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Israël, avant-poste de la barbarie occidentale

par Mohamed Taleb

En 1896, le père fondateur du sionisme politique, Théodore Herzl1, dans son livre L’État juif (premier chapitre), s’exprimait en ces termes à propos de la Palestine :

« ... La Palestine est notre inoubliable patrie historique. Ce nom seul serait un cri de ralliement puissamment empoignant pour notre peuple. Si Sa Majesté le Sultan nous donnait la Palestine, nous pourrions nous faire forts de régler complètement les finances de la Turquie. Pour l’Europe, nous constituerions là-bas un morceau du rempart contre l’Asie, nous serions la sentinelle avancée de la civilisation contre la barbarie.

Nous demeurerions, comme État neutre, en rapports constants avec toute l’Europe, qui devrait garantir notre existence. En ce qui concerne les Saints Lieux de la chrétienté, on pourrait trouver une forme d’exterritorialité en harmonie avec le droit international.

Nous formerions la garde d’honneur autour des Saints Lieux et garantirions de notre existence l’accomplissement de ce devoir. Cette garde d’honneur serait pour nous le grand symbole de la solution de la question juive, après dix-huit siècles de cruelles souffrances... ».

En 1897, sous son impulsion, se tient à Bâle (Suisse) le Premier Congrès sioniste mondial (avec plus de deux cents participants) à l’issue duquel est fondée l’Organisation sioniste mondiale et le projet de fondation d’un État juif en Palestine, bien que controversé par le sioniste Ahad Ha’am.2

L’objectif herzlien se veut ainsi conforme aux lignes directrices fixées lors de la Conférence de Berlin de 1884/85 : le partage de l’Afrique entre les puissances coloniales et l’apport civilisationnel de l’entreprise coloniale aux populations considérées comme barbares et qui, au besoin, pouvaient ou devaient être exterminées.

L’illustre écrivain Victor Hugo, « proche » des classes démunies en France, déclarait en 1879 : « ... Que serait l’Afrique sans les Blancs ? Rien ; un bloc de sable ; la nuit ; la paralysie ; des paysages lunaires. L’Afrique n’existe que parce que l’homme blanc l’a touchée... Cette Afrique farouche n’a que deux aspects : peuplée, c’est la barbarie ; déserte, c’est la sauvagerie...

Au dix-neuvième siècle, le Blanc a fait du Noir un homme ; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde... ».

Nous sommes au XXIe siècle et nous avons le résultat du colonialisme européen en Afrique sous nos yeux : un néocolonialisme abject et la civilisation promise n’est que barbarie.

L’idéologie sioniste politique, sa phase de gestation accomplie, fait sienne la vision coloniale européenne de cette fin de XIXe siècle. Son projet se base sur la négation et la destruction d’une histoire palestinienne ainsi que d’un socle civilisationnel, culturel, social et religieux millénaires.

Théodore Herzl s’adresse aussi bien au Sultan ottoman, Abdelhamid II, qu’à l’Empereur allemand, Guillaume II, pour trouver un appui au projet d’installation de l’État juif en Palestine. Devant une fin de non-recevoir de la part des deux souverains, il s’adresse aux Impérialistes britanniques lesquels ont des objectifs bien définis pour tout le Moyen-Orient, dans le cadre d’une politique collusive3 avec le « rival » français, après l’effondrement de l’Empire ottoman.

Les pogromes en Russie tzariste, après l’assassinat du Tsar Alexandre II, vont bouleverser la situation des Palestiniens. Les premières Aliyas, à partir de 1881, financées par le clan des Rothschild, vont déverser en Palestine des milliers de juifs, victimes de discrimination, d’antijudaïsme et d’antisémitisme européens pendant plusieurs siècles (nous remarquons qu’après la Reconquista de 1492, les juifs expulsés de la péninsule ibérique ont trouvé refuge en terre d’islam). Cette émigration connait un arrêt avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914. Elle reprendra dès la fin du conflit mondial (Traité de l’Armistice de Compiègne en novembre 1918), avant même que le Traité de Versailles ne soit ratifié en juin 1919, un traité qui portait en soi les germes de la Seconde Guerre mondiale.

