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Fallujah : un massacre de plus. Bande de salopards.

Le typhus et d’autres maladies se répandent parmi les survivants. Les restes de corps en décomposition forment des montagnes humaines. Des milliers de personnes restent emprisonnés dans cette ville, souvent blessés, sans aide médicale. La ville apparaît comme un champ de désolation et de destruction, une majorité de maisons rasées jusqu’au raz du sol, de nombreuses mosquées sont en partie détruites, les poteaux téléphoniques arrachés, les câbles électriques de même.

Fallujah : nous sommes des morts vivants

Je pense avec horreur à Fallujah, à ces journaux, à cette presse "libre" dont toute âme est morte puisqu’aucun cri ne s’élève. Pire encore, ils osent devant le crime perpétré sous nos yeux trouver des excuses aux bourreaux traquant "la rebellion" pour que des élections aient lieu... Toute autre parole me paraît vaine. Guernica, sous nos yeux qui se détournent...

Europe quand, à propos d’élections, tu parleras des droits de l’homme, le monde entier ricanera et te rappellera que tu es le ventre dont est sorti la colonisation, deux guerres mondiales, le fascisme, tu es la férocité, la barbarie et les États-Unis sont bien le monstre qui pouvait surgir de tes entrailles. Tu trembles devant ton enfant mauvais et te couche pour une poignée de dollars...

Fallujah, la ville éclatée, les corps de tant de civils fragmentés, Fallujah où l’on meurt si bien dans le silence général. Quel sera un jour notre honte et notre remord d’avoir laissé faire, tous les partis, toutes les forces organisées, toute la presse de France sont désormais déshonorés, il sera dit d’eux devant l’histoire : ils ont laissé s’accomplir sans un mot le massacre de l’Irak.

Le silence devant l’assassinat de Fallujah est le baillon accepté depuis si longtemps dans l’oppression de nos propres peuples, tous ces êtres voués au chômage pour que s’enfle le profit, c’est dans le désordre et la boue de ce que nous acceptons ici que se gonfle la complicité du meurtre de la planète. La rébellion est un luxe, un grand drapeau déployé de dignité humaine, qu’ils ne peuvent plus tolérer nul part, l’assassinat de Fallujah est notre propre mort.

La destruction est partout

« J’ai vu des morts dans les rues, des blessés que personne ne venait secourir », a raconté le photographe d’AP Bilal Hussein

Par Juana Carrasco Martin, 17 novembre 2004, Granma international

LA ville martyr est supposément tombée sous le contrôle des forces d’occupation étasuniennes et de leurs troupes irakiennes ; cependant, ce lundi qui marquait juste la demi du mois, Fallujah continuait toujours à être bombardée sans pitié. Ils ne veulent pas de trace de l’insurrection, rien qui rappelle la résistance d’un peuple. Ils ont parié sur une guerre de terre brûlée, mais...

Mossoul se soulève. Des miliciens, masqués ou pas, armés de préférence de fusils AK, lance-grenades et mortiers, mènent des actions contre des stations de police et les autorités imposées, en même temps qu’ils harcèlent les troupes d’occupation qui se sont retirées de cette ville dans le but évident de la soumettre sous peu au même sort que Fallujah.

La violence s’empare d’autres parties du pays, Ramadi et Bagdad l’accompagnent, et, qu’ils le veulent ou non, on combat toujours dans certaines parties de Fallujah. Entretemps, des hélicoptères et des tanks nord-américains tirent contre des objectifs à Baiji, une ville du nord qui héberge la principoale raffinerie de pétrole d’Irak.

Il vaut la peine de le répéter, l’intention étasunienne est de « pacifier » à tout prix le pays mésopotamien en vue d’assurer les élections qui sont programmées pour janvier ; mais celles-ci sont hypothétiques. Pour la première fois, l’un des membres du gouvernement fantoche, le premier ministre adjoint Barham Salid a dit que la tenue du scrutin très annoncé à l’assemblée nationale, pourrait être retardée en raison de la violence croissante bien que sa détermination soit de tenir ce vote, sans qu’importe la situation dans une bonne partie du pays.

La résistance s’étend à d’autres villes irakiennes et ne cesse dans presque chaque point du pays que parcourent le Tigre et l’Euphrate, et malgré ce qu’ils disent, le fait de continuer à frapper Fallujah est une démonstration non seulement de leur infamie comme criminels de guerre mais aussi du fait qu’ils ne sont pas parvenus à l’agenouiller.

L’invasion menée maintenant contre cette ville sunnite des mosquées, bastion depuis le moment même où a commencé la guerre contre l’Irak en mars 2003, s’est prépareée et exécutée avec acharnement : raids aériens, bombardements d’artillerie, destruction totale d’hôpitaux, prise d’autres, coupures d’eau et d’énergie électrique ainsi que d’aliments.

Ils parlent de plus de 1 500 insurgés morts, une bonne partie d’entre eux gisant toujours dans les rues où ils sont tombés. On ne mentionne aucune perte de vie de civils... L’occupation des hôpitaux avait cet objectif : ne pas leur donner d’assistance et que kes sources médicales irakiennes ne puissent dire une vérité simple : des hommes meurent, combattants et civils, femmes et enfants. La guerre est totale et les projectiles, que ce soient des fusils d’assaut ou de terribles bombes de 500 livres ou plus qu’on laisse tomber sur la ville, ne portent pas de nom.

