RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Jérusalem ne sera jamais la capitale d’une entité coloniale (Al Jazeera)

Wadi Joz, Jérusalem-Est, le 21 juillet 2017 - Les fidèles palestiniens organisent une prière de masse dans les rues de Jérusalem-Est après qu’Israël ait installé des détecteurs de métaux à l’entrée de la mosquée Al-Aqsa - Photo : Yotam Ronen/Activestills.org

Pour comprendre la psychopathologie à l’origine de la psychose sioniste, il faut plonger au cœur de leur illusion, comme l’analyste le fait pour le malade mental allongé sur son canapé – et aujourd’hui on trouve une excellente manifestation de cette fixation coloniale psychotique dans un article, intitulé : Bien sûr que Jérusalem est la capitale d’Israël, publié (bien sûr !) dans le New York Times quelques heures avant que Donald Trump, ce pompeux crétin, annonce que selon lui, « Jérusalem est la capitale d’Israël ».

La prétention délirante des sionistes fanatiques s’enracine dans l’idée qu’« il y a eu un temple à Jérusalem pendant près de 1000 ans avant sa destruction par les Romains, ce qui signifie que pendant environ 3000 ans, Jérusalem a été la coeur du peuple juif. » C’est le plus vieux et le plus débile tour de prestidigitation des sionistes : on prend un petit fragment de vérité – et on le retourne à son avantage. Pas si vite, monsieur !

Les approximations historiques délibérées des sionistes sur le Moyen-Orient sont complètement délirantes. On trouve aussi des traces archéologiques de la présence des chrétiens et des musulmans, qui remontent à des milliers d’années dans la même Palestine. Cela ne leur donne pas le droit de déclarer une république chrétienne ou islamique en Palestine. L’idée d’un « État juif » en Palestine est aussi impudente que la proposition d’un Empire chrétien ou d’une République islamique en Palestine. La Palestine a également été gouvernée par des empires perse et romain, mais cela n’autorise pas l’Italie ou l’Iran à revendiquer la Palestine. Pourquoi ne pas faire monter Berlusconi et Ahmadinejad sur un ring pour solder leurs prétentions sur la Palestine – le vainqueur prendra Netanyahu. Le problème avec ces sionistes est qu’ils sont complètement inconscients de leur propre délire.

De mensonges en mensonges

A partir de ces fausses prémisses, ces charlatans en arrivent à une conclusion encore plus fausse : « Puis les Juifs sont revenus », disent-ils, en persévérant dans leur récit mythique aussi fantastique qu’agressif, « au 19ème siècle, les Juifs ont commencé à construire des quartiers et à s’installer à l’extérieur de la vielle ville de Jérusalem. »

Les Juifs, qui viennent en Palestine ou même qui vivent en Palestine par conviction religieuse ou parce qu’ils la voient comme leur patrie commune avec les chrétiens et les musulmans à travers les siècles, n’ont absolument rien à voir avec l’aventure européenne sioniste de colonisation de la Palestine. Ce sont deux populations très différentes que les « voleurs à main armée » sionistes confondent délibérément afin de mélanger leur vol infâme de la Palestine avec l’histoire juive pour justifier l’injustifiable.

L’escroquerie israélienne consistant à confondre les juifs avec les sionistes est l’essence même de toutes leurs lamentables manigances. Mais le fait est là : tous les juifs ne sont pas sionistes. Tous les sionistes ne sont juifs. Les sionistes chrétiens sont les plus fanatiques de tous les sionistes. Les sionistes musulmans sont maintenant dirigés par le prince héritier saoudien au cœur de la communauté musulmane et par l’ambassadeur des Émirats arabe unis à Washington. Cela devrait également mettre fin à l’accusation absurde d’antisémitisme portée contre ceux qui critiquent légitimement la colonisation israélienne. Encore une fois : tous les juifs ne sont pas sionistes, tous les sionistes ne sont pas juifs, et les seuls qui ont peur d’être traités d’« antisémites » sont les antisémites.

