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Auteur : Rorik DUPUIS VALDER

La passion comme moteur de l’homme – Maine de Biran au rapport !

Rorik DUPUIS VALDER
En hommes libres et éduqués, nous sommes mus par nos passions. Amoureuse, professionnelle, spirituelle, artistique ou sportive, quelle que soit sa nature, la passion nous anime et nous porte au travers des épreuves de la vie en une certitude intime, quasi religieuse, déterminant nos engagements sociaux comme nos priorités personnelles. L’homme sage n’est-il pas celui qui, paradoxalement, s’illustre dans l’art sacrificiel de cultiver ses passions ? Celui qui, dans la conscience et la construction de sa narration personnelle mise au service d’une narration collective, s’est fait un devoir de rendre ses passions passionnantes, aussi bien en y trouvant le moyen de s’élever humainement, moralement et techniquement, qu’en en faisant un objet de pédagogie, une nécessité de transmission ? Car, face au chaos de l’ordinaire, c’est d’abord dans l’entretien radical et désintéressé de nos passions que nous développons les facultés essentielles de résistance et de résilience, celles-ci (…) Lire la suite »

Une question d’habitude – Bonne année avec Maine de Biran !

Rorik DUPUIS VALDER
Nous sommes des êtres d’habitudes. Les habitudes nous sont nécessaires quand elles aident à la discipline, personnelle ou professionnelle, mais elles peuvent aussi, du fait de la paresse ordinaire des individus dans un système donné, du fait de leur tendance à préférer le statu quo et trouver refuge dans des systèmes connus — fussent-ils défaillants —, être la cause de l’aveuglement et du malheur des gens, participant ainsi collectivement, par les facilités du mimétisme et de la reproduction, au dysfonctionnement général d’une société. En ce début d’année, où l’on est amené à formuler des vœux, à prendre de bonnes résolutions, de nouvelles habitudes, intéressons-nous aux écrits de ce brillant philosophe de l’effort et de la volonté, précurseur de la psychologie moderne, qu’est Maine de Biran (1766-1824), dont l’œuvre méconnue mérite d’être rééditée, relue et étudiée. Je vous fais part ici de deux extraits de son ouvrage Influence de l’habitude sur la faculté de penser (1799), où (…) Lire la suite »

Aux enfants de l’Europe

Rorik DUPUIS VALDER
La princesse Europe, fille du roi phénicien Agénor, aperçoit au bord de la mer un magnifique taureau blanc, qui se couche à ses pieds et se laisse caresser. Séduite par sa douceur, elle monte sur le dos de l’animal, qui file au large en l’emportant jusqu’en Crète. Zeus, roi des dieux ainsi métamorphosé en taureau, s’accouple à la princesse, qui donnera naissance à trois fils : Minos, futur roi de l’île, Rhadamanthe le législateur, et Sarpédon, héros de la guerre de Troie. D’après les vers du poète Ovide, composés dans les premières années de notre ère, Europe devenue mère donne alors son nom à la « troisième partie du monde », la « terre d’en face », entre Asie et Afrique. C’est donc à une nymphe originaire du Moyen-Orient, enlevée et abusée par le tout-puissant Zeus, que notre continent devrait son nom !... Quand j’étais collégien, au début des années 2000, je me souviens que le mythe de l’unité européenne occupait dans les enseignements une place centrale, quasi religieuse. (…) Lire la suite »
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Régression dans le monde arabe : l’habit fait-il le moine ?

Rorik DUPUIS VALDER
La scène est bien connue : lors d’un discours datant de la fin des années 1950, le président égyptien Gamal Abdel Nasser raille ouvertement les dirigeants des Frères musulmans qui entendent imposer à toutes les femmes le port du voile dans l’espace public, avec cette ironie typiquement égyptienne — ou nassérienne — qui fait aussi de l’exercice politique une plaisante démonstration de l’esprit, bien loin de la lourdeur bureaucratique actuelle. Leader indépendantiste tout à la fois panarabe et panafricain, homme de convictions social et fédérateur, Nasser avait su défendre une Égypte moderne, phare politique, artistique et intellectuel du Moyen-Orient, influençant en grande partie le voisin libyen, Mouammar Kadhafi, et sa « troisième voie » théorisée au milieu des années 1970 dans le fameux Livre vert. Avant que l’OTAN et ses alliés des pétromonarchies n’envahissent en 2011 Tripoli, laissant derrière eux des dizaines de milliers de victimes parmi les civils, et plongeant le pays (…) Lire la suite »
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Grimper aux arbres

Rorik DUPUIS VALDER
Nous, enfants de la campagne, avons appris à grimper aux arbres. C’est là un exercice des plus formateurs car il vous confronte très tôt, de façon radicale, au risque de la chute. Votre courage dépendant aussi bien de vos facultés de concentration que d’une confiance animale en soi. Je crois même qu’on peut parler d’inconscience dans l’entreprise, de folie nécessaire à l’élévation. Plus vous montez, plus vous vous exposez, mais voilà notre réalité, superbement paradoxale : la liberté est un danger permanent. Et en cela elle ne convient peut-être pas à tous. Car la liberté se conquiert, elle ne s’attend pas. Dans mon Périgord natal, ce sont les chênes et les noyers qu’on escalade. J’y ai appris l’équilibre, la maîtrise du corps et de la peur. Grimper à un arbre, c’est d’abord l’aimer, le découvrir. En comprendre l’architecture, la cohérence, en éprouver les appuis et en éviter les pièges. Il vous faut sentir l’arbre, l’épouser avec ses aspérités, le laisser parfois vous (…) Lire la suite »