L’Empire britannique, au mépris du droit international existant de l’époque, prendra en charge le projet de colonisation de la Palestine par les sionistes. Ce projet infâme nous est présenté le 2 novembre 1917, sous une version édulcorée, dans la fameuse Déclaration Lord Arthur Balfour4 (sympathisant du sionisme chrétien), celle de la promesse de création d’un Foyer national juif en Palestine faite au Baron Lionel Rothschild, membre de la fédération sioniste en Grande-Bretagne.

Cette dernière s’arroge le droit d’octroyer un territoire, qui ne lui appartient pas et sous tutelle ottomane, à une organisation sioniste dotée d’un projet de colonisation.

La Conférence de San Remo5, en avril 1920 et à laquelle participent la Grande Bretagne, la France, l’Italie, les USA, la Belgique, la Grèce et le Japon, sera l’instance officielle pour l’introduction du concept de mandat : un concept nouveau, élaboré ad hoc par les officines impérialistes et suprémacistes et qui consiste en la prise en charge des populations du Moyen-Orient, considérées à l’état infantile et jugées inaptes à la gestion de leurs propres affaires. Les puissances occidentales présentes à la conférence, avalisent, concomitamment à l’institution de mandats, le projet sioniste.

L’omission volontaire des promesses de création d’un Royaume6 arabe et le non-respect de la Charte de la Société des Nations (Article 22), nouvellement créée pour assurer entre autres et selon les principes wilsoniens, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

L’Empire britannique, en tant que commanditaire et sponsor principal du projet sioniste d’implantation d’un État juif en Palestine, participe directement à la volonté de liquidation de l’histoire des Palestiniens (toutes ethnies et religions confondues) de la part des sionistes.

Le slogan « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » représente symboliquement un génocide. Et si jamais ils auraient existé, les Palestiniens seraient d’une race inférieure sans valeur humaine, des êtres irrationnels et fanatiques aux yeux des sionistes.

Une série d’institutions et d’organisations sionistes (partis, milices, syndicats, banques, Agence juive pour les Aliyas (émigrations juives), Fonds national juif pour l’acquisition des terres (KKL) apparaissent dans la première décennie du mandat et vont contribuer, moyennant le soutien et la bienveillance britanniques ainsi que l’apport considérable de l’Organisation sioniste mondiale, à la formation d’une structure étatique sioniste qui sera dotée d’une armée, la Haganah, au finir des années Trente.

La puissance mandataire britannique assure certainement le respect des droits civils et religieux aux Palestiniens, mais leur nie tous les droits politiques bien qu’ils soient représentés au sein des administrations locales.

Parallèlement, ils installent en 1924 au pouvoir le clan des Ibn Saoud en Arabie au détriment des descendants hachémites du Prophète, permettant ainsi d’une part, à l’idéologie wahhabite de s’épanouir et d’autre part à la naissance de la mouvance islamiste avec l’organisation des Frères musulmans en Égypte, fondée en 1929 par Hassan El Banna, ainsi que d’endiguer toute velléité nationaliste.

En Palestine, ils nomment l’imam Hadj Amin el Husseini Grand Mufti de Jérusalem tout en créant une rivalité entre les familles notables, les Husseini et les Nashashibi, selon la devise « diviser pour régner ».

Les Palestiniens refusent les deux colonialismes, le britannique et le sioniste. Les nouveaux juifs, essentiellement des européens ashkénazes, un corpus ayant, soi-disant vécu auparavant sous des conditions discriminatoires, ont révélé leur véritable nature, soit vider le plus possible la Palestine de sa population autochtone dans un climat de violence créé par les organisations terroristes sionistes (Haganah dont faisait partie le prix Nobel de la paix Yitzhak Rabin, Irgoun et Stern).

La révolte palestinienne de 1936-1939 est réprimée aussi bien par les Britanniques que par les sionistes qui disposaient déjà d’une certaine puissance militaire. Ces derniers se sentent gênés par les Britanniques eux-mêmes qui, nonobstant leur appui aux sionistes, vont devoir déposer le mandat en 1947 auprès des Nations unies, instance créée en 1945 à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale.

