« Tous aux abris ! ». Les partisans du libéralisme, mâtiné de social ou pas, font semblant de baisser la tête ou de retourner leur veste. L’heure est grave car « les socialistes se soucient du sort des salariés ». Le parti de la presse et de l’argent admoneste pour « se relégitimiser à peu de frais » et pour « délivrer une critique inoffensive qui ne risque pas d’attiser le mécontentement populaire. » Mais point trop n’en faut : l’ancien leader estudiantin trotskyste Michel Field est « gêné lorsqu’on lâche les chiens sur des personnalités » patronales.
Un article qui m’a beaucoup interpellé est celui consacré aux chercheurs qui « découvrent la lune ». Le Plan B rappelle que l’adoption de la loi LRU, à l’été 2007, avait déclenché un vaste mouvement de révolte des étudiants. Mais le problème est que « seule une minorité des enseignants-chercheurs statutaires s’étaient engagés activement à leurs côtés. » La casse des services publics « laissait les universitaires indifférents. A présent que leurs avantages sont en danger, ils dégainent leurs sabres en bois. »
Article passionnant sur « les miraculés du désastre irlandais ». Ceux qui, comme moi, ont connu l’Irlande d’avant le boom " haute technologie " ont toujours su que la croissance irlandaise était celle d’une colonie qui avait provisoirement réussi : la réussite fragile et provisoire d’une croissance impulsée de l’extérieur. Un peu comme celle de la Côte d’Ivoire dans les années 60 et 70. Les médias français lâchent désormais le « tigre celtique qu’ils avaient pourtant encensé pendant 15 ans. » Bien sûr, la part des salaires dans le PIB irlandais « est passé de 71,2% dans les années 80 à 54,3% en 2007. C’est la plus forte chute jamais enregistrée en Europe, où cette part est passée en moyenne de 71 à 67%. » En 2002, tout allait bien : l’Irlande avait ravi aux Bermudes « le titre de premier paradis fiscal de la planète en termes de rapatriement des profits. » Le Plan B explique, à titre d’exemple, comment les citoyens européens ont enrichi le capitalisme international en Irlande : « Les call centres y poussent comme du chiendent, grâce à un système de télécommunications rénové aux frais du contribuable irlandais et européen (30 milliards d’euros en 10 ans). Bruxelles pavoise : ses subsides ont permis aux fonds de pensions américains de rentabiliser leurs dollars. » Les Irlandais se sont également lancés dans une spéculation immobilière effrénée, absolument injustifiée dans la mesure où la densité de population est une des plus faibles d’Europe (65 habitants au km2). Il y a cinq ans, un placard à balais légèrement amélioré valait, dans le centre de Dublin, 150000 euros…
Il était temps ! Le Plan B a enfin attribué à Philippe Val sa célèbre " laisse d’or ". L’ami de Carla Bruni, peut-être futur tyran des ondes nationales, s’impatientait…
Un article décalé : " Le JT de France 2 vu de Conakry. « Il est vrai que " la crise financière mondiale ne touche pas l’Afrique ", comme l’a assuré en décembre Brice Hortefeux. La France est un pays remarquable : sa police aux frontières arrête les immigrés dans un sens et les crises financières dans l’autre. Aucune raison d’accorder aux Africains le qualificatif de " victimes de la crise " puisque, c’est bien connu, ils ne sont victimes que d’eux-mêmes. »
Petit gros plan sur Marin Karmitz (" Soirée foie gras au Figaro"). « Le producteur-réalisateur de Coup pour coup - un documentaire qui, disait-il autrefois, attaque " le patronat en légalisant d’une certaine façon les actes illégaux que sont les occupations d’usine et les séquestrations de patrons " - fait vibrer le parterre d’abonnés du Figaro : " J’ai comme président le président de la République ", dit Karmitz. Il avouera en aparté qu’il vit sa position de renégat avec beaucoup d’amusement.
On découvre enfin que France Info est une zone franche : « Chaque matin, de six heures à neuf heures, des étudiants qui se rêvaient en Albert Londres ou en Claire Chazal bourrent de dépêches le fameux France-info.com martelé à l’antenne. Leur salaire les place en concurrence directe avec les sous-traitants chinois : deux euros de l’heure, soit six euros par matinée.