Lundi 25 août, à la demande du président de la République François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls lui remettait la démission de son gouvernement. A 9h35, en effet, un communiqué de l’Elysée annonçait que « le président de la république a reçu ce matin le premier ministre. Manuel Valls a présenté au président de la République la démission de son gouvernement. Le chef de l’Etat lui a demandé de constituer une équipe en cohérence avec les orientations qu’il a lui-même définies pour notre pays. Sa composition sera annoncée dans la journée de mardi ».
Cette décision était motivée par des déclarations publiques de deux ministres, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, contestant les orientations de politique économique du président de la République et du Premier ministre.
Benoît Hamon, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, dans un entretien au journal Le Parisien le 23 août, annonçait que « Arnaud et moi ne sommes pas loin des frondeurs, mais notre problème n’est pas d’en prendre la tête. Notre volonté est d’être au service d’un rassemblement de la gauche et de peser au sein même du gouvernement. »
Arnaud Montebourg, quant à lui, ministre de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique, dans un entretien d’une page entière dans Le Monde des 24 et 25 août, faisait une série de déclarations :
« Il faut donner la priorité à la sortie de crise et faire passer au second plan la réduction dogmatique des déficits, qui nous conduit à l’austérité et à la montée continue du chômage ».
« Le seul ilot kafkaïen est la zone euro, où les leaders des pays membres s’obstinent à mener des politiques qui bloquent la croissance et empêchent le chômage de baisser ».
« La BCE doit changer de braquet et se mettre à faire ce que font toutes les banques centrales du monde, notamment des pays qui ont su faire repartir la croissance, à savoir racheter de la dette publique ».
« La France n’a pas vocation à s’aligner sur les axiomes idéologiques de la droite allemande ».
Arnaud Montebourg précisait sa pensée dans Le Figaro du 26 août : « la présidentielle est la seule élection à laquelle j’envisage de me représenter un jour ». Lors de la Fête de la rose à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), Arnaud Montebourg en remettait une couche en demandant à messieurs Hollande et Valls « une inflexion majeure » de la politique économique.
Il est clair que le président de la République et le Premier ministre n’avaient pas d’autre choix que de se séparer de ces ministres en désaccord avec leurs orientations de politique économique. Mais pourquoi ont-ils organisé une telle dramatisation au lieu de remplacer les deux ministres en banalisant l’opération ? C’est bien ce qu’avait fait François Hollande quand il avait remercié la ministre de l’Ecologie, Delphine Batho, le 2 juillet 2013. Celle-ci avait qualifié le matin même le budget 2014 de « mauvais » à l’antenne de RTL.
La réponse est claire : Hollande et Valls veulent montrer que leur ligne politique est celle du néolibéralisme, devant lequel tout ministre doit s’incliner. La nomination d’Emmanuel Macron comme ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique est particulièrement symbolique à cet égard. C’est l’homme de la finance, l’agent de la banque Rothschild au cœur du pouvoir, comme l’était lui-même Georges Pompidou. C’est une profonde remise en cause de la démocratie : les citoyens n’ont pas voté pour Hollande et pour des députés PS afin qu’ils mènent une politique néolibérale. Depuis le début de son quinquennat, la politique de monsieur Hollande est responsable de 500.000 chômeurs supplémentaires.
L’assise de François Hollande se réduit : pas de ministres d’ouverture dans le nouveau gouvernement, des défections au cœur même du PS. Il n’y a guère que le grand patronat, avec Pierre Gattaz, président du Medef, pour soutenir le gouvernement. Ne déclare-t-il pas que « le pacte de responsabilité est nécessaire et nous le soutenons depuis le départ » (Les Echos du 27 août). Et celle à qui il a succédé, Laurence Parisot, interrogée par France 2 au JT de 13h le même jour, ne reconnaît-elle pas « qu’avec Emmanuel, nous parlons le même langage » ? « Emmanuel »...
