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Cuba dossier 5/6 : Le Reich en Haïti

Voici rassemblées six contributions pour tenter de comprendre les enjeux de la situation cubaine, à un moment, ou Cuba " axe du mal" est clairement désigné par les USA comme cible possible, aprés l’ Irak.

 Cuba : une résistance socialiste en Amérique latine:Remy Herrera

 Un autre regard sur les « dissidents » à Cuba : Rémy Herrera

 De Guantanamo à La Havane et retour : John Brown

 Pourquoi les arrestations à Cuba ? : Wayne S. Smith

 Le Reich en Haïti : Dominique Balaou

 Cuba fait mal : Eduardo Galeano


The New West Indian N° 25 Avril-Mai 2003

 5/6 - Le Reich en Haïti

Par Dominique Balaou

Dans son éditorial en date du 5 Avril, intitulé "Castro et l’Irak", le
quotidien "Le Monde" accuse le gouvernement cubain d’avoir profité du
déclenchement de la guerre en Irak pour tenter d’éliminer ses opposants en
comptant " sur le silence d’une presse internationale occupée du côté du
Tigre et de l’Euphrate " et sur " la passivité de gouvernements occidentaux
attachés à soigner les déchirements provoqués dans leurs rangs par
l’opération militaire américano-britannique." Rien d’étonnant dans cette
tentative laborieuse de la bande à Minc de mettre Saddam Hussein et Fidel
Castro dans un même panier de crabes baptisé "dictatures" : cet édito - comme
toujours signé non signé - du Monde est un petit chef-d’oeuvre de
non-information.

Nul besoin de rappeler, que même sans compter les prisonniers de la
base de Guantanamo, les USA détiennent aujourd’hui le record mondial des
arrestations arbitraires dans le "monde libre" avec plus de 600 "US
citizens" et plusieurs milliers de non-nationaux détenus sans jugement, sans
défense et sans qu’il soit possible de connaître ni les vraies raisons de
leur arrestation, ni le lieu et la durée de leur détention. Nous ne vous
parlerons même pas de l’application de la peine de mort : Bush l’emporte
largement sur Castro.

Mais il y aurait pour "Le Monde", deux poids deux mesures : d’un côté
un "Patriot Act" qui permettrait aux USA d’emprisonner toute personne
susceptible de mettre en danger la sécurité nationale et d’autre part des
lois scélérates cubaines qui ne seraient selon le rapporteur spécial de
l’Organisation des Etats d’Amérique ( OAS ) que la preuve du non respect des
droits de l’homme à Cuba.

Pourquoi omettre de signaler que la vague d’arrestations de certains
opposants a fait suite à une provocation délibérée du représentant du
Secrétariat d’Etat US à la Havane ? Qu’espérait donc obtenir James Cason en
profitant d’une réunion organisée par Marta Beatriz Roque pour critiquer
ouvertement le régime cubain devant la presse internationale ? Sinon réduire
à néant les progrès réalisés par l’opposition cubaine. Pas question pour
Washington de laisser les cubains se libérer eux-mêmes de la dictature
castriste. Pas question de laisser émerger à la Havane une démocratie qui ne
serait pas entièrement soumise aux intérêts US.

D’autre part "Le Monde" ne fait aucunement mention de la tournée dans
la Caraïbe du sinistre envoyé de la Maison Blanche, le très célèbre
américano-cubain Otto Reich, qui, tout juste nommé par Bush à la tête de
l’OAS, vient de délivrer aux chefs d’Etat du CARICOM - par médias
interposés, sans même avoir la courtoisie de les en informer
personnellement - un clair avertissement lors de son passage à la Barbade
sur les risques de sanctions que les pays de la Caraïbe encourraient s’ils
persistaient à ne pas se ranger à l’ONU du côté des Etats-Unis d’Amérique.
Pourquoi ces menaces ?

Faut-il rappeler à Colombani, que, réunis à la Havane en Décembre
2002, les quinze pays membres du CARICOM ont appelé à l’unanimité à la levée
des sanctions économiques contre Cuba ? Faut-il rappeler que les membres du
CARICOM réclament l’intégration de CUBA au marché commun de la Caraïbe comme
ils ont fini par obtenir celle d’Haïti malgré l’opposition de Washington ?
Owen Arthur, Premier Ministre de la Barbade, a exprimé le sentiment de la
communauté caribéenne face aux menaces de la diplomatie US : " In accordance
with what this country’s independence stands for, the Barbadian government
will fearlessly and freely state its opinion on international matters. "

Lors de la première guerre mondiale, alors que les médias laissaient
croire que les "volontaires US" de la conscription se faisaient tuer dans
les tranchées de Verdun pour libérer l’Alsace et la Lorraine de la tyrannie
du Keiser, les Marines "professionnels" de Rockfeller débarquaient en Haiti
et à St-Domingue pour massacrer les populations locales et mettre la main
sur les richesses de ces, comme les appelaient Roosevelt, "little repubiks".

Il est vital de comprendre ce qui se prépare aujourd’hui dans la
Caraïbe, en Amérique Latine, en Afrique ou en Asie pendant que l’Irak
monopolise l’attention de tous les médias.