Anticipant l’extension de la Déclaration Balfour à Jérusalem par le président américain Donald Trump, les petits soldats de propagande israélienne ont dit : « Ce n’est pas la déclaration d’un président américain qui va changer l’engagement des Israéliens envers Jérusalem, c’est notre capitale et elle le restera toujours. Elle a été prise au peuple juif par la force. Elle a été reprise par la force. Si nécessaire, elle sera également maintenue sous la juridiction d’Israël par la force. »

Le vocabulaire limité d’un soldat de la Hasbara *

Quand le soldat de la Hasbara dit : « C’est notre capitale », c’est un voleur sioniste. Quand il dit « elle a été prise au peuple juif », c’est un tricheur qui tire une carte de ses manches sales pour falsifier l’histoire.

Personne n’a pris Jérusalem ou la Palestine aux Juifs pour que les sionistes soient obligés de la reprendre. Juifs, chrétiens et musulmans ont été collectivement sujets de conquêtes impériales successives, toutes culminant dans l’impérialisme européen couronné par la conquête coloniale sioniste de la Palestine. Ce fait historique clair et net pénètre dans la tête idéologiquement malade des sionistes avant d’être régurgité en éléments de langage frauduleux.

Enraciné dans une idéologie raciste, Israël est une colonie européenne de peuplement créée par un inique officier colonial britannique et aujourd’hui soutenue par un impérialisme américain sans foi ni loi. Depuis les Babyloniens jusqu’aux Croisés, aux Ottomans et aux Britanniques, en passant par les Perses et les Romains, la Palestine a été soumise à des empires successifs, dont aucun n’avait le moindre droit légitime sur les habitants de Palestine – Juifs, Chrétiens ou Musulmans.

Les colonialistes sionistes ne sont que les derniers seigneurs de guerre à conquérir la Palestine par la force sans un iota de légitimité historique de plus que les autres. Juifs, chrétiens et musulmans continueront à vivre en Palestine pour des générations après que le sionisme termine son existence là où toutes les autres conquêtes impériales et coloniales de la Palestine ont pris fin : dans la poubelle de l’histoire.

Les sionistes sont de grossiers propagandistes. Ils ont un vocabulaire limité, un fantasme délirant qu’ils projettent sur l’histoire, et un fanatisme qu’ils ont fait passer pour des convictions à leurs audiences européennes et américaines. Les meilleurs d’entre eux croient dur comme fer à ces dangereux délires. Les pires d’entre eux dirigent Israël et manipulent les États-Unis pour qu’ils soutiennent leur vol de la Palestine. Plus ils crient fort, plus l’inconsistance de leur rhétorique devient apparente.

La Palestine appartient aux Palestiniens. Jérusalem a toujours été et restera toujours la capitale palestinienne. Jérusalem n’a jamais été et ne sera jamais la capitale d’un état d’apartheid colonialiste et raciste nommé « Israël », qui n’est somme toute qu’une base militaire occidentale. Jamais.

Hamid Dabashi

Hamid Dabashi est un professeur irano-américain titulaire de la chaire Hagop Kevorkian en Etudes iraniennes et Littérature comparée à l’Université Columbia de New York. Collègue et ami d’Edward Saïd, il poursuit sa réflexion critique dans le champ des études postcoloniales. Son compte twitter : @HamidDabashi

Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet

Note :
* Hasbara : Propagande sioniste

»» http://chroniquepalestine.com/jerus...
URL de cet article 32670
   
Même Thème
PALESTINE : Plus d’un siècle de dépossession
Jean-Pierre BOUCHÉ
Histoire abrégée de la colonisation, du nettoyage ethnique et de l’apartheid Ce livret montre que, depuis plus de 120 ans, l’histoire d’Israël / Palestine se résume à une entreprise de colonisation de peuplement. Pour la réaliser, le colonisateur a, en toute impunité, spolié, expulsé et fragmenté la société palestinienne. Un guide utile pour connaître la vérité Pour comprendre la catastrophe actuelle en Palestine et parvenir à un avenir paci- fique et juste pour tous les habitants de (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"A quoi bon avoir des droits si on nous les retire au moment où on en a le plus besoin ?"

Kyle Kulinski

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.