L’un des premiers actes de Manuel Valls après cette nomination aura été de participer à l’université d’été du Medef. Dès l’été 2012, son prédécesseur Jean-Marc Ayrault s’était déjà précipité à l’université d’été du Medef flanqué d’une flopée de ministres dont... Montebourg et le titulaire de l’Economie Pierre Moscovici, son ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac, leur collègue du Travail Michel Sapin et celle du Commerce extérieur Nicole Bricq. C’était une première. En tout cas, Manuel Valls a fait un tabac devant les grands patrons, il a été « ovationné par le Medef » (Le Figaro, 28 août 2014), « le Premier ministre a été ovationné debout à la fin de son propos » (Les Echos, 28 août 2014). Si Manuel Valls, au lieu d’aller manger dans la main du Medef, était allé parler aux ouvriers de l’usine Michelin de Clermont-Ferrand, ou chez PSA à Montbéliard, que ce serait-il passé ? Les ouvriers de ces usines lui auraient-ils fait une standing ovation ? Il serait reparti en courant sous les huées et les jets de tomates !
Toute cette opération vise à préparer la société, dans la perspective des élections de 2017, à une probable dissolution prochaine de l’Assemblée nationale et à des élections législatives anticipées, débouchant sur une nouvelle cohabitation.
Quelle politique économique alternative ?
Le débat porte – ou devrait porter - sur le point de savoir s’il existerait ou non une politique alternative à celle menée par le PS actuellement au pouvoir. La question est donc : messieurs Montebourg et Hamon, et aussi les « frondeurs » du PS, et encore les écologistes d’EELV, et enfin le Front de gauche, sans oublier monsieur Mélenchon, désormais posté en franc-tireur, représentent-ils une véritable alternative en termes de politiques économiques et sociales ? La réponse est non, aucune de ces personnalités et forces politiques n’évoque l’essentiel pour débloquer la situation et engager la sortie de crise et la fin du chômage : la démondialisation, qui passe nécessairement par la sortie de l’euro et de l’Union européenne.
Arnaud Montebourg, comme ministre, n’a fait qu’accompagner la casse de l’industrie française : PSA Aulnay, Petroplus, ArcelorMittal Florange, Ascometal, Lejaby... Son « made in France » n’aura été que posture. Il n’a déposé aucun projet de loi, par exemple contre les délocalisations et pour la relocalisation... Pierre Gattaz, président du Medef, lui a d’ailleurs adressé un joli coup de chapeau dans Les Echos du 27 août : « Arnaud Montebourg a été beaucoup sur le terrain, son évolution personnelle est intéressante depuis le début du quinquennat et certaines de ses actions, comme les 34 filières d’avenir, vont dans le bon sens ». Ces éloges sont tout à fait mérités, car monsieur Montebourg n’a jamais contesté, bien au contraire, les mesures prises en faveur de la « compétitivité » des entreprises à la suite du rapport Gallois, il n’est pas contre la politique de l’offre, il n’a rien dit lors de la baisse des dépenses publiques de 50 milliards d’euros et n’a pas non plus contesté le cadeau de 41 milliards d’euros fait aux grandes entreprises...
Entrée en scène des frondeurs
Les socialistes « frondeurs », justement, critiquent avec raison la politique de Hollande et Valls, mais n’ont rien de sérieux à proposer. Voir à ce propos le texte du M’PEP « L’arnaque des députés socialistes frondeurs » :
http://www.m-pep.org/spip.php?article3823
Quant au Front de gauche, le M’PEP s’est largement exprimé sur l’impasse dans laquelle il s’était engagé, confirmée par ses faibles résultats des élections municipales et européennes « Pourquoi le M’PEP ne participera pas à la marche de la gauche le 12 avril » :
http://www.m-pep.org/spip.php?article3666
Décomposition –recomposition sans contenu de la gauche
La situation créée par la démission du gouvernement et la nomination d’un autre ouvre une nouvelle séquence politique qui sera marquée par le retour d’une forme de « gauche plurielle », à la place du Front de gauche moribond, dans la seule perspective électorale de la présidentielle de 2017.
