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Liban : Jusqu’à quand ? (La Jiribilla)





La Jiribilla, 29 juillet 2006.


Un pays bombarde deux autres pays. L’impunité pourrait paraître stupéfiante si elle n’était pas habituelle. Quelques timides protestations parlent d’erreurs. Jusqu’à quand continuera-t-on à appeler les horreurs des erreurs ?

Cette boucherie de civils s’est déchaînée à partir de l’enlèvement d’un soldat. Jusqu’à quand l’enlèvement d’un soldat israélien pourra-t-il justifier la négation de la souveraineté palestinienne ? Jusqu’à quand l’enlèvement de deux soldats israéliens pourra-t-il justifier la séquestration du Liban tout entier ?

La chasse aux juifs fut durant des siècles le sport favori des européens. Auschwitz fut le terme d’un antique fleuve qui avait charrié bien des épouvantes à travers toute l’Europe. Jusqu’à quand les palestiniens et d’autres arabes continueront-ils de payer pour les crimes qu’ils n’ont pas commis ?

Le Hezbollah n’existait pas lorsqu’Israël ravagea le Liban lors de ses invasions antérieures. Jusquà quand continuerons-nous de croire au conte de l’agresseur agressé, qui pratique le terrorisme car il a le droit de se défendre du terrorisme ?

L’Irak, l’Afghanistan, la Palestine, le Liban. Jusqu’à quand pourra-t-on continuer d’anéantir impunément des pays ?

Les tortures d’Abu Ghraïb, qui ont réveillé un certain malaise universel, n’ont rien de nouveau pour nous latino-américains. Nos militaires ont appris ces techniques d’interrogatoires à l’Ecole des Amériques, dont le nom a changé mais pas les pratiques. Jusqu’à quand continuerons-nous d’accepter que la torture soit considérée comme légitime, comme c’est le cas en Israël, au nom de la légitime défense de la patrie ?

Israël a fait la sourde oreille à quarante-six recommandations de l’Assemblée Générale et d’autres organismes des Nations Unies. Jusqu’à quand le gouvernement israélien continuera-t-il d’exercer le privilège de la surdité ?

Les Nations-Unies recommandent mais elles ne décident pas. Lorsqu’elles décident, la Maison Blanche les en empêche, car elle exerce son droit de veto. La Maison Blanche a utilisé son droit de veto, au Conseil de Sécurité, contre quarante résolutions condamnant Israël. Jusqu’à quand les Nations-Unies continueront-elles d’agir comme si elles étaient le prête-nom des Etats-Unis ?

Depuis que les Palestiniens ont été délogés de leurs maisons et dépouillés de leurs terres, beaucoup de sang a coulé. Jusqu’à quand le sang continuera-t-il de couler pour que la force justifie ce que le droit refuse ?

L’histoire se répète, jour après jour, année après année, et pour un israélien mort, ce sont dix arabes qui sont tués. Jusqu’à quand la vie de chaque israélien continuera-t-elle d’avoir dix fois plus de valeur que celle des autres ?

Relativement à leur population, les cinquante mille civils, femmes et enfants pour la plupart, morts en Irak, équivalent à huit-cent mille pour les Etats-Unis. Jusqu’à quand continuerons-nous d’accepter, comme si c’était normal, le massacre d’irakiens, dans une guerre aveugle qui a oublié les motifs pour lesquels elle a été engagée ?
Jusqu’à quand continuera-t-il d’être normal que les vivants et les morts soient de première catégorie ou bien de deuxième, de troisième ou quatrième ?

L’Iran développe l’énergie nucléaire. Jusqu’à quand continuerons-nous de croire que cela est suffisant pour prouver qu’un pays est dangereux pour le reste de l’humanité ? La soit-disant communauté internationale ne s’angoisse pas le moins du monde de voir qu’Israël possède deux cent cinquante bombes atomiques, bien que ce pays vive en permanence au bord de la crise de nerfs. Qui détient le pouvoir d’étalonner le danger international ? Est-ce donc l’Iran qui a lancé des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki ?

A l’ère de la globalisation, le droit de pression est plus puissant que le droit d’expression. Pour justifier l’occupation illégale des terres palestiniennes, on donne à la guerre le nom de paix. Les israéliens sont des patriotes et les palestiniens des terroristes, et les terroristes sonnent l’alarme universelle.

