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La fête de l’Huma, et après ?

Bien sûr que cette 73e édition de la fête de l’Huma est un succès. Le monde était là , réveillé, rajeuni et motivé. Et l’ambiance répondant sans faille à ce que l’on attendait de ce rassemblement populaire et militant, c’est-à -dire festive, pluraliste et riche en débats. Le parc de La Courneuve peut, par conséquent, se targuer d’accueillir une manifestation politique dynamique réussie. Mais à l’heure où le contexte politique, économique et social français se trouve en très grande difficulté, n’est-il pas logique d’espérer un tel réveil des troupes de la gauche - conséquence légitime ? Alors, avant de s’enorgueillir de cette belle performance de masse, qu’en est-il du fond sinon de la forme irréprochable ? Et peut-on en attendre la véritable secousse qu’elle mérite par la suite ?

Matière grise

Evidemment, la pertinence et la gravité des différents thèmes développés dans les forums et débats proposés durant ces 3 jours ont bien montré la grande sensibilisation à la situation internationale et française, actuellement désastreuse. Indubitablement, les échanges et les propos évoqués ont bien montré l’urgence à faire changer le cours des choses. Immanquablement, les solutions et préconisations qui en ont découlé ont bien montré que la gauche de la fête de l’Huma sait détourer intelligemment les problématiques et y répondre.

Ainsi, des sujets essentiels ont été balayés tels que le système de santé, l’avenir et le pluralisme des médias, le syndicalisme, les retraites, le développement durable et le progrès social, l’énergie, l’agriculture et l’alimentation, le capitalisme, la résistance et l’alternative politique…

Toute cette brillante série d’analyses et de réponses est à la hauteur d’un désir honorable de réflexion humaine et sociale dont se revendique la gauche, et ce dans l’objectif d’aboutir au changement pour le bien-être de tout un chacun. On ne peut, certes pas, oublier que cette même gauche se trouve muselée par le gouvernement actuel, ce qui lui laisse peu de moyens pour mettre en oeuvre tous ses remèdes. Mais la question majeure reste pour autant « De quelle gauche parle-t-on ? »

C’est donc - entre les allées Marcel Cachin, Salvador Allende, Rosa Luxembourg ou Jean Jaures, et pour répondre à cette question - que se sont rencontrés les Verts, le PS et le PC. Cette 73e édition de la fête de l’Huma, sera-t-elle donc l’édition de tous les enjeux ?
Pour Cécile Duflot des Verts : « C’est pas une formule de dire qu’il faut qu’on travaille sur le fond. Je trouve ça très intéressant qu’aujourd’hui, avec le PS et le PC, on puisse savoir à quel avenir on veut travailler ». François Hollande au PS pense qu’il est l’heure de « préparer les rassemblements de demain, en tirant les leçons de l’histoire de la gauche, de ce qu’elle a produit et quelquefois, de ce qu’elle n’a pas pu faire accoucher, c’est-à -dire un changement durable ». Marie-Georges Buffet du PC affirme qu’il faut « changer les choses jusqu’au bout, c’est-à -dire chasser la droite du pouvoir ». La gauche doit travailler et apporter des réponses. « C’est ce que nous voulons faire tous ensemble ».

Pas de grande nouveauté dans le discours, mais en revanche, une grande ambition au lendemain de l’échec cuisant de la période présidentielle de 2007, où les troupes de la gauche antilibérale - dont le PS n’était pas -, rassemblées dans la perspective d’une candidature unitaire, se sont éparpillées, pour ne pas dire dégonflées, au moment de rentrer en campagne. A cette époque, le PC, initiateur de cette débandade, avait préféré rentrer au bercail et finalement défendre seul ses couleurs afin d’avoir le privilège d’être candidat désigné par lui-même.

Alors à quoi ressemble aujourd’hui ce simulacre d’unité entre partis, si loin les uns des autres, sinon d’un cartel d’organisations politiques opportunistes perdues, sans aucune crédibilité ?

Vision des choses

Si l’on veut parler de rassembler les solidarités, de peuple soudé ou d’organiser une résistance à la droite, il faudrait plutôt aujourd’hui porter regard attentif sur le continent latino-américain, capable de nous donner des leçons sur ces sujets. Au village du monde de la fête de l’Huma, sous les tentes latinos, les spécimens exceptionnels de la révolution bolivarienne étaient là pour montrer comment convaincre, fédérer et agir. Avec une intelligence étonnante, ces frères de couleur prouvent à la gauche française branlante qu’un autre monde est possible grâce à une solidarité et une organisation édifiantes. Les exemples et les méthodes pour « travailler ensemble » et élaborer un modèle socialiste du XXIe siècle sont largement donnés. Leur carrefour des luttes fonctionne par la confiance et la représentativité. Au Venezuela, leur représentant - Chavez -, certes Président, n’a jamais trahi ses promesses électorales. Et ce fait capital explique que cela marche.

Alors, si la gauche française veut reprendre de la dimension, il n’y a plus d’alternative, elle a le bon exemple sous les yeux. Si la gauche française doit redéfinir son orientation, qu’elle ne cherche pas ailleurs qu’à « gauche toute ». Et surtout, qu’elle ignore un PS qui ose venir traîner ses Westons dans la poussière de La Courneuve.

Lorsque le problème de la fermeté et de la transparence à gauche sera réglé dans notre pays, il sera possible de dire à quoi sert la gauche, et ce qu’on peut en espérer.

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Quand je suis arrivé au pouvoir, les multinationales recevaient 82% des revenus de nos matières premières et nous 18%. Aujourd’hui c’est l’inverse ! J’ai fait ce qu’il y avait à faire pour mon peuple. J’attends maintenant qu’on m’assassine comme ils ont fait avec Chavez.

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