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The Jerusalem post Report

Chelmoniques (logiques de Chelm)

Gershom Gorenberg

Apparemment, une simple maman avec un enfant de 3 ans dont le mari a disparu a interêt à chercher un travail au smic - avec pour motivation le fait que si elle le trouve étant donné les conditions economiques actuelles, la garderie pour ses enfants lui coütera plus chers.

Ou peut-être devra-t-elle laisser le gosse pendant la journee à la maison devant la television. Sauf que le ministre des Finances projette d’éliminer l’exemption que les destinataires d’allocations de revenu garanti obtiennent sur la taxe sur la télévision.

A ce propos, quand vous ne payez pas la taxe, des hommes frappent à votre porte pour la confisquer. Vraisemblablement, l’enfant de 3 ans devra donc descendre dans la rue pour trainer avec quelques trafiquants de drogue et autres délinquants. Il y en aura à foison, puisque le budget proposé inclut des coupes dans celui du ministère de la justice.

Ces exemples ne sont pas hors de propos dans le nouveau budget. Ils sont représentatifs de ce qui pourrait être appelé les priorités économiques et la pensée du ministre des Finances, soutenues par le Premier Ministre Sharon. Mais il vaut la peine d’en préciser le contexte.

Il fut un temps oü Israël était un pays relativement pauvre mais travailleur avec un penchant pour le socialisme (vous rappelez-vous de ce mot ? il était populaire au 20ème siècle). L’implicite de la politique publique était que nous realisions tous cette expérience pour créer un pays commun où l’économie devait servir tous les citoyens. L’état subventionnait les garderies pour permettre aux mères de traveiller. Si vous étiez au chômage, vous pouviez vous inscrire à une formation financée par le gouvernement et si vous étiez un immigrant parvenu à un âge où vous ne pouviez pas obtenir de travail, vous receviez des allocations de revenus garantis. Durant les deux dernières décennies, cette approche a evolué. Le parti Travailliste, qui prétendait représenter le prolétariat et le Likud, qui recueillait les votes des col blancs, ont été remarquablement solidaires en ce qui concerne "la libéralisation" économique, ce qui signifie qu’à mesure que le pays est devenu plus riche, le pauvre est devenu plus pauvre.

Mais la croissance économique s’est achevée quand l’Intifada a commencé. Les rentrées d’impôts ont chuté ; les grand déficits sont réapparus. Au nom de la recherche de solutions à la crise économique, Shalom et Sharon ont décidé de de se débarrasser de tout ce qui pouvait perdurer de responsabilité sociale. Même du point de vue des standards de l’économie de marché, le nouveau budget est economiquement absurde.

Le National Insurance Institute - l’administration publique qui s’occupe des paiements des allocations de revenus garantis- dit que 108,500 des 152,000 familles obtenant l’aide perdront partie ou totalité de ces ressources. Le pire : Ceux qui travaillent en réalité dans des emplois sous-payés et qui obtiendront encore moins sous les nouvelles lois. En attendant, les programmes gouvernementaux de formation seront réduits.

Lors de la conférence de presse où il présentait le budget, le ministre des Finances a dit : "notre but est de fournir une raison d’aller travailler." Traduction : si vous êtes au chômage, c’est que vous êtes paresseux. Ce n’est pas, disons, parce que l’industrie du tourisme s’est effondrée. Shalom aimerait aussi réduire le budget de la défense. Peut-être quelqu’un lui expliquera-t-il que nous sommes dans ce désordre à cause d’un conflit armé.

Oh, oui. L’une des choses que Sharon et Shalom n’ont pas touché sont les financements publics pour les colonies. En fait, il n’y a pas une personne dans le pays qui peut dire quelle partie du budget national est dépensée en subventions pour les colonies, au-delà du "vraiment beaucoup."

L’argent ne passe pas un Bureau Colonial ou même un Ministère qui serait nommé par euphémisme Ministère de Judée et Samarie. Il est caché dans les lignes innombrables du budget. Un rapport récent réalisé par le groupe B’Tselem a décrit certaines de ces lignes.

Le Ministère de Logement subventionne des prêts aux acheteurs dans "des secteurs de priorité nationale" qui incluent la plupart des colonies. Le Ministère de l’Education Nationale donne aux enseignants qui travaillent dans les écoles des colonies des avantages incluant une augmentation de quatre ans des points d’ancienneté. Le Ministère du Travail et des affaires Sociales fait de même avec les assistants sociaux dans les territoires. Le Ministère des Finances offre aux Israéliens qui se sont déplacée d’Israël vers les territoires un répit pour l’impôt sur le revenu. Le Ministère de l’Intérieur donne plus d’argent par personne aux administrations locales des colonies qu’il n’en donne aux villes à l’intérieur d’Israël. Il ne s’agit là que de quelques éléments dans une longue liste.

Quelques subventions sont même plus dures à tracer. Les comptables doivent aller école par école pour vérifier les différences de niveau de vie à Efrat ou Elon Moreh plutôt qu’à Jérusalem. Il n’y a aucune section séparée dans le budget de Ministère de la Défense Nationale pour la surveillance des colonies, ou pour le paiement aux réservistes de leurs salaires civils tandis qu’ils font le travail. Un réserviste que j’ai interviewé récemment a dit que dans une équipe de 23 soldats gardant un avant-poste 19 étaient des colons . Il y a des cas plus extrêmes.

Ariel Sharon a dit que le destin de Netzarim, l’archétype d’une colonie petite et isolée, est "le destin de Tel-Aviv." Le budget montre ce qu’il en est réellement : le destin de Netzarim est beaucoup plus important. Le principe fondamental de politique économique, en pleine guerre pour les Territoires, est que l’économie existe pour servir les colonies. Si nous ne faisons pas souffrir de faim les simples mamans de Tel-Aviv pour surpayer les enseignants de Beit El-, alors, c’est que nous nous rendons aux terroristes.

On nous enseigne que les Juifs sont venus à cette terre de presque chaque pays de la terre, de la Russie, l’Irak, l’Amérique, la Tunisie. Ce n’est pas vrai, amis, ce n’est pas vrai. Regardez le budget. Mis à part vous et moi, ils sont venus de Chelm. Au moins nos leaders en tous cas .(Note du Traducteur : Chelm a la réputation d’être une ville dont la population n’est pas particulièrement "douée".)

L’article original est paru en anglais est paru dans The Jerusalem Post Report


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