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La prière de Thanksgiving d’un Amérindien (Dissident Voice)

Seigneur, je viens devant vous aujourd’hui en présence de atayk nahollo, l’homme blanc, parce que c’est le jour qu’il appelle Thanksgiving (jour d’action de grâce). Ce jour-là il aime à se souvenir du peuple indien qui l’a aidé à survivre autrefois ; d’ailleurs le mois de novembre s’appelle maintenant, le mois des natifs d’Amérique.

Dans ses écoles et à ses fêtes, on nous montre des images de pèlerins (immigrants, ndt) souriants et d’Indiens souriants que nous regardons, vêtus de nos plumes et de nos vêtements de peau, en disant que nous aussi, nous sommes reconnaissants.

Mais, Seigneur, aujourd’hui je me demande, en tant qu’Amérindien, ce que Thanksgiving représente pour nous. Je vous remercie d’un coeur reconnaissant de ce que mon peuple existe toujours aujourd’hui et je sais que ce n’est pas vous qui nous avez envoyé les épreuves que nous avons traversées. Beaucoup de mal a été fait aux peuples natifs d’Amérique en votre nom, mais il était l’oeuvre des hommes et non celle de Dieu.

Bien qu’ils assurent que vous êtes avec eux, je ne crois pas que vous accompagniez ces mêmes Pères Pèlerins qui ont dépouillé et assassiné le peuple même qui les avaient aidés et sans lequel ils n’auraient pas pu fêter leur premier Thanksgiving.

Je sais que vous n’étiez pas avec le "chrétien" Lord Jeffery Amherst, quand il a ordonné qu’on envoie des couvertures infectées de la variole aux tribus des territoires de l’Ohio, déclenchant de la sorte une épidémie qui a causé la mort de plus de 100 000 membres de notre peuple.

Vous n’étiez pas non plus avec l’armée "chrétienne" américaine quand elle a utilisé la même tactique sur les tribus du haut Missouri ou quand elle s’est livrée à des massacres génocidaires à Horseshoe Bend, sur la piste des larmes*, à Sand Creek, Washita, Wounded Knee, et dans des centaines d’autres "incidents".

Vous n’êtes pas non plus avec eux aujourd’hui, quand ils continuent à décimer les Dine’ à Black Mesa, les Shoshone de Newe Segobia, les Cree Lubicon Lake, et les Lakota de Paha Sapa. Seigneur, je vous supplie de protéger ces mêmes Dine’, Shoshone, Cree et Lakota qui continuent à lutter contre la doctrine perverse du Destin Manifeste** et la destruction qu’elle engendre.

Seigneur, je prie aussi pour ceux qui dans le monde entier continuent à souffrir à cause de la cupidité de la bête. Je prie pour les Mayas du Guatemala, les Zapatistes de Mexico, le peuple palestinien et le peuple d’Irak qui continuent tous à perdre leur sang, je sais maintenant que les "guerres indiennes" ne se sont pas terminées en 1890 mais qu’elles durent toujours.

Seigneur, aujourd’hui je vous les offre tous dans ma prière, je suis reconnaissant que nous ayons réussi à survivre jusqu’à maintenant et je prie pour que le courage et la force ne nous abandonnent pas. Je sais que votre amour n’a pas de limite et que les souffrances des enfants irakiens ou des vieillards Dine’ vous touchent tout autant que celles de n’importe qui d’autre.

Nous prions pour que nous soit transmise la force que vous avez donnée à nos ancêtres, une force et une foi qui nous ont amenés jusqu’ici, et nous n’oublions pas les paroles de Jésus :

"Bénis soient les affligés car ils seront consolés.
Bénis soient les doux, car ils hériteront de la terre.
Bénis soient ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés."

Ces paroles nous ont toujours paru vraies, nos coeurs les abritaient bien avant que atayk nahollo n’ait posé le pied sur notre terre. Aussi Seigneur, comme les danseurs de la Danse des Esprits d’autrefois, nous croyons que les choses finiront pas s’arranger si nous avons le courage de nous battre jusqu’au bout.

Nous vous remercions donc aujourd’hui, Seigneur, non pas pour l’hypocrisie de atayk nahollo et son style de vie américain, mais pour la grâce et la miséricorde du Créateur de la Vie.

T. Mayheart Dardar

T. Mayheart Dardar est né dans la réserve indienne Houma en dessous de Golden Meadow en Louisiane. Il a fait partie pendant 16 ans du Conseil tribal uni de la nation Houma (il a pris sa retraite en oct. 2009). Aujourd’hui il collabore avec Bayou Healers***, un groupe communautaire qui lutte pour l’implantation de communautés indiennes le long des côtes du sud de la Louisiane.

Pour consulter l’original : http://dissidentvoice.org/2012/11/an-indigenous-thanksgiving-prayer/

Traduction : Dominique Muselet

Note :

* On appelle généralement "Trail of Tears" (La Piste des Larmes) la migration forcée des tribus Amérindiennes de leurs terres ancestrales du Sud-Est des Etats-Unis vers l’ "Indian Territory" (l’actuel Oklahoma), décidée illégalement par le gouvernement des États-Unis, pendant la période de 1830 à 1842, plus spécialement la migration forcée des Cherokees de 1838-1839.

** Le Manifest Destiny (en français « destin manifeste », ou « destinée manifeste ») est une idéologie selon laquelle la nation américaine avait pour mission divine de répandre la démocratie et la civilisation vers l’Ouest. O’Sullivan utilisa cette expression pour décrire le caractère « de droit divin » de l’irréversible colonisation du continent nord-américain par les Anglo-saxons de la côte Est.

*** http://www.bayouhealers.org/Home.html

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En conscience je refuse d’obéir. Résistance pédagogique pour l’avenir de l’école, Alain Refalo
Alain REFALO
Le manifeste des enseignants désobéisseurs : un ouvrage qui dénonce la déconstruction de l’école de la République. « Car d’autres enseignants (…) ont décidé de relever ce défi de la lutte contre la déconstruction de l’école publique. Ils sont entrés en résistance, sans se payer de mots inutiles. Une résistance radicale, mais responsable. Une résistance transparente et assumée. Pour que le dernier mot de l’histoire n’ait pas la couleur de la désespérance. » Des îlots de résistance - (…)
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Daniel Mermet

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