, au Brésil ; ce qu’ils veulent, ce sont des sources de production alimentaire. Ils ont besoin de nourriture. Ce serait ainsi beaucoup plus efficace qu’ils investissent dans l’agriculture brésilienne et que nous devenions les fournisseurs directs de ces pays ».[1]

Le Brésil n’est pas seulement une cible pour les nouveaux accapareurs de terres : il fait aussi partie des accapareurs. En effet des investisseurs brésiliens, soutenus par le gouvernement, achètent des terres dans un nombre croissant d’autres pays d’Amérique latine ou en Afrique pour y produire de la nourriture et des agrocarburants. Juste à côté, en Guyane par exemple, le gouvernement brésilien finance la construction de routes, de ponts et d’autres infrastructures pour ouvrir la savane de Rupununi, qui est d’une grande fragilité écologique, à des projets agricoles à grande échelle qui serviront à l’exportation vers le Brésil. La semencière multinationale Rice Tech a fait des démarches auprès du gouvernement guyanais pour obtenir quelque 2 000 hectares de terres dans la même région, un écosystème fragile et riche en biodiversité qui abrite plusieurs populations indigènes. Des producteurs de riz brésiliens, qui sont en train de négocier avec le gouvernement guyanais des baux de 99 ans sur de vastes zones de la savane de Rupununi, ont été récemment obligés par la Cour suprême du Brésil d’abandonner des terres prises illégalement à des communautés indigènes à Raposa Serra do Sol au nord du Brésil [dans l’État de Roraima, voisin de la Guyane].[2]

Cette façon de faire des affaires procure aux anciens envahisseurs et propriétaires terriens de nouveaux moyens d’acquérir des terres avec moins de risques économiques et politiques, et leur confère une nouvelle "respectabilité" d’"investisseurs étrangers" .

Comment se soustraire à ses responsabilités

Les enjeux de cette nouvelle vague d’accaparement à grande échelle sont considérables. Cette razzia porte une atteinte sévère à la souveraineté nationale. Tout pays qui vend ou loue de vastes surfaces de terres cultivables, par l’intermédiaire de contrats à long-terme, à un autre pays ou une entreprise étrangère, met en danger sa propre souveraineté nationale. Ce genre d’accord accélère encore le démantèlement global de l’État - de plus en plus de services sont supprimés, privatisés ou transformés, pour satisfaire les intérêts du monde des affaires - et favorise en même temps la dépossession territoriale de nombreuses populations et communautés. La main d’oeuvre se trouve donc disloquée et la migration s’intensifie. Le fait que les gouvernements ou les investisseurs privés s’approprient les terres pour y faire des cultures vivrières destinées à l’exportation, provoque aussi un démembrement de la production alimentaire. Les investisseurs arrivent avec leurs tracteurs et leurs semences, voire même leurs ouvriers ; ils se servent de l’eau et extraient les fruits du sol du "pays-hôte" , pour les ramener dans leur propre pays ou les vendre sur les marchés mondiaux. Les pays-hôtes ne peuvent pas être considérés comme des "exportateurs" au sens habituel du mot, car ni le pays ni les populations locales ne sont vraiment impliqués dans les projets. Il s’agit juste de terres que les multinationales exploitent, sans restriction aucune, pour amasser leurs propres bénéfices.

Cependant, les terres ciblées ne sont jamais vides ou inutilisées ; on ne peut pas dire que les populations locales, qui n’ont déjà pas un accès suffisant à la terre, n’en aient pas besoin. La première question à poser est donc de savoir qui sont les propriétaires ou les gardiens de ces terres qu’on accapare ou qu’on contrôle à distance. Comment se fait-il que nos gouvernements puissent mettre de telles surfaces à la disposition d’entreprises ou de gouvernements étrangers ? Ces terres sont elles propriété privée ? Ou bien les gouvernements ont-ils décidé tout simplement d’exproprier, pour pouvoir signer des accords commerciaux comme cela les arrange ? Apparemment, les terres ne sont que louées, et non vendues, mais quelle différence cela fait-il d’être effectivement vendu ou d’être loué pour 50 ou 99 ans ? Les preneurs à bail rendront au pays-hôte une terre qui sera non seulement ruinée et vidée de toute substance, mais dont il devra en plus assumer les coûts de restauration. L’accaparement des terres favorise l’expansion d’un modèle d’agriculture industrielle extrêmement destructeur.

La nouvelle vague d’invasion des terres complique les choses pour les populations quand il s’agit de défendre leur territoire. L’envahisseur est plus difficile à identifier. Les mécanismes juridiques dont disposent les communautés pour se défendre contre la dépossession, la dévastation ou la pollution manquent de clarté. Même quand il est possible d’identifier les investisseurs, la distance et des structures juridiques complexes leur servent de protection contre les communautés. Les communautés ou les associations n’ont pas leur mot à dire quand il s’agit de définir le moment ou le lieu de la "bataille" contre un investisseur.

