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Big Brother Awards France : Palmarès de l’édition 2002

Paris, 22 janvier 2003.

La troisième édition française des Big Brother
Awards s’est cloturée le 20 janvier 2003 par la remise des prix
sanctionnant les champions de la surveillance de l’année écoulée.

Pour établir le palmarès, Privacy International a réuni un jury de dix
personnes, présidé cette année par le sociologue Loic Wacquant (Collège de
France et Université de Berkeley). Comme toujours, le jury s’est prononcé
pour "honorer" 5 projets, institutions ou entreprises ayant porté atteinte
à la vie privée
ou négligé de la protéger, ou pour avoir fait la promotion
de la surveillance individuelle ou collective. Le jury a tenu cette année à 
étoffer la sélection des candidats aux prix "Voltaire" qui souligent
l’action de résistance d’individus ou de collectifs
.

Ce palmarès 2002 retiendra notamment la décision inédite du jury, qui a été
de classer Nicolas Sarkozy hors-compétition pour "dopage et
exhibitionnisme" (plus de détails plus loin), ont tenu à souligner les
jurés lors de la remise des prix de lundi soir. Le ministre de l’intérieur
était nominé dans la catégorie "Ensemble de son oeuvre", et son "exclusion"
a permis de donner la palme à Alain Bauer, conseiller en sécurité locale
très influent et théoricien de la "tolérance zéro".

Les gagnants et leur dossiers

L’ensemble des nominés et candidats


ORWELL de la SURVEILLANCE - PALMARES 2002

Catégorie 1 - Etat, Administration, Elus et Personnalités

Primés : Jack Lang et Xavier Darcos, ex-ministre de l’Education, actuel
ministre délégué, le premier pour la mise en oeuvre du logiciel Signa et le
second pour l’usage opportuniste de ses statistiques au service d’une
politique sécuritaire en milieu scolaire. Premier point d’apprentissage à 
la soumission orwellienne, l’école mise sous surveillance engendre des
questions sociales trop fortes pour être laissées à la merci d’une politique
de contrôle qui tente de passer scientifiquement au travers du logiciel
Signa, censé traquer la violence scolaire. Le jury a voulu stigmatiser les
risques d’un recours à un outil statistique pour orienter les comportements
pédagogiques, politiques ou sociaux. Même si le fichier Signa est
non-nominatif, ces "compteurs à incivilités" érigent le principe de
surveillance et de contrôle avant les obligations d’éducation. Enfin,
automatiser la surveillance des méfaits à l’école au moment où le
gouvernement suprime des postes d’aide-éducateurs donnent à ce prix
"Orwell" un arrière-goût particulier.

Les membres du jury ont aussi été sensibles au dossier du Procureur
Dintilhac et du juge Bruguières, le principe visé - écoutes téléphonique
sur des avocats et des journalistes - dérogeant aux usages dans la
magistrature, c’est à dire d’exclure du champ des écoutes les professions
garantes de la liberté d’expression et du droit de la défense.

Catégorie 2 - Entreprises, organisations professionnelles

Primés : France Express Recouvrement et son client Carrefour L’emportant
d’une courte tête sur son challenger, ce dossier dénonce les pratiques
inacceptables de cette société qui, pour le compte du groupe Carrefour, se
permet de menacer les personnes de délation aux services sociaux, banque de
France et au ministère de l’intérieur s’ils sont étrangers. Que Carrefour
sous-traite ces opérations à une telle société n’est pas une circonstance
atténuante, le jury a donc tenu à mentionner cette complicité surtout que
Carrefour utilise les services de cette société lyonnaise depuis 1999.

Menstion spéciale : Thales Identification Filiale de l’ex-groupe
d’électronique et de défense THOMSON-CSF, Thales Identification a été
distingué comme cas exemplaire des multinationales qui écoulent leurs
technologies de contrôle des invididus dans des pays totalitaires. Les
cartes d’identité intelligentes de Thales possèdent un potentiel
d’intrusion bien plus énorme entre les mains du gouvernement de Chine
populaire, or cette dimention n’est pas du tout pris en compte dans la
politique de communication de Thales.

