Reprenons, pour savoir de quoi l’on parle :
Moi.
Il s’agit en fait d’un bien piètre idéal que de vouloir partager le gâteau sans vouloir tenir compte de la façon dont il a été fabriqué : c’est un appel à la collaboration de classe la plus plate ; mais il faut constater d’une part que ce fut pendant longtemps notre mot d’ordre au moins tacite et craindre d’autre part que ce soit là l’horizon toujours renouvelé, – et pour cause ! de bon nombre de ceux qui se pensent communistes aujourd’hui.
Fait aggravant : ce genre de revendication traîne sur son dos comme la tunique de Nessus le soutien à l’impérialisme (national, européen, atlantiste) qui permet justement la production de la richesse en question, qu’elle soit partagée ou non entre les Français.
Lui. Non sérieux, cet enchaînement de mots veut dire quelque chose ? L’avant dernier paragraphe, on dirait qu’il a été rédigé en prenant des mots au hasard dans le dictionnaire, et en les mettant à la suite.
C’est quoi une « collaboration de classe la plus plate » ?
Moi. Lisez : Appel le plus plat à la collaboration de classe. J’ai cru pouvoir compter sur le niveau de culture du lecteur pour me permettre cette petite figure de style.
Lui. « Appel le plus plat à la collaboration de classe » ne veut rien dire pour moi non plus (...) « Plate » étant mis au féminin, c’est obligatoirement la « collaboration » ou la « classe » qui est plate, et certainement pas « l’appel ». Du coup votre explication ne colle pas avec le texte. Dans tous les cas, je ne sais pas ce que vous entendez par « classe » ni ce que le mot « plate » veut bien vouloir dire dans ce contexte. Ni de quel appel il s’agit, ou bien qui appelle à quoi.
Moi. Bornons-nous à la question du style, voulez-vous ? Une hypallage, cela vous dit-il quelque chose ?
Quand C. Baudelaire écrit :
J’aspire, volupté divine !
Hymne profond, délicieux !
Tous les sanglots de ta poitrine.
... le critique remarque que divine (féminin) est davantage en harmonie sémantique avec hymne (masculin) et que profond, délicieux (masculin) est en parfait accord avec volupté (féminin).
Un autre. Le partage des richesses = collaboration de classe !!! Vous en avez beaucoup au magasin des grosses bêtises de ce genre ?
Moi. Je lui rappelle mes premières lignes puis : Relisez Marx, Engels, etc. jamais vous n’y trouverez une pareille ânerie : le partage des richesses. (Je permets le mot ânerie, puisqu’il n’a pas lésiné avec les bêtises)
L’autre. (Qui, se croyant plus prolétarien, plus efficace, passe du vouvoiement au tutoiement) Ben t’ira expliqué tes âneries aux smicards. A l’heure ou les dividendes des actionnaires augmentent de 30 %, ou les gavés sont surgavés et les pauvres toujours plus nombreux, ça va surement leur aller droit au cœur. Toi aussi t’a intérêt de relire Marx, mais pas que, fais le toi expliquer aussi .
Moi. C’est sans doute grâce à ce genre d’idée élevée, le partage des richesses, tout juste propre à faire de l’agitation mais absolument fausse sur le plan théorique ( savez-vous seulement distinguer les deux niveaux ?) que le vote des smicards et des travailleurs en général nous est si favorable ? Et qu’ils se sentent si concernés par ce que nous leur disons ?
Il faut croire qu’ils ont plus de finesse que certains qui prétendent leur montrer le chemin.
(À suivre, peut-être)