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En conscience je refuse d’obéir. Résistance pédagogique pour l’avenir de l’école, Alain Refalo

Le manifeste des enseignants désobéisseurs : un ouvrage qui dénonce la déconstruction de l’école de la République.

« Car d’autres enseignants (…) ont décidé de relever ce défi de la lutte contre la
déconstruction de l’école publique. Ils sont entrés en résistance, sans se payer de mots inutiles.

Une résistance radicale, mais responsable. Une résistance transparente et assumée.
Pour que le dernier mot de l’histoire n’ait pas la couleur de la désespérance.
 »

Des îlots de résistance - 164, rue du Faubourg Poissonnière - 75010 Paris

Contact presse : Roxane Caillon
06 87 32 67 64 - roxane.caillon@gmail.com
www.ilotsderesistance.fr

12,5 x 21 cm
256 pages
16 euros
Parution : 14 janvier 2010

RÉSUMÉ DU LIVRE

« C’est l’histoire d’un instituteur qui, après presque vingt ans de carrière, entre en désobéissance ouverte... »

Alain Refalo, professeur des écoles à Colomiers (31), explique le combat qu’il mène contre les réformes mises en oeuvre depuis plusieurs années par le Ministère de l’Éducation Nationale ; pour lui ces réformes menacent l’école de la République.

L’ouvrage débute par le récit personnel de son entrée en résistance, pour s’élargir petit à petit à celui du combat mené en France depuis 2008 par les instituteurs-désobéisseurs.

Ce mouvement, parti de quelques refus isolés pour aboutir à une action de résistance pédagogique collective et tenace, instaure un véritable r a pp o rt de force avec le gouvernement.

Alain Refalo y livre son appréciation des diff é rentes ré ormes du Ministère de l’Éducation Nationale, faisant la lumière sur leur caractère néfaste. Réformes synonymes, pour lui et pour les milliers d’enseignants qui le suivent, d’une déconstruction de l’école publique marquée par un désengagement de l’État et l’instauration d’une école tournée vers la
compétition.

Tour à tour, sont analysés profondément les suppressions de poste, la réforme du système de re m p l a c ement, le projet de re g roupement des écoles primaires dans des stru c t u res plus vastes (EPEP), la disparition programmée de l’école maternelle, la suppression des IUFM et de la formation pédagogique, la modification des rythmes scolaires, les nouveaux programmes, le dispositif de l’aide personnalisée et la mise en place d’évaluations nationales.

Pour répondre aux attaques dont il a fait l’objet, Alain Refalo apporte des claircissements sur la notion de désobéissance et de résistance pédagogique et, tout particulièrement, sur la légitimité de sa démarche.

L’ouvrage se clôt par un plaidoyer en faveur d’une désobéissance assumée et constructive ; face à une politique marquée par l’autoritarisme et la peur, l’auteur appelle à l’insurrection des consciences…

LA MAISON D’ÉDITION

Les éditions des îlots de résistance sont nées d’un constat : notre monde a besoin
d’opposants, d’empêcheurs de pensée unique ou de réfractaires pour imaginer, bousculer et avancer.

Seuls les individus, et non les systèmes, savent s’opposer, se souvenir et s’affranchir du quotidien pour imaginer librement notre devenir. Au-delà des langues de bois ou des univers bien établis, il existe des pensées et des expériences parfois peu connues qui portent en elles des ferments de réussite ou d’espérance.

Les éditions des îlots de résistance souhaitent donner la parole à ces esprits libres, qui dessineront sûrement les frontières de demain.

HISTOIRE DU MOUVEMENT

Le 6 novembre 2008, Alain Refalo adresse une lettre à son inspecteur : « Je vous
écris cette lettre car aujourd’hui, en conscience, je ne puis plus me taire ! En conscience, je refuse d’obéir. »

Par ce biais, il l’informe de son refus de participer au démantèlement de l’école de la République engagé par plusieurs réformes du Ministère de l’Éducation Nationale. Ne voulant y participer ni par leur application, ni par son silence, il déclare entrer en désobéissance.

La lettre est en parallèle mise en ligne sur le blog Résistance pédagogique pour l’avenir de l’école. L’objectif poursuivi est de rendre cette désobéissance publique, dans l’espoir de créer un mouvement collectif qui fera barrage à l’application des mesures.