Le commandement nord-américain ne dit pas non plus avec exactitude de combien ont été ses pertes dans la première semaine d’horreur à Fallujah, bien que des sources parlent de 59 soldats tués et plus de 400 blessés. Les vols sont quotidiens entre l’Irak et la base étasunienne de Ramstein, en Allemagne, et l’hôpital de Landstuhl qui couvre la guerre dans le pays mésopotamien.

Le colonel Rhonda Cornum, commandant de Landstuhl, dit avoir reçu 419 patients la semaine dernière et plus de 40% étaient des marines. La moitié d’entre eux a été envoyée aux États-Unis pour traitement complet. « Je ne peux dire qui d’entre eux a été blessé à Fallujah », a-t-il dit mais il a admis à CNN que 95% proviennent d’Irak et plus de la moitié présentent des blessures de combat. Les autres arrivent d’Afghanistan qui, en réalité, est partie de cette guerre. Mais la DR Cornum fait un autre aveu : « Normalement, 25% ont des blessures de combat. La semaine dernière, la moyenne a été de 70% ».

Cornum a aussi dit que les professionnels de la santé mentale et les chapelains sont disponibles pour s’occuper tout autant des aptients que du personnel médical lui-même qui peut se trouver affecté par « le fait de voir jour après jour des garçons qui viennent et peuvent avoir le même âge que leurs propres fils ».

Mais le bombardement persiste à Fallujah, une ville dévastée, avec des secteurs et des quartiers presque en ruine totale, probablement dans le but de s’assurer le minimum de pertes quand les marines continuent à entrer dans toutes les maisons à la recherche de tout homme apte, par âge, pour affronter l’incursion militaire bestiale, en oubliant que la nouvelle invasion constitue pour n’importe quel irakien, sans considération de sexe, d’âge ou de confession religieuse, un nouvel outrage, et les poches de résistance persistent à Fallujah.

La barbarie des forces d’occupation maintient les habitants enfermés dans un piège mortel. Les militaires nord-américains assurent qu’ils n’ont pas besoin de la présence du Croissant Rouge irakien ou de la Croix Rouge. « Maintenant que le pont (qui conduit à Fallujah) est ouvert, nous pouvons sortir les blessés et tout le travail d’aide peut se faire ici », et ils ajoutent qu’il n’y a pas de civils irakiens qui soient pris dans la ville.

Le Croissant Rouge irakien affirme cependant pour dire qu’il y a là des gens et qu’ils ont désespérément besoin de nourriture, de couvertures, d’eau et de médicaments. Un convoi avec ce type d’aide, formé de sept camions et d’ambulances, a été arrêté sur la rive ouest de l’Euphrate.

Pendant ce temps, une famille qui est parvenu à contacter Reuters a fait savoir à l’agence que ses enfants souffrent de diarrhées et n’ont pas mangé depuis plusieurs jours. Ils ont eu peur de sortir au milieu des combats, et demeurent en panique alors que Fallujah est supposément « libérée » et que le bombardement continue tout comme les affrontements.

Bilal Hussein, un photographe de AP qui réside dans le quartier de Jolan, point névralgique de la résistance à Fallujah et objectif principal de la folie étasunienne, est arrivé à sortir du siège après une terrible odyssée et voilà une partie de son témoignage : « La destruction est partout. J’ai vu des morts gisant dans les rues, des blessés qui perdaient leur sang, sans que personne ne leur vienne en aide. Des civils qui sont demeurés à Fallujah étaient trop terrorisés pour sortir » depuis mardi, a-t-il dit, « des soldats des États-Unis ont commencé à ouvrir le feu sur les maisons, alors j’ai compris qu’il était très dangereux de demeurer dans ma maison » ; en panique, Hussein a mis au point un plan pour s’échapper, lui et sa famille, en traversant l’Euphrate. Il y est arrivé mais il sait aussi que les résidents de Fallujah qui tentent de s’échapper de la ville font l’objet de tirs des forces étasuniennes...

Pendant ce temps, un deuxième envoi du Croissant rouge irakien avec de la nourriture et d’autres fournitures tente d’apporter cette aide aux milliers de réfugiés qui vivent dans des conditions atroces dans des villages autour de Fallujah.

Avec ce panorama, il n’est pas difficile de comprendre que non seulement Fallujah mais aussi l’Irak entier résiste. Les États-Unis tuent mais, également, tombent dans leur propre piège.

 Source : www.granma.cu/frances

Fallouja. Détruire une ville pour la libérer !

Alencontre, 15 novembre 2004

Les médias annoncent, ce 15 novembre 2004, la mort de 35 soldats américains et 600 blessés à l’occasion de l’attaque lancée par les forces d’occupation impérialiste en Irak. En passant, il est mentionné que plus de mille terroristes ont été tués.