Arrestations, exécutions et condamnations à la Havane ne sauveront
certes pas le régime de Fidel qui est - par la force de l’Histoire et très
ironiquement au pur sens marxiste du terme - condamné. Mais si le changement
 est en marche à Cuba, ce sont les Cubains eux-mêmes - et non les USA - qui
l’auront, contrairement aux Irakiens, initié par leur opposition au régime
castriste et de l’intérieur même de leur pays.

Quand Castro - tout dictateur qu’il soit - réprime aussi
spectaculairement l’opposition aux yeux du monde entier, tous les
observateurs savent que c’est toujours le signe que les Yankees sont en
train de préparer un de leurs sales coups [ Chili, Argentine, Panama,
Grenade, Guatemala, Nicaragua, Colombie, Haïti, Honduras, Venezuela ] dans
la zone en profitant du fait que l’attention de l’opinion internationale se
porte d’un autre côté. Pourquoi dénoncer Cuba et Haïti et "oublier" de
dénoncer les exécutions extrajudiciaires, la torture et le harcèlement des
défenseurs des droits de l’homme en République Dominicaine ? "Assez
d’hypocrisie", comme l’a déclaré à Genève l’ambassadeur de Cuba, Iván Mora
Godoy, devant les 53 membres de la commission des droits de l’homme de l’ONU
lors de l’examen de la résolution proposée par les USA condamnant les
arrestations de dissidents cubains.

Premier objectif dans le collimateur de Washington dans la Caraïbe,
Haïti, à quelques kilomètres à peine des côtes de Cuba. Au programme, avec
la complicité de la France qui vient encore clairement d’exprimer son mépris
pour tout ce qui concerne son ex-colonie, le renversement d’Aristide et
l’annexion militaire de la zone frontalière par des anciens des Fad’H
soutenus et financés par les USA.

Haïti où l’on retrouve au cours de sa tournée, Otto Reich, la semaine
même où les Etats-Unis lancent leurs premières bombes sur l’Irak, en visite
officielle, venu apporter les bons services de l’OAS pour un rapprochement
entre la Convergence et le mouvement Lavalas.

Etrange coïncidence, comme le rapporte Kevin Pina dans un article
publié par The Black Commentator - Is the US funding Haitian "Contras" ? -,
la police haïtienne signale les incursions régulières depuis la République
Dominicaine de bandes armées, portant l’uniforme des FAd’H - Forces Armées
d’Haïti dissoutes par les Américains au retour d’Aristide en 1994.

Pina cite également un article du Miami Herald en date du 17 Mars 2003
qui relate la présence de ces troupes à la frontière dès Décembre 2002, date
à laquelle devaient être livrés - cf : "L’armée dominicaine verrouille la
frontière haïtienne" The New West Indian n°21 - 20 000 fusils d’assaut M16
pour "sécuriser" la frontière. Pina revient en détail sur la personnalité de
Reich - dont le passé est si chargé que même le Congrès US a refusé
d’entériner sa nomination par Bush au rang d’ambassadeur pour l’Amérique
Latine et la Caraïbe - et les raisons qui laissent craindre un coup de force
à la frontière et une prochaine guerre civile en Haïti.

Comme Ahmad Chalabi en Irak, le pantin choisi par Washington pour
l’après Aristide est déjà prêt à jouer son rôle. Il s’appelle Georges Sami
Saati et c’est le poulain de Jeb Bush. Moins visible qu’Himmler Rebu, qui se
chargera très certainement de l’aspect le plus sanglant de l’opération,
Saati assurera très certainement le rôle de l’homme providentiel, l’ami des
américains et du progrès, capable d’apporter la stabilité et la prospérité
de la libre entreprise au pays après les années de chaos et de misère
qu’Haïti aura connues sous la dictature populiste du mouvement Lavalas et la
folie d’indépendance de son Président, le catholique défroqué et vaudouisant
Aristide.

 Nombreux liens en ligne

Source : http://www.awigp.com/default.asp?numcat=Edito_suite22 Nombreux liens en ligne


Et à propos de Mr Otto Reich, cette petite préçision du journal Le Monde :

Otto Reich, "envoyé spécial" de M. Bush

Le Monde 17 Janvier 2003

Source :http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3210—305642-,00.html( plus disponible en ligne)

Otto Reich, qui représentait l’administration Bush à la cérémonie
d’investiture du nouveau président équatorien, Lucio Gutierrez, mercredi 15
janvier, a été contraint de changer de fonctions après les élections
américaines de novembre 2002. Désigné par George Bush, le 11 janvier 2002,
entre deux sessions du Congrès, comme adjoint au secrétaire d’Etat, chargé
des affaires américaines, M. Reich devait se soumettre, un an plus tard, à 
une procédure de confirmation par le Sénat. Or, le républicain Richard
Lugar, nouveau président de la commission des affaires étrangères, s’est
révélé aussi hostile que son prédécesseur démocrate à M. Reich, considéré
comme favorable aux méthodes autoritaires en Amérique latine. Faute de
pouvoir obtenir la confirmation du nouveau Sénat à majorité républicaine, M.
Bush l’a nommé, le 9 janvier, envoyé spécial pour l’Amérique latine. Il a
désigné à sa place, au département d’Etat, Roger Noriega, actuel ambassadeur
des Etats-Unis à l’OEA. - (Corresp )


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