Tuez-les tous. Pas de quartier. . Ainsi parlent les dirigeants de l’Etat le plus démocratique de la région , comme le qualifient les élites et médias occidentaux dans leur écrasante majorité. Extraits d’un texte de Smail Hadj Ali sur l’oppression et la violence colonialiste israélo-sionistes. Ce texte s’appuie sur des faits et des discours réels des oppresseurs et de leurs complices et supplétifs européens et français en particulier. Il emprunte parfois, en les fusionnant, des mots de Bertold Brecht, Pablo Neruda, Mahmoud, Darwich, Bachir Hadj Ali. Ce texte pour dire et "Mots-dire" leur propre épouvante.
Il y a un État, et il est différent de tous les autres. Il est juif, et pour cela il est plus humain que n’importe quel autre . Elie Wiesel, Kansas City, 1970. . L’armée israélienne est la plus morale du monde . Bernard-Henri Lévy, 2010. .
Chant de leur propre épouvante. . « Nous sommes les oiseaux de la mort Venus sur vos cités Femmes pour vos enfants Vouées à trembler » Avec nos yeux Et ceux de nos machines Eveillés émerveillés Nous vous avons ciblé Pour tuer détruire C’est vrai y a rien à y redire Mais nous avons Une autre raison Essayer de la découvrir Devinez ? Vous ne savez pas ? C’est si simple croyez-moi C’est pour que vous ayez En chœur et encore La peur au corps La peur encorps Chaque jour et toujours C’est pour vous apprendre Et réapprendre la terreur Chaque heure Chaque jour Dans vos corps Dans vos cœurs Nous, Nous connaissons admirablement Le chemin étroit Qui conduit à l’abîme En dormant, en priant En riant en tuant En même temps Nous le trouvons Au bon moment Suivez-nous Regardez-nous Nous sommes « Civilisation » « tolérance » « Sagesse » « conscience » Nos passages Des fumées noires Les font voir Adeptes « de la pureté des armes » [1] Missionnaires du feu qui tue Des flammes Et du « nouveau napalm » [2] Apôtres du meurtre ciblé Notre combat est légitimé C’est pour cela Que nos amis nous livrent Sans discontinuer Ni bourse déliée Des armes sans compter Et des « chants d’amour » Ils font la différence Comme le Président de France Récemment en conscience Au nom des Français Il s’est exclamé « C’est une inoubliable soirée » Puis il s’est adressé A notre boss amusé « Je ne sais pas chanter Mais j’aurais toujours trouvé Un chant d’amour pour Israël Et pour ses dirigeants Entre nous maintenant On ne pourra voir Que la vie en rose » C’est que voyez-vous Notre politique en impose De telles paroles Sont compréhension Absolution compassion Elles nous encouragent À vénérer le néant Ecoutez à cet effet Ce que racontait Un des nôtres Il est aussi des vôtres Il fut chef d’état-major À toi Dan [3] Merci Ariel Pilote de chasseur-bombardier Je sais aussi larguer Des bombes au phosphore Du crépuscule à l’aurore J’ai été aussi Chef d’escadrille D’avions Phantom C’est eux qui chargèrent Des bombes nucléaires Sur ordre de Golda Meir Pour se préparer à toute éventualité On ne sait jamais C’était en 1973 ll y en avait 13 On aurait pu tout foutre en l’air Mais après-nous le déluge Mais qui suis-je ? Dans la vie psychanalyste Petit fils de gazés d’Auschwitz J’ai effacé totalement Le regard des miens Et ne sais plus Ce que ma grand-mère fut Elle n’a pas de tombe Quand je largue une bombe Je ressens dans mon F16 « Une très légère secousse » Sensuelle presque douce Une seconde après elle a disparu Je jouis alors en trombe C’est ce que je ressens Quand je largue une bombe [4] Sur les Arabes Voluptas necandi Mais passons Où plutôt revenons A nos moutons Notre combat est intemporel C’est une guerre perpétuelle Du crépuscule à l’aurore D’un commun accord Aux Palestiniens tout le temps Aux Libanais de temps en temps Nous distribuons La fin et la terreur Guidées par des « désignateurs lasers » Nos bombes de haute précision Comme un chalumeau Transforment ces multitudes en