Si les « statistiques » concernant les morts américains et les blessés semblent crédibles. Elles démontrent aussi que le rôle de la « nouvelle armée irakienne », placée sous les « ordres » du nouveau gouvernement de I. Alaoui, semble jouer un rôle assez secondaire. Quant aux mille insurgés « terroristes », ce chiffre peut être interrogé sous deux angles. Tout d’abord, comme au Vietnam, tout vietnamien tué était un « Vietcong », un « communiste », etc. Parmi eux il y avait évidemment de nombreux enfants et jeunes femmes, sans parler des vieillards. Ensuite, dans de nombreux reportages, qui passent sur les médias arabes et les entretiens avec des représentants de la Croix-Rouge irakienne (Croissant-Rouge) laissent clairement entrevoir que la population qui est restée prisonnière dans Fallouja, entre 20’000 et 40’000 personnes selon les estimations, subit non seulement les assauts directs des troupes de la coalition, essentiellement américaine, mais souffre du non-accès à tous soins, médicaments, nourriture, eau, etc. Y compris dans la population qui a pu sortir de cette ville avant l’assaut, se développent des maladies propres à ce genre de déplacements forcés, maladies mortelles pour les enfants ; sans parler des traumatismes et de la souffrance de ces populations qui auraient dû jouir d’une libération et de la démocratie depuis plus d’un an, grâce à leurs libérateurs américains, aidés par Dieu et sa médiation terrestre : Bush.

Fallouja est « tombée », comme le disent les responsables militaires américains qui se contentent d’affirmer qu’il faut nettoyer encore quelques postes de résistance. Fallouja est tellement tombée qu’elle est en ruines. Une chose est sûre, Fallouja est détruite. Une autre chose est certaine, la résistance s’exprime avec force dans d’autres villes et, le report d’élections, tenant pourtant de la farce, a été envisagé par l’ancien homme de main de Saddam Hussein, Alaoui, qui prolongea ses services en travaillant pour la CIA et les services secrets britanniques. Autrement dit, un homme au service des valeurs universelles de la démocratie.

Nous reproduisons ci-dessous des extraits de deux articles parus dans le quotidien anglais The Independent les 14 et 15 novembre, dont les auteurs sont Raymond Whitaker et Kim Sengupta (ce dernier se trouve avec les troupes américaines). Réd.

* * *

La victoire de la bataille de Fallouja a été déclarée. La caméra de télévision montre des marines entrant dans des quartiers déserts : « ce sont comme les photos de l’avance dans Bagdad », dit un téléspectateur [en Irak] au moment où la caméra montre, par-dessus l’épaule du conducteur du tank le tir d’armes dans une rue vide. Par ce simple commentaire, le téléspectateur, inconsciemment, met le doigt sur le véritable problème : plus d’un an après que George W. Bush a déclaré la fin des grandes opérations militaires en Irak, l’armée etasunienne, appuyée par les forces britanniques et irakiennes, continue toutefois la guerre. Alors que les forces etasunienne sont engagées dans ce qui est qualifié d’opération de nettoyage à Fallouja - quand bien même des tirs d’artillerie lourde continuent -, les organisations humanitaires soulignent la catastrophe humaine dans la ville. Fardous al-Ubaidi, du Croissant-Rouge, déclare : « les conditions à Fallouja sont catastrophiques ». Y compris le ministre de la santé irakien, Alaa Alwanm affirme que les ambulances ont commencé à transférer des « quantités significatives » de civils blessés sur les hôpitaux de Bagdad. Toutefois, il ne donne aucun chiffre. Washington et le gouvernement intérimaire irakien argumenteront que les civils habitant Fallouja avaient reçu de nombreux avertissements sur ce qui allait se produire. Plus de 80 % d’une population estimée entre 200’000 et 300’000 personnes auraient dû quitter la ville avant l’assaut qui a commencé dans la nuit du lundi 8 au mardi 9 novembre.

Mais, diverses sources d’information, qui certes proviennent au compte-gouttes de la ville, indiquaient que de très nombreux habitants y étaient restés, bien qu’ils ne soient pas visibles pour les caméras de télévision. Leur situation est très difficile.

Aamir Haidar Yusof, un commerçant de 39 ans, a fait sortir sa famille, mais est resté pour surveiller sa maison, non seulement durant les combats mais aussi à cause des pillages qui, invariablement, se produisent après un tel assaut. Il nous dit : « les Américains tirent sur les maisons, même s’ils ne constatent que de tous petits mouvements à leur intérieur ». De même, « ils détruisent les automobiles, parce qu’ils pensent que toutes voitures contient une bombe. Les gens qui sont restés se sont déplacés de la périphérie [d’où l’assaut a été donné] vers le centre et ils restent dans les soubassements des maisons. Il ne restera plus rien de Fallouja quand se sera terminé. Déjà ils ont détruit un nombre si grand de maisons avec des bombardements aériens et maintenant, ils le font avec des tanks et des armements lourds ».

Les commandants militaires américains insistent sur le fait que les victimes civiles à Fallouja sont peu nombreuses. Mais, le Pentagone, comme on le sait, dit qu’il ne les compte pas. Les habitants qui se sont récemment échappés de la ville, décrivent des affrontements entre troupes américaines et non-combattants, y compris des femmes et des enfants dont un certain nombre a été tué par balles ou à l’occasion de bombardements.

