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Fidel est vivant (CubaDebate)

On trouvera ci-dessous le témoignage d’un des grands intellectuels issus de la Révolution cubaine, quelqu’un qui en a vécu avec une constance et une humilité admirables aussi bien les gloires que les vicissitudes, qui a connu aussi bien l’injustice des hommes que la grandeur de la Révolution, qui aurait pu, comme bien d’autres, « faire défection » parce que ses mérites n’étaient plus reconnus, à un moment donné, à leur juste valeur, qui est resté ferme dans ses idées sans jamais les renier et qui est aujourd’hui une des plumes les plus lues et des voix les plus écoutées. Que ces quelques mots liminaires soient donc un hommage à celui qui n’a jamais renié son « engagement ».

Ces pensées me sont venues à l’esprit après que j’aie tenté, hier, de me plonger dans la presse française : j’en ai émergé au bord non de l’asphyxie, mais de l’écœurement. Même mort, Fidel continue de gêner la « bienpensance » des nantis, qui ne lui reconnaîtront jamais la moindre once de validité, encore moins de grandeur. Et ne parlons pas des commentaires de lecteurs. À en vomir. Ce que je vis ici dans le concret et sur place – autrement dit, ces preuves d’amour (oui, elles vont jusque-là !) des Cubains à celui qui leur a apporté, grâce à leur concours, bien entendu, la liberté et surtout la dignité, ces larmes qu’adultes et plus jeunes n’ont pas honte de verser en public, ces témoignages de douleur dans des mots qui traduisent une émotion vécue et dénotent parfois une étonnante capacité d’analyse et une hauteur de vue d’une grande noblesse – n’est pour certains (ou beaucoup) en Occident qu’hypocrisie (pour être dans le « politiquement correct », pour ne pas perdre son travail, par peur des conséquences ou des représailles, etc.) Bref, des millions de Cubains sont obligés de rendre hommage au « tyran » par peur ! Comme d’habitude, les Cubains sont des moutons…

Pauvres peuples occidentaux qui se croient supérieurs dans leur « liberté » frelatée et qui n’auront pourtant jamais la moindre chance de vivre ce que nous vivons, ici : un grand moment d’émotion collective intelligente et raisonnée, où la notion de peuple et de nation prend tout son sens. Nous, nous avons du moins ici un géant à admirer et à suivre, alors que vous n’aurez jamais, vous, que des nabots à oublier au plus vite, qui n’entreront jamais dans l’Histoire par la grande porte parce que, tout simplement, ils ne l’auront jamais marquée et n’y auront laissé la moindre trace !

Alors, devant cette capacité des médias dominants et de l’impensée unique à transformer le blanc en noir absolu, et à faire croire à leurs victimes qu’eux sont intelligents et libres, tandis que les Cubains sont unanimement des veaux et des serfs, je me suis fait cette réflexion : dire que ce sont les « régimes » communistes qui lavent censément les cerveaux !
Et qu’on n’aille pas me faire croire qu’un intellectuel comme Fernando Martínez Heredia a écrit ce texte sous la dictée d’un commissaire politique ou par peur du knout !

Jacques-François Bonaldi (La Havane), 29 novembre 2016

Fidel est vivant

Le 25 novembre dans la nuit, soixante ans après celle où il était parti de Tuxpan à la tête de l’expédition de libération, Fidel Castro est reparti en voyage.

Trois ans avant, il avait dirigé une action révolutionnaire qui avait surpris le pays par l’audace, le courage et l’esprit de sacrifice de ses participants, et à laquelle la dictature instaurée en 1952 avait répondu par une orgie de crimes au grand scandale de la population. Mais ce fait semblait être contraire à ce que l’on considérait possible et aucune force politique ne l’avait appuyé.

Dans la solitude de sa cellule, plus solitaire encore parce que Fidel et ses compagnons étaient pratiquement seuls, il avait écrit : « Les masses sont prêtes, il suffit de leur montrer la vraie voie. » Il semblait un songe-creux, mais c’était un visionnaire.

En déclenchant la guerre révolutionnaire, Fidel a ouvert la brèche pour que l’impossible cesse de l’être et que le peuple se soulève. Et il a offert un endroit où se battre à quiconque voudrait convertir ses idéaux en action. En juin 1958, alors qu’empêcher que la grande offensive ennemie n’écrase l’avant-garde de la Sierra Maestra était devenu une question de vie ou de mort, il avait écrit à Celia Sánchez que la lutte contre l’impérialisme étasunien allait devenir son vrai destin.

De nouveau, Fidel voyait plus loin que personne, mais maintenant avec une arme à la main et une révolution en marche.

Il a tenu parfaitement la promesse qui était implicite dans ces mots. Il a combattu sa vie durant l’impérialisme étasunien, il a su le vaincre, le contrecarrer, l’obliger à reconnaître la puissance et la grandeur morale de la patrie cubaine. Mais il a surtout appris à tous les Cubains à être anti-impérialistes, autrement dit que c’était là une condition nécessaire pour être Cubain, que contre l’impérialisme l’ordre de combat était toujours donné, que, comme l’avait dit un jour le Che – son compagnon d’âme – on ne peut lui céder d’un millimètre. Que c’était là une constante permanente de la politique révolutionnaire.

