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Gaza. Où sont la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil... ?

Les massacres à Gaza sont sans fin. Il n'y a pas dans l'Histoire un tel précédent. Avec ces massacres, Israël et les Etats Unis ont inscrit à jamais leur condamnation morale dans l'histoire de l'humanité. Netanyahou, monstre parmi les monstres, ne sera pas repu du sang palestinien. Il ne s'arrêtera pas si personne ne l'arrête. Il compte sur la lassitude de l'opinion mondiale, pire sur sa résignation.

Il faut le dire, il n’y a jusqu’à présent que “ les gens ” qui se sont dressés dans d’immenses manifestations d’indignation et de compassion douloureuse dans le monde. Pas leurs Etats. Qu’ont fait ceux-ci qui ne soient pas seulement verbal, politique, au mieux diplomatique ? Qu’ont-ils fait de matériel, de tangible, d’efficace sur Israël. Ils n’ont rien fait de ce genre. Ils se sont indignés comme “ les gens ”. A quoi donc servent les Etats s’ils ne font que s’indigner, dénoncer, condamner comme de simples citoyens. N’est-ce pas eux qui détiennent la puissance matérielle, la force d’agir ? Seuls l’ont fait, le Yémen des Houtis, et aussi le Hezbollah au Liban. Honneur à eux. Ils n’ont pas eu peur des conséquences dont d’autres disent avoir si peur pour leurs pays, en réalité pour eux-mêmes. Qui disait que "“ e courage est de faire ce qui est juste ” ?

Certes, on peut faire observer que des pays comme l’Afrique du Sud, la Turquie, l’Algérie ont mené un combat d’une valeur exemplaire au niveau de la Cour Internationale de Justice, du Tribunal pénal international pour la condamnation de l’Etat génocidaire d’Israël, ainsi qu’au niveau du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU, ou ont fourni une aide, dans les ruines mêmes de Gaza, de médecins et de bénévoles héroïques et que d’autres Etats, singulièrement en Amérique Latine, ont rompu ou suspendu leurs relations diplomatiques avec Israël, la Colombie, le Chili, Belize, Mais cela suffit-il désormais ? Peut-on en rester là ?

Où sont-elles ?

Où sont notamment les grands Etats, les grandes puissances, celles qu’on appelle progressistes car elles ont vocation à défendre les peuples dans le monde et de réformer l’ordre mondial : la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil. Où sont-elles ? Elles ont des responsabilités particulières dans l’arrêt de ce génocide, il faut le souligner. Je ne cite que les plus grandes d’entre elles, mais il y a aussi, l’Indonésie, la Turquie et d’autres.

Au fond, les grandes puissances non occidentales n’apparaissent pas beaucoup à part sous la forme de protestations et de condamnations. Que font-elles ? Des mesures concrètes ont-elles été prises contre Israël ? Elles ont pourtant tous les arguments du droit international, des arguments très forts pour légitimer leurs actions éventuelles : les décisions non appliquées du Conseil de sécurité, celles de la Cour internationale de justice, du Tribunal Pénal International.

Et surtout, elles ont la responsabilité que leur confère leur puissance. Elles peuvent prendre des mesures, des sanctions contre Israël, que n’ont jamais hésité à prendre les pays occidentaux, pour des mauvaises causes pourtant, contre les pays qui bravent leur domination. Il s’agirait pour les grandes puissances émergentes d’établir un rapport de force qui ne passe pas seulement par l’Ukraine, ou par Taiwan, ou la situation dans le Pacifique ou en Europe, c’est à dire par la seule logique de leurs intérêts directs et immédiats.