«  Il est probable que quiconque soit blessé va mourir, parce qu’il n’y a ni médicaments et qu’il n’y a ni possibilité de contacter un médecin », nous dit Abdul Hammed Salim, un volontaire du Croissant Rouge irakien. « Il y a des tireurs d’élite placés dans tous les endroits, si tu sors ils te prennent pour cible ». Sami al-Jumaili, un médecin du principal hôpital de Fallouja qui échappa à l’arrestation lorsque les installations hospitalières furent prises par les troupes américaines, nous a dit que la ville se trouvait sans médicaments et que seuls quelques cliniques étaient ouvertes. « Il n’y a plus un seul chirurgien à Fallouja, dit-il ». « Une ambulance a été attaquée par les troupes américaines et un médecin blessé. Il y a des centaines de civils de blessés dans les maisons qui ne peuvent bouger. Un enfant de treize ans est mort dans mes bras ».

Quelques 10’000 personnes se sont réfugiées à Habbaniya, à 20 kilomètres à l’ouest de la ville. Elles ont de nombreuses histoires tragiques à nous raconter. « Beaucoup de personnes innocentes sont mortes », nous dit Suleiman Ali Hassan, qui a perdu son frère. « Les Américains disent qu’ils ne visent avec leurs tanks et leurs avions que les combattants. Toutefois, je sais qu’il y avait huit personnes qui sont mortes aux côtés de nos frères ».

Samira Sabbah est arrivée au centre de réfugiés, hier, avec ses trois enfants. Mais son mari est resté à Fallouja. « Les gens vivent comme des animaux », dit-elle. « Il n’y a ni électricité, ni nourriture, ni eau. Nous avions très peur de sortir de la ville, parce qu’il y a des tirs qui venaient de partout. Nous ne savons pas comment nous allons survivre maintenant ». Rasul Ibrahim, père de trois enfants, est sorti de Fallouja avec son épouse et ses fils. Il nous dit : « il n’y a pas d’eau. Les gens boivent de l’eau polluée. Les enfants en meurent ». Mohammed Younis, un ex-policier, nous raconte : « les Américains et Alaoui disent que Fallouja est plein de combattants étrangers. Ce n’est pas vrai, ils sont partis depuis longtemps. Vous pourrez les rencontrer dans d’autres lieux, à Bagdad ». La véracité de ses paroles fut confirmée par le conseiller à la sécurité nationale de Alaoui, Quassem Daoud, qui nous dit que « 1000 saddamistes et terroristes » sont morts à Fallouja et que 200 furent capturés. Parmi ces 200, indique-il, il n’y en aurait que 14 que ne seraient pas irakiens et seraient iraniens.

* * *

Des milliers [d’habitants] sont restés attrapés dans cette ville. Hier, les corps calcinés se voyaient par dizaines dans les rues de la ville et des centaines de maisons étaient réduites à l’état de ruine. Les Irakiens qui restaient à Fallouja dénonçaient qu’il n’y avait ni eau ni alimentation, au moment où les agences humanitaires avertissaient que la ville et ses environs devaient faire face à une véritable « crise humanitaire ».

Le typhus et d’autres maladies se répandent parmi les survivants. Les restes de corps en décomposition forment des montagnes humaines. Des milliers de personnes restent emprisonnés dans cette ville, souvent blessés, sans aide médicale. La ville apparaît comme un champ de désolation et de destruction, une majorité de maisons rasées jusqu’au raz du sol, de nombreuses mosquées sont en partie détruites, les poteaux téléphoniques arrachés, les câbles électriques de même. Les voitures sont réduites à un amas de ferrailles dans les rues. Le capitaine Adam Collier, de l’armée américaine, invoque des raisons de sécurité pour ne pas laisser passer sept camions remplit de vivres, de médicaments, de tablettes servant à purifier l’eau, camions sous contrôle du Croissant-Rouge irakien. Mais un fonctionnaire de la ville, le colonel américain Mike Shupp, affirme : « nous n’avons pas besoin d’approvisionnement venant de l’extérieur de la ville, parce que nous disposons de toutes les provisions nécessaires pour les gens. Un pont aérien va s’ouvrir et nous transférerons les victimes et le travail de solidarité va pouvoir commencer ».

 Source : www.alencontre.org

Le carnage en toute impunité Par Marco Gregori, 16 novembre 2004, Le Courrier de Genève

Aucun journaliste n’a pu y entrer. Même un convoi humanitaire a été prié de rebrousser chemin et d’apporter son aide ailleurs. Depuis une semaine, la ville irakienne de Falloujah est à la fois le théâtre d’une immense boucherie et d’une mise en pièces du droit international. Les forces coalisées sous la bannière des Etats-Unis annoncent 1200 victimes parmi les insurgés et une quarantaine dans leurs rangs. Mais combien de victimes civiles ? Des centaines ? Des milliers ? Personne ne le sait. Vraisemblablement, il y en a beaucoup. Le Croissant-Rouge irakien a pu atteindre la périphérie ouest de la ville. Suffisant pour donner un aperçu du drame. Dimanche, Jamal Alkarbuli, secrétaire général de l’organisation humanitaire, livrait un lugubre témoignage à notre confrère La Repubblica : « Nous avons vu une ville spectrale, détruite, avec des rues pleines de détritus, d’arbres abattus, de carcasses de voitures. Et beaucoup, beaucoup de cadavres. Personne ne les a ramassés et personne ne les ramasse. »

