Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président du Mouvement Réformateur,
Monsieur le Président du Groupe MR de la chambre,
Comme nombre de citoyens belges, je ne peux rester indifférent au séisme engendré par la formation du gouvernement fédéral.
Nul ne l’ignore plus, Jan Jambon, notre nouveau ministre de l’Intérieur, a fréquenté des milieux néo-nazis et relativise la collaboration. Nul ne l’ignore plus, Théo Francken, notre nouveau secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, est raciste, homophobe et a rendu hommage à un ancien collaborateur et acteur-fondateur majeur du néo-nazisme flamand d’après-guerre. Nul ne l’ignore plus, vous ne changerez pas d’avis : ces hommes sont pour vous les plus à même d’être en charge de la police, de la Sûreté de l’Etat et des décisions discrétionnaires quant aux dossiers des migrants et demandeurs d’asile. Vous nous l’avez affirmé : tout cela n’est que secondaire. Vous avez décidé de former un "gouvernement exclusivement économique". Vous auriez obtenu un statu-quo communautaire. Vous avez obtenu un programme économique d’orientation néo-libérale. C’est cela seul qui importe déclarez-vous.
Vous avez fait le choix de faire alliance avec la Nieuw-Vlaamse Alliantie, parti que vous considériez il y a peu comme ayant franchit les "frontières de l’extrême-droite" et distillant "des relents racistes". Parti dont de nombreux cadres sont liés à l’histoire du néo-nazisme belge et dont de nombreux élus ont débuté leur carrière au Vlaams Blok, parti condamné pour incitation à la haine raciale. Parti ayant mis en oeuvre diverses mesures discriminatoires à l’égard des étrangers et homosexuels à Anvers. Je ne reviendrai pas sur les déplorables jeux de pouvoir menés avec le Parti Socialiste vous y ayant conduit. Ni sur votre orgueil vous interdisant toute marche arrière et vous condamnant.
Car même au sein de votre parti émerge l’évidence. Lorsqu’un de vos élus, estimant ses "valeurs trahies" et considérant "le pire" comme étant arrivé, vous a présenté sa démission, il vous a rappelé que porter au plus haut niveau de l’Etat le racisme, l’homophobie et la compromission avec le passé le plus sombre de notre pays n’est pas "secondaire". Que cet enjeu dépasse de loin vos désaccords avec le Parti Socialiste et le centre des démocrates Humanistes ou les velléités indépendantistes flamandes.
Monsieur le Premier Ministre, vous évoquiez dans votre discours d’investiture à la Chambre la nécessité d’un gouvernement alliant "courage" et "rassemblement". Vous aviez raison. Le courage aujourd’hui consisterait à admettre l’erreur de la direction de votre parti. A présenter la démission de votre gouvernement. A négocier avec l’opposition la formation d’un gouvernement qui porterait moins votre marque économique mais vous réconcilierait avec nos valeurs communes.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, Messieurs les Présidents, l’expression de mes sentiments les meilleurs,