D’innommables atrocités ont été commises lors de ce conflit qui a causé des millions de victimes, dont 27 millions pour l’Union soviétique (le plus lourd tribut à la guerre).

Près de 6 millions de juifs, auparavant victimes d’antijudaïsme et d’antisémitisme, ont été intentionnellement éliminés par la violence et la barbarie nazies.

C’est l’holocauste, solution finale nazie pour les juifs. Mais les pays occidentaux, en premier chef les États-Unis, interviennent tardivement pour mettre fin au massacre : affaiblir l’URSS en lui faisant supporter seule la férocité et la violence destructive nazies était aussi un objectif des occidentaux, la guerre froide ayant démarré avant la fin du conflit. L’ouverture du front Ouest ne s’est faite qu’avec le débarquement des Alliés, le 6 juin 1944, alors que le sort du conflit a été décidé déjà en 1943 après la bataille de Stalingrad.

Le tribut des Soviétiques et des populations slaves en général, bien que de loin plus important que celui de la Shoa, n’a jamais été pris en considération par les puissances européennes et fut totalement ignoré. Alors que l’hostilité pathologique du Führer Hitler ne faisait aucune différence entre les juifs et les Slaves.

Pendant que se déroulait l’enfer pour les juifs en Europe, les mêmes juifs ashkénazes, présents depuis relativement peu de temps en Palestine, faisaient subir aux Palestiniens les violences et humiliations subies autrefois par leurs ancêtres. Par ailleurs ni réprobation ni condamnation ont été soulevées par les pays européens après les massacres coloniaux en Algérie le 8 mai 1945, pendant que l’Europe fêtait la défaite du régime nazi.

Les pays occidentaux, courbant l’échine sous le poids accablant de leur culpabilité, s’attellent à tout entreprendre pour la création d’un État sioniste après la décision, en novembre 1947, des Nations unies de la partition de la Palestine. Une partition qui survient après le dépôt de mandat de la part des Britanniques, ces derniers en prise avec d’énormes difficultés avec le mouvement indépendantiste en Inde. Il faut souligner que, comme pour la Société des Nations en 1919, l’Assemblée Générale des Nations unies n’avait aucune compétence légale pour décider de la partition de la Palestine. Tout au plus, cela représentait une proposition dont la validité nécessitait l’approbation des deux parties. L’entité sioniste a été créée avec le soutien des puissances occidentales et de l’URSS (soucieuse d’avoir un pied-à-terre socialiste au Moyen-Orient). Après avoir immédiatement accepté la décision de l’ONU au regard de la partition, les sionistes ont entamé un nettoyage ethnique, suivi de massacres de la population et de destruction de villages palestiniens (plus de 500 ont été recensés), préparés depuis longtemps (voir Plan Daleth).

Le massacre de Deir Yassine est connu de tous. 800 000 Palestiniens sont expulsés

Le savant Albert Einstein7 avait mis en évidence, dans une missive adressée le 10 avril 1948 au sioniste Shepard Rifkin, directeur de l’organisation « Amis américains des combattants pour la liberté d’Israël », les responsables de la catastrophe après le massacre de Deir Yassine du 9 avril 1948 :

« Cher Monsieur, Lorsqu’une catastrophe réelle et finale nous surprendra en Palestine, les premiers responsables seront les Britanniques et les seconds seront les organisations terroristes nées de nos rangs.

Je ne veux voir personne qui soit associé à ces gens qui font fausse route et sont des criminels ».

Dans une autre lettre, cosignée avec d’autres coreligionnaires (27 personnalités dont Hannah Arendt), adressée au journal New York Times, Albert Einstein8 dénonce les méthodes nazies du parti sioniste « Tnuat Haherut » sous Menahem Begin (futur Premier ministre) avec le texte ci-après :

« À l’éditeur du New-York Times. – New York, 2 Déc. 1948

Parmi les phénomènes politiques les plus inquiétants de notre époque, il y a dans l’État nouvellement créé d’Israël l’apparition du « Parti de la Liberté » (Tnuat Haherut), un parti politique étroitement apparenté dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son appel social aux partis nazi et fascistes. Il a été formé par les membres et partisans de l’ancien Irgun Zvai Leumi, une organisation terroriste d’Extrême-Droite et nationaliste en Palestine... ».