De même, il semble que 2000 familles vivent encore à Falloujah, sans aucune ressource. Jamal Alkarbuli : « Ce que nous avons vu est un vrai désastre. Pas seulement humanitaire. Je crois que Falloujah a été blessée au plus profond d’elle-même, la bataille a bouleversé le tissu social de la ville et le psychisme des gens. Je ne sais pas combien de temps il faudra pour qu’ils se reprennent. Les familles qui vivent encore dans les quartiers du centre sont exténuées, sans eau, lumière ou nourriture. Nous avons rencontré quelques personnes qui ont réussi à en sortir. Elles étaient détruites, bouleversées. Elles nous ont dit s’être nourries de farine, ce qui augmentait la soif. Mais sans eau, impossible de faire quoi que ce soit, ni boire, ni pétrir. Il n’y avait pas de gaz, pas de pétrole, ni de possibilité d’allumer des feux de bois. »

Face à ce drame, les forces armées étasuniennes persistent dans leur obstructionnisme en empêchant tout convoi humanitaire de pénétrer au coeur de Falloujah, là où les besoins sont les plus aigus. Un tel comportement contrevient clairement aux Conventions de Genève, qui exigent que l’on porte assistance aux blessés et aux civils.
Une fois de plus, les Etats-Unis se moquent du droit international. En répondront-ils en justice ? Certainement pas, car ils n’ont pas reconnu la légitimité de la Cour pénale internationale. Au moins, une condamnation politique de la part de pays opposés à cette guerre serait la bienvenue. Mais a-t-on entendu de la France, de l’Espagne, de l’Allemagne le moindre mot de protestation ? C’est comme si une sorte de fatalité avait engourdi les esprits. Comme si, à force de se répéter, les tueries devenaient acceptables.
D’autant que tout porte à croire que la violence n’est pas près de s’arrêter. La résistance des insurgés de Falloujah devient ainsi l’exemple à suivre pour tous ceux qui, en Irak, rejettent l’occupation militaire coalisée. Abou Moussab Al-Zarkaoui, chef d’al-Qaïda en Irak, l’a bien compris, lui qui exhorte tous les sunnites à venger les guerriers de Falloujah. Alors, les attaques surprises des rebelles se multiplient, suivies par des ripostes des troupes d’occupation. Semant leur cortège de sang et de morts, dans une spirale sans fin.

 Source : http://lecourrier.programmers.ch

Le nettoyage : un sale concept

Par C.F. Karaguézian, 16 Novembre 2004, E-Geule

Les opérations principales sont terminées. De simples opérations de nettoyage de certaines poches (de résistance) se poursuivent et elles doivent prendre encore quelques jours.

Cette déclaration a été faite par un porte-parole de l’armée des États-Unis. Son nom est Iyad Allaoui - nous commençons à bien connaître ce personnage, qui ne nous a jamais plu et ne nous surprend pas.

Lorsque le nettoyage est évoqué, dans notre esprit surgit instantanément l’image efficace d’un géant débonnaire et débordant d’énergie, une espèce de Monsieur Propre. Il avance, armé de son balai et de sa serpillière. A portée de sa main, sur un petit chariot, divers produits et accessoires d’entretien, détergents et désinfectants sont disposés.

En quoi consiste la mission du nettoyeur ?
Nul gamin de quatre ans ne l’ignore : le nettoyeur est chargé d’enlever la saleté et de rendre à un lieu sa propreté.

Que nomme-t-on saleté, dans le langage courant ? Les débris, les résidus organiques. Souvent infestés d’organismes vivants monocellulaires prêts à nous infecter. Or, qui se soucie du sort des organismes monocellulaires ? Qui les prend en pitié ? Qui s’identifie à eux par empathie ?
A part les adeptes du jaïnisme, pas grand monde, à vrai dire. Nous ne les considérons, à tort ou à raison, que comme des vecteurs de maladie. On assiste à peu de manifestations pour la défense des droits des agents pathogènes devant les locaux des usines de produits de nettoyage, ni même pour celle des bactéries innocentes qui sont pourtant massacrées par centaines de milliers chaque fois que quelqu’un utilise un produit à base de chlore pour faire son ménage.

Par conséquent, nul ne s’insurge lorsque les valeureuses troupes de GWB s’apprêtent à nettoyer les poches (de résistance). Le nettoyage est une activité civique qui sert la communauté entière. Souvent mal rémunéré, ne jouissant pas d’un statut social très élevé, l’éboueur est pourtant l’un des travailleurs les plus utiles. Sans lui, les rues de nos villes seraient envahies d’immondices. De même, n’est-elle pas la vertu incarnée, la ménagère zélée qui restitue aux surfaces de son lieu d’habitation leur pureté originelle ?

Certes, dans le cas de Falloujah, la saleté n’est pas composée d’êtres mono-, mais pluricellulaires. Ce n’est qu’un détail technique que nous sommes priés d’oublier vite fait.