La souveraineté nationale est intangible, nous a appris Fidel, et elle ne se négocie pas.

À partir du triomphe, l’avant-garde est devenue des millions, et l’exploitation du travail d’autrui, les humiliations, les discriminations et les mépris ont cessé d’être des faits naturels pour se convertir en crimes. Fidel a été le principal protagoniste de la grande révolution socialiste qui a changé les vies, les relations sociales, les rêves des gens et des familles, des communautés et de la nation. Pour y arriver, il est devenu, comme pour tout ce qui est important, le conducteur, l’éducateur populaire, le leader aimé, la clef de voûte de cet édifice compliqué qu’est l’unité des révolutionnaires et du peuple.

Il a fallu unir en une seule révolution le socialisme et la libération nationale. Maintenant, pour tous, l’action a dû consister à la fois en étude, travail et fusil. Maintenant, les individus d’avant-garde étaient élus dans des assemblées, et le travail fait était le plus important point d’honneur. Dans les grands combats, nous nous sommes tous unis. Fidel a été, comme le chantait le poète, la « mire du fusil », et tout le peuple, comme le disait le Che, est devenu un Maceo. Et, à la différence des véhicules ordinaires, le char de la Révolution n’avait pas la marche arrière. Fidel a dit catégoriquement, voilà plus de vingt ans, qu’une nouvelle classe de riches ne commanderait plus jamais dans ce pays.

La nouveauté de Fidel, et la plus grande, c’est que le peuple tout entier se soit changé lui-même et se soit armé de nouvelles qualités qui provenait de lui, et que la conscience sociale confonde sans crainte les mots de communiste et de fidéliste. À son ombre, les conquêtes devinrent des lois, et les lois des habitudes.

Un grand historien péruvien, un compagnon situé dans la mouvance de Mariátegui, était inquiet devant un éventuel culte de la personnalité de Fidel, mais, après avoir parcouru le pays, il m’a dit : « J’ai tout compris. Fidel est un pseudonyme collectif. »

Fidel a été le plus important promoteur et dirigeant de l’internationalisme, cette brusque et belle croissance des qualités humaines qui apporte plus à celui qui le donne qu’à celui qui le reçoit. Au-delà des grandes phrases (« Pour le Viet Nam, nous sommes prêts à verser notre propre sang » ou « Nous ne voulons pas bâtir un paradis sur les flancs d’un volcan »), Fidel a élargi et développé au plus haut degré le contenu et la portée des pratiques et des idées révolutionnaires mondiales grâce à l’internationalisme cubain. Un appui solidaire sans exigences, des combattants, des médecins, des enseignants, des techniciens, exemple sans commune mesure de ceux qui n’ont jamais donné ce qu’ils avaient de trop, paradigme révolutionnaire, avec Fidel toujours devant, audacieux et fraternel.

En 2006, frappé par une très grave maladie, il a pris des décisions que personne ne lui demandait ni ne voulait qu’il prenne. Il a été encore plus grand quand il a cessé d’être, de son propre chef, le plus haut dirigeant de l’État et du parti, la position à partir de laquelle il avait servi le peuple durant tant d’années. Il y avait beau temps que son immense prestige avait dépassé toutes les frontières.

C’est alors que Fidel s’est accordé un peu de ce dont il s’était privé sciemment depuis le début de son action révolutionnaire : réfléchir calmement, sans l’urgence et la responsabilité d’avoir à décider et à agir sur-le-champ. L’homme qui avait dû être soldat afin que règnent la liberté et la justice pour tous, et exercer un pouvoir énorme pour que le pouvoir soit au service du projet de libération, est devenu alors un soldat des idées, tout en continuant de donner au peuple le pouvoir de son incommensurable force morale.

Maintenant, il semblerait tout d’un coup qu’il n’est plus là, parce qu’il a appareillé pour une expédition plus longue, plus lointaine. Mais j’ose affirmer qu’il ne s’est pas senti inquiet en partant. Fort de son prodigieux optimisme historique, Fidel savait sûrement que son peuple le considérera toujours comme son maître, aux côtés de son maître à lui, José Martí. Et il sait que, pour suivre toujours ses enseignements, les filles et les fils de ce peuple créeront, tout comme lui, arbitreront des solutions, et trouveront et poseront bien les nouveaux problèmes, tout comme lui, vaincront les impossibles, tout comme lui, défendront la justice et la liberté coûte que coûte, tout comme lui, se sentiront partie prenante de l’Humanité qui résiste et se bat, tout comme lui, et rêveront, tout comme lui, d’un avenir lumineux.

Fidel n’est pas mort. Il ne meurt pas, parce que nous le maintenons en vie.

Fernando Martínez Heredia

28 novembre 2016

»» http://www.cubadebate.cu/autor/fernando-martinez-heredia/
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