Hamon, Montebourg, les socialistes « frondeurs », Mélenchon, vont faire le spectacle. On les verra beaucoup dans les médias à brasser du vent. Arnaud Montebourg, en particulier, grâce à François Hollande, est désormais positionné comme recours à « gauche ». Toute cette comédie vise à donner l’impression qu’il reste une « gauche » dans ce pays, et qu’elle peut constituer une alternative au PS qui gouverne. Les différents courants de la « gauche » du PS sont très actifs dans cette perspective. Ils ont d’ailleurs la sympathie de la direction du PCF qui, tous les jours dans l’Humanité, fait parler des socialistes réputés à « gauche ». C’est la préparation du terrain pour une nouvelle « gauche plurielle » et l’abandon du Front de gauche.
Les frondeurs ne proposent rien
Par exemple, le 10 juillet, Gauche Avenir, le club politique de Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès, anciens ministres socialistes, faisait le bilan des auditions réalisées par ce club auprès de dirigeants de la gauche pour « examiner les convergences qui peuvent exister sur les grands domaines qui structurent la gauche » (l’Humanité, 11, 12, 13 juillet 2014). On y a vu passer beaucoup de monde venant de la gauche : Claude Bartolone (président de l’Assemblée nationale), Jean-Pierre Chevènement (MRC), Pierre Laurent (PCF), Bernard Thibault (CGT)... Le résultat sera publié sous forme de brochure, esquisse d’un « pacte majoritaire à gauche ». Pour Pierre Laurent, « le rassemblement de la gauche ne peut pas être une invocation, il doit se construire sur un travail de contenu [...] on est à la fin de quelque chose, c’est sûr, mais aussi au début d’autre chose » (l’Humanité, 11, 12, 13 juillet 2014).
Lors des journées d’été d’EELV qui se sont tenues à Pessac (Gironde) les 23 et 24 août 2014, Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale, a envisagé « un chemin commun » avec Arnaud Montebourg. Ce parti est par ailleurs soumis à des avances insistantes de la part du PG. Le 25 août le Bureau exécutif d’EELV a déclaré : « les écologistes ne peuvent apporter leur soutien à la mise en œuvre d’une politique économique qui donne la priorité aux réductions des dépenses publiques en les faisant porter en priorité sur les ménages ». La voie est ainsi ouverte à une alliance avec la gauche hors gouvernement.
Pierre Laurent, pour le PCF, dans l’Humanité du 26 août, appelle à « rassembler la gauche », à la « construction d’un projet politique de gauche alternatif ». La gauche ? Elle a été pulvérisée aux élections européennes :
Listes Extrême gauche : 302.436 voix.
Listes Front de Gauche : 1.200.713 voix.
Listes Union de la Gauche (PS) : 2.650.357 voix.
Listes Divers gauche : 602.294 voix.
Listes Europe-Ecologie-Les Verts : 1.696.442 voix.
Total : 6.452.242 voix sur 46.544.712 d’inscrits, soit 13,8% ! Ce ne sont pas les partis qui se réclament de la gauche qu’il faut rassembler, c’est le peuple !
Toujours dans l’Humanité du 26 août, on apprend que les « frondeurs qui exigent une réorientation du cap politique, isolent de plus en plus le pouvoir. Ils constituent également, de fait, un nouvel espace politique à occuper à gauche ». C’est donc très clair, la direction du PCF cherche à réaliser une nouvelle alliance avec la « gauche » du PS.
Les incantations à une politique « plus à gauche », ou même à une « vraie politique de gauche », et donc les appels à une « alternative à gauche » resteront sans effet. Ils n’ont aucune signification propre, puisqu’à ce jour le PS mène la même politique néolibérale que la droite. Au contraire ils lassent les citoyens car tout cela n’a aucun contenu concret.