Auxilliaire fidèle du nettoyeur de l’Irak, la mort a tôt fait de démasquer ces taches, ces éclaboussures qui imitaient le bipède, elle qui dénonce la corruption essentielle de ces êtres qui allaient jusqu’à faire semblant d’être des femmes inoffensives, des enfants innocents, voire des résistants. La mort révèle l’imposture de ces conglomérats de matière puante et visqueuse qui avaient osé contrefaire notre forme sacrée de sapiens sapiens.

Celui qui dira qu’il ne savait pas sera un fieffé menteur :
Nos gouvernements sont complices. Les médias qui ne dénoncent pas la terminologie terminalement mensongère des envahisseurs le sont tout autant.
Falloujah est un camp d’extermination et chaque victime y est tuée deux fois : une fois par les armes et une fois par les mots.
Boycottons les mots cette idéologie sans nom qui nous réifira tous - morts ou vifs - si nous ne lui résistons pas et appelons un chat un chat, nous avons encore au moins ce pouvoir.

 Source : http://perso.wanadoo.fr/extasegalerie

A l’intérieur de Fallujah : Le journal de terreur d’une famille.

Par Dahr Jamail, Baghdad, 14 novembre 2004, sundayherald.com

Elle sanglote en racontant l’histoire. La tunique qu’elle porte ne peut cacher les tremblements de son corps, alors que des vagues de chagrin la traversent. « Je ne peut retirer de ma tête l’image de son foetus soufflé hors de son corps. »

La soeur de Muna Salim, Artica, était enceinte de sept mois lorsque deux bombes lancées par des avions US ont frappé leur maison à Fallujah, le 1er novembre. « Ma soeur Selma et moi sommes les seules survivantes, parce que nous étions resté dans la maison d’un voisin cette nuit-là  », continue Muna, incapable d’accepter sa survie alors que huit membre de sa famille ont péri durant les bombardements qui ont été mené sur Fallujah pendant des semaines, en préparation à l’assaut.

Un de ses frère qui a également été tué lors de cette attaque, laisse derrière lui une femme et 5 enfants en bas âge.

«  Il n’y avait aucun combattant dans notre zone, alors je ne sais pas pourquoi ils ont bombardé notre maison. » dit-elle. « Lorsque cela a commencé, il y a eu plein d’attaques, venant des avions et des tanks, alors nous avons fui par l’est de Fallujah et nous sommes arrivé à Bagdad. »

Selma, la soeur de Muna, âgée de 41 ans, raconte des scènes d’horreur dans la ville qui était devenue le centre de la résistance en Irak depuis plusieurs mois. Elle décrit les maisons rasées par les innombrables frappes aériennes US t la puanteur des corps en décomposition répandue dans toute la cité.

«  Les maisons bombardées s’étaient écroulées et avaient recouvert les corps, et personne ne pouvait aller les chercher car les gens avaient trop peur de conduire un bulldozer », explique-t-elle, lançant ses mains en l’air de désespoir.

« Même sortir de sa maison est maintenant impossible à Fallujah, à cause des snipers. »

Les deux soeurs décrivent une existence cauchemardesque à l’intérieur de la ville, où des combattants contrôlaient plusieurs zones, la nourriture et les médicaments manquaient, et les énormes secousses des bombes US étaient devenue une réalité quotidienne.

L’eau également manquait souvent, et l’électricité était rare. Comme beaucoup d’autres familles terrées à l’intérieur de Fallujah, elles faisaient marcher un petit générateur quand elles pouvaient avoir du carburant.

«  Même lorsque les bombes étaient loin, les verres tombaient des étagères et se brisaient », dit Muna. « Aucun de nous ne pouvait dormir car la nuit, s’était encore pire. »

Lorsqu’elles allaient chercher de la nourriture, au milieu de la journée, elles étaient remplies de terreur à cause des avions de guerre US, qui rugissaient continuellement au-dessus de la ville. "Il y avait tellement d’avions, mais on ne savait jamais quand ils frapperaient. »

«  Fallujah était comme une cité fantôme la plupart du temps. La plupart des familles restaient à l’intérieur de leur maison tout le temps, sortant chercher de la nourriture que lorsqu’il le fallait absolument. »

Les tanks attaquaient régulièrement les faubourgs de la ville lors des accrochages avec les résistants, ajoutant au chaos et à l’inquiétude. Les hélicoptères d’assaut étaient particulièrement terrifiants, traversant le ciel au dessus de la cité et lançant des roquettes sur le centre.

Pendant qu’elles racontent les expériences traumatisante de leur famille durant les dernières semaines dans la maison de leur oncle à Bagdad, chacune des soeurs fait souvent des pauses, fixant le sol comme perdue dans des images, avant d’ajouter d’avantage de détails. Leur mère, âgée de 65 ans, a été tuée dans le bombardement, de même que leur frère, leurs 3 soeurs et leurs enfants

«  Notre situation est comme celle de tant d’autres à Fallujah », dit Selma. Les mois de terreur sont gravés sur son visage.

« Tant de personnes ne pouvaient partir, parce qu’ils n’avaient nulle part où aller, et pas d’argent. »

Parmi les victimes, le mari d’Artica et leur fils de 4 ans.