Un formidable buzz démarre instantanément : les visiteurs se pressent par milliers sur le blog. La semaine suivante, la lettre est lue par 30 000 personnes ! Alain Refalo est immédiatement soutenu par les syndicats d’enseignants qui affirment que sa démarche n’est pas un acte isolé, mais qu’elle entre profondément en résonance avec l’état d’esprit de la profession, et par les parents de ses élèves.

Au fil des mois, les lettres de désobéissance d’enseignants et de directeurs se multiplient. Largement médiatisé, le mouvement prend de l’ampleur, pour atteindre aujourd’hui près de 3 000 signataires. Tout comme plusieurs de ses collègues, Alain Refalo sera victime de pressions puis de sanctions : retenues sur salaire, refus d’une promotion et abaissement d’un échelon à la suite d’une commission disciplinaire le 9 juillet 2009.

Chef de file des enseignants désobéisseurs, et porte-parole emblématique de cette révolte, Alain Refalo continue, malgré ces lourdes sanctions, de revendiquer une désobéissance assumée et responsable, dans l’intérêt des élèves et plus largement pour l’avenir de l’école publique.

ACTUALITÉ : NOUVELLES ÉVALUATIONS NATIONALES

Le 18 janvier 2010 débuteront dans les écoles primaires les nouvelles évaluations nationales pour les élèves de CM2.

Ce dispositif, adopté en 2007 par Xavier Darcos, concentre tout l’enjeu des réformes, en visant à institutionnaliser l’esprit et la pratique de la compétition à tous les étages du système éducatif. Longuement dénoncé par Alain Refalo dans son livre, ce procédé pernicieux a braqué toute la communauté éducative.

« Avec ces évaluations nationales, le pouvoir politique transforme un dispositif qui, dans son essence, devrait avoir une vocation pédagogique forte, en instrument au service de sa communication sur les nécessaires réformes, notamment l’organisation du "soutien" avec le dispositif de l’aide personnalisée. »

Il s’agit de mesurer en cours d’année de CE1 et de CM2 les connaissances des élèves en français et en mathématiques à l’aide d’une notation avec codage binaire (0 ou 1) qui ne laisse pas de place à la nuance. Les résultats serviront à « mesurer le véritable indice de la réussite du système éducatif » (Xavier Darcos).

Ainsi la notion de progrès est associée à la progression de résultats chiffrés à des tests formatés et réducteurs.

Et c’est cette évaluation chiffrée, redoute Alain Refalo, qui sera l’étalon permettant de piloter le système éducatif. A terme elle risque même de servir à déterminer le « mérite » des enseignants.

LES PRINCIPALES MESURES MISES EN CAUSE

SUPPRESSIONS DE POSTES

Alain Refalo dénonce une politique de l’éducation qui s’inscrit dans la logique
de la Révision Générale des Politiques Publiques et qui, sous prétexte de rationaliser les dépenses publiques, les réduit drastiquement. Il s’agit notamment du nonremplacement d’un départ à la retraite sur deux.

Le Ministère de l’Éducation Nationale affirme que c’est une volonté de réussite
des élèves qui guide et impose ces rénovations. Pour Alain Refalo, ce discours n’est autre que le moyen de masquer la réduction des moyens : en 2009, 13 500 postes d’enseignants en maternelle et primaire ont été supprimés alors que l’on comptait 7 500 élèves en plus !

ÉTABLISSEMENTS PUBLICS D’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

Un projet présenté en janvier 2009 propose le regroupement des écoles primaires dans des structures plus vastes. Ce système, qui privilégie les grosses structures au détriment d’écoles à taille humaine, entraînerait la fermeture de nombreuses écoles communales et pourrait avoir de graves conséquences notamment en milieu rural : regroupement administratif d’écoles éloignées, disparition de certaines écoles isolées...