Une VIe République sans mettre un terme au libéralisme européiste ne suffira pas
Jean-Luc Mélenchon, le candidat du vide pour la présidentielle de 2017, fera lui aussi le spectacle. Il prévoit en effet de parler de tout autre chose que de ce qui intéresse les Français : la VIe République. Elle fonctionne pour lui comme un pur slogan, un fétiche, un gri-gri magique, un illusoire attrape-électeur. Le 22 août, le co-président du Parti de gauche, lors du « remue-méninges » que ce parti tenait à Saint-Martin-d’Hères (Isère), annonçait l’abandon de ses responsabilités dans le parti pour se consacrer à la campagne électorale de la présidentielle de 2017. Le 24 août, en clôture de cette initiative, il affirmait : « on nous dit qu’il faut rassembler la gauche, mais si nous faisons cela, nous aggraverions les choses, nous n’avons nulle intention de nous rassembler avec François Hollande et Manuel Valls ». Il préfère « fédérer le peuple », car « le système n’a pas peur de la gauche, qui lui mange dans la main, mais a peur du peuple ». Et pour « fédérer » le peuple, Jean-Luc Mélenchon ne voit pas d’autre solution que l’émergence d’un vaste mouvement pour une VIe République. L’ancien candidat du Front de gauche à la présidence de la République voit l’élection de 2017 comme une « insurrection populaire ». Ce serait, en outre, selon lui, le seul moyen de faire « barrage à l’extrême droite ».
Jean-Luc Mélenchon a le mérite de dire clairement que si la gauche c’est François Hollande et Manuel Valls, alors il ne faut surtout pas rassembler la gauche. Mais Mélenchon met tout à l’envers. Bien sûr, il faut une nouvelle République. Mais cette perspective ne peut s’enraciner dans la population qu’à la condition de montrer que cela servira à quelque chose. Il faut lutter pour la libération de la France de l’ordre européen et mondial néolibéral, condition décisive pour résoudre la crise. A quoi servirait une nouvelle Constitution si la France demeurait euro-dépendante ?
Les vraies conditions de l’alternative : démondialiser !
Une véritable politique alternative, pour mériter ce qualificatif, ne peut être autre chose qu’une sortie de ce qui fonde la puissance du capitalisme néolibéral. Ce dernier repose lui-même principalement sur trois réalités économiques, institutionnelles et idéologiques : le libre-échange généralisé comme seule modalité de contrôle des échanges internationaux ; la financiarisation de l’économie, basée sur la dérégulation à peu près complète des mouvements financiers nationaux et internationaux et l’emprise des marchés financiers sur la création monétaire et les budgets publics ; et enfin la réalité nouvelle la plus importante parce que la plus stratégique, la paralysie, la dévitalisation, le contournement de tous les processus démocratiques. Ces derniers sont tous nationaux parce que c’est seulement à l’échelle des sociétés modernes telles qu’elles existent, donc à l’échelle étatique, que les rapports de force institutionnels peuvent être actifs. Les classes dominantes ont mis en place des institutions et des traités supranationaux, où elles peuvent élaborer tranquillement le contenu principal des normes contraignantes (la loi) sans plus aucun mécanisme de responsabilité politique, sans plus aucune pression des classes populaires et moyennes. C’est aussi la garantie que le libre-échange et la financiarisation sont désormais sanctuarisés au sein d’institutions placées en dehors de la souveraineté nationale, donc de la politique.