Macron et sa caravane au Maroc : la honte

Rorik DUPUIS VALDER
Fin octobre, notre cher et vénérable président Emmanuel Macron était au Maroc pour une visite d’État de trois jours, accompagné de son professeur de théâtre particulier Brigitte (JMT pour les intimes) ainsi que d’une délégation de ministres, d’industriels et de « personnalités » (hum) du monde de la « culture ». Pour l’occasion, on avait hissé de beaux drapeaux tricolores dans les rues de Rabat, repeint à la hâte (un jour de pluie, signe du destin) les façades des immeubles des pauvres gens sur le parcours du convoi officiel, végétalisé tout aussi précipitamment les terrains vagues pour leur donner des allures de charmants parcs familiaux (les plantes ont crevé depuis), et garni les bords de route de gueux, d’écoliers et d’handicapés braillards pour convoquer l’instinct grégaire avant toute forme de réflexion chez la populace en mal de divertissement. Bref, le folklore habituel. Il fallait bien un tel ramdam pour accueillir celui qui allait conclure pas moins de 22 accords de (…) Lire la suite »

Ravages du conformisme

Rorik DUPUIS VALDER
Avec les expériences et les rencontres de la vie, on est amené à développer ce que j’appellerais grossièrement un « radar à cons ». Un outil relationnel précieux pour éviter les dispersions, coûteuses en temps et en énergie. Mais évidemment, l’affinement progressif de cet outil implique un certain engagement personnel, car pour connaître autrui il convient d’abord de se montrer ouvert et disponible tout en étant le plus désintéressé possible, et chasser en soi toute espèce de préjugé. Un effort relativement inconfortable pour beaucoup, mais nécessaire si l’on entend connaître véritablement l’autre sans en attendre systématiquement quelque chose ni y projeter égoïstement ses désirs. Sachant que toute relation humaine à peu près saine et équilibrée est basée sur le principe – à la fois naturel et culturel – d’échange. En réalité on s’aperçoit que les gens (et particulièrement les gens de la ville), sous le poids du conformisme et du besoin d’appartenance à un groupe, aspirent (…) Lire la suite »
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À propos de terrorisme

Rorik DUPUIS VALDER
J’espère que les lecteurs les plus exigeants me pardonneront mes manières peu académiques de philosopher, mais il s’agit là de « philosophie par l’expérience », que chacun, à mon sens, devrait humblement faire valoir, quelles que soient sa formation et sa culture livresque. Disons qu’on philosophe ici « à la corse » (ou plutôt « à la basque », vous comprendrez pourquoi ci-après...) : penser, c’est dynamiter les barrières et voir ce qu’il en reste ! Mais le travail le plus important est celui qui suit, c’est-à-dire mobiliser tous les êtres de bonne volonté pour s’efforcer de préserver et consolider les restes... À l’époque où j’étais « étudiant » à Bordeaux, entre 2007 et 2009, j’avais eu pour voisin, sans le savoir, le chef militaire de l’ETA (la fameuse organisation indépendantiste basque), Javier Lopez Peña alias « Thierry », un petit homme boulot aux faux airs de pharmacien. Au printemps 2008, la police l’avait délogé de son appartement du cours de la Marne où il était planqué (…) Lire la suite »

Comment résister ?

Rorik DUPUIS VALDER
Avec le phénomène de « starification » dans tous les domaines – une « star » étant, quelles que soient sa légitimité et ses compétences, le produit d’un système, qu’on met en avant à des fins mercantiles ou idéologiques – et l’introduction de la vie privée dans le débat public, on a fait de la politique un spectacle. Mais la politique – réelle – est avant tout affaire de pragmatisme, de sens pratique. Au-delà des images et des slogans, elle se doit d’abord d’être fonctionnelle. Son essence n’est-elle pas l’élévation – sociale, économique, culturelle et peut-être – de citoyens en attente de formation et de reconnaissance, en échange d’un travail fourni précisément pour la collectivité ? Politiquement, nous vivons une époque charnière, où les gens ont perdu toute confiance en l’autorité qui les gouverne, celle-ci ayant largement trahi ses missions fondamentales de fédération, de protection et d’élévation. Nos politiciens « starifiés » préférant, par facilité, s’investir dans la (…) Lire la suite »

Langage et radicalité

Rorik DUPUIS VALDER
Un enseignant attentif sait que ses élèves ne sont pas tous égaux devant le maniement de la langue. Certains ont des prédispositions pour communiquer à l’oral, d’autres sont manifestement plus à l’aise à l’écrit ; tandis que certains s’avèrent plus doués pour la logique mathématique et que d’autres s’illustrent par leur intelligence manuelle – souvent dévalorisée par un système scolaire qui préfère invariablement la sacro-sainte méthodologie à toute forme de créativité. Mais au-delà du déterminisme social et de l’incidence de l’environnement sur l’être en construction qu’est l’enfant (accès à la culture, éducation à la lecture, etc.), ces différences relèvent avant tout de facteurs génétiques évidents, qui inévitablement continueront de s’affirmer à l’âge adulte. En ce sens, l’« intelligence » véritable et fonctionnelle, loin du mythe du génie monomaniaque à l’américaine, réside dans la polyvalence, c’est-à-dire dans la maîtrise potentielle de divers domaines d’exécution – ce qui (…) Lire la suite »
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