charbon Les engins nord-américains Entre nos mains Tuent de jour de nuit Et parfois même Sans faire de bruit Un tir précis Sur un immeuble Un lot d’habitations Une école une maison Une ambulance Un service d’urgence Grâce à nos bombes standards Ne nous coûte pas plus d’un dollar Il n’y a pas de petits profits Dernièrement on a détruit Chez les ghazaouis Seize mille maisons Grâce à nos images satellites Tels des « cancrelats » ou des termites Comme à Marhawine où à Aytit À Jabalya Rafah Shadjaiyé Nous les voyons grouiller Pour enterrer leurs macchabées Dans des fosses fraîchement creusées Et parfois dans des caisses De mauvais bois A deux à quatre A la fois Et plus parfois Maintenant Dans ces décharges Charniers sauvages Ces cadavres en vrac A Gaza comme en Iraq Sont mis en sacs Poubelles pêle-mêle Nous avons pu d’ailleurs Avec les tout derniers viseurs Nos fameuses « Têtes hautes » Voir qu’ils n’en n’ont plus Pour leurs débris Leurs organes déchiquetés En monceaux dispersés Et ce qui subsiste encore De leurs dépouilles putréfiées Par les chiens errants Sont dévorées De ces cadavres abondants Ils n’en peuvent plus Ces pauvres canidés Ils en ont la nausée De là-haut Malgré la nuit noire On peut les voir Vomir dégueuler Le trop plein De leur festin Pour l’essentiel C’est des cadavres de terroristes Certes il y a des vieux des gamins Des malades de toutes sortes De folie et d’Alzheimer Des grands-pères Et des grands-mères Et des mongoliens C’est du collatéral On n’y peut rien Mais j’en ai trop dit Je vais céder la parole A Peretz [5] ce cher Amir Il est si l’on peut dire N’y voyez pas une offense Le nouveau patron de la Défense Il n’est pas du métier Mais il s’est vite adapté Peretz ? : « Merci Dan c’est sympa De partager la parole avec moi Chef des soldats élus Cela me fait tout drôle De tenir un tel rôle C’est vrai je viens du syndicat Avec ses meetings et son blabla Je ne suis pas un pur militaire Certes j’ai déjà fait cette guerre Mais en devenir le chef C’est une autre affaire A vrai dire c’est tout bénef Pour les prochaines élections Fort heureusement Nous sommes polyvalents Et n’avons pas besoin De nous recycler Pour prendre notre part À la défense de la liberté Comme Malraux disait BHL me l’a soufflé C’est parce qu’on fait cette guerre Sans vraiment l’aimer Qu’on finit toujours par la gagner « Notre armée est pure Elle ne tue pas d’enfants » « Nous avons une conscience Et des valeurs Et à cause de notre morale Il y a peu de victimes » De plus elle est « sympathique » Ouverte et démocratique Ni guindée, ni martiale Ni sûre d’elle-même Plus décontractée Qu’elle tu meurs Diriger une telle armée Est un bonheur une destinée Elle a « la parole libre » La plus libre du monde C’est vrai nous la critiquons Mais une fois la guerre arrêtée Et seulement dans le but d’améliorer Nos méthodes notre efficacité Mais aussi pour éviter De trop tuer Notre armée est « Joyeuse bousculade » Belle cavalcade Pareils à ces jeunes « républicains espagnols » Que Malraux a si bien décrit C’est encore Bernard-Henri Qui me l’a dit Il le cite souvent dans ses écrits Et dans ses nombreuses sorties Ce sont « des soldats-savants » Le nez collé sur leurs viseurs Les yeux sur les écrans Ils calculent la vitesse de déplacement De toutes les cibles possibles Et le degré de proximité De civils et d’enfants Pour pratiquer « l’évitement » [6] Car notre armée est virginale Et dans cette guerre totale Elle ne tue pas les innocents Oui Il y a eu ces quatre enfants Sur une plage de Ghaza On dit qu’ils jouaient au football Mais ça reste à vérifier Si c’est vrai ça reste marginal Ah ! Ces petits Arabes Ils sont intenables Mais nous allons enquêter « Consciencieusement Sur cet incident » Et c’est très naturellement On ne leur demande pas tant Que les médias et les journaux BFM et le Figaro Ont repris cette