Une politique alternative, pour être autre chose que brasser de l’espoir en vain, existe donc. Mais elle ne saurait faire l’impasse sur le déblocage de ce qui fonde la nouvelle puissance des classes dominantes, de la nouvelle nature néolibérale du capitalisme, et donc du démantèlement des trois réalités principales que nous venons de sommairement décrire. Parler d’alternative sans parler de démondialisation c’est donc prendre les citoyens pour des gogos, les amuser avec des revendications sans force et sans possibilité d’application, ou carrément des ersatz d’alternative. Toute alternative à l’impasse dramatique actuelle, pour être sérieuse et crédible, passe donc concrètement par la restauration des instruments de la politique, donc de la souveraineté, qui doit être rendue à son seul dépositaire légitime, la nation, c’est-à-dire tout simplement le peuple de chaque Etat, la communauté des citoyens. La restauration de la souveraineté et partant la démondialisation, passe par la remise en place de :
La souveraineté institutionnelle et politique. Sortir de l’Union européenne pour construire des coopérations libres avec tous les peuples et nations d’Europe et des autres continents débarrassées de l’eurolibéralisme, ainsi qu’avec les peuples dans le monde qui tentent de sortir de la domination des puissances dominantes et du capitalisme néolibéral, notamment une partie des pays d’Amérique du Sud. Il ne faut pas sous-estimer la capacité d’entraînement d’autres pays que pourrait créer l’exemple d’une France « démondialisée ». Les possibilités de coopération ne peuvent que s’agrandir au fur et à mesure de la sortie de chaque pays de la mondialisation. A l’exact inverse de la propagande médiatique et politique, plus la démondialisation fera des progrès, plus la sphère d’une véritable coopération internationale augmentera en nombre et en puissance.
La souveraineté militaire. Sortir de l’OTAN.
La souveraineté monétaire et budgétaire. Annuler la dette publique et la restructurer, démanteler les marchés financiers et sortir de l’euro rend de nouveau possible le plein-emploi, la relocalisation de la production, la réindustrialisation et la mutation écologique du mode de production, la démocratisation des organisations productives. Seules ces mesures, couplées à la suppression du libre-échange, peuvent redonner le contrôle sur l’emploi, public et privé, les salaires, les conditions de production. Ces nouvelles conditions, et notamment le plein-emploi, cardinal, pourront alors être garanties par un droit opposable à l’emploi qui devienne aussi constitutionnel qu’opératoire.
La souveraineté commerciale. Prendre des mesures protectionnistes, au seul niveau où celle-ci peut avoir un sens et surtout être efficace, au niveau national donc. Elle n’est pas synonyme de « repli sur soi », de guerre commerciale ou d’autarcie, mais au contraire c’est la seule possibilité de contrôler politiquement les échanges commerciaux, et donc de les gérer dans un esprit de coopération et non de concurrence. Bien sûr il existe aussi une possibilité d’un protectionnisme ne visant que la conquête des marchés extérieurs. Mais le libre-échange ne laisse que la possibilité de la concurrence. Tandis que la suppression du libre-échange laisse de nouveau la possibilité d’une politique internationale de coopération et d’équilibre de la balance commerciale, chose impossible en régime de libre-échange. Le protectionnisme proposé est donc inspiré du cadre internationaliste et universaliste rénové de la Charte de La Havane.
La souveraineté sociale pour redresser la Sécurité sociale et la protection sociale en général. Cela ne redevient possible qu’en régime de plein-emploi et donc hors des contraintes du libre-échange et de la financiarisation.
La souveraineté économique. Restituer à la nation les grandes féodalités financières, industrielles, de services et médiatiques afin de mettre en œuvre un programme permettant une mutation écologique, sociale et démocratique des modes de production et de consommation.
Le redressement de la puissance publique et une politique de revalorisation massive en nombre et en qualité de la fonction publique.
La sortie des autres institutions supranationales qui maintiennent l’ordre néolibéral mondial : FMI, Banque mondiale, OMC.
C’est la démondialisation.
Aucune réelle alternative sans démondialisation
Le cœur de cette stratégie et de ce programme est de revendiquer et d’assumer la nécessité de la reconquête de la souveraineté nationale pour chaque pays. C’est-à-dire la lutte décisive pour conserver à chaque pays ses caractéristiques de société authentiquement politique, où le peuple dispose des moyens juridiques et institutionnels pour décider et mettre en œuvre ce qu’il estime correspondre à l’intérêt général.
