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L’agriculture irakienne récolte les mauvaises graines de l’ingérence des États-Unis

Les effets toxiques de l'ingérence et de l'échec des politiques américaines affectent encore aujourd'hui le secteur agricole irakien.

« Vous avez menti ! »

Hurlait Mike Prysner, ancien combattant de l’armée des États-Unis, dans l’amphithéâtre pendant un discours de George W. Bush ; le traumatisme perdure et résonne encore aux oreilles de millions d’Irakiens et d’Américains près de deux décennies plus tard.

De l’invasion à grande échelle sous le prétexte de renverser Saddam Hussein à l’insurrection d’ISIS, l’Irak a été rongé par des guerres et des destructions sans fin. Cette invasion et les interventions incessantes ont aggravé la marginalisation de certains secteurs de la société irakienne et ont causé l’effondrement intérieur de l’état irakien sous le sectarisme et la violence.

Les effets durables des politiques étasuniennes sont particulièrement présents dans les séquelles du secteur agricole, entre autres. Les agriculteurs de tout le pays continuent d’être déplacés et le doute plane sur les capacités environnementales de l’Irak et l’avenir du développement agricole.

L’invasion étasunienne

L’un des nombreux faux prétextes de cette guerre lourdement documentée était la prétendue détention d’armes de destruction massive (ADM) par l’ancien président irakien Saddam Hussein. L’ancien secrétaire d’État Colin Powell a prétendu de manière infâme que les États-Unis étaient au courant de l’existence d’armes de destruction massive en Irak et de leur rôle dans le terrorisme. Les déclarations audacieuses de Powell et ses affirmations trompeuses concernant la disponibilité de ces preuves ont fini par hanter les États-Unis derrière la très publique « campagne des mensonges » à laquelle les États-Unis ont fait croire aux citoyens du monde.

Pendant plus de 7 ans, l’Irak a été envahi et bombardé par les États-Unis et la coalition des soumis, sans parler des munitions au phosphore blanc qu’ils ont utilisés. Même s’ils ont prétendu que le phosphore blanc avait été utilisé en tenant compte des répercussions accidentelles sur les civils, les effets sur l’agriculture irakienne n’ont absolument pas été pris en compte.

Destruction délibérée

L’invasion et la destruction qui ont accompagné la guerre n’ont pas seulement endommagé de façon permanente les terres arables avec des mines et des armes à sous-munitions, mais la suspension des institutions agricoles gouvernementales et des projets d’irrigation a également eu des résultats désastreux sur la population.

De 2002 à 2008, la contribution de l’agriculture au PIB du pays est passée de près de 9 % à 3,6 % en raison des difficultés créées par la guerre, l’instabilité sociale et les problèmes institutionnels et économiques.

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Agriculture, sylviculture et pêche, valeur ajoutée (% du PIB) - Irak (Source Banque mondiale)

Après avoir causé des dommages considérables au secteur agricole, les États-Unis ont porté leur coup de grâce à l’industrie agricole irakienne et à l’avenir de l’agriculture en publiant l’ordonnance 81. Ce décret a été décrit comme une tentative de « reconstruction » de l’industrie agricole irakienne par le chef de l’Autorité provisoire de la coalition en Irak, Paul Bremer.

Qu’est-ce que l’ordre 81 ?

Après la mise en œuvre de l’ordonnance 81 de l’Autorité Provisoire de la Coalition, il a été interdit aux agriculteurs de conserver, distribuer ou propager les semences récoltées, ce qui a entraîné une dépendance à l’égard de grandes entreprises telles que Monsanto, Cargill Inc. et Dow Chemical. En conséquence, l’Irak n’a pu satisfaire que 4 % de sa demande de semences depuis 2005. Ces distributeurs sont connus pour breveter leurs semences et percevoir des taxes sans tenir compte du fait que les cultures contiennent ou non leurs informations génétiques spécifiques.

Monsanto, société agrochimique et de biotechnologie agricole fondée en 1901, est connue pour avoir contribué à la fabrication des initiateurs de neutrons contenus dans les bombes atomiques larguées sur le Japon, ainsi que pour avoir produit l’agent orange. L’armée des EU a utilisé l’agent orange au Vietnam au cours de la tristement célèbre opération Ranch Hand, détruisant les cultures et causant des malformations congénitales chez un demi-million d’enfants vietnamiens et des cancers et autres problèmes de santé graves chez des millions d’autres.

