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Surprise : ils viennent de déplacer les "lignes rouges"...

Ceux qui me connaissent savent (j’espère) que je ne suis pas très partisan de l’argument pour défendre Assange qui consiste à dire qu’après Assange, ils s’en prendront aux autres. Mon argument était (est ?) que "les autres" ne se sentent pas concernés par le cas Assange car, contrairement à Wikileaks et Julian Assage, ils savent parfaitement qu’ils ne franchiraient jamais les lignes rouges...

Mais voilà que oh surprise. Au vu des arrestations, tirs de flash ball, violences en tous genres exercés ces derniers jours sur les journalistes américains, notamment ceux des "grand médias" institutionnels, on constate qu’ils n’ont pas franchi les lignes rouges mais que ce sont les lignes rouges qui les ont franchis. Désormais, plus de reportages en direct sur les "bavures" policières, plus de forces de l’ordre filmées en pleines exactions. Tout ce que ces "journalistes" aimaient tant - la mise en images de leur propre "courage" et "dévouement" - vient d’être marqué d’une cible.

Vous ne vouliez pas franchir les lignes rouges de l’information sous contrôle ? On dirait bien que, sans lever le petit doigt, les lignes rouges se sont chargées elles-mêmes de vous les faire franchir. Je vous vois déjà dans votre future vie professionnelle, derrière un bureau et peut-être dans un "open space" en train de retranscrire les déclarations officielles, poussant des soupirs au souvenir de ces escapades en plein air chargées d’adrénaline où vous tentiez de vous faire passer pour des reporters de guerre.

Je ne vous cacherai pas que je me passais très bien de vous.

Le problème, ce sont toutes ces lois anti "fake news" qui se préparent. Vous n’aviez pas vu venir la manoeuvre, n’est-ce pas ? Vous avez même joyeusement participé à la curée anti-médias alternatifs, trop contents de faire partie de la presse "respectable". Mais à y réfléchir, rien d’étonnant à cela. Après tout, il arrive qu’un journaliste s’égare du troupeau et retrouve un professionnalisme que l’on croyait perdu. Sentez-vous la chape de plomb s’abaisser ? Entendez-vous ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?

Ca va être ennuyeux, un monde sans courage. Sans abnégation. Sans éthique.

Peut-être qu’un jour, quelqu’un parmi vous se révoltera et aura une idée de génie. Il dira :

"Et si on créait un site qui fonctionnerait comme ceci et comme cela ?" - "Et si je m’appelais Julian Assange ?"

Ben, je te répondrais que ce serait l’annonce d’une bonne nouvelle. Mais j’attendrai un peu avant de t’annoncer la mauvaise.

Viktor DEDAJ
"voilà, ça c’est fait"

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Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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