L’attitude du Monde en 2009 par rapport a un coup d’État montre le glissement a droite de la société francaise depuis trente ans comme l’explique Pierre Rimbert dans "Libération, de Sartre à Rotschild". Il y a trente ans au Chili les journalistes du Monde seraient sans doute restés aux côté d’un peuple désarmé, auraient usé de leur plume pour défendre la vie. Aujourd’hui les Antonin Sabot, Langelier, etc.. chaussent les gants du fifty/fifty inhumain qui n’est qu’un masque idéologique à leur haine pour tout ce qui représente l’avancée sociale, donc forcément "chaviste-populiste", en Amérique Latine. Il serait intéressant d’analyser pourquoi les chefs d’État, dans leurs prises de position, sont plus engagés, courageux que ces médias. Maurice Lemoine, qui connaît l’histoire du Honduras et sait ce que signifie la longue nuit des disparus avec laquelle ce putsch renoue, pointe la même ambiguité dans le communiqué de RSF :
Objet : HONDURAS : "LA PRESSE RISQUE DES JOURS SOMBRES QUEL QUE SOIT LE DÉNOUEMENT DU COUP D’ÉTAT"
Reporters sans frontières
Communiqué de presse
1er juillet 2009
L’hostilité des putschistes et le retour annoncé du président Manuel Zelaya au Honduras font craindre à Reporters sans frontières une aggravation de la situation de la presse depuis le coup d’État du 28 juin 2009. A la censure de grande ampleur imposée par les militaires à la presse internationale et aux médias nationaux hostiles au putsch, s’est ajoutée la surenchère d’autres médias favorables à ce dernier (chef de l’Etat, au cas où cela échapperait à RSF)..
"Nous redoutons de nouveaux ’black-out’ contre une partie de la presse au seul motif qu’elle a employé le mot ’coup d’État’, comme aux premières heures du putsch. L’arrestation de Manuel Zelaya à son retour, promise par le gouvernement de facto, pourrait également piéger des médias qui espéraient couvrir le retour au pouvoir du président renversé. Enfin, il n’est plus possible d’ignorer (merci RSF, mieux vaut tard que jamais) l’attitude de certains médias hostiles à Manuel Zelaya, lesquels ont relayé la parole putschiste selon laquelle aucun coup d’État n’a eu lieu. Ce parti pris éditorial a gravement compromis la sécurité des journalistes et photographes de ces médias au cours des récentes manifestations. Il risque, a posteriori, de déclencher des chasses aux sorcières", a déclaré l’organisation (un non renouvellement de la fréquence, par exemple ?).
Déposé par l’armée et expulsé au Costa Rica le 28 juin, Manuel Zelaya a d’abord prévu son retour au pays le 2 juillet, en compagnie de certains homologues comme la présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner ou le chef de l’État équatorien Rafael Correa (et le secrétaire général de l’OEA, Miguel Insulza, ce n’est qu’un détail ; mais peut-être que sa présence réduirait le côté "gauche populiste" de la démonstration). Menacé d’arrestation à son retour par le gouvernement issu du putsch, le président élu hondurien a finalement reporté son retour quand, le 1er juillet, l’Organisation des États américains (OEA) a fixé un ultimatum de soixante-douze heures pour qu’il soit rétabli dans ses fonctions. Pour l’heure, le gouvernement de facto a reconduit le couvre-feu d’une semaine, ce qui limite de surcroît (Oh ! le de surcroît...) la couverture médiatique des événéments.
Certaines chaînes comme Canal 8 (publique), Canal 6 et Canal 11 ont repris leur programmation mais l’information relative au coup d’État reste sévèrement contrôlée, voire inexistante (voir le fil d’informations en ligne sur le site www.rsf.org). Les médias étrangers censurés - Telesur, CNN - sont seulement accessibles par Internet. Des représentants deTelesur et d’AP ont été arrêtés. Certains journalistes réputés proches du président Manuel Zelaya, comme Esdras Amado López, de Canal 36 et Eduardo Maldonado, de Maya TV, ont dû, pour l’un entrer en clandestinité, pour l’autre solliciter l’asile politique.
La répression militaire a épargné les médias favorables au gouvernement de facto comme les stations RHN, Radio Cadena Voces, Radio América, les chaînes Canal 5 et Canal 10ou encore les quotidiens La Prensa, El Heraldo et La Tribuna. Ce secteur de la presse s’est attiré les foudres d’une large partie de la population (mais encore ?).
Benoît Hervieu
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