Mourir de soif

Les efforts de reconstruction en Irak visaient également la distribution d’eau potable.

Des millions de dollars ont été perdus dans cette tentative et les efforts ont échoué, avec seulement un tiers des objectifs atteints dans le cadre de la distribution d’eau potable.

Les infrastructures irakiennes ont été lourdement bombardées dans les années 1990, après que la coalition dirigée par les États-Unis eut mené des frappes aériennes massives sur la région pendant la guerre du Golfe. Les installations de traitement de l’eau et des eaux usées ont été fortement endommagées. Comme la population souffrait d’un manque d’accès à l’eau potable, les maladies se sont multipliées.

La guerre étasunienne a considérablement aggravé la crise de l’eau. En l’état actuel des choses, l’eau passe à peine dans le Tigre et l’Euphrate, ce qui fait que l’eau contaminée atteint les cultures et empoisonne à son tour une grande partie de la population. Le Conseil de sécurité des Nations unies a décrit les effets de la guerre comme un retour de l’Irak à « l’âge préindustriel », et a mis en garde contre la catastrophe imminente qui frapperait la population irakienne.

Le Tigre est bordé par l’Iran, l’Irak, la Turquie et la Syrie. Avec l’Euphrate, cela forme un système fluvial qui encercle la Mésopotamie et que l’on appelle le Croissant fertile. Le Tigre est important pour le transport et l’irrigation, dont l’histoire remonte aux premières civilisations connues.

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Le Tigre (Atlas Mondial)

Terre brûlée

L’insurrection catastrophique de l’ISIS a mis en lambeaux le développement et l’économie de secteurs déjà en souffrance en Irak.

Les politiques étasuniennes ont créé un État faible qui a entraîné la marginalisation de secteurs considérables de la société irakienne. Les militants d’ISIS, dotés en partie d’armes financées par la CIA, sont devenus l’une des organisations terroristes les plus meurtrières de notre époque.

Le monde a assisté, horrifié, à la renommée mondiale d’ISIS pour ses atrocités innommables telles que les décapitations, les enlèvements de femmes et d’enfants, ainsi que les nombreux attentats suicides et attaques terroristes qui ont touché non seulement le Moyen-Orient mais aussi de nombreux pays occidentaux, notamment l’Europe.

ISIS a utilisé la tactique de l’incendie pour terroriser les habitants, a posé des mines terrestres et a détruit des équipements agricoles. Des engins explosifs improvisés sont fréquemment utilisés pour renforcer leur défense. Ils ont tenté de mener méticuleusement une forme d’écocide, à mesure que leur tactique de la « terre brûlée » s’installait. Des puits de pétrole ont été incendiés, des milliers de civils ont frôlé l’asphyxie et d’autres ont souffert de complications respiratoires.

Dans un dernier effort pour dévaster leurs cibles, ils ont piégé les voies d’évacuation, les fermes et les stations de pompage.

La présence du groupe terroriste a forcé les travailleurs agricoles et les agriculteurs à évacuer leurs terres pendant les conflits sanglants. De nombreuses familles racontent qu’elles ont été contraintes d’abandonner leurs communautés agricoles lorsque les militants de l’ISIS ont encerclé la région à la mi-2014. Les mêmes familles qui ont évacué leurs maisons ont rapporté qu’en retournant chez elles après le départ de l’ISIS, elles les ont trouvées lourdement piégées. De nombreuses familles ont perdu des enfants et des proches après que des bombes aient explosé de manière inexplicable sur leurs propriétés.

Une lueur d’espoir

Loin des cauchemars qui hantent l’Irak, parmi les nombreuses initiatives, les sanctuaires sacrés de l’Irak ont commencé à établir des fermes immenses pour miser sur la production agricole et fournir des produits agricoles nationaux qui se distinguent par leur qualité, ainsi que de la viande à des prix subventionnés.

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Des villes agricoles sont créées pour assurer la culture du blé, de l’orge, du maïs jaune, du fourrage, ainsi que l’élevage de moutons et de vaches.

Bien que les effets apparemment irréversibles des assauts et de l’intrusion des États-Unis contre la prospérité de l’Irak aient sans aucun doute endommagé le pays, les choses peuvent encore être inversées. À l’approche des élections parlementaires irakiennes, le vote crucial des jeunes pourrait sortir l’Irak de la décennie obscure et de le faire entrer dans la lumière.

Traduction par Vagabond

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