La bonne nouvelle

On peut s’étonner du paradoxe de s’adresser ainsi aux grandes puissances progressistes favorables à la cause palestinienne plutôt que d’interpeller ceux qui sont les premiers théoriquement concernés, c’est à dire les Etats arabes. Mais le paradoxe n’est qu’apparent. Tous les Arabes, les peuples arabes savent que la plupart des Etats arabes, soit par crainte des Etats-Unis et d’Israël, soit parce qu’ils partagent des intérêts communs avec eux, soient parce qu’ils craignent la dynamique d’une cause palestinienne qui risque de déborder sur eux, sont plus embarrassés par l’héroïsme du peuple de Gaza qu’ils ne sont préoccupés par ses immenses sacrifices et indignés par les crimes israéliens. La plupart des dirigeants arabes ont plus peur de leur peuple et de sa solidarité avec Hamas et la Palestine qu’ils n’ont peur d’Israël.

On peut estimer, sans grand risque de se tromper, que des initiatives concrètes de la Chine, de la Russie, de l’Inde et d’autres grands pays émergents donneront quelque courage à des dirigeants poltrons et les pousseront à être plus actifs aux côtés du peuple palestinien.

Cet article était en cours de rédaction, lorsque la bonne nouvelle est arrivée de Chine : un accord y a été signé, ce mardi 23 juillet, d’unité nationale entre Hamas et 14 autres organisations palestiniennes, dont notamment “ El Fatah ”. C’est comme une réponse de cette immense nation aux attentes de l’opinion publique arabe. Espérons qu’elle fera bouger les lignes, notamment du côté des Etats arabes.

Pourquoi pas ?

Mais il reste encore aux grandes nations progressistes émergentes, le plus difficile mais le plus efficace : prendre des mesures concrètes, matérielles de soutien à la Palestine. Pourquoi pas, quand on voit le soutien total, militaire, financier, diplomatique, de l’Occident à l’Ukraine pour une cause pourtant infiniment moins claire, controversée juridiquement, et moins ancienne que celle de la Palestine ? Pourquoi n’y aurait-il pas une réunion des pays du BRICS et l’annonce de sanctions contre Israël si elle n’obtempère pas à un cessez le feu ? Pourquoi pas ? Le G7 ne le fait-il pas, sans état d’âme, pour d’autres Etats ? Pourquoi les puissances progressistes ne fourniraient-elles pas des armes, voire des missiles, à la résistance palestinienne au Liban ou ailleurs, puisqu’il s’agit là, sans que cela puisse être contesté, du respect du droit international, et du droit d’un pays occupé, agressé dans ses frontières historiques, et même plus, livré à une colonisation ? Pourquoi pas ? Certes, il faut faire preuve de responsabilité, notamment concernant les dangers de guerre internationale, mais la question mérite d’être posée, au moins au nom, en quelque sorte, d’un parallélisme des formes.

La solidarité avec Gaza et la Palestine a besoin d’un élan nouveau. Tout le monde le sent. Il faut résister au pire danger, celui de s’habituer à l’injustice, à la domination. Celui de détourner les yeux par honte d’être impuissant. Imaginons l’horreur d’un monde dominé par des Netanyahou. II ne s’agit pas uniquement de Gaza, il s’agit de nous tous, d’une cause commune à toute l’Humanité. Jamais un peuple n’a concentré sur sa lutte autant de contradictions dans le monde, autant de souffrances, autant d’enjeux géopolitiques. Jamais un pays n’a été aussi petit par sa taille et aussi grand par son exemple, par la signification universelle de son combat.

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Missions en conflit
Piero GLEIJESES
Cet ouvrage présente un récit haletant de la politique cubaine en Afrique de 1959 à 1976 et de son conflit croissant avec les États-Unis. L’auteur conduit le lecteur des premiers pas de Cuba pour aider les rebelles algériens combattant la France en 1961, à la guerre secrète entre La Havane et Washington au Zaïre en 1964-65 — où 100 Cubains menés par le Che Guevara ont affronté 1 000 mercenaires contrôlés par la CIA — et, finalement, à l’envoi héroïque de 30 000 Cubains en Angola en 1975-76, (…)
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