info Avec nos propres mots Ce sont nos valeurs nos idéaux, C’est pour cela Encore une fois Qu’il y a peu de « victimes [7] Chez eux » Quelques milliers au plus On dit que ce sont des civils Mais allez distinguer Il y a des enfants Mais nos soldats-savants Sont aussi des enfants Ils ne peuvent à chaque instant Appliquer correctement Notre principe d’« évitement » De plus la technique n’est pas fiable A cent pour cent Ah oui j’allais oublier De vous parler de toutes nos précautions Comme par exemple Nos « tirs d’avertissement » Ce sont des missiles Largués par nos avions Sur leurs immeubles Et leurs maisons Vous voyez tout est fait Pour ne pas trop tuer Nous venons même de créer Une « banque de cibles » Nous ne sommes pas infaillibles Nous avons établi aussi Une « carte de la souffrance » Ça améliore nos performances Ça limite les « bavures » Mais les Arabes Ça bouge tout le temps Comme l’a bien martelé Un de nos comiques troupiers A la télé des Français Les Arabes doivent mieux contrôler Leurs impossibles nichées Ils doivent les tenir en laisse Avant lui il y a deux décennies Ce cher Anthony Burgess L’avait dit et redit : « Ces gens sont comme les chiens Ils ne comprennent que le bâton » Menahem en avait dit autant Avec raison Ce sont « des bêtes Qui marchent sur deux pieds », « Des criquets qui devraient être écrasés » A ce propos je ne résiste pas à l’envie De vous citer quelques bons mots De nos chefs et généraux Ça peut paraître exagéré Mais je n’ai rien inventé En voici quelques extraits « Les palestiniens Sont des criquets ... Ils seront écrasés Et leurs têtes éclatées Contre les murs et les rochers » [8] « Comme des cafards drogués [9] Dans une bouteille Les Arabes tournent en rond » « Ils sont comme des crocodiles Plus vous leur donnez de viande Plus ils en veulent » [10] « Ce sont des cancrelats dans un bocal » Bon, arrêtons là ce festival Nous venons de bombarder une zone du Mal Il semble que c’est leur quartier général On me dit que c’est un hôpital Je vais aux nouvelles fraîches Je vous vois plus tard, Probablement ce soir Je viendrais parler À vos journaux télévisés De notre combat civilisé VOIX D’UN ENFANT PALESTINIEN TUÉ PAR UNE BOMBE ALORS QU’ILJOUAIT AU FOOTBALL. Venez voir le sang dans nos rues Venez voir le sang dans nos rues Le sang dans nos rues Dans nos rues Le sang Nos rues Venez voir Venez voir Nous vivons dans des mouroirs Ils nous tuent à bout portant À tout bout de champs Hier nous jouions au ballon À Ghaza sur la plage Zakaria Ahed Mohamed Ismaël Deux missiles d’Israël Nous ont pulvérisés Par le travers en mille Et trahi notre insouciance Mais soyez sans crainte Le cœur de la Terre bat À Jenin à Ghaza À Deir Yassine à Ramallah À Khan Younes et à Qana « Le cœur de la Terre bat Il saigne, mais il bat » Nous continuerons à jouer au ballon Sur nos plages notre sable Nous grandirons garçons et filles « Et de nos mains surgira un fusil D’où jailliront les balles Qui trouveront l’endroit du cœur » De ces assassins chacals Que le chacal repousserait Des charognardes hyènes Que l’hyène fuirait « Pierres que la pierre En crachant mordrait Venins de vipères Que les vipères vomiraient » Mais soyez sans crainte « Nous cultivons l’amour la vie Pour notre humble patrie Et la certitude du yasmine » Pour notre belle Falestine
Smaïl Hadj Ali
Texte réouvert en 2006...
[1] Bernard –Henry Lévy, dixit. [2] Bombes au phosphore blanc. [3] Dan Halutz, chef d’Etat-major. [4] Propos de Dan Halutz, chef d’état-major de l’armée israélienne. [5] Ministre de la défense, anciennement chef du syndicat Histadrout [6] Extrait d’un texte de Bernard Henry Lévy [7] « Tsahal » , film de Claude Lanzmann [8] Itzhak Shamir [9] Raphaël Eytan [10] Ehud Barak
"La seule façon de garder un secret, c’est de ne pas en avoir".
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