DISPARITION PROGRAMMÉE DE L’ÉCOLE MATERNELLE ET MISE EN PLACE DE JARDINS D’ÉVEIL

Pour palier une offre d’accueil insuffisante et en constante régression des enfants de 2-3 ans en maternelle, un système de jardins d’éveil est mis en place - actuellement expérimenté dans 2 départements. Ces jardins d’éveils sont des structures payantes et à la charge des familles qui ont pour but de remplacer à long terme la petite, puis la moyenne section de maternelle. Rien n’est précisé dans les rapports sur la formation des personnels de ces jardins : il s’agirait donc plus d’une garderie que d’une véritable école avec enseignants et programmes.

La formation spécifique à l’enseignement en maternelle et à la petite enfance a quant à elle d’ores et déjà disparu depuis plusieurs années des modules de l’IUFM...

Si l’on prend en compte les préconisations de Claude Thelot en 2005 de rattacher la grande section à l’école primaire, c’est donc bien l’école maternelle dans son intégralité qui est menacée de disparition. Ainsi les enfants défavorisés devront attendre l’âge de 5 ans avant d’entrer dans une structure de socialisation et d’apprentissage.

Refuser la disparition d’une structure éducative que le monde entier nous envie : c’est aussi un des mobiles des enseignants-désobéisseurs.

SUPPRESSION DES IUFM ET DE LA FORMATION PÉDAGOGIQUE

En 2009, le gouvernement s’attaque aux Instituts Universitaires de Formation
des Maîtres qui assuraient la formation pédagogique des futurs enseignants. Les
futurs instituteurs y accédaient sur concours après une licence. Reçus, ils devenaient stagiaires en alternance. Ils étaient donc sur le terrain 500 à 600 heures par an.

La « masterisation » supprime cette formation des instituteurs : les concours
seront accessibles aux titulaires d’un master (Bac+5). Ainsi la cinquième année
sera consacrée à la préparation du concours et ne sera donc plus rémunérée ; la formation professionnelle y sera quasi inexistante : un mois de stage non-obligatoire .

NOUVEAUX PROGRAMMES

Alain Refalo met en lumière l’imposture des nouveaux programmes élaborés dans l’opacité la plus complète.

Qui en sont les rédacteurs ? Sur quels travaux de recherche s’est-on basé ? Quelle validation scientifique et pédagogique ont-ils reçu ?

Il dénonce des « nouveaux vieux programmes » qui se recentrent sur les mathématiques et le français au détriment des activités sportives, artistiques, de découverte du monde et qui abandonnent l’idée de l’apprentissage par l’expérimentation pour retourner à l’assimilation par la répétition et au cours magistral. Ainsi on bannit la réflexion et le processus de construction de la pensée.

Le fait que les anciens programmes ne datent que de 2002 et n’aient donc pas pu être évalués dans leur intégralité ajoute à l’absurde de la situation…

MODIFICATION DU RYTHME SCOLAIRE

En mai 2008, le samedi matin travaillé est supprimé ; deux heures par semaine que les enseignants doivent à présent consacrer à l’aide personnalisée des élèves dits en difficulté.

Cela représente 72 heures d’enseignements en moins, soit 3 semaines sur l’année. Par ailleurs, cette modification concentre les apprentissages sur quatre longues journées de 6 heures minimum : ce sont les plus longues journées du monde !

DISPOSITIF DE L’AIDE PERSONNALISÉE

Ce dispositif est au centre de l’action de désobéissance.

Mis en place depuis la rentrée 2008, il révèle la méconnaissance du ministère des besoins véritables des élèves en situation d’échec scolaire. Trop restreint et déconnecté de la classe et de la vie d’écolier, il stigmatise les mauvais élèves et laisse entendre que les enseignants sont incapables de remédier à l’échec scolaire dans le temps de classe.

Il met par ailleurs fin à l’aide spécialisée des RASED (Réseaux d’aide et d soutien aux élèves en difficultés) supprimant à terme 8 000 postes d’enseignants spécialisés ayant reçu une formation supplémentaire spécifique qui agissaient en complément des enseignants.

Alain Refalo décrit un à un les ingrédients d’un cocktail détonnant : précarisation du statut des enseignants, municipalisation du fonctionnement des écoles publiques, disparition progressive de l’école maternelle, suppression de la formation pédagogique. Une question s’impose alors : comment le ministère peut-il envisager qu’avec moins de moyens humains et financiers, moins de formation et plus de précarisation, l’école pourra se porter mieux ?état d

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Viktor Dedaj

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