Le soutien américain est accordé à Begin qui se trouvait en visite aux USA en cette période. Les puissances européennes, étourdies par leur complexe de culpabilité, font la sourde oreille devant les horreurs perpétrées par l’entité sioniste nouvellement créée.

À la fin du mois d’octobre 1956, Israël est la tête de pont de l’agression impérialiste francobritannique contre l’Égypte de Nasser. Le président égyptien décide de mettre fin à l’exploitation coloniale franco-britannique du Canal de Suez qu’il nationalise en 1956. Les sionistes, sous prétexte que leurs navires se trouveraient menacés mais aussi hostiles à toute tentative d’un pays arabe d’émerger ou de se développer, attaquent en premier l’Égypte qui est loin d’avoir les capacités militaires de ses adversaires. Français et Britanniques, évoquant de nouveau la Shoa, interviennent militairement, soi-disant pour défendre Israël. Seule l’injonction soviétique contraindra les troupes étrangères au retrait en fin décembre 1956. Le président Nasser en sortira, vainqueur sur le plan politique.

Toutes les guerres successives, 1967, Sabra et Chatila au Liban en 1982, la répression de l’Intifada de 1987ont été conduites par Israël avec le consentement sinon le soutien militaire des puissances occidentales, sous le prétexte du droit israélien à se défendre. La guerre de 1973 (offensive égypto-syrienne) a eu lieu en raison du refus de l’entité sioniste de restituer les territoires occupés depuis 1967 et du rejet du Plan Rogers, plan de paix américain (saboté également par Henry Kissinger).

Les agressions de 2005, 2009, 2014, 2021 faisant des centaines sinon des milliers de victimes palestiniennes sont tolérées voire soutenues par les puissances occidentales.

Le génocide de Gaza

La Résolution 26211 (XXV) du 12 octobre 1970 portant sur le Programme d’action pour l’application intégrale de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (A/8086) stipule :

1. Déclare que la persistance du colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations représente un crime qui constitue une violation de la Charte des Nations unies, de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et des principes du droit international9 ;

2. Réaffirme le droit inhérent des peuples coloniaux de lutter, par tous les moyens nécessaires dont ils peuvent disposer (en gras par l’auteur), contre les puissances coloniales qui répriment leur aspiration à la liberté et à l’indépendance ; La Résolution 31032 des Nations unies du 12.12.1973 : « La lutte des peuples soumis à la domination coloniale et étrangère et à des régimes racistes pour la réalisation de leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance est légitime et entièrement conforme aux principes du droit international ».10

Ces deux résolutions des Nations unies placent toutes les actions des Palestiniens en conformité avec le droit international et légitiment le combat des Palestiniens contre l’entité sioniste occupante et son régime d’apartheid.

Le sociologue Dr. Liess Boukra11 (décédé en 2022), dans une étude approfondie du phénomène du terrorisme, nous en donne une définition : « Par terrorisme, nous entendons toute forme de violence, légale ou illégale, qui vise à restreindre ou à abolir les libertés collectives et individuelles. Cette violence peut être le fait d’un État ou d’une organisation clandestine. A contrario, nous qualifierons de violence politique armée, toute forme de violence, qui vise à défendre, à conquérir ou à reconquérir les libertés individuelles et collectives... ».

Norman Finkelstein12, politologue juif de parents survécus à l’Holocauste et auteur en autres de l’ouvrage Industrie de l’Holocauste, déclarait dans une interview à TRT World : « ...Ce qui s’est passé en Israël le 7 octobre était une révolte d’esclaves qui vivaient dans un camp de concentration... un camp de concentration qui est en train de devenir un camp de la mort... ».

Citant l’exemple de Nat Turner, un esclave noir étasunien meneur d’une révolte contre les Blancs aux États-Unis en 1831, il souligne que Nat Turner est célébré dans l’histoire étasunienne.

La révolte du Ghetto de Varsovie, en mai 1943 contre l’occupant nazi, également célébrée dans les pays occidentaux, est considérée comme un acte d’héroïsme. Le Hamas est déclaré organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne mais pas par les Nations unies.