Les deux soeurs ont réussi à fuir la ville par l’est, se frayant prudemment un passage à travers le cordon militaire US qui encerclait pratiquement toute la zone.

«  Pourquoi notre famille a-t-elle été bombardée ? », supplie Muna, les larmes coulant le long des joues. « Il n’y a jamais eu aucun combattant dans notre zone. »

 Source : www.sundayherald.com

Traduction : Roland Marounek, transmis par CSP

L’autre face du "succès" US à Fallujah

Par Dahr Jamail, 15 novembre 2004, IPS

Chacun l’a vu venir, à part les forces US : le désastre humanitaire à Fallujah, et la résistance renforcée contre les forces occupantes dans tout l’Irak.

La véritable image du ’succès’ de l’assaut militaire US sur Fallujah commence maintenant à se dessiner. Des milliers de familles restent prises au piège à l’intérieur de Fallujah, sans nourriture, sans eau potable et sans assistance médicale.

Personne ne peut dire combien des 1.200 "rebelles" que les forces US affirment avoir tué à Fallujah, sont en fait des civils, ni le chiffre réel des personnes tuées.

Le Croissant Rouge irakien, organisation qui est soutenue par la Croix Rouge et l’UNICEF, a appelé la situation à Fallujah un "énorme désastre".

Le Croissant Rouge Irakien a plusieurs équipes de secouristes et de médecins, et des camions de nourritures qui attendent l’autorisation du gouvernement soutenu par les USA, et celle des militaires US - mais ils ne l’ont pas reçue.

La Croix-Rouge Internationale a exprimée ses profondes inquiétudes pour les civils abandonnés dans la ville. "Tous ceux qui participent au combat ont la responsabilité d’épargner les civils, et de donner l’accès aux blessés.", a déclaré un porte parole de la Croix-Rouge.

Les forces US ont déclaré qu’ils se chargeraient maintenant eux-mêmes des tâches humanitaires. Cela pourrait être trop tard.

Muna Salim qui a réussi à s’échapper de la ville avec sa soeur alors que le reste de sa famille avait été tué sous les bombes US, dit que Fallujah s’est transformé en ville fantôme ces derniers jours.

"La plupart des familles sont restées à l’intérieur de leur maison tout le temps" a-t-elle dit après avoir atteint Bagdad. "Nous avions très faim, nous ne voulions pas manger toute notre nourriture ou boire toute l’eau. On ne savait pas si on pourrait en avoir encore, alors nous essayions de faire attention."

"Le Américains s’en foutaient de nous" dit Ahmed, un jeune réfugié. Il est arrivé à Bagdad avec une partie de sa famille il y a trois jours. "Tous les médecins ont quitté la ville, et les seules personnes dans la ville sont de Fallujah, ou de Ramadi, ou d’autres villes, venus pour nous tenter de nous aider"

Les gens de Fallujah ont été abandonnés sans aide, dit-il. "Celui qui sortait de sa maison était soit abattu par des snipers américains, soit recrutés par les Moudjahiddines. Alors nous restions à l’intérieur et nous priions. Plus les bombes explosaient et plus nous priions, et pleurions"

Ahmed dit qu’il n’espérait pas survivre. "Chaque nuit nous nous faisions nos adieu car nous nous attendions à mourir.", dit-il. "Vous pouviez voir des zones où toutes les maisons étaient écrasées, absolument rien ne restait." "Nous avions parfois de l’eau, mais jamais d’électricité."

Les forces US ont bombardé des familles dans leur maison, dit-il. "Même ceux d’entre nous qui ne combattaient pas, nous souffrions tellement à cause des bombes US et des tanks. Est-ce qu’ils ne peuvent pas voir que cela est en train de tourner tant de gens contre eux ?"

La résistance iraquienne a pris le contrôle de beaucoup de villes à travers l’Irak après le siège de Fallujah. En dépit des affirmations des militaires US selon lesquelles ils ont le contrôle de Mossoul au nord, al-Jazeera a rapporté que les militaires US la police irakienne et la Garde Nationale, a disparu des rues, et que des hommes armés portant des masques circulent librement .

Un journaliste freelance de cette ville a dit par téléphone à al-Jazeera : "La situation est très mauvaise, il n’y a aucune sécurité, seulement des groupes de résistants armés dans les rues, et on dirait qu’il n’y a aucun gouvernement à Mossoul." L’armée US dit qu’elle a repris le contrôle des postes de police de Mossoul et d’autres quartiers. Les rebelles irakiens contrôlent aussi maintenant de larges zones de Ramadi, de Samarra, Haditha, Baquba, Hiyt, Qaim, Latifiyah, Taji et Khaldiyah. Des combats ont également été rapportés dans la ville sainte shiite de Kerbala.

Le soulèvement s’est répandu à travers la capitale également. Les quartiers de al-Dora, al-Amiriyah, Abu Ghraib, al-Adhamiya et Khan Dhari sont maintenant largement contrôlés par les résistants.

Des véhicules militaires US ont été endommagés ou détruits près de la ville de Hiyt. Les combats se sont étendus à la ville de Hilla, au sud de Bagdad, habituellement tranquille.

