L’homme est discret...par nature et par nécessité. Carlos Lozano reste la cible de tous ceux qui refusent en Colombie la paix et les changements. Il était l’invité du festival vendredi soir.
En Colombie, il se déplace avec une protection fournie par des autorités qui en même temps l’empêchent de réaliser son travail dans des conditions normales. Avocat, journaliste, politologue, directeur de l’hebdomadaire "VOZ", Carlos Lozano jouit dans son pays d’un prestige moral et politique, qui va bien au-delà des rangs du parti communiste, dont il est l’un des principaux dirigeants et où il milite depuis longtemps. Son autorité, son action "pour la paix avec réformes", l’a placé "au coeur des dialogues"et de la vie nationale.
Paix juste
Son exposé à Pau de la situation en Colombie et de l’état des pourparlers de paix , "historiques", entre le gouvernement Santos et la guerrilla des FARC-EP (à La Havane), a été équilibré, profond, loin des clichés généralement matraqués, des partis-pris. La guerrilla, dont il n’approuve pas toutes les méthodes, lutte militairement depuis plus de 50 ans pour une transformation nécessaire de la société... Elle a opté sans équivoque pour parvenir à "une paix juste, honorable et durable "...
Chevalier de la Légion d’honneur
"L’Humanité" rendra compte des éléments récents et inédits dont le public a eu en quelque sorte "la primeur"......Un journaliste de "L’Huma", quotidien partenaire du Festival, a "couvert" "CulturAmérica" pendant plusieurs jours, et l’a longuement interviewé. Carlos A. Lozano Guillen a été fait Chevalier de la Légion d’honneur par le gouvernement français dans le cadre de "l’affaire Ingrid Betancourt". Il est auteur de nombreux ouvrages consacrés à "la violence", au conflit qui déchire et saigne le pays depuis près de 60 ans, à la réflexion sur ses "racines structurelles", politiques, sociales..."La violence naît du problème de la terre". "Pour mettre fin au conflit, il faut mettre fin à ses causes", explique-t-il devant un amphi bien rempli et fort attentif.
Son livre le plus récent : "Oui la paix est possible", a été rapidement épuisé. "La paix ne sera pas possible sans la mobilisation , la pression populaire, et l’intervention de tous les secteurs qui veulent en finir avec "l’actuelle géométrie injuste du pouvoir, et de notre société inégalitaire. Elle ne peut rester en l’état".
Après une phase exploratoire de 18 mois, gouvernement et guerrilla des FARC-EP sont parvenus à un accord sur "un agenda de six points" fondamentaux. Le processus sera long et difficile...mais il avance. Il a des ennemis nombreux et puissants, mais l’aspiration à la paix dans le changement est largement partagée.
Jean Ortiz
source : http://www.humanite.fr/monde/colombie-la-paix-oui-mais-pas-genoux-519595