La Tunisie vit actuellement un désordre total : un gouvernement incapable de gouverner, un président sans pouvoir veut régner, une Assemblée incompétente et une opposition désorganisée à la recherche d’un sauveur. Le peuple doute de la capacité de la classe politique pour redresser la situation politique, économique, sociale et surtout institutionnelle. Le peuple attend des gestes forts pour croire et s’impliquer dans la reconstruction du pays. Les trois présidents (de la République, du gouvernement et de l'ARP) doivent s'entendre sur un processus de sortie de crise dans un délai ne dépassant pas une quinzaine de jours. Les solutions ne manquent pas mais ils doivent avoir le courage de dire la vérité au peuple et surtout proposer un agenda pouvant éviter à la Tunisie la banqueroute. Ne rien faire, c'est accepter la mise sous-tutelle de notre pays ou un coup d'Etat salvateur...
La Tunisie est embourbée dans une crise politique – non visible au commun du mortel, mais aussi sociale, de gouvernance et surtout économico-financière. Aucune solution classique ne pourrait venir à bout à cette crise systémique, seul le modèle de Pékin pourrait mettre fin à cette crise qui a trop duré et remettre le pays au travail. Bon gré malgré, il faudrait bien accepter cette opération chirurgicale pour nous éviter l’amputation ...
Il est clair que le gouvernement Youssef Chahed a terriblement échoué . Il n’y a plus de place pour les amateurs/incompétents. Le prochain chef de gouvernement devra avoir, eu égard de la situation dramatique de l’économie tunisienne, un profil similaire à celui de Hédi Nouira, l’homme qui est arrivé, en quelques mois, à sortir notre pays de l’impasse et surtout à créer une dynamique économique favorisant l’investissement et la croissance ... Il y a toujours un "Hédi Nouira" quelque part à sortir de l’ombre ...
La période à venir doit générer un modèle social tunisien assurant un équilibre fondé sur un ajustement mutuel généralisé entre le capital et le travail et permettant d’intégrer l’ensemble de la population dans le filet protecteur de l’État social. Rien n’empêche la Tunisie de réussir la synthèse du capitalisme social pour affronter une mondialisation imposée. Il faut trouver l’oiseau rare qui serait en mesure d’entreprendre cette bataille capitale.
Une réforme structurelle, systémique et globale pour éviter la faillite des caisses de retraite est nécessaire. Tout retard rendra les mesures à prendre encore plus douloureuses. En attendant, un rééquilibrage paramétrique pour repousser le déficit des caisses d’au moins de 10 ans s’annonce indispensable. Les paramètres concernant le taux de cotisation, l’âge de la retraite et le taux des pensions doivent être conjugués pour dégager un consensus préservant les intérêts des retraités et ceux de l’économie nationale. Reporter cette réforme paramétrique c’est accepter la faillite des caisses.
Autre chantier que ce "oiseau rare" pourrait mener à bien : celui de la fiscalité. L’héritage benaliste en la matière est très lourd et handicapant. L’impôt sur le revenu ne représente que 15 % des recettes de l’Etat. Les riches jouissent de 70 % de réduction d’impôts. Pourquoi ne pas introduire un impôt de solidarité et un impôt sur la fortune ? Pourquoi certains métiers libéraux à revenu élevé sont-ils toujours dispensés en pratique (et non par la loi) de payer l’impôt ? L’impôt est un devoir et un acte citoyen, la marque de l’appartenance et de la construction solidaire d’une Nation.
La Tunisie a perdu et continue à perdre du temps. Face au constat d’échec de la majorité actuelle, il est urgent de repenser le futur du pays, de poser des actes, de proposer des actions et de bien choisir les hommes et les femmes capables de les concrétiser sans calcul ni intérêt personnel, au seul service du peuple et de la Nation.
A cet égard, nous refusons catégoriquement la diversion incarnée par certains courants. Nous refusons de nous laisser « embarquer » dans des discours de compromission, discours stériles et paralysant à plus ou moins long terme c.à.d. invalidant l’avenir de nos enfants. Nous avons le devoir de dessiner une vision claire non empreinte d’ambiguïté, non tant pour nous que pour les générations futures. Nous avons le devoir de dessiner les bases d’une Tunisie ancrée dans son temps et même de retrouver le chemin d’une Tunisie avant-gardiste. N’oublions pas que nous sommes un modèle et une référence pour tous les pays cherchant à sortir de la dictature...