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Crise sanitaire, crise démocratique ?

Adepte du proverbe "faire tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de s’exprimer", j’ai temporisé en n’écrivant pas une ligne sur la pandémie qui se développe dans le monde et en France. Comme vous, j’ai observé, écouté, lu un peu pour me faire une opinion. N’étant ni médecin ni spécialiste, je me garderai de toute affirmation concernant les mesures sanitaires formulées par le corps médical et reprises par le gouvernement et le chef de l’État. Comme la plupart d’entre vous, je respecte le confinement, les sorties autorisées, les mesures dictées par les autorités. Ce sont des mesures de bon sens qu’il s’agit de poursuivre pour essayer d’empêcher l’extension de la propagation du virus.

Ces évènements bouleversent nos vies et nous renvoient aux questionnements fondamentaux sur l’objet de notre existence, sur les conditions d’organisation de celle-ci, sur la place de l’être humain dans la société. Des problèmes politiques et sociaux concrets. Nous ne pouvons en faire l’économie bien au contraire. Discuter, débattre, confronter pour décider prend une dimension plus grande que jamais. Chose formidable dans cette crise sanitaire sans précédent, des milliards d’individus s’interrogent sur l’économie mondialisée et libéralisée, les décisions des gouvernements, le système de santé, le rôle de l’argent, la marche des entreprises, le fonctionnement des états et des institutions, la place et la fonction des travailleurs dans la société et de bien d’autres sujets. C’est prometteur pour l’avenir du monde. Des dizaines de millions de français y réfléchissent et commencent à proposer d’autres logiciels économiques, politiques, sociaux et moraux.

Prenons le déménagement du monde. Est-il normal que 90% de la production de nos médicaments soient fabriqués essentiellement en Chine et en Inde par nos entreprises ? La réponse ne fait aucun doute à la lumière de cette expérience douloureuse que nous vivons. Pourtant les gouvernements successifs ont laissé faire et ont facilité le départ les entreprises malgré les mises en garde des opposants aux délocalisations. Nous savons que le virus se transmet par contact humain. Pourquoi ne pas généraliser les contrôles sanitaires aux frontières pour les conducteurs de camions souvent travailleurs détachés surexploités qui traversent des dizaines de pays ? On vérifie la pertinence du transport ferroviaire et fluvial exigé par les cheminots et leurs syndicats. La liquidation organisée de notre production industrielle aboutit à la dépendance et à l’incurie comme malheureusement plusieurs exemples actuels le démontrent ( entreprise de fabrication des bouteilles d’oxygène livrée aux patrons anglais qui refusent son fonctionnement ).

La France dispose de 100 000 travailleurs dans le textile et 1 000 usines. Qu’attend le gouvernement pour les réquisitionner et les mettre au service du pays qui a un immense besoin de masques et pour aider d’autres pays qui n’en possèdent pas ? Incompréhensible ! Les contradictions se multiplient. L’entreprise Sanofi propose de fournir des dizaines de milliers de litres hydroalcooliques gratuitement et le gouvernement ne bouge pas alors qu’on nous demande de nous laver les mains régulièrement et que les pharmacies n’en délivrent presque plus. Incohérences ! Macron se défend en disant que les stocks ont été vidés par ses prédécesseurs. Fort bien. Mais depuis deux ans et demi que n’ont-ils pris aucune mesure alors que les personnels hospitaliers alertaient par la grève et les manifestations sur la situation délabrée de l’hôpital public et du système de santé. Comptabilité avant tout ! Pourquoi le secteur privé hospitalier n’a pas été mobilisé alors qu’il possède plus de lits que dans le public ? Les directeurs attendent les ordres qui ne viennent point. Incurie !

Toujours sur la santé, la totale avec l’affaire du professeur Raoult, éminent spécialiste mondial sur les maladies infectieuses. Je me garderai de prendre position sur les analyses médicales. C’est le problème des médecins et professeurs. On peut s’étonner et être en colère devant la manière de traiter ce problème. D’abord silence radio sur l’existence de ce médicament (la chloroquine), ensuite opposition systématique aux déclarations du Professeur Raoult pour finalement autoriser cette médication. Au final, des journées de perdues dans la bataille contre le virus. Félicitons les médecins, les chercheurs qui ont par leur désobéissance civile contraint les autorités politiques à revoir leur position. Question : est-ce le coût du vaccin (10 ces d’€), des oppositions d’égos, des conceptions plus politiques au centre du débat ? Toujours est-il que ce vaccin connu, utilisé depuis plus de 70 ans, pas cher aurait du être mis en place dans la panoplie des mesures sanitaires. Ce que le gouvernement a refusé par incompétence pour ne pas l’accuser du pire.

D’autres questions vont agiter la société : les inégalités devant l’éducation, le logement, la santé, le travail. la coopération internationale. Nous aurons l’occasion d’en débattre.

Je veux m’arrêter sur la question démocratique. Macron veut nous interdire de débattre et de le contredire pour finalement nous empêcher de penser. Selon sa philosophie, on devrait écouter sa voix sans broncher. Au contraire, notre pays a besoin d’une transformation démocratique pour faire face à la pandémie. Dans les entreprises, les collectifs de salariés doivent se prendre en charge. Qui mieux qu’eux-mêmes peuvent savoir comment organiser le travail dans les conditions maximum de sécurité ? Personne. Seuls les travailleurs, les agents de maîtrise, les cadres, les ingénieurs, les techniciens ont la connaissance du terrain, la perception des aménagements souhaitables. Or le gouvernement avec la loi travail a dissous les comités d’hygiène et de sécurité. Il faut les rétablir immédiatement et créer de nouvelles formes d’intervention collective pour lutter efficacement contre la propagation du virus. Au plan institutionnel, les assemblées élues doivent poursuivre dans les conditions de sécurité sanitaire leur contrôle sur les autorités auxquelles elles ont à faire en temps normal. Macron et ses ministres menacent, accusent de ne pas suivre les consignes, sanctionnent surtout dans les quartiers les plus populaires. Même comportement que par le passé récent mais leur politique n’a pas changé et les consignes sont toujours aussi contradictoires. Au parlement, même attitude en refusant tout amendement sur le rétablissement de l’impôt sur les grandes fortunes qui donnerait au pays des moyens supplémentaires pour mener le combat. Refus identique pour d’autres propositions qui permettraient une plus grande mobilisation populaire donc efficace comme la nationalisation de certaines entreprises utiles dans la bataille sanitaire. Délirant ! Au moment où le pays a besoin d’unité, les dirigeants s’obstinent dans des considérations mesquines, contradictoires, clivantes, anti sociales. Incroyable !

Rien, absolument rien ne peut se réaliser positivement sans démocratie. Plus encore en état de guerre sanitaire. Nos gouvernants en l’ignorant, en le refusant, affaiblissent le combat de la population et le consentement à l’effort commun. Le retour de bâton n’en sera que plus redoutable ! On ne peut faire confiance aux fossoyeurs des services publics, des libertés, de notre économie.

A suivre.

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D. Vanhove de formation en psycho-pédagogie, a été bénévole à l’ABP (Association Belgo-Palestinienne) de Bruxelles, où il a participé à la formation et à la coordination des candidats aux Missions Civiles d’Observation en Palestine. Il a encadré une soixantaine de Missions et en a accompagné huit sur le terrain, entre Novembre 2001 et Avril 2004. Auteur de plusieurs livres : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes », 2004 (...)
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