La bande de Gaza, un territoire de 365 km², avec la plus haute densité de population au monde (plus de 5000 au km²) et où vivent 2,3 millions de personnes, a été mise sous blocus par l’entité sioniste depuis 2006 devenant une authentique prison à ciel ouvert.

En proie à un besoin de réhabilitation permanente et une quête d’absolution qui se déclinent dans la protection de l’entité sioniste, quels que soient les actes innommables qu’elle commet, les puissances occidentales, ex-coloniales ou impérialistes, offrent un soutien inconditionnel au génocide actuel à Gaza. Un soutien qui a lieu sous plusieurs formes :

Politique

Tous les gouvernements européens tiennent le même discours : l’attaque terroriste du Hamas et le droit à sa défense d’Israël. Ce dernier a été attaqué par l’organisation « terroriste » du Hamas, une attaque provoquant la mort de 1400 israéliens et une prise d’otages de 240 personnes. La réponse d’Israël est légitime. Tout éloignement de cette thèse est considéré comme un acte antisémite.

Les manifestations de soutien au Palestiniens sont au début interdites. Elles sont juste tolérées par la suite et tout acte « déplacé » est jugé hostile à l’État d’Israël, un État par ailleurs sans frontières.

En Allemagne, il serait même question de faire reconnaitre aux étrangers désireux d’acquérir la nationalité allemande, en plus de répondre à d’autres critères13, celui du droit à l’existence d’Israël (l’Allemagne en fait une raison d’État).

Dans son discours de fin d’année, le président allemand, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, se montrant très affecté en raison des événements d’actualité déclarait en autres :

« ... Et depuis l’automne, nous assistons avec horreur aux atrocités du Hamas et aux victimes de la guerre au Moyen-Orient... ». Après trois mois de bombardements israéliens sur Gaza, causant la mort de plus de 22 000 personnes et de plus de 50 000 blessés, le nom d’Israël, auteur de ces crimes destructifs, n’a jamais été évoqué dans son discours.

De rares personnages politiques ont condamné le génocide, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon, de Dominique de Villepin, de la députée irlandaise Claire Daly, de Michèle Sibony, et d’autres encore qui réfutent la thèse selon laquelle le 7 octobre serait le début du conflit israélo-palestinien mais plutôt un problème de colonialisme et d’apartheid qui dure depuis au moins 1948.

Militaire

Les USA sont le principal fournisseur en armements et parrain de l’entité sioniste. Porte-avions et autres navires de guerre sont sur place. Il n’est nullement question d’un conflit asymétrique, mais d’un conflit entre deux États, Israël, État juif et démocratique (notons l’oxymore !) et l’autre, fanatique-religieux (le Hamas), deux États qui « s’équivalent » militairement en raison de l’appui supposé ou réel du second par les « forces du mal » (Iran, Hezbollah...). Le rapport de force nous est illustré dans le tableau ci-dessous. Passons outre sur le très haut niveau technologique de l’armée de terre, de l’air et de la marine sionistes qui existe depuis plus de 50 ans.

Le traitement inhumain et humiliant des prisonniers palestiniens dont des enfants, est, avec une intensité décuplée, nous rappelle celui de la prison d’Abou Ghraib en Irak en 2008, signe d’une idéologie suprémaciste, une représentation basée sur une classification raciale apte à justifier un système de domination coloniale présenté sous sa forme édulcorée d’apport civilisationnel et de progrès aux populations dites « inférieures et barbares ».

Le statut victimaire de l’entité sioniste, toujours invoqué pour justifier sa réaction brutale, ne tolère pas de concurrence victimaire, surtout celle relative à l’Holocauste qu’il est en train de discréditer par ses méfaits de son propre chef sous nos yeux.

L’exécution par l’armée israélienne de trois otages israéliens torse-nu, arborant drapeau blanc et invoquant de l’aide en hébreu, n’a pas été faite au hasard ou par inadvertance. Les otages, pris pour des Palestiniens, ont tout simplement été exécutés sans vérification aucune de leur identité, une pure manifestation du racisme sioniste envers les Palestiniens. Les « cafards » (dixit Golda Meier) ou les « animaux humains » (Yoav Gallant) n’ont pas le droit d’exister. L’armée sioniste classe l’évènement comme un incident de parcours regrettable.

