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Et en plus, il cause !

Renaud Dutreil est le ministre de la fonction publique et de la réforme de l’état.

Quand il se retrouve entre copains neo-libéraux, monsieur le ministre se lâche : il casse ouvertement du fonctionnaire tout en faisant de l’humour. A côté de lui, Claude Allègre (ex ministre PS de l’Education qui voulait "dégraisser le mamouth") nous semblerait presque modéré.

Voici les propos que R. Dutreil a tenus le 20 octobre 2004 au cours d’un "petit déjeuner" organisé par l’ultralibérale "Fondation Concorde" et qui nous sont rapportés par Charlie Hebdo (n° 645 du 27/10).
Edifiant !

Photo : site du Premier ministre.
Photo : site du Premier ministre.

"Les retraités de la fonction publique ne rendent plus de services à la nation. Ces gens-là sont inutiles, mais continuent de peser très lourdement. La pension d’un retraité, c’est presque 75% du coût d’un fonctionnaire présent. Il faudra résoudre ce problème."

"A l’heure actuelle, nous sommes un peu méchants avec les fonctionnaires. Leur pouvoir d’achat a perdu 4,5% depuis 2000."

"Comme tous les hommes politiques de droite, j’étais impressionné par l’adversaire. Mais je pense que nous surestimions considérablement cette force de résistance. Ce qui compte en France, c’est la psychologie, débloquer tous ces verrous psychologiques."

"Le grand problème de l’État, c’est la rigidité de sa main-d’oeuvre. Pour faire passer un fonctionnaire du premier au deuxième étage de la place Beauvau, il faut un an. Non pas à cause de l’escalier [rires dans la salle], mais des corps. Il y a 1400 corps. 900 corps vivants, 500 corps morts [rires], comme par exemple l’administration des télécoms. Je vais les remplacer par cinq filières professionnelle qui permettront la mobilité des ressources humaines : éducation, administration générale, économie et finances, sécurité, sanitaire et sociale. Si on ne fait pas ça, la réforme de l’État est impossible. Parce que les corps abritent des emplois inutiles."

"C’est sur l’Éducation nationale que doit peser l’effort principal de réduction des effectifs de la fonction publique. Sur le 1,2 million de fonctionnaires de l’Éducation nationale, 800 000 sont des enseignants. Licencier dans les back office de l’Éducation nationale, c’est facile, on sait comment faire, avec Éric Woerth [secrétaire d’État à la Réforme de l’État] : on prend un cabinet de conseil et on change les process de travail, on supprime quelques missions. Mais pour les enseignants, c’est plus délicat. Il faudra faire un grand audit."

"Le problème que nous avons en France, c’est que les gens sont contents des services publics. L’hôpital fonctionne bien, l’école fonctionne bien, la police fonctionne bien. Alors il faut tenir un discours, expliquer que nous sommes à deux doigts d’une crise majeure - c’est ce que fait très bien Michel Camdessus -, mais sans paniquer les gens, car à ce moment-là , ils se recroquevillent comme des tortues."

Mais ce n’est pas tout. Voilà que ce monsieur a le culot de déclarer le 16 novembre 2004 dans une intervention devant l’Assemblée nationale :

"depuis 1994, les salaires des fonctionnaires ont augmenté, en moyenne, de 4 % par an, sous l’effet conjugué des mesures personnelles, catégorielles et générales, et ce taux est supérieur à l’inflation".

Il se dit toutefois disposé

"à examiner la situation des fonctionnaires les plus mal lotis, en particulier ceux qui sont arrivés au terme de leur carrière indiciaire et ceux qui perçoivent de bas salaires".

Aussi, dans un courrier adressé aux fédérations de fonctionnaires, le ministre annonce qu’il présentera un projet de mesures salariales "concrètes" le 8 décembre 2004 et leur rappelle "l’attachement profond du Gouvernement au dialogue social". Au cas où les syndicats n’auraient pas compris...

Tiens, ça rappelle un autre article que nous avons publié et qui révèle que l’OCDE se lâche parfois aussi : Et en plus, ils l’écrivent


URL de cet article 1895
   
Philippe Bordas. Forcenés. Paris, Fayard 2008.
Bernard GENSANE
Ce très beau livre, qui montre à quel point le cyclisme relève du génie populaire et comment il a pu devenir une « province naturelle de la littérature française », me donne l’occasion d’évoquer des ouvrages qui m’ont, ces dernières années, aidé à réfléchir sur la pratique du vélo, sur le cyclisme professionnel et la place du sport dans notre société. Ce n’est pas l’argent qui pourrit le sport (l’argent, en soi, n’est rien), c’est le sport qui pourrit l’argent. La première étape du premier (…)
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Le Capital a horreur de l’absence de profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le Capital devient hardi. A 20%, il devient enthousiaste. A 50%, il est téméraire ; à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines et à 300%, il ne recule devant aucun crime.

Karl Marx, Le Capital, chapitre 22

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