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NY Times

Etats-Unis : Arrêtez de raisonner

Paul Krugman

C’est le jour des élection et il est de votre devoir de citoyen d’être irrationnel.

Je vous explique. Les chercheurs en sciences politiques vous diront que si le vote souffre d’un problème grave, c’est d’etre devenu en quelque sorte un "passager clandestin". Même s’il est très important pour vous que Mr.B batte Mr. A, votre voix individuelle est peu susceptible de décider des résultats. Ainsi il est raisonnable de ne pas prendre la peine de voter. Pourtant si chacun agit selon cette logique, M. B -le candidat soutenu par les intérêts particuliers corrompus qui payent sa chasse aux voix, sera élu.

En d’autres termes, même si les candidats dans une élection offrent des programmes radicalement différents et que vous avez une forte préférence pour l’un plutôt que l’autre, un calcul serré indiquerait qu’il n’est pas utile de se donner la peine d’aller à l’isoloir. Pourtant la démocratie dépend de votre capacité d’aller au delà de ce calcul. Si les citoyens veulent un bon gouvernement, ils doivent faire ce que font tous ceux qui partagent les même objectifs : à savoir, voter.

Naturellement, quelques pundits vous disent qu’il n’y a pas grand chose en jeu dans cette élection particulière, que les partis ne sont pas vraiment très différents sur les questions essentielles. Je ne sais pas sur quelle planète ils vivent : en réalité, les partis sont davantage distants les uns des autres qu’ils ne l’ont été depuis les années 30. Le fait que n’importe qui pense autrement est un hommage à la pusillanimité des démocrates qui ont peur de dire ce qu’ils pensent vraiment, et un subterfuge des républicains, qui montrent une volonté disciplinée de feindre des positions qu’en réalité ils abhorrent.

Il n’y a pas seulement de profondes différences de fond entre les partis, l’arrière plan de cette élection est qu’elle peut de surcroit déterminer la forme de l’Amérique pour les décennies à venir.

Voici l’histoire : Dans le cours de sa campagne de l’an 2000 George W. Bush s’est dépeint comme un modéré. Vers la fin le public a commencé à réaliser la ruse, mais grâce à tous ces retraités juifs qui ont voté pour Pat Buchanan, grace la purge des électeurs appartenant à des minorités en Floride et ainsi de suite, M. Bush s’est retrouvé à la Maison Blanche. Une fois arrivé, son vrai radicalisme est trés rapidement devenu évident, et les électeurs n’ont pas aimé.

Mais alors est arrivé le 11 septembre, et avec lui une énorme montée subite dans la popularité personnelle de M. Bush. Bien que beaucoup de pundits parlent toujours comme s’il était encore immensément populaire, Le fait est que la majeure partie de cette montée subite, environ les deux-tiers si vous surveillez la moyenne des sondages, s’en est maintenant allée au loin, et le paysage politique est revenu à la normale. Toutefois, le parti républicain espère que les lambeaux du chiffon post-terreur de M. Bush pourront être employés pour regagner le controle du sénat et que son programme de politique intérieure radical pourrait de nouveau continuer de l’avant, et peut-être rendu irréversible.

Si nous avons appris une chose ces deux dernières années, c’est l’importance du controle du sénat. En ses premiers mois au Bureau Ovale, Mr Bush n’était pas particulièrement populaire, mais la voix de Dick Cheney était décisive dans un sénat partagé à 50-50 et l’ordre du jour radical alla de l’avant.

Après le 11 septembre M.Bush fut, pendant un moment, extrêmement populaire, et les pundits de droite, allègres, ont cru qu’il pourrait obtenir tout ce qu’il désirait. Mais les démocrates avaient une avance d’une voix au sénat, et tous les projets domestiques - réductions des impôts permanentes pour les sociétés, réductions des impôts accélérées pour les classes supérieures, forages dans l’ANWR, nominations de juges ausx positions extremes, furent recalés.

Cette élection déterminera si M. Bush peut reprendre le cours radical de la politique qu’il a suivi aux premiers mois de son élection . Elle déterminera également le cours de la nation pendant des décennies et elle peut considérablement accroitre l’avantage déjà énorme de mobilisation des fonds dont dispose le parti républicain.

Maintenant si c’est ce que le public américain veut, qu’il en soit selon sa volonté. Mais il semble trop probable que cette élection dépendra non de ce que le public veut mais des personnes qui prendront la peine de voter. (ou des personnes qui seront dissuadées d’aller voter. Les histoires commencent déjà à circuler ; par exemple, quelqu’un distribue des tracts dans des zones où vivent des minorités dans le Maryland indiquant que les personnes doivent payer leurs P-V. et l’arriéré du loyer avant d’aller voter.) la société Gallup ne prévoit maintenant qu’un taux de participation de 35 pour cent, le même qu’en 1998. Ce serait une fraction impresionnamment basse en n’importe quelle année. En ctte année cruciale, c’est épouvantable.

Il n’est maintenant plus l’heure d’etre fin. Oubliez les calculs intéressés. Allez dehors et votez. Et dites à tous ceux que vous connaissze de faire la même chose. L’avenir de l’Amérique dépend de votre irrationalité.

Article paru dans le NY Times : Stop Making Sense

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