Médiatique

La hasbara occidentale déclare à l’unisson le droit à sa défense d’Israël face au terrorisme du Hamas.

La presse, écrite et audio-visuelle occidentale, est la courroie de transmission des informations données par les autorités israéliennes sur les « horreurs » du Hamas (viols, bébés décapités, corps déchiquetés...) sans le minimum de vérification ou l’apport de preuves ou d’images. Ces informations mensongères ont été dénoncées par la suite dans le New York Times et le Washington Post.

Le quotidien Haaretz a porté plusieurs éclairages quant aux informations israéliennes sur l’attaque du Hamas : le nombre de victimes a été revu à la baisse, de 1400 à 1200. Plusieurs victimes ont été tuées par les soldats israéliens. La rave-party Nova14 n’était probablement pas connu du Hamas.

Le journaliste Serge July, cofondateur de Libération (journal gauchiste puis libéral-libertaire), dans son article « La fuite en avant de Benjamin Netanyahou (B.N.) » dans Libération du mardi 2 janvier 2024, écrit entre autres : « L’attentat monstrueux commis par le Hamas le 7 octobre aura tué près de 1200 personnes, fait des milliers de blessés tandis près de 140 otages resteraient détenus... Le choix de la guerre à outrance à Gaza de la part de B.N., une guerre faisant des milliers de morts dans la population palestinienne, est lui aussi stratégique... à Brooklyn, le 21 octobre, une grande manifestation pro-palestinienne a lieu pour « stopper le génocide parrainé par les États-Unis à Gaza ... La guerre de Gaza avec son caractère radical et destructeur nourrit une nouvelle vague antisémite, jusqu’à l’Afrique du Sud qui a souffert de l’Apartheid et qui dénonce le « génocide » en cours à gaza. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », comme le disait Albert Camus ».

Tout en condamnant la politique de Netanyahou, opposée à la solution à deux États, soutenue par Biden et l’Europe, et faisant part de ses ennuis avec la justice pour corruption, fraude et abus de confiance, Serge July non seulement passe sous silence le caractère génocidaire de l’intervention sioniste à Gaza, mais accuse les manifestants pro-palestiniens d’antisémitisme, en particulier ceux de Brooklyn durant la manifestation du 21 octobre 2023, à laquelle participaient des juifs newyorkais. Assimilant l’antisionisme à de l’antisémitisme, il condamne en même temps la position assumée par l’Afrique du Sud de dénoncer auprès de la Cour pénale internationale, l’entité sioniste pour Génocide et pour clôturer, cite l’écrivain colonialiste et raciste Albert Camus.

Serge July, lance une critique acerbe envers Netanyahou et sa coalition au plan de la politique intérieure mais s’abstient de toute condamnation du génocide en cours.

Nous rappelons ce que dit la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1948) :

« Art. II – Dans la présente Convention, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

a) meurtre de membres du groupe ;
b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
e) transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. Des prises de position comme celles de July sont communes au sein de la gauche européenne ».

Les violences que subissent les Gazaouis sont, pour la gauche, le résultat de la terreur islamiste du Hamas et de son antisémitisme déclaré, soutenu d’autant plus par l’« axe du mal »15 (Iran, Hezbollah, Houthis...) « notoirement antisémites ». Soit la dissolution d’un problème d’occupation coloniale et d’apartheid, datant depuis un siècle, dans une dimension religieuse, voire civilisationnelle.

Nous rappelons le rôle essentiel de l’impérialisme britannique dans la mise en place au pouvoir en Arabie du clan des Ibn Saoud, imprégnés de Wahhabisme rigoriste, et le soutien à la création du parti des Frères musulmans de Hassan Al Banna en 1929. L’impérialisme américain, détrônant en quelque sorte l’impérialisme britannique, a poursuivi cette politique après la signature de l’accord de Quincy en 1945, qui stipulait « pétrole pour les USA contre sécurité et stabilité pour les Saoudiens », mais avec également pour objectif de contrecarrer, via l’islamisation, le nationalisme arabe syrien puis égyptien (sous le président Nasser), et pouvoir ériger un rempart anticommuniste et antisoviétique au sein du monde arabe.

