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Ukraine - Le président Volodymyr Zelensky

A Kiev, le président Zelensky apparait, aux yeux du monde, sublime de courage et de détermination. Tee-shirt kaki, manches courtes sur des muscles saillants, dans son bureau comme dans la rue, il est un président hors normes, un combattant. Il joue le rôle de sa vie. Et il le joue d'autant bien qu'il est parfaitement authentique, qu'il est le personnage en chair et en os. Le casting parfait : l'acteur et le personnage qui fusionnent. C'est le rêve absolu d'un metteur en scène.

Le dialogue est un monologue. Le texte est sobre, les mots sont simples comme on les aime dans "l’Amérique profonde" : "nous défendons notre maison, la terre de nos ancêtres, ce que nos aïeux ont construit et nous ont légué". Chaque pays a droit à une référence appuyée à son Histoire : Pearl Harbor et le 11 septembre pour les États Unis, le "mur de Berlin" pour l’Allemagne. L’acteur Zelensky est devenue une star, une superstar.

Une superproduction

Partout en Occident, Le président Zelensky apparaît sur des écrans géants, devant un immense public qui l’applaudit à tout rompre. Les parlementaires, dans toutes les capitales occidentales, l’ovationnent debout : le Congrès des EU, le parlement du Royaume-Uni, l’Assemblée européenne, l’Assemblée nationale française. Une superproduction historique.

Il n’est pas seulement un président, il est un héros. Il est seul sur scène. Il la remplit. Comment garder la tête froide et ne pas être exalté de patriotisme, de nationalisme. Il fait exactement le même chemin qui, en Ukraine, à travers ses vidéos virales, l’avait conduit de petit acteur au sommet de la popularité, mais cette fois-ci au niveau international.

Mais l’Occident qui applaudit ne répond pas aux appels pathétiques, qu’il lance chaque jour, à l’intervention directe de l’OTAN dans le ciel ukrainien. Pourquoi Zelensky veut-il ignorer que ce serait alors la Troisième Guerre mondiale et, cette fois-ci, l’horreur généralisée à l’Europe puis à la planète toute entière. Dans l’esprit désormais exalté du président Zelensky, il semble que l’équation soit simple : si son Ukraine sombre, alors le monde entier doit sombrer avec elle. Car le monde alors ne mériterait plus d’exister.

Le Président ukrainien parait avoir tout misé au départ, et depuis longtemps, sur l’intervention de l’OTAN et de la puissance économique et militaire occidentale. Il a même entrainé apparemment une grande partie des Ukrainiens dans cette croyance.
Aujourd’hui, il refuse cette réalité que ce sont les Ukrainiens qui doivent se battre et personne d’autre. Il y a une contradiction entre ses appels continuels à l’intervention étrangère et la glorification qu’il fait sans cesse de l’héroïsme ukrainien. Ne trahit-il pas ainsi un manque de confiance dans les capacités de résistance ukrainiennes ? Un peuple, lorsque son combat est juste, n’a nul besoin qu’on le mène sa place. Le Vietnam, sur lequel l’aviation des États-Unis a jeté plus de bombes que pendant toute la Deuxième Guerre mondiale et les armes chimiques les plus horribles, n’a pas eu besoin qu’on vienne le libérer. De même pour l’Algérie, malgré les horreurs et les crimes de guerre d’une armée coloniale forte de plus d’un demi million de soldats à la fin de la guerre et de l’appui de l’OTAN. De même aussi pour l’Afghanistan dans sa lutte contre l’URSS d’abord, puis, après, contre la coalition occidentale autour des États Unis. De plus l’Ukraine, il faut le noter, se trouve dans de bien meilleures conditions que ne l’étaient ces pays. Elle reçoit un soutien militaire et financier massif de l’Occident et elle bénéficie de la mobilisation totale des medias occidentaux.

Certes il est difficile de parler en termes aussi froids lorsqu’il y a tant de souffrances, mais il faut raison garder. Il le faut d’autant plus que, dans toutes les guerres, l’instrumentalisation des douleurs humaines et de l’émotion est toujours le principal moyen pour s’opposer au dialogue et à la paix. Or s’il y a bien une seule urgence aujourd’hui, même dans le fracas des armes, c’est ce dialogue pour conclure la paix.
Les va-t’en guerre occidentaux exploitent les pénibles images de la guerre en Ukraine pour culpabiliser l’opinion, faire taire les voix de la raison, et crier un peu partout dans les médias "Jusqu’à quand va-t-on laisser faire cela !". Que n’ont-ils faits ainsi dans les autres conflits ? Lorsqu’on leur dit : "Que voulez-vous alors ? Entrer en guerre totale ? La guerre mondiale nucléaire ?", ils ne répondent jamais à cette question. C’est donc pure comédie. Ils savent bien qu’il n’y a pas d’alternative à une négociation sérieuse. Le seul but est de créer des tensions émotionnelles, une escalade, pour empêcher la venue de négociations et pour que le conflit perdure.

Une manipulation ?

Il faut ici s’interroger sur les raisons qui ont poussé le président Zelensky à s’engager dans l’aventure d’une confrontation directe avec une puissance telle que la Russie, de surcroit son voisin.

Le président Zelensky n’aurait-il pas été, au fond, poussé à l’intransigeance, abusé, voire même manipulé par l’Occident, notamment par les États-Unis. Le projet des États-Unis n’aurait-il pas été d’utiliser l’Ukraine, dans une guerre avec la Russie, où, l’espèrent-ils, la Russie s’enliserait en même temps qu’elle serait mortellement touchée par des sanctions économiques sans précédent. Ceci expliquerait également la façon suspecte avec laquelle les États-Unis répétaient, sans cesse, au départ, en direction manifestement de la Russie, qu’ils ne participeraient pas à cette guerre. Mais aux calculs, même les plus machiavéliques, l’Histoire réserve toujours des surprises. En effet, et pour paraphraser un grand penseur, l’évènement historique est une résultante de l’action "d’innombrables forces qui se contrecarrent mutuellement "et "il s’en dégage quelque chose que personne n’a voulu"(Engels).

Pourtant au départ la solution semblait simple, et une issue pacifique à portée de main : la neutralité de l’Ukraine et l’autonomie des régions russophiles. On est frappé par la disproportion énorme entre les quelques atteintes au nationalisme ukrainien que ce compromis pourrait signifier, et le coût énorme payé aujourd’hui par le peuple ukrainien. L’amour de l’Ukraine, que proclame chaque jour le président ukrainien, et qui est manifestement le sens de sa vie, n’aurait-il pas exigé plus de sens du compromis, plus de sagesse, plus d’esprit de responsabilité, plus de souci d’épargner des souffrances au peuple ukrainien, plutôt que de s’engager dans une confrontation sanglante et aventureuse contre son puissant voisin russe, auquel il est lié pour l’éternité, au moins par la géographie.

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« Cuba mi amor », un roman sur le Che de Kristian Marciniak (Rebelion)
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