L’État, au lieu de protéger ses populations, protège les investissements des entreprises et des gouvernements étrangers, en criminalisant et en réprimant les communautés qui défendent leur territoire. Les frontières perdent ainsi leur signification. Les structures de l’État "hôte" servent les intérêts des nouveaux "patrons" , non pas sous forme de tribut comme dans l’ancien système colonial, mais à travers le nouveau système commercial néolibéral, où lois et règles sont fixées par des accords de libre-échange et des traités d’investissement qui remplacent les constitutions nationales et même la législation internationale.

La plus grave des conséquences à long terme de cette nouvelle vague d’accaparement est sans aucun doute l’extension de la mainmise des multinationales sur la production alimentaire. Au cours des cinquante dernières années, les grandes entreprises ont monté les fondations et aujourd’hui elles s’apprêtent à récolter les bénéfices

L’accaparement des terres n’est pas simplement la dernière opportunité de se lancer dans des investissements spéculatifs qui permettent d’engranger rapidement des bénéfices énormes ; il fait partie d’un processus plus long qui va permettre aux entreprises de l’agrochimie, de la pharmacie, de l’alimentation et des transports de prendre le contrôle de l’agriculture.

C’est pourquoi les communautés autonomes prêtes à défendre leur territoire et leurs systèmes de gestion des terres communales représentent une véritable menace pour ce genre de projet. Les organisations qui insistent sur l’importance de la souveraineté alimentaire, sur des bases communautaires, comprennent que cela devient un exploit irréalisable dans des pays ou des régimes qui permettent et encouragent l’accaparement des terres. Les communautés indigènes d’Amérique latine savent que sans le contrôle de leurs propres terres, elles perdent le contrôle de la production alimentaire et que leur système agricole devient tout simplement une nouvelle forme de métayage. Un nombre croissant de communautés exigent donc d’avoir le contrôle de leurs terres pour y faire leurs propres cultures, en utilisant et en échangeant leurs semences indigènes et les savoir-faire locaux. Elles exigent d’avoir le contrôle de l’eau, des forêts, des sols, des villages et des chemins. Elles réclament aussi l’autonomie et que les décisions soient prises en assemblée.

Par opposition, les nouveaux accapareurs de terres veulent restreindre encore les biens communs. Ils veulent démanteler nos relations et nos liens. Ils n’ont même plus besoin d’envahir : ils n’ont qu’à signer des accords commerciaux. Ils n’ont plus besoin d’assurer l’entretien d’esclaves : ils savent qu’ils peuvent compter sur une abondante main d’oeuvre à bon marché. Ce n’est plus à eux d’écraser les rébellions : les gouvernements-hôtes s’en chargent, ou au besoin, les hommes de main fournis par des entreprises spécialisées dans ce genre de service. Le néolibéralisme est l’invention sans cesse renouvelée de procédés permettant de s’exonérer de toute responsabilité. Si nous voulons renverser la situation, il nous faut fonder l’avenir sur le sens responsabilités.


Lectures complémentaires

 Pour suivre les projets d’accaparement des terres, consulter le site http://farmlandgrab.org

 Les nouveaux propriétaires fonciers, A contre courant, octobre 2009. http://www.grain.org/articles/?id=56

 Main basse sur les terres agricoles en pleine crise alimentaire et financière, Les rapports de GRAIN, octobre 2008. http://www.grain.org/briefings/?id=213

(1) Alexandre Rocha, "Brazilian Minister : Arabs are great opportunity" , ANBA, 8 February 2010 : http://farmlandgrab.org/11020

(2) "Expelled Brazil rice farmer looking to shift operations to Guyana" , Stabroek News, 14 May 2009 :
http://www.stabroeknews.com/2009/stories/05/14/expelled-brazil-rice-farmer-looking-to-shift-operations-to-guyana/

En guise de conclusion provisoire, il n’est pas inutile de rappeler l’analyse que Fidel Castro faisait en 2007 de la politique des agrocarburants lancée par les Etats-Unis et l’Union Européenne et de souligner que, depuis trois ans, le Capital transnational a, au nom de cette même politique, accentué la délocalisation de cette production dans les pays en développement et que ce mouvement est maintenant accompagné par des pays pauvres en terres ou en eau mais riches en dollars ou des investisseurs privés venus de ces pays.

Emissions radio de COMAGUER sur RADIO GALERE
88.4 Mhz région marseillaise ou sur http://www.radiogalere.org
Chaque mardi de 15H à 16H Rediffusion Jeudi de 11h à 12h

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Viktor Dedaj

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