Les Wahhabites saoudiens vont accroitre leur influence, surtout à l’issue de l’embargo pétrolier de 1973, et la diriger plus tard vers l’Afghanistan, le Pakistan, la Malaisie etc.. Les EU confortent militairement les moudjahidines afghans contre les soviétiques une décennie durant et engagent au sein d’une coalition préfabriquée, en 1990, dans la première Guerre du Golfe. Les islamistes n’acceptent pas le fait que des troupes étrangères foulent le sol de la terre sacrée et se retournent contre leur ancien patron avec des actions terroristes. C’est le 11 septembre 2001 entre autres. Mais l’ouverture de ce nouveau chapitre ne constituera pas un obstacle pour les EU et l’Europe à persévérer dans le soutien aux islamistes « modérés ». Souvenons-nous de la célèbre phrase du socialiste Laurent Fabius « ils font du bon boulot » au sujet des islamistes de Djebhat Al Nosra en Syrie dont les blessés se faisaient soigner à Tel Aviv. Par ailleurs Bernard Henri-Levy faisait, en Libye, lui aussi du bon boulot (destruction de la Libye) pour Israël.

À trois mois du début du conflit à Gaza, le bilan est, sur le plan humain, de 22 438 morts dont 70% sont des enfants et des femmes et près de 60 000 blessés, sans compter ceux qui se trouvent encore sous les décombres. 326 morts parmi le personnel de santé, 121 ambulances détruites, ciblage de 150 établissements de santé, 30 hôpitaux et 53 centres de santé mis hors de service, plus de 100 journalistes tués (Tiens ! on se demanderait pourquoi des journalistes ? serait-ce pour entraver toutes informations en dehors de celles des Hasbaras sioniste et occidentale)... Une population de 2,3 millions de personnes en mouvement ou sous les tentes. Vie sociale détruite, vies familiales détruites, maisons et écoles détruites.

Les gouvernements occidentaux, l’Union européenne, si actifs pour venir en aide aux Ukrainiens, appellent tout juste à des pauses humanitaires pour Gaza (dixit Borrell, chef de la diplomatie européenne), histoire de prendre un café et sandwich et faire reprendre le massacre génocidaire.

Les populations de la majorité des pays de la planète se sont prononcées et ont condamné le génocide sioniste, assumant une position contraire à celle de leur propre gouvernement.

Les gouvernements des pays arabes ne vont pas au-delà des déclarations officielles et entretiennent sans ambages des relations avec les parrains (EU, GB...) de la barbarie sioniste.

Les sorties du président turc, Recep Tayyip Erdogan, ne vont pas au-delà de la gesticulation : il aurait été plus efficace s’il bloquait la livraison de gaz vers Israël qui importe près de 40% de son gaz d’Azerbaïdjan, l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan passant par la Turquie.

A contrario, l’action des Houthis yéménites est d’une extrême efficacité en bloquant, à Bab el Mandeb (mer Rouge), le transit des navires uniquement à destination du port israélien d’Eilat.

Là aussi la Hasbara occidentale crie au scandale en dénonçant une atteinte à la sécurité maritime internationale à laquelle les États-Unis et une coalition de pays tentent une réponse mais peinent à la mettre en place au vu de la complexité des faits et l’enchevêtrement des divers intérêts.

Le résultat de l’action des Houthi est probant dans la mesure où les navires des grandes compagnies maritimes en provenance du Golfe persique ne transitent plus par le canal de Suez mais font le tour par Cap de Bonne Espérance (pour atteindre l’Europe ou vice-versa. Les retombées négatives pour les économies occidentales et autres sont énormes. 10 jours de trajet et 9000 km de différence entre les deux alternatives pour chaque trajet vont causer des dommages substantiels.

Le projet du Canal Ben Gourion, à partir d’Eilat vers la Méditerranée, en traversant la bande de Gaza, comme alternative sioniste au canal de Suez, deviendrait, dans de telles conditions, obsolète, à moins d’embraser tout le Moyen-Orient.

