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Irak, 5 années de guerre

La guerre devient globale.

illustration : Diane Ferchel

La « guerre globale » a été menée pour décider de qui allait devoir prendre la fonction de leadership dans le système mondial, qui allait imposer les règles de la compétition entre les grandes puissances, qui allait avoir le pouvoir de modeler les processus d’allocation des ressources et faire prévaloir sa propre vison du monde.

La guerre d’agression déclenchée le 20 mars 2003 contre l’Irak par les armées étasuniennes et britanniques a marqué le point culminant d’une dérive belliciste qui a débuté dans l’ultime décennie du siècle dernier, après la fin de la guerre froide. Il s’agit d’un phénomène qui a investi le monde entier et qui est bien loin d’être épuisé, comme l’a prouvé la guerre contre le Liban de l’été dernier et comme le prouvent les préparatifs de guerre contre l’Iran. Et le phénomène de la guerre de même que les appareils rhétoriques de sa justification ont rapidement changé. Ce changement ne peut être interprété aisément que dans le cadre des processus de transformation économico-financière, informatique et politique qu’on trouve sous le nom de « globalisation ». En d"autres termes, s’est développé pendant ces années un processus de transition à la « guerre globale », avec, comme point central, l’adoption de la part des puissances occidentales de la notion de « guerre préventive », conçue et pratiquée par les Etats-Unis contre les dits « états voyous » et les organisations du global terrorism. Cette transition n’a pas concerné que la morphologie de la « nouvelle guerre », à savoir sa dimension stratégique et sa potentialité destructive. On y trouve très étroitement connectée une véritable éversion du droit international, due à l’incompatibilité radicale de cette « guerre préventive » avec la Charte des Nations Unies et le droit international général. A quoi s’ajoute une régression à des rhétoriques antiques de justification de la guerre, y incluse la doctrine « impériale » de la « guerre juste » et de son noyau d’ascendance biblique : la « guerre sainte » contre les barbares et les infidèles.

Ces rhétoriques sont devenues aujourd’hui, dans un contexte de globalisation des moyens de communication de masse, un instrument belliqueux d’exceptionnelle importance. La guerre d’agression contre l’Irak a été une guerre « globale » parce qu’elle a été menée à l’enseigne d’une stratégie impériale que son principal protagoniste - les Etats-Unis d’Amérique- a orienté vers des objectifs universels comme la sécurité globale (global security) et l’ordre mondial (new world order). Sa finalité n’a jamais été la conquête d’espaces territoriaux selon le modèle des guerres coloniales. La « guerre globale » a été menée pour décider de qui allait devoir prendre la fonction de leadership dans le système mondial, qui allait imposer les règles de la compétition entre les grandes puissances, qui allait avoir le pouvoir de modeler les processus d’allocation des ressources et faire prévaloir sa propre vison du monde. Voilà ce qu’a été l’enjeu d’une guerre qui, par de nombreux aspects, n’est pas encore finie. La guerre continue à la fois dans ses effets destructeurs et sanguinaires, et dans l’instigation de sa réplique tout aussi destructrice et sanguinaire du terrorisme. La finalité impériale de la guerre en Irak est confirmée par d’importants documents de la Maison Blanche et du Département d’Etat, depuis le Defense Planning Guidance de 1992 jusqu’à la National Security Strategy de 2002. L’intérêt qu’on y déclare vouloir poursuivre par la force des armes est la stabilité de l’ordre mondial dans un cadre d’interdépendance accrue des facteurs internationaux et de vulnérabilité élevée des pays industriels. Le risque concerne surtout l’accès libre et régulier aux sources d’énergie. Et cette stabilité globale doit être garantie -c’est le point central- sans toucher aux mécanismes de distribution mondiale de la richesse qui creusent un sillon de plus en plus profond entre les pays riches et les pays pauvres.

Pour réaliser cet objectif, la guerre globale est une prothèse nécessaire. Et les Etats-Unis, en tant que global power, sont le seul pays en mesure de « projeter de la puissance » à échelle planétaire. Ils ont des intérêts, des responsabilités et des devoirs globaux, et doivent pour cela étendre leur propre influence dans le monde, en renforçant l’America’s global leadership role. Universalisme impérial, doctrine de la « guerre juste » et mystique biblique de la "guerre sainte" s’unissent en une conception discriminative de l’espace global. Qui repousse l’hégémonie des valeurs occidentales appartient à la bande des nouveaux barbares et des nouveaux infidèles. : c’est un ennemi de l"humanité. Dans ce contexte, on peut dire que la guerre déchaînée il y a cinq ans contre l’Irak, avec les falsifications retentissantes qui l’ont motivée, l’usage de moyens de destructions de masse, l’imposante campagne idéologique, les massacres de civils, la déprédation des ressources énergétiques, et, non des moindres, l’atroce pendaison de l’ex-dictateur Saddam Hussein, est l’exemple de la nature terroriste de la « guerre globale préventive » déchaînée par les puissances anglo-saxonnes contre le global terrorism.

Danilo Zolo est enseignant de philosophie du droit à Florence, auteur de nombreux essais et coordinateur du site Jura Gentium
http://www.juragentium.unifi.it/en/bionotes.htm#zolo

Edition de mercredi19 mars 2008 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/19-Marzo-2008/art7.html

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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La contribution la plus importante d’Obama a été d’embellir, de vendre à l’opinion publique et de prolonger les guerres, et non de les terminer. Ils l’ont bien vu pour ce que sont réellement les présidents américains : des instruments permettant de créer une marque et une image du rôle des États-Unis dans le monde qui puissent être efficacement colportées à la fois auprès de la population américaine et sur la scène internationale, et plus précisément de prétendre que les guerres barbares sans fin des États-Unis sont en réalité des projets humanitaires conçus avec bienveillance pour aider les gens - le prétexte utilisé pour justifier chaque guerre par chaque pays de l’histoire.

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