Ce commentaire sur l'article : La fin de l’Europe de Cédric Durand ayant pris un peu trop d'ampleur, le voici en article.
Une analyse critique juste du fonctionnement de l’Europe de la finance ne débouche pas nécessairement sur une analyse politique aussi solide.
D’abord le flou : « l’émergence de nouveaux mouvements politiques dans différents pays (à préciser)... la périphérie européenne... » (c’est-à-dire les PIIGS) ? Il y a 28 pays membres. Cinq pays, dont trois très petits, c’est peu pour une périphérie
« Celle qui va mettre le nez dans la soupe à sa voisine, laisse aller la sienne au feu. »
Et non moins floue, la raison de « la nécessité pour la gauche de passer d’une lutte défensive contre l’austérité à un ordre du jour positif délimitant des alternatives systémiques. » De quelle gauche s’agit-il ? De la gauche en Europe en général ? De la gauche française ? Est-ce au Parti de la gauche européenne et au Front de gauche que ces conseils sont prodigués ? Sinon, eh ! bien, de quelle gauche s’agit-il ?
Cependant il est possible qu’avec des périphrases :
... des alternatives systémiques... la rupture avec les institutions européennes néolibérales... la reconquête de la souveraineté démocratique sur les monnaies nationales
pour ne pas dire platement : sortie de l’Europe, sortie de l’euro, on se sorte effectivement d’affaire.
Malheureusement, il y a un obstacle de taille : malgré « un filet de sécurité au cours de cette transition » (ce qui signifie, sans tourner... autour du pot : « au cours des sorties »), « Les populations exténuées par la crise sont réticentes à supporter les coûts transitoires de la rupture, » : « coûts transitoires », autrement dit, sans litote superflue, accablants et imprévisibles.
Et par conséquent c’est enfin par un éclair de lucidité que se conclut cet article : le tour de moulin à poivre sur la soupe, avant de servir.
La morale de l’affaire est qu’il est à la fois heureux que les populations soit réticentes et qu’on aimerait connaître la structure de classe de la société française pour commencer, et quelles sont celles qui sont au commandes et tirent profit de la situation : dire le fameux « 1% »serait une plaisanterie.
Pour mémoire, à Port-Camargue, qui n’est pas le port d’attache plaisancier le plus huppé de France, il y a 5000 yachts amarrés. Le loyer annuel du poste pour un bateau de taille moyenne est de 4000 euros.
Les postes privés sont ceux des marinas, dont les prix varient de 150 000 euros pour les plus modestes, jusqu’à plus d’un million d’euros. Il suffit maintenant de faire le tour des côtes françaises de Dunkerque en passant par La Rochelle jusqu’à Nice et de passer au dénombrement.
En se souvenant de plus que le fait de mener une existence privilégiée sur le plan matériel n’impose cependant pas de posséder un yacht. On peut préférer les châteaux, les grosses cylindrées, les chevaux, l’avion ou l’hélicoptère, une de ces choses, ou encore le tout à la fois.
Pour conclure, je trouve beaucoup plus en prise sur le réel que l’article de Cédric Durand la ligne de front définie par le Secrétaire national du PCF ; c’est-à-dire, avec les forces de la Gauche européenne :
– d’une part, élargir le front de lutte européen contre l’austérité, pour des financements allant à la création d’emplois et de richesses, aux services publics et non plus à l’enrichissement des créanciers, pour la restructuration européenne de la dette.
– et d’autre part, faire le choix d’une refondation sociale et démocratique de l’Europe.