"La situation de la sécurité est passé de mauvais à pire", déclare Ali Abdulla, un charpentier de 35 ans de Hilla. "Vous pouvez entendre les combats tout autour de la ville maintenant, et la résistance se bat très violemment contre les Polonais"

Ali Abdulla dit que c’était la première fois qu’il y avait des combats entre les troupes polonaises et les combattants de la résistance.

 Source : www.ipsnews.net

Traduction : Roland Marounek

« Arrêtez le massacre »

Appel pour Falluja de Mohamed Alla

Par Giuliana Sgrena [1]- Rome, 12 novembre 2004, il manifesto.

Le massacre de Falluja continue (12 novembre 04). Entretien avec Mohamed Alla, du Centre d’études pour les droits et la démocratie de Falluja, à Rome pour participer à la rencontre « Construire des ponts de paix ».

Q-Quelles sont les dernières nouvelles ?

Les bombardements continuent. Au début de l’attaque, en 24 heures seulement, 25 cluster- bombs [2]ont été larguées sur la ville. Ils utilisent des armes interdites.

Q-La résistance a fait une proposition de négociation au gouvernement irakien.

Les différentes composantes de la résistance ont déclaré leur disponibilité à traiter pour trouver une solution pacifique. Les gens de Falluja veulent la paix pour sauvegarder leur vie, mais celle aussi des soldats irakiens qui se trouvent là et celle des américains manipulés et contraints à de telles actions.

Q-En outre il semble impossible d’arrêter l’avancée de troupes qui ont des armes sophistiquées et la résistance paraît vouloir éviter un bain de sang.

Nous, nous ne mesurons pas le degré de résistance sur la base de la qualité ou de la quantité technique et militaire, mais sur la base de la foi en dieu tout-puissant. Comment un homme qui a un Rpg dans le dos peut-il affronter la technologie militaire ? La résistance peut être militaire ou morale. La résistance n’est pas faible, elle a différentes options et elle ne les a pas encore toutes utilisées. Les bombardements ne sont pas ciblés parce que ce que le gouvernement irakien veut frapper c’est le symbole de la résistance. Mais quelque soit l’issue de la bataille, il y aura d’autres Falluja, on parle déjà de Mossoul, Baquba, Ramadi. Notre souhait est que le gouvernement irakien change d’attitude et qu’il respecte son devoir institutionnel : sauver la vie des irakiens. Une partie du gouvernement n’est pas pour la solution militaire.

Q-Mais n’arrive pas à s’imposer.

Il y a un « complot » contre Falluja parce qu’un accord avait été obtenu par la délégation (Mohammed Alla a fait partie de la délégation des représentants de Falluja qui a négocié avec le gouvernement, NDR) chez le ministre de la défense irakien, tous les points avaient été établis : retour à la suprématie du droit avec le rétablissement de la Garde nationale ; les troupes Usa n’entraient pas à Falluja ; retour des évacués avec des incitations économiques et un dédommagement pour les destructions d’avril dernier. Les représentants de Falluja s’engageaient à rétablir un climat de confiance envers le gouvernement et, après une période à déterminer, la remise des armes et l’éloignement de la ville des combattants étrangers.

Q-Mais après, tout a sauté.

Quand Rumsfeld est arrivé et a posé la condition impossible : la remise de Zarqawi. D’abord les américains ont fait la guerre parce qu’ils disaient que Saddam avait des armes de destruction de masse, qui n’y étaient pas ; ensuite ils ont demandé Zarqawi, maintenant qu’ils sont entrés dans Falluja ils disent que Zarqawi s’est enfui, mais par où s’est-il échappé puisque nous étions assiégés ?

Q-Même l’appel de Kofi Annan a été ignoré, même l’ONU n’arrive pas à avoir un rôle.

Quand nous avons rencontré le représentant de l’ONU nous avions aussi demandé, en plus d’un appel pour arrêter les massacres, un rôle actif de l’ ONU comme médiation entre le gouvernement et les représentants de Falluja. Kofi Annan n’a répondu qu’à la première requête ».

* * *

De la rencontre de Rome, Mohamed Alla lance un appel : « élevez vos voix pour arrêter le versement du sang. Vous devez demander le retrait des troupes italiennes parce qu’elles donnent une image négative de l’Italie. Nous, nous vous voulons comme amis et pas comme occupants. Nous regrettons pour les 19 italiens tués à Nassyria, vous avez payé pour les erreurs Us. »

 Source : www.ilmanifesto.it-2004

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

* * *

 Lire aussi :

- Chaos irakien : une aventure coloniale dans l’impasse, par Claudio Katz.

- Irak : l’impensable devient banal, par John Pilger.

[1Giuliana Sgrena est envoyée spéciale de il manifesto en Irak. Elle a publié en août 2004 chez Manifestolibri : « Il fronte Iraq, diario di una guerra permanente » ( Le front Irak, journal d’une guerre permanente), 181 pages, 12,50 euros, redazione@manifestolibri.it .

[2Cluster-bomb ou devastator : la bombe explose à une altitude programmée et lâche 20 bombes plus petites en les semant de 100 à 300 mètres d’ altitude. http://gioco.net/starshiptroopers/flotta/manuale/bombe.html.


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