L’existence d’un réseau de câbles de fibres optiques sous-marins (Internet, espionnage...) reliant les pays asiatiques, africains et européens et passant justement par Bab el Mandeb (en Mer rouge où la profondeur des eaux ne dépasse pas les 200 mètres), amplifie la complexité de la situation et les risques de dérapages voire de déstabilisation de toute la région si le génocide des Palestiniens continue. Ce qui porterait un coup sérieux aux BRICS, un objectif convoité et à atteindre pour les États-Unis.

Les récents attentats au Liban et en Iran, soi-disant revendiqués par l’ISIS (organisation islamiste), portent à croire que ce sont bien les EU et Israël à en être les mandants, du moment que l’entité sioniste ne parvient pas à vaincre le Hamas après trois mois d’atrocités pour lesquelles Israël et ses parrains occidentaux seront jugés par le Tribunal de l’Histoire.

source : Algérie 54

envoyé par Amar Djerrad
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Juif d’origine hongroise, (1860-1904), installé à Vienne, avocat de formation et de profession journaliste.

Assimilationniste convaincu au départ, change diamétralement de position après sa couverture du procès à Paris, en 1895 contre le capitaine Alfred Dreyfus, accusé d’intelligence avec l’ennemi (Allemagne). Herzl est le fondateur du sionisme politique.
Partisan du sionisme spirituel et leader au sein de l’organisation « Amants de Sion » (Hibbat Sion).
Voir Accords Sykes-Picot de 1916
La Déclaration Balfour a été faite en contrepartie à l’apport essentiel des sionistes à l’empire britannique en particulier. En effet, à la fin de l’année 1916, la Grande-Bretagne et la France se trouvaient en très mauvaise posture sur le terrain face à l’Allemagne. La Russie tzariste connaissait les premiers troubles internes et sa contribution aux coté des alliés devenait moindre jusqu’à disparaitre totalement avec la Révolution d’Octobre de 1917. Le chancelier allemand, Dr. von Bethmann-Hollweg, et son homologue autrichien, proposent un plan de paix à leurs adversaires et un retour à un statu quo « ante bellum » (d’avant-guerre). Les sionistes, voyant leur projet colonial menacé si l’empire ottoman devait rester sur place, font intervenir le chef de la cour suprême aux États-Unis, le sioniste Louis Brandeis, ami et conseiller du président Woodrow Wilson, pour faire intervenir les USA dans le conflit, jusque-là entres puissances européennes seulement.

En 1917, les États-Unis entrent en guerre et le conflit devient mondial.

Voir livre : Palestine, le plus grand hold-up du XXe siècle, Mohamed Taleb, 2019 Éditions APIC.
Sont présents avec la Grande Bretagne, la France, l’Italie, les USA, la Belgique, la Grèce et le Japon.
Voir Link : Correspondance McMahon-Hussein — Wikipédia (wikipedia.org)
https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/09/04/13/devoir-de-memoire-9-avril-1948-le-massacrede-deir-yassin
https://the-bing-bang-blog.blogspot.com/2018/05/une-lettre-dalbert-einstein
Cordialement – Albert Einstein
https://www.madaniya.info/2023/09/25/lettre-adressee-par-albert-einstein-et-hannaharendt-au-new-york-times/02/12/1948
https://documents-ddsny.un.org/resolution.pdf
https://www.refworld.org/docid/3b00f1.html
Boukra Liess, « Le terrorisme : Définition, histoire, idéologie et passage à l’acte ». Chihab Éditions, 2006, p.204
https://www.trtworld.com/qanda-what-happened-in-israel-on-october-7-was-a-slaverevolt
Entre autres : Reconnaissance de l’ordre fondamental libéral et démocratique de la Loi fondamentale (Constitution allemande)... Connaissance de l’ordre juridique et social et des conditions de vie en Allemagne (test de naturalisation)...
https://www.haaretz.com/2023/11/18/israeli-security-establishmenthamas-likely-didnt-have-prior-knowledge-of-nova-festival
Expression inventée par le messianiste et criminel de guerre G.W. Bush, ex-président des EU.

»» https://reseauinternational.net/israel-avant-poste-de-la-barbarie-occidentale/
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