Jusqu’à quand les moyens de communication continueront-ils d’être les instruments de la peur ?

Le massacre actuel, qui n’est pas le premier ni ne sera je le crains le dernier, se déroule-t-il donc dans le silence ? Le monde est-il devenu muet ? Jusqu’à quand les voix de l’indignation continueront-elles de clamer dans le désert ?

Ces bombardements tuent des enfants : plus du tiers des victimes, presque la moitié. Ceux qui osent le dénoncer sont accusés d’antisémitisme. Jusqu’à quand continuerons-nous d’être antisémites, nous qui criticons les crimes du terrorisme d’état ? Jusqu’à quand accepterons-nous ce chantage ? Les juifs qui sont horrifiés de ce qui se passe en leur nom sont-ils antisémites ? Les arabes, qui sont autant sémites que les juifs sont-ils antisémites ? N’y aurait-il pas des voix arabes pour défendre la patrie palestinienne et s’opposer à l’asile de fous fondamentaliste ?

Les terroristes se ressemblent : les terroristes d’état, qui sont de respectables responsables gouvernementaux et les terroristes privés, qui sont des fous indépendants ou des fous organisés depuis l’époque de la guerre froide contre le totalitarisme communiste. Et tous agissent au nom de Dieu, qu’il s’appelle Dieu, Allah ou Jéhovah. Jusqu’à quand continuerons-nous d’ignorer que tous les terrorismes méprisent la vie humaine et que tous s’alimentent mutuellement ? N’est-il pas évident que dans cette guerre entre Israël et le Hezbollah, les victimes, ce sont des civils libanais, palestiniens, israéliens ? N’est-il pas évident que les guerres d’Afghanistan et d’Irak et les invasions de Gaza et du Liban ont fait le lit de la haine et du fanatisme ?

Nous sommes la seule espèce animale spécialisée dans l’extermination mutuelle. Nous affectons quotidiennement deux mille cinq cent millions de dollars aux dépenses militaires.

La misère et la guerre sont filles du même père : comme certains dieux cruels, celui-ci dévore les vivants et les morts. Jusqu’à quand continuerons-nous d’accepter que ce monde amoureux de la guerre soit notre unique monde possible ?

Eduardo Galeano



Eduardo Galeano est né à Montevideo, en Uruguay, il y a une soixantaine d’années. Il a fondé et dirigé plusieurs journaux et revues en Amérique latine . En 1973, il s’est exilé en Argentine avant de rejoindre l’Espagne. Il est retourné vivre en Uruguay en 1985.
D’ autres textes d’ Eduardo Galéano ICI.


 Traduit de l’espagnol par Simone Bosveuil-Pertosa

 Source : La Jiribilla n° 273 - du 29 juilet au 4 août 2006.www.lajiribilla.co.cu

 Transmis par Cuba Solidarity Project



Guerre du Liban : Israël sème les graines de la haine, par Rana El-Khate.


De Gaza au Liban : une initiative 100% israélienne, par Michel Warschawski.

Israël, Liban, Irak : Deux ou trois choses à connaître avec la fin du monde, par William Blum.




 Dessin : Un monde pire est possible, José Mercader.


URL de cet article 3974
   
Roger Faligot. La rose et l’edelweiss. Ces ados qui combattaient le nazisme, 1933-1945. Paris : La Découverte, 2009.
Bernard GENSANE
Les guerres exacerbent, révèlent. La Deuxième Guerre mondiale fut, à bien des égards, un ensemble de guerres civiles. Les guerres civiles exacerbent et révèlent atrocement. Ceux qui militent, qui défendent des causes, tombent toujours du côté où ils penchent. Ainsi, le 11 novembre 1940, des lycées parisiens font le coup de poing avec des jeunes fascistes et saccagent les locaux de leur mouvement, Jeune Front et la Garde française. Quelques mois plus tôt, les nervis de Jeune Front avaient (…)
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"Il est grand temps qu’il y ait des mesures coercitives (contre les chômeurs)."

"Il y a des moyens très simples : soit vous faîtes peur soit vous donnez envie d’aller bosser. La technique du bâton et de la carotte."

Extrait sonore du documentaire de Pierre Carles "Danger Travail", interview auprès d’entrepreneurs assistants à l’université d’été du Medef en 2003

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