"La Navarre fait partie du Pays-basque (Euskal Herrria)" ; "c’est Rajoy qui ne veut pas la paix". Ils critiquent "l’immobilisme" de Madrid. Les "plus âgés" se taisent, un verre de "tempranillo" à la main. Toutes les formations politiques navarraises ont demandé à l’ETA de se "dissoudre d’urgence".
Les jeunes, étudiants – et ils insistent : "de l’université publique" – commentent ce drôle de classement européen ; "les 20 Espagnols les plus riches possèdent une fortune équivalente aux revenus des 20% les plus pauvres". Le classement de l’institut "Intermon Oxfam" préoccupe, mais il n’efface pas complètement "la Liga". Ici "on est de "L’Altlético de Bilbao". Pas de messie pour le budget, mais on se maintient.
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Les grandes entreprises ne payent quasiment pas d’impôts enrage ("se encabrona") Pedro. 85% des entreprises de l’IBEX (le CAC 40 espagnol) ont des filiales dans les paradis fiscaux. L’enquête ne dit pas si le Palais royal en est un...
Pour ces jeunes, la question sociale : "d’accord oui", "mais nous voulons surtout le droit de décider". Au Pays-basque comme en Catalogne les tensions centrifuges s’accentuent, fruit pourri de la crise économique et sociale, de l’effondrement de tout le "modèle de la transition négociée", de l’épuisement de la Constitution, du discrédit et de l’illégitimité de la monarchie, du "centralisme castillan" du bipartisme PP-PSOE, du verrouillage PP-PSOE, de la rupture incomplète avec le franquisme.
A Pampelune, l’OPUS DEI possède une florissante université. Et elle est fière de son fleuron. "L’OPUS DEI est partout" peste Paco. A Madrid, l’infante Cristina Federica Victoria Antonia de la Santísima Trinidad de Borbón y Grecia rame pour tenter d’échapper à une condamnation judiciaire pour corruption... "Nous ne sommes pas loin du vieux conflit seigneurs/plébéiens". Les communistes du PC de Euzkadi sont ouverts à toutes les problématiques, mais "n’accepteront jamais que l’on oppose ouvriers madrilènes et ouvriers basques".
L’Espagne se tiermondise
Devant le Centre de radiologie et de prises de sang "Príncipe de Viana", des dizaines de patients font la queue. Ils attendent leur tour pendant des heures. L’Espagne se tiersmondise, mais le FMI, la BCE et l’UE sont "optimistes pour l’Espagne". "Cabrones !" Si l’Ibex va, tout va. Les contrats de travail à temps partiel durent désormais en moyenne 54 jours (contre 80 il y a un an). Le nombre de ces contrats "basura" (poubelle) de moins de sept jours a augmenté de 20% par rapport à 2007. "Puta de Troïka !"
Madame la mairesse Yolanda Barcina, la caciquesse locale de l’UPN, est furieuse ; sa directrice des Finances vient de lui claquer la porte "en los morros" (au nez). La privatisation de la santé provoque de sérieux dégâts collatéraux.
"Non au paiement de la dette !"
Le grand quotidien Diario de Noticias met en accusation "l’externalisation" (au privé) de la cantine du Complexe hospitalier de Navarre. La société "Mediterránea de Catering", selon le quotidien, sert "une bouffe qui atteint des niveaux comparables à ceux des geôles moyenâgeuses" (2211 réclamations en un an). Chacun appréciera la modération des propos. Les "Marches de la Dignité" qui convergent vers Madrid (arrivée le 22 mars) commencent à enfler. "Ce n’est pas l’heure de se lamenter" ."Non au paiement de la dette !". "Es tiempo de lucha" contre les "grands banquiers et les capitalistes". Unissons-nous vers "un pouvoir du peuple".
La "Troïka" trouduc... La pluie, toujours la pluie. A Ronceveaux, il neige. Les toros s’ennuient en hiver.
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