@ J.J.
En y regardant de plus près, de manière moins machinale ou automatique, avec recul et attention, on se rend compte que les radis noirs, à leur façon tordue, ont vraiment contaminé aussi, voire d’abord, le vocabulaire. Il est difficile de s’extraire du “on a toujours dit (ou fait) comme ça”, ou du “bof, tout le monde comprend”. Adopter ces expressions consacrées (c’est le cas de le dire) à force de les avoir entendues dans la bouche des cul-bénits, les utiliser couramment comme si c’était naturel, comme si de rien n’était, m’est souvent apparu comme une sorte de soumission inconsciente à « leurs » règles dans « leur » jeu auquel nous serions (tous) enjoints de participer. Combien de termes sont issus de leur fatras verbeux ? Par exemple “fidèles”, “bénédiction”, “hérétiques”, “mécréants”, “anathème”, “païens”, “blasphématoire”, “extrême onction”, etc. (la liste est interminable) ont été forgés uniquement par « eux » (qui-savent-et-qui-jugent) pour désigner, déprécier et exclure « les autres » (qui-sont-dans-l’ignorance-et-le-mal). Mais si l’on est pas de leur secte en quoi devrait-on adopter ce jargon ? Que désignent ces mots en dehors des obsessions maladives de ces aliénés ? Rien. Et pour en revenir au sujet de départ, dire de quelqu’un qu’il est un « sans-dieu » (un athée), c’est considérer qu’il lui manque quelque chose, à l’instar d’un sans-abri, d’un sans-papiers, comme si, à l’inverse, être un « ayant-dieu » allait tellement de soi que, pour le coup, il n’y a jamais eu aucun mot pour le dire.
L. A. (Pas non plus “piéton” même si la bible des automobilistes [des “carossetons” ?] désigne ainsi, telle une espèce déviante, ceux qui marchent sur leur jambes.)