Rappel historique
En janvier 1959, la révolution castriste a renversé et chassé le dictateur Batista ; révolution qui rendit furieuses les classes dominantes cubaines et étasuniennes. Furieuses par la perte de leurs prérogatives, mais aussi et surtout par le dangereux exemple que donnait cette révolution aux yeux de millions de personnes dans le monde. Pour les riches exilés cubains réfugiés à Miami, il fallait donc à tout prix renverser ce régime honni et ils ont toujours eu le soutien des Etats-Unis pour mener ces tentatives de déstabilisation. Elles commencent dès le mois de juillet 1960 par une guerre économique : Washington cesse pratiquement toutes ses importations de sucre en provenance de Cuba. En janvier 1961 c’est la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays
En avril 1961, 1500 mercenaires entraînés et armés par la CIA débarquent à Cuba dans la baie des Cochons afin d’envahir l’île et de renverser le gouvernement. En moins de 72 heures les envahisseurs sont mis en déroute et la plupart sont fait prisonniers. Cette victoire est celle du peuple cubain bien organisé dans des milices populaires, une armée et une police révolutionnaires.
En février 1962 l’administration Kennedy ordonne un embargo total sur le commerce avec Cuba, embargo toujours en vigueur aujourd’hui !
En 1962, Cuba menacé d’invasion par Washington, se tourne vers l’URSS et accepte l’installation de missiles soviétiques. Le monde se trouve alors au bord d’une déflagration nucléaire. Après quelques jours de tension, les missiles seront renvoyés en URSS contre la promesse faite par les Etats-Unis de ne plus chercher à envahir Cuba.
Entre 1959 et 1965, une campagne de sabotages et de terreur cause des centaines de morts dans la population cubaine. Environ quatre mille “bandidos” ont incendié des champs de canne à sucre, dynamité des entrepôts à la Havane, torturé et assassiné des paysans qui bénéficiaient de la réforme agraire, mené des centaines de tentatives d’assassinats contre Fidel Castro.
En 1976 la terreur atteint son point culminant : un avion de ligne cubain est abattu et 73 passagers y perdent la vie. Dans les années 90 – alors que Cuba tente de développer son secteur touristique pour contrer l’aggravation du blocus économique – ce sont cette fois des hôtels, des centres touristiques, autobus, aéroports et autres installations de vacances qui deviennent la cible d’une série d’attentats à la bombe.
La réponse cubaine
Malgré toutes ces attaques, le gouvernement castriste est toujours en place et les Cubains ne vivent pas dans la peur. Curieusement, on ne voit pas de tanks ni de véhicules militaires dans les rues, pas de soldats armés patrouillant à l’aéroport, pas de vigiles aux entrées des bâtiments publics... On aurait pu s’attendre à ce que les autorités proclament régulièrement l’état d’urgence pour des semaines ou des mois, ou qu’elles mettent régulièrement à l’arrêt les transports publics, qu’elles interdisent les compétitions sportives, ferment temporairement les écoles, suspendent en permanence les libertés... Non, les Cubains vont et viennent librement alors que la menace terroriste n’est jamais très loin même encore maintenant.
Ce n’est pas que Cuba prenne la menace terroriste à la légère ou fasse preuve de laxisme envers les actes terroristes potentiels. Bien au contraire, depuis 1959, la lutte anti-terroriste reste la priorité absolue du gouvernement cubain. Pour ce faire les autorités cubaines ont actionné quatre leviers : l’éducation, la vigilance, le renseignement et l’infiltration.
L’éducation est un secteur privilégié et même pendant la dure « période spéciale » (1) les budgets de l’éducation et de la santé n’ont pas été diminués. Chaque enfant cubain peut accéder à l’éducation qu’il souhaite, aller aussi loin qu’il veut dans ses études. L’enseignement de l’Histoire et de l’éducation civique tient une place importante, l’amour de la patrie est exalté mais ce patriotisme est humaniste et populaire. Les jeunes accomplissent deux ans de travail au service de la Nation (service social ou service militaire). On voit encore écrit sur les murs : « La PATRIE ou la MORT », slogan scandé pendant les premières années de lutte révolutionnaire.
La vigilance de tous les citoyens : Les CDR (Comité de Défense de la Révolution), organisation de masse qui regroupe plus de 7 millions de Cubains, ont été créés le 28 septembre 1960 par Fidel Castro. Ces CDR ont permis de déjouer des sabotages, des attentats à la bombe. Ils ont aussi prouvé leur efficacité dans d’autres situations graves. Ainsi cette implication citoyenne rigoureuse fait que l’on déplore très peu de victimes lors du passage des cyclones, phénomènes fréquents et dévastateurs. (2)
Cuba s’appuie sur sa population pour défendre le pays d’une éventuelle invasion militaire. Aujourd’hui, aux côtés de l’armée régulière, le système défensif peut compter sur deux millions de Cubains qui sont sur le pied de guerre dans les 48 heures. Ces volontaires reçoivent un entraînement annuel et savent où aller s’armer le cas échéant.
Enfin le renseignement et l’infiltration :c’est précisément ce que « les Cinq de Cuba » (3) ont accompli pendant les années 90. Ils ont infiltré les groupes anti-castristes les plus violents vivant en Floride afin de collecter le maximum d’informations et de pouvoir déjouer des attentats. Ils ont ainsi pu en empêcher une bonne centaine. Ce genre d’infiltration est particulièrement risqué, les terroristes n’hésitant pas à assassiner renégats ou infiltrés. De plus, s’ils sont démasqués, les infiltrés risquent de lourdes peines de prison aux Etats-Unis. C’est ainsi qu’en 2001 les Cinq agents anti-terroristes cubains furent condamnés collectivement à quatre fois la perpétuité plus 77 ans. Ils ont été libérés en 2014 dans le cadre d’un échange de prisonniers à la faveur de la reprise des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba.
Notes :
(1) La « période spéciale » (de 1991 à 2000 environ) est la période qui a suivi l’effondrement de l’Union Soviétique causant une chute de 35 % du produit intérieur brut de Cuba. Les Cubains ont beaucoup souffert : plus de pétrole, coupures d’électricité, restrictions alimentaires etc... La croissance est revenue grâce à la coopération avec le Venezuela de Chavez (échanges pétrole contre médecins et éducateurs).
(2) Le terrible cyclone (2012) qui a dévasté la deuxième ville du pays, Santiago de Cuba, a causé des millions de dollars de dégâts mais seulement 9 victimes.
(3) On désigne par « Les cinq de Cuba » Geraldo Hernández, Ramón Labaňino, Antonio Guerrero, Fernando González et René González. Ces cinq hommes avaient pour mission de tenir le gouvernement cubain informé des projets d’opérations meurtrières afin d’empêcher autant que possible qu’elles n’aboutissent. Ils ont été arrêtés en 1998 en Floride et accusés de complot et d’espionnage en vue de commettre des assassinats et de porter atteinte à la sécurité des Etats-Unis. La juge leur a infligé les peines maximales, ce qui révèle bien la hargne des Etats-Unis à l’encontre de Cuba.
Source : http://www.pathfinderpress.com/Les-Cinq-Cubains-Militant