C’est parce que les partis de gauche, dans leur ensemble, refusent cette politique, qu’elle est inapte à incarner la moindre alternative. La rupture avec le PS, tant sa droite que sa gauche, est le premier acte à accomplir, le plus vite possible. Ce parti est devenu celui qui est le plus efficace au service des classes dominantes, bien plus que les partis de droite, car il arrive à faire accepter au « peuple de gauche » et aux syndicats les mesures auxquelles la droite n’ose même pas penser.
Le peuple doit pouvoir s’exprimer. La dissolution de l’Assemblée nationale est devenue une possibilité réelle et il s’agit donc de la retourner contre le PS. Lors du vote de confiance à l’Assemblée nationale il faudra voter non. Si l’on en croit l’Humanité du 26 août, le PCF s’apprêterait à s’abstenir lors du vote de confiance sur le nouveau gouvernement : « confiance qu’il obtiendra probablement tant le jeu est à haut risque pour la majorité et l’ensemble de la gauche. Car le couperet que dissimule une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale se résume au retour de la droite, voire de l’extrême droite, à la tête du pays ». Si on les écoute, alors il n’y a qu’à supprimer les élections ! Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a confirmé sur RFI le 28 août : « J’appellerai tous les parlementaires sincèrement attachés à des valeurs de gauche à ne pas accorder leur confiance au gouvernement Valls ». Mais cela ne veut pas dire « non » ! Or le gouvernement Valls c’est le néolibéralisme à l’état pur : il faut voter « non » !
En outre, Pierre Laurent a décidé de se rendre à l’université d’été du PS qui se tiendra à La Rochelle du 29 au 31 août. Il doit intervenir le samedi 30 août, de 17h30 à 19h15, sur le thème : « Après les élections municipales et européennes, l’unité de la gauche : pourquoi, comment ? ». C’est un véritable gag. Il croisera peut-être le Premier ministre, Manuel Valls, qui lui doit intervenir le dimanche 31 août de 10h à 12h. Comment Pierre Laurent peut-il mettre les pieds à l’université d’été du PS alors que le gouvernement affiche une politique clairement libérale ? Il faut rompre avec le PS.
D’autant que le secrétaire national du PCF se berce d’illusions – ou fait semblant – à propos de l’état d’esprit des membres du PS : « Je crois que l’immense majorité des militants socialistes ne se reconnaissent plus du tout dans cette politique qui se fait d’ailleurs, je le note, sans congrès du Parti socialiste. Aucun militant socialiste n’a validé ce tournant libéral, ce coup de force organisé par Manuel Valls avec le changement de gouvernement et le discours d’hier », a-t-il développé toujours sur RFI. Au même moment, sur les 290 députés socialistes que compte l’Assemblée nationale, 208 d’entre eux appelaient, dans une tribune publiée dans Le Monde daté du 29 août, au « rassemblement » derrière François Hollande...
Si la dissolution est prononcée, une coalition du type du Conseil national de la Résistance, porteuse de l’idée de démondialisation, devra se présenter aux électeurs lors des élections législatives qui suivront. C’est elle qui incarnera l’alternative et qui s’imposera aux citoyens. Le M’PEP est ouvert aux discussions pour en faire partie. Car les électeurs ont compris, par une dure expérience, que ceux qui se présentaient comme des alternatives, sans remettre en cause le verrou principal, les institutions du néolibéralisme, n’étaient là que pour profiter de leur bulletin de vote. Seules les forces qui proposeront sérieusement la démondialisation avec un contenu proche de ce que propose le M’PEP et d’autres forces seront en mesure de libérer le peuple et lui redonner le premier rôle.
Jacques Nikonoff
Mouvement politique d’émancipation populaire (M’PEP).
Le 31 août 2014