Catégorie 3 - Localités, politiques urbaines

Primé : Gérard Collomb et la ville de Lyon. Sans hésitation (unanimité au
premier tour)), le jury a distingué un multirécidiviste, le maire de
Lyon, candidat en 2000 sous les traits de Raymond Barre (UDF), en 2001 sous
ceux de Gérard Collomb (PS). Le pragmatisme pro-sécuritaire du maire actuel
a joué en sa (dé)faveur, sa politique de contrôle des foules et des
rassemblements (plus de 100 caméras bientôt), le fichage automatique dans
les transports (Tecely) et ses actions contre les prostituées a fait le
reste.

2. Orléans d’une courte tête sur Chalon : opérations de couvre-feu pour les
jeunes, immersion du pouvoir du maire dans le contrôle social, chantages
aux allocations familiales comme solution antidélinquance, avec en prime un
adjoint au maire (Florent Montillot) élevé aux théories d’Alain Bauer (lire
plus loin).

3. Chalon : la ville de l’actuel garde des Sceaux Dominique Perben s’est
fait remarquer par sa politique de traçage des familles "à problèmes",
cernés par les données croisées des services de l’Etat, et flanqués d’un
"tuteur" assermenté (dispositions proposés dans son contrat local de
sécurité).

Enfin, parmi la dizaine de candidats proposés dans cette catégorie, ont été
remarqués le fichage discriminatoire de la mairie d’Albertville et M.
Ceccaldi-Reynaud, maire indéboulonable de Puteaux (92), non pour son projet
pharaonique d’installer 350 caméras de surveillance en 2004, mais plus pour
ses "états d’âmes" : "J’exclus de ma consultation (ces) rousseauistes qui
s’opposent à la sécurité (sic), ceux qui estiment qu’il ne faut pas de
caméras parce que c’est une atteinte à la vie privée. Je ne perds pas mon
temps à les convaincre."

Catégorie 4 - Technologies, produits et systèmes

Primé : Géoprévention - société Data-Image (91) ; complicité de la ville de
Roubaix. Ce logiciel "cartographie la délinquance" est présenté comme une
fin en soi, un baromètre de politique urbaine arbitraire et intrusif pour
tous les habitants d’un quartier "ciblé". Le croisement des informations
reconstitue un fichier central pourtant hautement sensible selon les
critères de la loi informaitque et libertés : le logiciel confronte les
données enregistrées par "les services de police, les bailleurs sociaux,
l’Education nationale, la société des transports urbains, la SNCF et
d’autres partenaires."

A Roubaix (Nord) cet instrument est entre les mains d’hommes politiques
persuadés qu’il existe un lien entre le niveau d’incivilité et le niveau de
délinquance. ("On pourrait travailler en trois dimensions sur les immeubles
de grande hauteur, on pourrait aussi faire des photos satellite." Jean-Luc
Besson, directeur de la prévention et des relations avec la police).

Ensuite à égalité les candidats Palladium et Securbus : - Palladium /
Microsoft pour ses risques énormes portés au droit de l’utilisateur d’un
ordinateur, sur les écrits, logiciels, sons images ou films échangés pour
sa libre expression ; et a égalité des choix au deuxième tour de scrutin. -
Securbus pour sa panoplie inquiétante de video-surveillance des transports
en temps réel.

Les deux cartes électroniques Navigo (Paris) et Tecely (Lyon) ont retenu
l’attention du jury (Navigo a eu le prix en 2001), en sachant qu’à Lyon
cela a été l’un des éléments pour primer la ville.

