RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
34 

Ce que la mode du tatouage dit du malaise social

Difficile de voir la mode actuelle du tatouage de la même façon qu’une mode vestimentaire, dans la mesure où celle-ci n’a résolument rien d’anodin ni d’éphémère comme peut l’être le port d’un pantalon ou une coupe de cheveux, mais implique, par le marquage de la peau, l’idée de permanence.

L’on peut raisonnablement se demander ce qui pousse de jeunes gens d’à peine vingt ans – les femmes étant aussi concernées que les hommes – à se noircir l’épiderme d’encre indélébile, au-delà d’un inquiétant mimétisme encouragé par des artistes et sportifs surmédiatisés. Pourquoi un tel besoin de marquage ?

Cet acte « définitif », qui chez beaucoup ressemble plus à de l’automutilation signifiante ou à de l’étiquetage marchand qu’à un quelconque ornement pictural, en dit long sur le malaise d’une société de consommation en fin de vie, où même l’idée de transgression est vouée à la norme et la commercialisation. Faire du tatouage un produit de personnalisation et du corps une surface rentable, c’est là le drame qu’inspire une telle tendance.

Alors qu’il était jusque-là, dans nos sociétés occidentales, l’expression d’une certaine marginalité socio-professionnelle, le tatouage est devenu en l’espace de quelques années une démarche d’appartenance pour une jeunesse – pas nécessairement « branchée » – en perte de repères. La manifestation d’une « transgression conforme », en un paradoxe comportemental qui relèverait plus de la pulsion égocentrique que du libre arbitre, à l’heure de la communication par émoticônes.

Cette démarche « auto-publicitaire », qu’on pourrait associer à une forme de négation de l’intimité et du corps en tant qu’objet naturel de désir, tient à mon sens d’un mécanisme de défense obsessionnel, plus ou moins maîtrisé, dans une société malade où, par le culte de l’immédiat et de la superficialité, l’on tend toujours plus à faire disparaître la notion d’engagement.

Voilà peut-être une manière radicale de se rassurer, dans un monde en crise régi par les lois du mensonge et du court-termisme, de sa propre existence, de sa propre personne, en tant qu’individualité digne de sensibilité et d’engagement. Un besoin de signifier, jusqu’au sacrifice corporel, la permanence nécessaire des choses, et en premier lieu desquelles l’amour.

À l’époque des dictatures silencieuses, devant le spectacle de la violence, de la trahison et de la corruption systématisées, pas étonnant que le jeune adulte en vienne à se couvrir religieusement d’images, de symboles, pour conjurer le mauvais sort et se rappeler sa fragilité, sa puérilité.

À une période charnière de l’humanité, où le concept de Dieu le Père, en sa fonction apaisante, d’omniscience et de permanence protectrice, est mis à mal par la tragédie technocapitaliste et la violence répétée du monde, les gens, perdus et sans idéal politique viable, se cherchent de nouvelles certitudes morales et spirituelles – qu’ils ne trouveront qu’en parvenant à croire en eux. Au-delà des symboles. Ce qui demande, une fois de plus, volonté et éducation : une responsabilisation de l’individu autant qu’une vision ambitieuse pour la collectivité.

URL de cet article 39523
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

CUBA OU L’INTELLIGENCE POLITIQUE - Réponses à un président des États-Unis (Livre format PDF)
Jacques-François BONALDI
365 JOURS APRÈS Aujourd’hui 22 mars 2017, voilà un an jour pour jour que Barack Obama entrait de son pas caractéristique sur la scène du Grand Théâtre de La Havane pour une première : un président étasunien s’adressant en direct et en personne au peuple cubain. Trois cent soixante-cinq jours après, que reste-t-il de ce qui était le clou de sa visite de deux jours et demi à La Havane ? Pas grand-chose, je le crains… Les événements se déroulent maintenant si vite et tant de choses se sont passées depuis – (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Lorsque j’ai pris mes fonctions, j’étais déterminé à faire entrer les Etats-Unis dans le 21ème siècle, toujours comme le plus grand facteur de paix et de liberté, de démocratie, de sécurité et de prospérité."

Bill Clinton, 1996

"A travers le monde, chaque jour, un homme, une femme ou un enfant sera déplacé, torturé, assassiné ou "porté disparu", entre les mains de gouvernements ou de groupes politiques armés. Et la plupart du temps, les Etats-Unis en sont complices. "

Amnesty International, 1996

Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.