
Le leader de l’opposition vénézuélienne Henry Ramos, qui se rêve déjà en satrape de l’empire, se plaît à employer l’expression « le Calife d’Aragua » pour se référer au cadre révolutionnaire Tareck El Aissami. Ce dirigeant bolivarien de premier plan assuma en effet le poste de gouverneur de la province d’Aragua jusqu’au 4 janvier 2017, lorsqu’il a été nommé vice-président de la République bolivarienne.
On perçoit dans la prise de parole d’Henry Ramos, le 13 septembre 2017, qu’il fait un détour dispensable pour se complaire à stigmatiser Tareck El Aissami, une obsession aussi étrange que tenace. La haine d’Henry Ramos est telle que, incroyable mais vrai, il n’apprécierait guère que Maduro ne démissionnât. Pourquoi ? Si Maduro démissionne c’est, tout constitutionnellement, le vice-président qui assume le pouvoir – « rien de moins que le Calife d’Aragua », s’alarme Henry Ramos.
D’aucuns croiraient, regardant trop la télévision, qu’il n’y a plus de presse d’opposition au Venezuela. Pourtant une petite foule de journalistes entourent Ramos Allup à ce moment-là. Aucun des présents ne considère opportun de questionner Ramos Allup sur l’éventuelle indélicatesse de cette image. Aucun « envoyé spécial » ne se rabaisse à relever ce genre de bassesse du chef de l’opposition, qui n’en est pas à son coup d’essai. Ce racisme ordinaire est tellement naturel en certains milieux. Quant à la presse vénézuélienne, bâillonnée par la bourgeoisie, elle n’a jamais émis la moindre réserve concernant le goût d’Henry Ramos pour l’offenses et la stigmatisation.
(En l’occurrence, il y a comme une ironie quand on sait que Tareck El Aissami est issue d’une famille druze, communauté de l’Orient arabe qui a dû résister les armes à la main pour sauver la laïcité, et le reste, face au véritable califat.)
Mila Desmers
15 septembre 2017
voir : (à partir de 9:15)