Le 3 décembre 2017, les Boliviens ont élus pour la deuxième fois 52 magistrats par vote direct. Leur mandat est de 6 ans sans possibilité de réélection et ils sont révocables. Ils doivent n’être attachés à aucun parti politique et doivent assurer la diversité ethnique de l’Etat Bolivien. Le profil et les propositions de tous les candidats sont diffusés à temps égal dans les quatre principales langues du pays.
Récemment, la Bolivie était considérée comme un des pays les plus corrompus au monde sans que, jamais, aucun fonctionnaire ne soit condamné pour malversation ou simplement qu’une enquête soit ouverte, ce qui est le cas de nombreux députés et sénateurs. L’objectif de cette mesure est de démocratiser le système judiciaire en atténuant la lenteur de la justice et l’inégalité dans son accès.
Dans la conception démocratique actuelle, les trois organes du pouvoir, exécutif, législatif et judiciaire doivent être séparés, le pouvoir judiciaire devant être indépendant des deux autres. Mais si les deux premiers sont élus, les membres du corps judiciaire sont nommés. De ce fait, le pouvoir judiciaire est nécessairement lié aux intérêts du pouvoir en place en favorisant son impunité et, par la même, la corruption.
Le système d’élection au suffrage universel des magistrats permet à la Bolivie de sortir de l’escalade de la violence que l’on connaît au Honduras, au Guatemala, au Salvador ou au Mexique où les conflits se règlent d’ordinaire à coup de machette ou d’arme à feu, et où la plupart des crimes ne sont même pas jugés.
Cependant, les défauts traditionnels du système judiciaire, corruption, lenteur, discrimination, persistent en Bolivie puisqu’il n’y a que 52 juges élus sur 1008 et qu’il y a plus de 800 000 affaires en cours. Ce n’est, évidemment qu’un début et il sera nécessaire d’augmenter la quantité mais aussi la qualité des juges dans leur formation universitaire avec un budget le permettant.
L’enjeu est que les Boliviens passent de spectateurs ou victimes à défenseurs et acteurs de leurs droits vis à vis de la Justice. Il sera aussi nécessaire de favoriser la culture de la conciliation au détriment du procès.
Il n’en reste pas moins que la Bolivie est le seul pays où des juges ayant une portée nationale sont élus par le peuple. C’est un processus naissant qui ne manquera pas de trouver de l’opposition dans les rangs des privilégiés qui pouvaient, auparavant, se soustraire au verdict populaire.
Et si, maintenant, on vous dit qu’Evo Morales est un dictateur, comme on le dit de Maduro ou de Castro, notez bien les mesures que prennent ces dirigeants qui visent à l’émancipation des peuples et non pas à leur asservissement par la caste des privilégiés qui croient toujours pouvoir faire ce qu’ils veulent impunément.