RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Quand la Belgique emprisonne les droits de l’homme...

Les Ligues des Droits de l’Homme, affiliées de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH). Ces mots résonnent comme des garants de nos droits individuels et collectifs. Comme ceux qui rappellent nos dirigeants à leurs engagements. Comme ceux qui veillent à ce que les concepts d’Etat de droit et de Liberté ne se voient pas vidés de leur sens.

Le 2 avril 2016 restera en Belgique le jour où le président de la Ligue des Droits de l’Homme belge, Alexis Deswaef, a été arrêté sur le fronton de La Bourse et emprisonné. Arrêté pour ce qu’il représentait. Emprisonné sans autre motif que politique. Pas par erreur. Pas de par le zèle d’un obscur fonctionnaire de police. Non. A dessein. Consciemment. Par Pierre Vandersmissen, commissaire-divisionnaire de la ville de Bruxelles, lui-même.

Cet acte apparaît d’autant plus scandaleux que, la semaine précédente, la police de Bruxelles avait, sous le contrôle direct du commissaire Vandersmissen, escorté et laisser défiler impunément quelques centaines de néo-nazis venus de Flandre pour exécuter des saluts hitlériens et agresser des Bruxellois sur le même fronton de La Bourse.

Cet acte apparaît d’autant plus aberrant de par les réactions des responsables politiques directs de la police de Bruxelles. Le ministre de l’intérieur Jan Jambon, membre du parti d’extrême-droite flamand NVA, s’est borné à... ne pas réagir. Rien. Pas un mot. Pas un communiqué. Alors qu’il en est si friand d’habitude... Le bourgmestre socialiste de la ville de Bruxelles Yvan Mayeur est quant-à lui au contraire intervenu directement pour faire libérer Mr Deswaef et manifester son indignation envers l’action de la police de... sa propre commune. S’en est suivi un communiqué de presse du syndicat de la police, que nous voyons avec suprise ces dernières années enfreindre de plus en plus son devoir de réserve pour critiquer les autorités politiques, aussi indigné qu’injurieux à l’égard de Mr Mayeur pour ne pas avoir soutenu "son" commissaire.

A notre plus totale consternation Mr Pierre Vandersmissen s’est de plus cru autorisé à annoncer publiquement le dépot d’une plainte en justice à l’encontre de Deswaef et d’un particulier pour avoir osé critiquer par la suite son action.

Il est un fait que le commissaire Vandersmissen entretient un contentieux de longue date avec la Ligue des Droits de l’Homme. Il est un fait que la police de Bruxelles soit de plus en plus politisée. Il est un fait que nombre de résidents de la ville de Bruxelles - moi en particulier - aient régulièrement fait l’objet de violences physiques et d’injures purement gratuites en dehors de tout cadre judiciaire des policiers de la ville de Bruxelles. Il est un fait que les attentats dont a eu à souffrir récemment notre ville ont généré un climat particulier. Il est bien d’autres faits...

Mais ces faits ne sont qu’accessoires.

Comme l’affirme la FIDH elle-même, ces événements - tant cette arrestation abusive que l’instrumentalisation de la justice par Mr Vandersmissen - témoignent d’une intolérable dérive autoritaire au sein de la police de Bruxelles. Ce qui n’est pas acceptable à l’autre bout du monde ne l’est pas plus lorsqu’il survient chez nous. Il est grand temps que les autorités politiques prennent leurs responsabilités. Grand temps que Jan Jambon et Yvan Mayeur présentent leurs excuses. Urgent qu’une enquête judiciaire soit menée sur ces événements, non pas à l’encontre d’Alexis Deswaef mais de Pierre Vandersmissen. Urgent de redonner à la police de Bruxelles les seuls rôles qui sont les siens : servir et protéger la population sous l’autorité du politique.

Shanan Khairi, MD

»» http://www.wikimedecine.fr/Quand_la_Belgique_emprisonne_les_Droits_de_l%27Homme
URL de cet article 30263
   
Même Thème
Meurtre au Burundi. La Belgique et l’assassinat de Rwagasore
Ludo de WITTE
En 1999, Ludo De Witte publie un livre-choc : L’Assassinat de Lumumba. Ses révélations sur le rôle du roi Baudouin, du gouvernement belge et de la CIA amèneront la Belgique à présenter des excuses officielles au Congo. En 2017, le sociologue belge sort chez Investig’Action L’Ascension de Mobutu. Salué par Jean Ziegler : « Un livre superbe d’érudition, de courage et d’intelligence analytique. Au magnifique peuple congolais, il contribue à restituer une mémoire claire… » En 2021, ce (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"L’un des grands arguments de la guerre israélienne de l’information consiste à demander pourquoi le monde entier s’émeut davantage du sort des Palestiniens que de celui des Tchétchènes ou des Algériens - insinuant par-là que la raison en serait un fonds incurable d’antisémitisme. Au-delà de ce qu’il y a d’odieux dans cette manière de nous ordonner de regarder ailleurs, on peut assez facilement répondre à cette question. On s’en émeut davantage (et ce n’est qu’un supplément d’indignation très relatif, d’ailleurs) parce que, avant que les Etats-Unis n’envahissent l’Irak, c’était le dernier conflit colonial de la planète - même si ce colonisateur-là a pour caractéristique particulière d’avoir sa métropole à un jet de pierre des territoires occupés -, et qu’il y a quelque chose d’insupportable dans le fait de voir des êtres humains subir encore l’arrogance coloniale. Parce que la Palestine est le front principal de cette guerre que l’Occident désoeuvré a choisi de déclarer au monde musulman pour ne pas s’ennuyer quand les Rouges n’ont plus voulu jouer. Parce que l’impunité dont jouit depuis des décennies l’occupant israélien, l’instrumentalisation du génocide pour oblitérer inexorablement les spoliations et les injustices subies par les Palestiniens, l’impression persistante qu’ils en sont victimes en tant qu’Arabes, nourrit un sentiment minant d’injustice."

Mona Chollet

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.