Première partie de l’entretien avec Boureima Ouedraogo, journaliste d’investigation et directeur du journal Le Reporter au Burkina Faso. Propos recueillis par Jérôme Duval.
L’association burkinabè Le Balai citoyen se réclame de l’héritage et des idéaux du président Thomas Sankara, révolutionnaire anticolonialiste, anti-impérialiste, panafricaniste et figure du Mouvement des non-alignés, il a dirigé le pays entre 1983 et son assassinat, le 15 octobre 1987. Le Balai citoyen est en première ligne des mouvements de protestation qui ont chassé Blaise Compaoré du pouvoir le 31 octobre 2014, après 27 ans de règne ininterrompu depuis l’assassinat de Thomas Sankara. Souratie Fatoumata, biochimiste de formation, est secrétaire permanente du Balai citoyen et membre de la Coordination nationale chargée à la mobilisation des ressources.
Alors que le colonel Zida avait finalement cédé aux pressions internationales et confié la présidence du pays aux civils en la personne du diplomate et ancien représentant du Burkina Faso aux Nations Unis, Michel Kafango, on ne peut que déplorer de voir l'armée reprendre les commandes de manière si insidieuse et s'installer au gouvernement pour en tirer les ficelles. Une présence militaire au sommet de l'Etat qui suscite logiquement un certain malaise auprès de la communauté internationale et qui pourrait faire regretter la stabilité du régime de Compaoré, un régime valable sur bien des points selon Jean Yves Ollivier, spécialiste des relations diplomatiques en Afrique.