RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
Forum social du Burkina 2008

L’intégration, gage d’une souveraineté alimentaire

La IIe édition du Forum social du Burkina s’est tenue, du 27 au 29 mars 2008 à Ouahigouya, dans la province du Yatenga. Le thème central de cette édition a été "Intégration régionale et souveraineté alimentaire". L’ouverture de la rencontre a été présidée par le gouverneur de la région du Nord, Henri Marie Dieudonné Yaméogo.

Le 28 mars 2007 se tenait à Loumbila dans la Le 28 mars 2007 se tenait à Loumbila dans la province de l’Oubritenga, la Ire édition du Forum social du Burkina. Une date historique pour le professeur Pierre Nacoulma, président du Comité d’organisation de la IIe édition, en ce sens qu’elle marquait la naissance d’un grand mouvement altermondialiste au pays des Hommes intègres.

Mais le 27 mars 2008 n’est pas moins historique, à en croire celui-ci, parce qu’il consacre l’ancrage du mouvement altermondialiste au Burkina Faso avec la tenue de cette IIe édition du Forum social dont le thème a été "Intégration régionale et souveraineté alimentaire". "Pour cette raison, nous pouvons avoir des légitimes satisfactions. Mais des légitimes satisfactions vite tempérées par les périls d’une gravité sans précédent auxquels nous sommes confrontés aussi bien au niveau international que national qui justifient notre engagement et notre présence ici même à Ouahigouya...", a relevé le président du Comité national d’organisation.

Pour illustrer ses propos, il cite les méfaits du capitalisme international qui ont engendré de par le monde 150 millions de chômeurs, 700 millions de sous-employés et contraint 1,2 milliard de personnes à vivre en dessous du seuil de pauvreté. Et pourtant, constate le professeur Pierre Nacoulma, 0,25% du produit mondial, soit moins de 80 milliards de dollars par an suffiraient pour nourrir, vêtir, loger, éduquer et soigner convenablement tous les pauvres de la planète.

Au Burkina Faso, la situation n’est guère reluisante, selon lui, au regard de la détresse des paysans qui voient leurs marchés encombrés de surplus et de sous-produits européens, américains et asiatiques. Ainsi, le concept de "vie chère" aujourd’hui sur toutes les lèvres, traduisant ainsi les difficiles conditions de vie des populations face à la flambée continue des prix des produits de première nécessité, a conduit ces derniers temps, à des manifestations violentes. "Dans un tel contexte, les concepts de souveraineté alimentaire et d’intégration régionale requièrent bien davantage notre attention en tant que seule perspective face à une libéralisation des marchés qui ne fait que renforcer l’insécurité alimentaire...", a-t-il noté.

Un autre modèle que la libéralisation

Pour mieux étayer ses dires, le professeur a indiqué qu’entre 1961 et 2001, les prix moyens des produits agricoles de base ont connu une baisse de près de 70% par rapport aux prix des produits manufacturés achetés aux pays développés. Aussi, 80% des habitants de la planète qui ne mangent pas à leur faim sont des paysans pauvres. Ils n’arrivent plus à tirer de leurs activités les revenus indispensables pour assurer leur survie. Une situation qui a amené les associations paysannes et de solidarité internationale à promouvoir un autre modèle que la libéralisation des échanges. Le concept de souveraineté alimentaire participe de cette alternative. Aux dires du président du Comité national d’organisation, il s’agit pour la IIe édition du Forum social, de donner aux paysans les moyens de développer leur production pour répondre surtout aux besoins des populations afin de leur garantir des débouchés en les mettant à l’abri des importations à prix "cassés" qui déstabilisent les marchés agricoles. "Ce changement radical suppose de laisser aux Etats, la liberté de mettre en oeuvre des politiques agricoles orientées vers le marché intérieur et non vers l’exportation.

L’intégration régionale aiderait énormément à atteindre ces objectifs...", a noté le professeur Pierre Nacoulma tout en invitant les Burkinabè à se battre pour que, comme au Mali, le concept de souveraineté alimentaire soit inscrit dans la loi d’orientation agricole. Le président de la coordination d’organisation locale de ce IIe Forum social du Burkina Faso, Amidou Ouattara, en souhaitant la bienvenue aux participants venus du Mali, du Togo, du Bénin, de la France et des treize régions du Burkina Faso, a souligné que le choix de Ouahigouya pour accueillir la présente rencontre avait son sens. "Où, mieux que Ouahigouya (subissant l’adversité, situation géographique oblige) pour vous témoigner l’intérêt de sauvegarder notre environnement, la nécessité, voire, la fierté de manger ce qu’on produit et de produire ce que l’on mange en toute souveraineté ?

Qui, mieux que les populations du Yatenga, cohabitants multi-séculaires de diverses origines, altermondialistes de culture, pour vous témoigner l’intégration régionale, tant il est vrai que l’homme reste la valeur centrale dans les coutumes et traditions sur la terre de Naba Kango...", s’est-il interrogé. Amidou Ouattara a affirmé que c’est à juste titre que cette occasion inédite d’échange et de partage horizontal entre organisations de la société civile est saluée par tous "afin de propulser avec énergie et conviction à partir de Ouahigouya cet engagement du refus de la fatalité, résumé dans le slogan "un autre monde est possible".

Etienne NASSA

Le Faso

»» L’intégration, gage d’une souveraineté alimentaire
URL de cet article 6348
   
Même Thème
La liberté contre le destin, discours de Thomas Sankara
Thomas Sankara reste une figure révolutionnaire de premier plan pour la jeunesse africaine en lutte. Durant son passage bref mais fulgurant à la tête du Burkina Faso, interrompu par son assassinat en 1987, le jeune officier a marqué l’histoire de son pays et de l’Afrique, ainsi que la mémoire des luttes anti-impérialistes. On trouvera dans ce recueil, outre les principaux discours de Thomas Sankara, des discours inédits. En plus de faire des bilans réguliers de la révolution, il aborde les (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Il y a une idée sur laquelle chacun semble d’accord. « Vaincre Daesh », comme l’a exprimé le secrétaire d’Etat Tillerson. Laissez-moi poser juste une question : Pourquoi ? Il est temps pour Trump d’être Trump : extrêmement cynique et imprévisible. Il lui faut vaincre Daesh en Irak. Mais pourquoi en Syrie ? En Syrie, il devrait laisser Daesh être le cauchemar d’Assad, de l’Iran, de la Russie et du Hezbollah. Exactement comme nous avons encouragé les moudjahidines à saigner la Russie en Afghanistan. »

Thomas Friedman, « In Defense of ISIS », New York Times, 14 avril 2017.

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.