Prix spécial du Jury pour l’Ensemble de son oeuvre

La décision d’exclure Nicolas Sarkozy a été prise à l’unanimité, pour
"dopage" idéologique et politique. Surfant sur la vague sécuritaire, le
ministre de la sécurité intérieure (d’ailleurs surnommé "Speedy" dans les
milieux officiels) cultive cette image d’autorité et fait preuve d’un
exhibitionnisme a toute épreuve pour prendre l’habit de Big Brother, dans
ses projets, déclarations ou sorties médiatiques. Il se délecterait d’un
tel prix et il a donc été classé "hors-catégorie". Un peu de persévérance
lui donne sa chance pour les prochaines éditions.

Le jury a préféré distinguer Alain Bauer, pape français de la tolérance
zéro, théoricien de l’insécurité démasqué en 2002 par plusieurs
sociologues. Il s’autodéclare universitaire pour prodiguer des solutions
qu’il facture aux villes, communautés urbaines et conseils généraux (dont
plusieurs nominés cette année, comme Roubaix, Puteaux et Colombes, etc.).
Ses "conseils en sûreté" participent à la lente pénalisation du traitement
de la délinquance et au recours démesuré à la vidéosurveillance.


LES VOLTAIRE DE LA VIGILANCE

Ensemble des candidats

Sont primés dans les quatre domaines d’intervention retenus :

Vie privée, correspondances et données personnelles

Service No-log du
fournisseur internet Globenet, service de protection des données
personnelles au service de l’abonné, lancé l’an dernier en réaction au vote
du principe de la rétention des données obligatoire (LSQ).

Liberté de circulation, de rassemblement (ex aequo)

Réseau pour
l’abolition des transports payants (RATP, Paris), pour ses actions
d’information sur les transports et leur gratuité et sur la liberté de
circulation des plus démunis.

GISTI, Groupe de soutien et d’information
des immigrés, pour son combat persistant en faveur des droits des
étrangers, demandeurs d’asile ou sans papiers, en particulier pour leur
liberté de circulation, et notamment cette année pour son action lors de la
fermeture du centre de "rétention" de Sangatte.
http://www.gisti.org

Moyens de surveillance et contrôle sécuritaire

Collectif CLARIS, un
groupe d’éducateurs, de psychologues et de sociologues créé en 2002, pour
son travail de ré-information et de mise en évidence des
manipulations du discours sur "l’insécurité".
http://laurent.mucchielli.free.fr/Claris.htm

Liberté d’expression et d’information

Bureaux d’étude, collectif de
Strasbourg (lié à l’université Tangente), pour son travail de décryptage
géocentrique des leviers de pouvoirs politico-économiques, présentés sous
forme de posters graphiques.
Documents téléchargeables ici

Primé pour l’Ensemble de son oeuvre

Act Up Paris , pour leur travail
constant de ré-information et de défense des droits et des libertés des
plus démunis, notamment sur les traitements des données médicales. Nominé
notament pour son travail attentif de suivi lors de la constitution du
fichier des maladies infectieuses à déclaration obligatoire, mis en place
depuis quelques mois, et pour lequel Act Up et d’autres associations ont
obtenu des garanties sur l’intégrité des données, le double anonymat et une
information entière et directe des patients. http://www.actupp.org


RAPPELS

Liste des membres du jury de l’édition 2002 :

- Renaud Auguste-Dormeuil, artiste vidéaste
- Sebastien Canevet, juriste,
président de la FIL
- Gilles Guglielmi, professeur droit public, Nanterre
- Jean-Pierre Dubois, secrétaire général adjoint de la FIDH
- Valérie
Marange, philosophe Paris 8, revue Chimères
- Anne-Lise Martenot,
réalisatrice, SVEF
- Jerome Martin, vice-président Act-Up Paris
- Laurence
Roques, avocate au barreau de Créteil, membre du SAF
- Nathalie Vallet,
travailleur social et membre de l’ODU

Et président d’honneur :

- Loic
Wacquant, sociologue, université de Californie (Berkeley)

L’équipe des BBA France vous donne rendez-vous l’an prochain.
http://www.bigbrotherawards.eu.org

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