Madrid/Séville. La tragédie des immigrants illégaux qui tentent d’atteindre les côtes espagnoles à partir de l’Afrique a un coût : 921 personnes sont mortes l’an dernier en essayant d’entrer en Espagne par voie maritime, annonce un rapport présenté aujourd’hui jeudi à Séville.
Le coût réel en vies humaines pourrait être cependant bien supérieur : « certains hauts responsables du Ministère de l’intérieur ont admis que le désert du Sahara est devenu une immense tombe de sable », indique le rapport « Droits de l’Homme à la frontière sud en 2007 » qui est présenté par l’Association Pro Derechos Humanos d’Andalousie.
Celui-ci précise qu’on ne peut comptabiliser le nombre de personnes qui ont perdu la vie en 2007 en traversant le Sahel, alors qu’elles se rendaient en Algérie ou en Libye, pour, de là , entreprendre la traversée maritime vers l’Europe.
Si on compare avec 2006, en 2007 il y a eu une baisse des décès sur les côtes espagnoles et marocaines. Mais le nombre de morts pour 2008 est alarmant : 89 personnes ont déjà perdu la vie en janvier et février dans leur tentative de gagner le territoire espagnol par la mer. Ce chiffre n’était que de 12 pour la même période de 2007. Pendant ces deux mois, c’est 2.096 immigrants illégaux qui sont arrivés sur les côtes espagnoles. Parmi les victimes décédées de l’année dernière, 629 étaient d’origine subsaharienne, 287 maghrébines et cinq asiatiques.
Malgré toutes les déclarations d’intention, le gouvernement espagnol et l’Union européenne « continuent à ignorer les causes qui provoquent les migrations actuelles. Par conséquent, des mesures hyper restrictives sont mises en place, mesures dont la portée et l’efficacité sont conjoncturelles et dont les effets, à moyen terme, sont imprévisibles », a dénoncé l’association.
Ces derniers temps, les routes qu’utilisaient auparavant les migrants sans papiers pour atteindre depuis le Maroc les côtes d’Andalousie (sud de l’Espagne), se sont trouvées déplacées vers la Mauritanie et le Sénégal, pour rejoindre à partir de là les àŽles Canaries. Les embarcations de fortune partent de lieux situés de plus en plus au sud de la côte sénégalaise, les risques étant accrus du fait d’une traversée plus longue.
L’Association Pro Derechos Humanos d’Andalousie entrevoit cependant une possible reprise des traversées vers les côtes andalouses en raison de Frontex, le système de protection des frontières déployé par l’Union européenne dans l’Atlantique, "puisque les autres traversées empruntant d’autres voies sont plus longues et plus périlleuses » et « en raison d’un flux migratoire renouvelé en provenance du Maroc et de l’Algérie ».
Traduction Nathalie Privat pour le Grand Soir
Publié le 13/03/2008, dans La Jornada (Mexique)
http://www.jornada.unam.mx/ultimas/2008/03/13/murieron-921-migrantes-i...